par Alyna Rouelle

Connaissez-vous ce sentiment d’avoir envie de manger tout ce qui vous est « interdit » ? Cette impression, dès que les choses vont mal dans votre vie, que vous auriez besoin de consommer tous les aliments auxquels vous acceptez volontiers de renoncer la plupart du temps ? Il y a une espèce de volonté de revanche, de vengeance même dans ces pulsions qui savent si bien s’emparer de nous lorsque la faiblesse, la fatigue ou la douleur s’abattent sur nous.

 

J’ai abordé ce sujet lors d’une web-conférence dernièrement et vos retours ont été très nombreux à ce sujet, donc je prend le temps aujourd’hui de vous écrire sur ce point.

 

Lorsque nous allons mal, lorsque tout semble aller de travers ou de mal en pis, nous avons tous ce réflexe de vouloir compenser. L’émotion est trop vive, on se sent submergé, les sens ont besoin d’être apaisés, « occupés » par autre chose, et le trio : « manger, digérer, manger de nouveau » remplit si parfaitement cette fonction d’endormissement, n’est-ce pas ? Et en général que se passe-t-il ensuite ? On se sent encore plus mal bien sûr ! Non seulement notre problème de base n’est pas régler (manger n’a jamais solutionné aucune problématique et je ne pense pas que ce soit demain la veille…), on culpabilise et bien souvent, pour couronner le tout, on est malade. Je pense que beaucoup d’entre vous connaissent cela par coeur.

 

De vos récits ressortent deux types de réactions face à ces pulsions et face à ces besoins réels, parfois, de « s’accorder » un petit quelque chose. Certaines personnes se réfugient dans une fermeté à toute épreuve, mais peuvent noter une tristesse qui s’installe, une sévérité aussi, une sécheresse, et si ce n’est pas de la frustration, au moins une aigreur sourde ; d’autres au contraire « cèdent » à tous les coups et passent leur temps à s’auto-flageller ensuite, ce qui aboutit à peu près aux mêmes résultats.

 

Au fil de mon cheminement personnel, j’ai testé les deux manières de faire : croyez-moi, les deux mènent au désastre. Pourquoi ? Parce que les deux jaillissent d’une seule et même source que l’on pourrait nommer : « Je ne m’aime pas ».

 

Cas de figure numéro 1 : Je ne m’aime pas donc je m’interdis tout et je m’enferme dans une prison qui me tue à petit feu, la vie est dure et impitoyable, c’est comme ça, qui ne souffre pas n’arrive à rien.

 

Cas de figure numéro 2 : Je ne m’aime pas donc autant manger tout ce qui me tue à petit feu, de toute façon je suis nul(le) de base et puis il faudra bien que je meure de quelque chose.

 

Ok. Je suis passée moi aussi, par ces deux phases. Et dans les deux cas je trouvais la vie… horrible, injuste et pas délicieuse du tout !

 

Une fois que l’on a cerné le « problème », à savoir que l’on boit à la mauvaise source, il suffit de chercher la bonne source ! Son eau est plus claire, elle chante doucement, elle a toujours la bonne température, et surtout, elle nous fait avancer, car elle avance avec nous. L’autre source est statique et nous invite à stagner avec elle.

 

Si je résume la majorité de vos questions actuelles, cela ressemble vraiment à cela : oui mais comment fait-on pour trouver cette bonne source, comme fait-on pour s’aimer, comment fait-on pour avoir le comportement juste ?

Je dirais qu’une des premières choses à faire est d’enlever toutes les étiquettes. Nous vivons dans un monde qui a besoin de tout ranger dans des petites boîtes, de tout catégoriser, de tout étiqueter. Or nous n’échappons pas à la règle. Nous sommes recouverts d’étiquettes sous lesquelles il est bien difficile de respirer ! La particularité première de ces étiquettes ? Elles n’ont rien à voir avec nous, rien à voir avec qui nous sommes ! Elles ne nous définissent en rien, mais nous enferment et nous obligent à obéir sans cesse à tout un tas de règles.

 

Vous n’êtes ni rangeables, ni catégorisables, ni étiquetables (d’ailleurs ces mots n’existent pas) ! Tout cela est de la pure illusion !

