Que vous souhaiter pour cette nouvelle année ? Un Nouveau Monde ? Un nouvel état d’être individuel et collectif ? Avec un plaisir certain, j’ai écouté ces deniers jours des remarques qui vont dans le même sens, même si elles proviennent de personnes déjà connues ou rencontrées pour la première fois. Le constat est simple : « C’est étonnant, en 2012, on n’a pas vu le temps passer ».
De nouvelles règles de jeu sont à appliquer vis-à-vis du temps, et vis-à-vis de nous-mêmes individuellement et collectivement. Restons calmes face à cet éclatement de notre illusion du temps. Alors plutôt qu’une bonne année, je vous souhaite d’être, à chaque instant, le merveilleux présent rayonnant, capable d’accueillir notre nouvelle conscience individuelle et collective, dans la joie, l’abondance, et dans la danse vivante de l’ombre et de la lumière enfin vécue dans l’unité et la paix.
Petit à petit, l’oiseau fait son nid. De même, jour après jour, nuit après nuit, nous investissons doucement, mais sûrement, notre nouveau nid. Il s’agit de notre nouveau corps de lumière, de conscience. Quelle que soit la perspective envisagée, nous sommes invités à vivre à partir de ce que nous sommes devenus, une nouvelle version de nous-mêmes.
Chacun d’entre nous a défriché un chemin qui lui est propre et qui peut être proposé comme source d’inspiration à ceux qui cherchent encore le leur. Pour ma part, j’ai choisi de contribuer à l’émergence d’une nouvelle économie, l’économie humaine. Pour ceux qui découvriraient pour la première fois l’expression, je perçois l’économie comme une administration des biens, et l’économie humaine comme une orchestration des liens. C’est donc par notre harmonie relationnelle que nous manifestons et installons dans notre quotidien, cette nouvelle économie. Elle couvre aussi bien le champ de nos activités personnelles, que celui de nos activités professionnelles.
Concrètement, qu’est-ce qui a changé ? Au quotidien, je note déjà plus d’ouverture, de simplicité, dans les relations. C’est une promesse de bien belles rencontres et de puissantes co-créations. Nous ne sommes plus seuls. Nous sommes à la fois Uniques et Unis.
Jusqu’à présent, il me semblait que, collectivement, l’ombre projetée de la mort sur notre mental détruisait ou handicapait notre potentiel créatif joyeux. Le mental était comme un extraordinaire outil de survie, une arme défensive et offensive.
C’est mon mental qui m’a permis, il y a quelques milliers d’années, de grimper à l’arbre pour me sauver d’un animal aux crocs trop acérés qui me désirait comme repas. C’est encore mon mental qui m’a incité à me réchauffer au fond d’une grotte. C’est également lui qui m’a aidé :
– à fabriquer des outils pour attraper et préparer le gibier ;
– à cultiver la terre pour ne pas dépendre que de la chasse ;
– à attaquer, pour gagner du temps, le voisin et profiter rapidement de ses récoltes ;
– à me défendre d’un autre voisin qui avait eu la même idée à mon égard.
C’est cette remarquable efficacité dans le domaine de la survie, qui m’a conduit, au bout d’un certain nombre de siècles, à considérer mon mental comme l’ami de base à qui faire aveuglément confiance. Du coup, son pouvoir s’est manifesté avec de plus en plus de puissance, dans le seul but officiel de m’aider à survivre. Cependant, en y regardant de plus près, j’ai finalement vu que la majorité de l’énergie consommée par mon comportement concernait la gestion des peurs, la peur d’avoir peur incluse. J’ai donc vécu en ayant peur fondamentalement de deux choses, des autres et du temps. Belle illusion qui m’a fait prendre l’avoir pour l’être et oublier que je suis le temps et que l’autre est l’expression de la même vie que celle qui danse à travers moi.
C’était comme si l’ombre d’une mort annoncée se projetait sur chaque instant et que mon arme secrète, le mental, réagissait en permanence en mode survie. Chaque situation est devenue stressante, par peur de perdre quelque chose, ou par peur d’une échéance à venir (projection d’un scénario catastrophe sur tous mes futurs possibles).
Ce que nous vivons actuellement est une libération du temps. Notre inscription dans le présent tranche ce qui nous ligaturait à la peur de la mort et à toutes les illusions de peurs que son ombre nous projetait. Dans la paix et l’accueil joyeux du présent, je deviens libre. Je suis libéré de la peur du temps, de la peur d’être en retard, de la peur de mourir. Je suis libéré du stress. J’étais stressé, car j’étais pressé. J’aime à jouer avec les anagrammes. J’y découvre qu’une intention « pure » conduit à l’abondance, état dans lequel je suis « repu », et me libère de la « peur ».
