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Autour de moi, la nature qui semble endormie par l’hiver, s’affaire tant qu’elle peut. Elle semble assoupie et pourtant …
Elle a quitté le manteau de feuillages pour laisser apparaitre de minuscules bourgeons qui piaffent pour éclore, nous présentant fleurs et feuilles, nouvelles branches et racines profondes.
Elle prépare en secret son renouveau, sa renaissance, pour nous l’offrir au moindre rayon de soleil.
Tout semble palpiter discrètement, comme si elle chuchotait pour ne point nous réveiller.
Je regarde, de ma fenêtre, les myriades d’oiseaux qui viennent se goinfrer des graines, placées en abondance, dans leurs écuelles du resto de mon cœur. Ce va et vient incessant me rappelle que la vie continue et qu’elle n’a aucun besoin de moi pour cela. Juste un tout petit coup de pouce, histoire qu’elle trouve son énergie vitale, tant au cœur des mes graines, que les sourires émus que je décline aux fleurs montrant leurs nez, comme aux feuilles tendres qui percent la terre. Tout bouge, tout vit, tout est !
Et moi, je m’emmitoufle dans mes espérances de soleil et de chaleur. Je pense aux ciels bleus qui me manquent souvent. J’imagine des plages turquoise où le sable chaud accueillerait ma serviette de bain avec joie. Je m’entoure de pensées de changements, de nouveautés qui mettraient mal à l’aise ce traintrain quotidien. J’extrapole des possibles, sitôt renversés par les impossibles. Et je m’oublie, j’oublie la vie, j’oublie ce que je suis, je meurs un peu sans m’en apercevoir. Je ne goute plus la saveur de cette seconde qui ne repassera plus jamais dans mon espace de vie. Je laisse partir des chants d’oiseaux qui appellent leurs victuailles, parce que je dois faire ceci, ne pas oublier d’exécuter cela, être prête pour l’heure, avoir terminé de, pour m’occuper d’autre chose. Et m’imaginer que ma journée a été très remplie. Mais remplie de quoi ? J’ai rempli le temps qui passe si vite et j’ai oublié de le vivre. J’ai couru pour être à l’heure à mon rendez-vous et je n’ai pas pensé à gouter celui-ci dans ses méandres de l’imprévu. Je suis revenue et j’ai recommencé à me demander ce qu’il fallait absolument que j’accomplisse, pour ne pas passer à coté de mes obligations, de mes besoins, des choses incontournables à répéter chaque jour, puisque j’existe dans ce monde de matière.
Mais je me suis oubliée ! Je suis passée à coté de moi sans me voir. J’ai fait des gestes si habituels qu’ils n’ont plus de sens profonds. J’ai paré au pressé sans me demander si cela me procurait une certaine allégresse ou une totale indifférence. J’ai volé au dessus de ma journée, sans rien regarder, sans rien apprécier ou si peu.
Pourtant, de nombreuses fois, j’ai lu, écrit et compris que cet instant précieux ne se reproduira jamais. Il est même déjà passé alors que j’essaie de le cueilleur dans mon présent. Cet instant, je devrais essayer de l’étirer pour le savourer, pour le humer des « temps durant ». Cet instant, je devrais pouvoir le rattraper pour le gommer s’il ne me convenait pas. Mais je l’ai perdu en route, trop affairée à vivre, à exister, à faire, à réfléchir, à réagir.
Un jour, je me promets de faire l’expérience du non être, dès que j’aurai trouvé la clé de cette expérience. Mais, pour le moment, je m’invite à tout lâcher, à tout laisser, à tout arrêter, à tout effacer.
Je ne suis pas dispensable à la vie et l’inverse est aussi réel. Tout peut s’accomplir sans moi et tout se fera quand je dormirai ailleurs, dans le sanctuaire de l’Êtreté. Mais, aujourd’hui, je comprends qu’il est ô combien indispensable que je sois l’actrice de mon expérience et non plus un témoin qui trouve ce film bien fade. Je sais que je peux me donner l’autorisation de ne rien être, juste de contempler mon paysage illusoire, celui qui m’enferme si bien, puisque je lui ai demandé de le faire, pour moi. Je sais aussi que demain matin, j’aurai le choix. Ou je me réveille dans le monde où je me trouve en cet instant présent, où je glisse vers une autre réalité, un espace de jeu différent. Ou encore, je remets mes jumelles afin de regarder les humains, les créatures de toutes sortes, s’amuser à croire qu’ils sont uniques et surtout seuls au monde.
J’ai tous les choix, toujours, à tout moment !
Alors, pourquoi trainons-nous de sacrés fardeaux, me direz-vous ? Tout simplement parce que nous voulons bien croire à la divine farce cosmique, mais ne surtout pas penser une seule seconde que nous sommes responsables de nous, de nos jeux, de nos images, de nos pensées, de nos croyances, de nos peurs, de nos soi-disant imperfections.
Ce moment présent est souvent appelé « cadeau », mais l’est-il vraiment pour vous ? Et peut-être que vous vous débattez encore avec celle ficelle qui entoure le paquet.
A l’intérieur de ce cadeau, il y a votre image. Celle que vous préférez voir chez les êtres que vous adorez, que vous trouvez beaux, nantis de pouvoirs merveilleux : vous rêvez, nous rêvons. Et nous avons encore oublié qui ? Notre instant présent, le plus merveilleux ou le plus terrible qui soit. Il n’en restera pas moins qu’il sera là pour vous, pour moi. Ne dit-on pas qu’il suffit d’un rien pour tout change ? Soyons ces riens qui allons changer tout ce qui ne peut plus réjouir nos vies, faire rougir nos joues, nous emporter dans les rêves si concrets que nous allons construire dans ce monde qui ne nous appartient pas, mais qui reflète l’immense Beauté que nous sommes : La Création.
Cher moment présent, je te fais la promesse de ne plus te laisser choir, de m’occuper de moi, de m’aimer, de regarder la Vie s’épanouir comme une rose magnifique, un chant d’oiseau délicieux, un flocon de neige qui fond d’amour pour le soleil, son ami.
Je te promets d’être Moi, au milieu du monde de l’imaginaire. Et lorsque je renaitrai à ma Beauté, je te laisserai filer pour t’endormir à ma Réalité…
Je suis si heureuse de t’avoir retrouvé, de m’être retrouvée dans mon éternité …l’espace d’un instant !