 

C’est insulter notre nature, notre humanité, notre divinité et c’est insulter la Vie que d’accepter de rentrer dans des boîtes, qui, de surcroît, sont des boîtes virtuelles !

 

L’un des premiers actes que l’on pose au sein d’une vie de Liberté est celui d’affirmer et d’incarner : « Je suis qui je suis et tel que je suis. » Et l’on pourrait ajouter : « Ça ne vous plaît pas ? Tant pis pour vous, c’est comme ça. »

 

Mais notre « auto-censure » et notre « auto-jugement » nous empêche et nous interdit de poser cet acte. Nous cherchons à tout prix la vie irréprochable, le quotidien le plus parfait, le corps idéal, l’image toute lisse et la réputation conforme aux codes auxquels elle est censée se soumettre. Et dès que l’on déborde de ces contours ultra-précis (et impossible à gérer), on est prêts à s’auto-cruxifier et l’on sombre dans le désespoir. En étant un peu honnête, aucun de nous n’échappe à la règle…

 

Laissez-moi vous raconter une petite anecdote. Récemment ma vie personnelle est jalonnée de hauts (très hauts) et de bas et coups durs (très bas et très durs). Et après quelques épisodes particulièrement douloureux, je me suis surprise moi aussi, malgré mes deux années totalement prâniques, à manger certaines choses qu’à priori je ne mange plus depuis longtemps. Lors d’une soirée avec ma soeur où nous évoquions certains des évènements difficiles dont il est question, nous picorions des morceaux de pizza et des biscuits, et tout à coup j’ai senti en moi ce jugement, cette dureté qui s’installait, et j’ai dit à haute voix ce que cette terrible voix en moi me disait : « Non mais tu te rends compte de ce que tu fais Alyna, tu es vraiment archi nulle, tu ne vaut rien… tu te rends indigne de tout ce que tu fais, dis et écris à longueur de temps… dire que tu as écrit un livre et que tu enseignes aux gens ! Regarde toi tu n’es qu’une incapable et en plus tu vas devenir énorme pour ne rien arranger… »

 

Je n’avais vraiment pas besoin de ça en plus pour m’accabler. J’étais prête à éclater en sanglots tant mes nerfs étaient à vif suite aux récents évènements. Ma soeur m’a regardée avec un regard stupéfait et elle a éclaté de rire ; je l’ai suivie, c’était évidemment irrésistible. Mais surtout c’était tellement ridicule ! Tout est retombé comme un soufflé en moins d’une seconde. Nous avons ensuite échangé sur le fait que les humains étaient si prompts à s’assassiner sans cesse à cause de ce non amour de soi dont ils avaient été contaminés… Ma soeur me dit alors : « Tu vois, je déteste ces pseudo enseignants spirituels qui passent leur temps à dire aux gens qu’ils n’ont pas de courage, qu’ils sont faibles, qu’ils sont indignes etc… moi je trouve que les humains sont bien courageux au contraire, vu tout ce qu’ils se prennent dans la figure tout le temps, je trouve qu’ils tiennent bien le coup justement ! Alors oui, peut-être qu’on fume, qu’on mange, qu’on boit quand ça ne va pas, mais on tient le coup et on continue malgré tout ! Et ça ce n’est pas rien ! Parce que parfois, fumer une clope ou manger une pizza c’est ce qui nous empêche de nous tirer une balle ! Donc vu tout ce qui se passe en ce moment tu ne vas pas me faire une crise pour un morceau de pizza végétarienne et trois biscuits bio, vegan et sans gluten non mais ho ! »

 

En vous écrivant cela j’ai des frissons et le sourire jusqu’aux oreilles tant ses paroles étaient sages et jaillissaient de son coeur. Ma petite soeur est merveilleuse… et si elle lit ces mots, je la remercie et je l’aime tellement !

 

Voici le but de mon message d’aujourd’hui. Ne cherchez pas la perfection, cherchez l’équilibre. Nous sommes des équilibristes, dansant sans cesse sur un fil de soie au-dessus de l’univers et entre les polarités les plus extrêmes qui soient.

