par Marie Ribeill
Vous êtes cet enfant effrayé qui ne trouve refuge qu’au fond de son lit, caché sous sa couverture et refusant d’affronter…
N’ayez plus peur. Et puisez dans les mots qui vont suivre, la force qui vous manque…
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Il y a de cela mille ans, alors que quelques chèvres paissaient tranquillement, un enfant jouait parmi elles. Il ramassait des cailloux, explorait les environs et gambadait sur les sentiers, tout en gardant un œil attentif sur le troupeau dont on lui avait confié la responsabilité.
Malheureusement, une branche le fit trébucher, il se cassa la cheville. Lorsqu’on vint lui porter secours, il n’avait plus assez de force pour retrouver les chèvres qui, entre-temps, s’étaient dispersées…
Les gens du village le soignèrent, tandis que ses parents, désemparés d’avoir perdu leur unique source de nourriture, décidèrent en châtiment, d’abandonner l’enfant…
Désormais sans famille, affamé et boitant sur sa jambe mal réparée, il se mit à tomber dans les abîmes d’un désespoir si vaste, que son seul réconfort, croyait-il, était la mort…
Il était persuadé d’avoir tout perdu, que la vie ne se réduisait qu’à un troupeau de chèvres et à des parents négligents. Pensant s’épargner une existence misérable et apaiser son chagrin, il rejoignit la rivière pour se jeter dedans…
C’est alors qu’arriva une femme. Elle faisait si peur à voir tant les années ne l’avaient pas épargnées en rides et en sillons… Pourtant, dans ses yeux brillaient la sagesse et l’Amour neuf d’une mère pour son enfant…
En silence, elle prit le petit garçon et le berça… Tandis qu’il pleurait sa peine dans les bras décharnés de l’inconnue, celle-ci lui expliqua que dans chaque être se trouvait un soupçon d’Amour. Parfois, il fallait faire preuve de patience et de bonté envers l’Autre pour apercevoir en lui cette lueur profonde. Mais en chaque personne rencontrée, de la plus vile à la plus sainte, on pouvait la voir briller…
Quand on parvient à se défaire de ses peurs et de ses doutes, quand on parvient à Voir la flamme sacrée qui anime tout ce qui respire, alors il n’y a plus besoin ni de chèvres, ni de foyer, car le monde devient notre maison, notre source d’abondance et de satisfaction. Et cette lumière sacrée qui brille en chacun, devient l’Amour qui nous nourrit, celui dont on croyait manquer et dont on a besoin pour exister…
L’enfant sécha ses larmes. Il avait toujours envie de mourir, mais quelque chose en lui, semblait apaisé. Car cette femme, il l’avait vu briller, et avait senti l’Amour qu’elle partageait.
Alors il prit la route, espérant que l’inconnue ait raison, et que sur son chemin, l’attendrait d’autres rencontres au goût d’espoir et de Vie…
Il s’abrita sous les roches, sous les arbres et les tentes de fortune, il apprit à se satisfaire de fruits et de petits gibiers, acceptant de bonne grâce tout ce que la terre lui offrait. Car lui qui n’avait rien, la nature gardait toujours une part d’elle à lui donner, le nourrissant et l’abritant, le réconfortant de sa beauté et lui apprenant de précieuses leçons par sa dureté.
À force de marcher et au hasard des routes et des chemins, il vint à croiser des gens de tout horizon, et avec eux, sa vision du monde s’élargit. En échange de quelques menus travaux, on lui offrit de l’eau, du pain et surtout, un peu de compagnie.