Cette libération a des effets remarquables. Libéré de mes peurs, je redeviens créatif. Libéré de mes peurs, l’autre ne m’apparaît plus comme un danger potentiel. Je deviens puissant et nous devenons harmonie.
Je note avec joie l’apparition de nouveaux comportements. C’est parfois très terre à terre, mais c’est bien le signe d’un changement avéré. Je vais partager des exemples personnels simples et récents :
– La personne responsable d’un magasin de vêtement m’offre une réduction sur un achat, essentiellement parce qu’elle apprécie la joie de nos échanges sur les marchandises proposées ;
– À l’issue d’un repas au restaurant, m’étant aperçu que la bouteille consommée ne figurait pas sur la note, j’en avertis le serveur qui revient peu après en m’indiquant n’avoir compté que la moitié du prix, pour me remercier de ne pas être parti sans la payer du tout ;
– Lors d’une visite en famille d’un lieu culturel qui vient de s’ouvrir, on nous offre trois places gratuites, parce que la famille est appréciée.
Ce que je cherche à partager, par des exemples aussi triviaux, c’est qu’à présent, dans notre quotidien, le lien commence vraiment à primer sur le bien, et sur son prix.
D’ailleurs, un regard affiné sur l’économie nous montre de plus en plus que le changement vers l’économie humaine se cache dans de multiples endroits. Un bon miroir de notre évolution collective se trouve dans l’observation des expériences que nos technologies nous proposent. Prenons, en exemple, la pratique des jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs (personnellement, je n’y joue pas). Elle peut présenter, à première vue, l’ombre de tout un tas de facteurs inquiétants (violence, déconnexion du « réel », plaisir addictif…), mais j’y trouve aussi la lumière de l’expérience d’un apprentissage à la coopération, à la cocréation, au dépassement de la peur de la mort, au changement de contexte avec fluidité, au vécu du présent. Ce qui aujourd’hui pourrait apparaître comme un plaisir futile, voire abêtissant, est aussi l’apprentissage massif d’oser être soi-même et ensemble. Si la fécondité de ces capacités n’est pas forcément flagrante aujourd’hui, nous aurons l’opportunité de les voir éclore harmonieusement dans la cocréation de notre nouvelle économie. Cela me rappelle les scénarios des films « Karaté Kid », où cet enfant intègre à son insu des gestes qui s’avèreront efficaces, alors qu’il se plaint de devoir effectuer inlassablement des corvées. De même, l’économie actuelle nous offre, presque à son insu et à notre insu, les clés d’évolution vers l’économie humaine.
Pour ceux qui n’auraient pas un regard suffisamment affiné, j’ai un autre exemple découvert cette semaine. C’est celui de l’association optique solidaire (http://www.optiquesolidaire.fr/). Le projet consiste en la fourniture de solutions d’optiques à prix accessible pour des personnes âgées ne disposant que de peu de moyens. Je retiens cet exemple pour deux raisons, la première c’est qu’il ne s’agit pas d’offres de faible qualité pour obtenir un prix bas, mais de prix bas obtenus par solidarité. La deuxième raison, c’est que l’association a réussi à orchestrer des acteurs de l’ensemble de la filière économique sur son projet (assureurs, fabricants, distributeurs, médecins…). Cela est devenu possible parce que nos changements d’état d’esprit l’ont rendu possible.
Je viens de vous exposer des exemples simples de mon actualité, mais n’hésitez pas à me proposer les vôtres.
C’est aussi en acceptant d’avoir un regard différent que nous contribuons à notre évolution. Et je terminerai en vous suggérant d’essayer, au cours de votre journée, de porter quelquefois votre regard sur le point le plus éloigné qu’il vous est possible d’apercevoir, votre propre horizon en quelque sorte. Si nous sommes le temps, l’espace est notre lieu d’expression et la perception que nous en avons, l’unité de notre intérieur à l’extrémité visible de notre extérieur, renforce notre vitalité, l’intimité avec la vie, et notre conscience individuelle et collective. Cela ne peut qu’améliorer la performance de l’orchestration de nos liens et l’émergence de notre nouvelle économie.
Harmonieusement,
Alain Facélina