 

Si vous ne résistez pas à un verre de vin, buvez-le, mais n’oubliez pas le lendemain matin votre jus de citron, votre smoothie vert ou des fruits frais ; autorisez-vous une part de gâteau ou de la glace lorsque vous ne parvenez pas à faire autrement si votre coeur saigne, mais offrez-vous une salade recouverte de graines germées quand votre conscience reprend le dessus ; allez danser pour oublier tous vos soucis mais déroulez votre tapis de yoga le lendemain pour vous recentrer après avoir évacuer ; habillez-vous pour vous amuser, faire la fête ou décompresser toute une soirée, puis marchez pieds nus ensuite pour retrouver le contact avec la terre et aimer votre corps nu, sans artifice. Maintenez l’équilibre. Le jour viendra où vous n’aurez plus besoin de faire ces allers-retours ; ou très rarement.

 

Une personne à qui j’ai fait un soin il y a quelques jours et qui m’a écrit un très beau message en retour a écrit ces mots : « J’ai ressenti tellement de compassion et de bienveillance envers moi-même et envers tout ce que j’ai vécu jusqu’ici. » C’était magique à lire. C’est le plus beau cadeau que l’on puisse se faire. Car alors nous sommes prêts à guérir, à nous redresser, à avancer… non pas en se disant : « Allez, il faut bien y aller… », mais par amour.

 

Bien sûr que la pizza et les biscuits ne m’ont fait AUCUN bien, si ce n’est, sur le coup, un mince réconfort, une petite anesthésie qui m’ont rappelé bien des souvenirs de ma période pré-prânique ! Bien sûr que ce qui m’a fait le plus de bien c’est ma pratique du yoga, les bains de mer, la méditation et les aliments les plus sains en portions infinitésimales. Mais parfois, on a juste besoin d’un petit coup de pouce pour continuer, pour reprendre la route, même si ce coup de pouce est illusoire, même si on SAIT tout cela.

 

Beaucoup d’entre vous me demandent pourquoi ils ont encore ces pulsions alors qu’ils savent tout ce qu’ils savent, ressentent tout ce qu’ils ressentent, et pratiquent pourtant assidûment.

 

Précisément parce que tant que nous ne nous aimons pas totalement et inconditionnellement (même quand on mange de la glace, même quand on n’a pas le courage de faire du sport, même quand on a trois kilos en trop, même quand on est triste, même quand on est fatigué…), la vie nous envoie des situations à équilibrer. Et l’équilibre ne réside pas dans le fait de se couper de tout ce qui ne nous arrange pas ; il consiste à créer un point, un espace temps qui nous permette la stabilité quoi qu’il arrive, et surtout, l’amour de soi quoi qu’il arrive. Donc si le « non-amour » refait surface rien qu’une seconde, nous créons la situation parfaite pour le réaliser et pour retrouver l’équilibre.

Ne cherchez pas à entrer à tout prix dans la case « prânique parfait », ne cherchez pas à entrer dans la case « vegan parfait », ne cherchez pas à entrer dans la case « yogi parfait », ni dans la case « vie parfaite et corps parfait ». Ces petites boîtes sont des cercueils. Et les gens qui vous jugent sont toujours très mal placés pour vous juger !

 

Cherchez à être qui vous êtes, à vivre ce qui vous fait vous sentir vivant, 100% vivant, à faire ce qui vous fait vibrer, à manger ce qui honore votre vie, votre corps. Si vous faites tout cela avec un amour vrai et authentique, vous n’aurez aucune difficulté à être vegan, à pratiquer le yoga ou tout autre art de vivre, à parvenir au prana qui vous convient, à sculpter le corps idéal pour vous et à vivre cette vie juste et équilibrée à laquelle vous aspirez tant. Mais tout cela doit être un résultat, une conséquence. Car alors c’est un hymne à la vie qui se propage et qui gagne tous les coeurs !

 

Je l’ai déjà écrit je crois dans un article précédent, mais tant pis, je me répète : Que pouvez-vous faire aujourd’hui, là tout de suite, par amour pour vous ? Attention, pas par pitié, par Amour. C’est tellement différent…

 

Prenez divinement soin de vous,

 

Alyna

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