L’enfant était humble et discret. Il n’avait aucun but, sinon celui d’avancer et de s’éloigner de tout ce qui le rappelait à une vie pauvre et limitée. Sa blessure intérieure était loin d’être pansée, mais il était devenu assez curieux de ce que la vie lui réservait pour ne plus avoir à mourir de suite. Encore un peu, il attendrait…
Au fur et à mesure de son périple, il tissa un réseau d’un village à l’autre, et bientôt, chacun recevait l’enfant comme on reçoit un prince… Il était devenu porteur de nouvelles, et en traversant le pays, chacun l’attendait avec impatience, si bien qu’il ne manquait jamais de rien. On cherchait sa compagnie, car il était passionnant d’entendre parler celui qui traversait la vie malgré les difficultés, celui qui avançait en acceptant de ne rien posséder mais d’être plus riche qu’eux ne l’avaient jamais été…
L’enfant était maintenant devenu grand, et il n’aspirait plus du tout à mourir. Chaque pas en avant était sa liberté, son bonheur et son hymne à vivre et à Aimer.
Un jour, il décida de revenir à l’endroit où sa vie avait basculé. Il voulait simplement savourer sa chance, voir à quel point le temps avait passé et se recueillir sur tout ce qu’il aurait manquait si ce jour-là, il s’était noyé.
C’est alors que près de la rive, se tenait la même femme qui l’avait sauvé. Maintenant vieille, si vieille qu’au fond de ses yeux, la nostalgie et le chagrin avaient fini par s’y loger… Le jeune homme vint vers elle et lui demanda si elle se souvenait, mais la vieille femme semblait avoir oublié. Le jeune homme insista, lui rendant grâce de l’avoir empêché de commettre l’irréparable. Mais la vieille femme ne se rappelait toujours pas, semblait perdue, lasse et fatiguée… Alors le jeune homme, comme elle l’avait fait autrefois, la prit dans ses bras…
La vieille femme sourit et dans une larme, lui dit ceci : « Mon esprit ne se rappelle pas… Mais mon Cœur, lui, Sait que dans chaque être brille l’Amour. Ce jour-là, dis-tu, je t’ai sauvé… Mais toi ? Qu’as-tu fait en échange ? Et bien tu viens de me rappeler cet Amour dont je suis capable et que j’avais lui aussi oublié… C’est moi qui te remercie, car aujourd’hui, c’est moi que tu viens de sauver. »
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Il est à retenir de cette histoire, que rien au monde n’est une épreuve. La seule difficulté se trouve en vous. Quand la vie sème des expériences sur votre route, ne leur donnez pas le pouvoir de vous détruire ou de vous sauver. Vous êtes seul apte à décider.
Demeurer dans les ténèbres, penser, croire que la vie se joue de vous, c’est un leurre, c’est une illusion.
D’autres perspectives vous sont offertes, faites le choix de les explorer, de regarder les choses avec plus de recul et de justesse, de trouver sur ce chemin chaotique, la façon d’avancer et d’évoluer.
C’est à vous de décider à quoi vous serviront ces expériences, et vous ne pouvez rejeter la faute de votre malheur sur elles, car elles ne sont que des faits. C’est vous qui détenez le pouvoir de créer, à partir de ces expériences, du bon ou du mauvais pour vous-même.
Soyez cet enfant qui a tout perdu mais qui a choisi d’avancer, de découvrir un monde plus vaste, plus aimant et prometteur que celui dans lequel il était né, que celui qu’il a tant pleuré.
Et soyez cette vieille femme qui a tendu la main et qui a fait briller pour deux, l’Amour qu’elle portait en elle…
Car l’un et l’autre sont comme chacun de nous, capables de flancher mais aussi et surtout, de trouver la force d’avancer. Tendez la main et acceptez celle que l’on vous tend, offrez votre amour et sachez recevoir celui des autres.
Vivez… Vivez et tenez bon. Car en abandonnant maintenant, vous ne connaîtrez jamais les merveilles qui vous sont dues. Le chemin est parfois long pour arriver jusqu’à elles, mais si précieux pour vous, si précieux pour votre évolution…
Tirez sur votre couverture, sortez du lit et affrontez vos peurs, vos doutes, vos chagrins et tout ce qui vous mène à la destruction.
Car un jour renaîtra le printemps, et votre cœur brillera si fort de courage, qu’il éclairera tous ceux qui comme vous avant, ont besoin qu’on les aide…
Je vous Aime.