marcher-dans-la-nuitpar Bertrand Duhaime

La  Nuit  de  l’âme  ou  Nuit  obscure  exprime  un  phénomène  spirituel  important  à  comprendre  qui,  tôt  ou  tard,  s’insinue,  comme  épreuve  initiatique,  dans  le  destin  d’un  être.   Peu importe la profession qu’on exerce, on peut ressentir un besoin personnel d’accomplir son  destin,  de  confirmer  ses  croyances,  de  réaliser  sa  compétence  dans  son  domaine.    Et  voilà  qu’un jour, ne réussissant pas à sa convenance, surtout si on est perfectionniste et idéaliste, on  peut  en  venir  à  se  remettre  profondément  en  question,  au  point  de  souhaiter  changer  ses  activités ou de devoir d’état ou d’en finir avec la vie.  Nous ne référons pas, en l’occurrence, à  l’épuisement  professionnel  ni  de  la  dépression  psychique,  mais  à  un  sentiment  de  vacuité  intérieure, d’une nostalgie inidentifiable, communément appelée l’angoisse ou le mal de vivre.

Lorsque ce phénomène se produit, si on n’opte pas pour le changement, à cause de sa  frustration ou de son incompréhension, on pourra choisir diverses échappatoires apparemment  lénifiantes, mais stériles et vaines.  On pourra aller consulter d’autres personnes compétentes  pour comparer ses résultats ou demander des conseils, croyant par là découvrir le secret pour  mieux s’intégrer et réussir dans la vie, mais sans y parvenir.  On pourra projeter ses problèmes  sur les autres, se donnant raison dans tout, les accusant que tout irait bien s’ils ne faisaient  pas  d’obstruction  à  l’exercice  de  sa  profession  ou  de  sa  compétence.    Ou  on  pourra  écarter  certaines responsabilités inhérentes à son travail, les jugeant hors de son ressort ou de ses  aptitudes, se limitant, se privant d’une occasion de se perfectionner ou d’ajuster des cordes à  son arc.  Ou on pourra se résigner à traverser sa crise, se disant qu’elle ne constitue qu’une  phase sombre et temporaire, en tirant les leçons de ses erreurs pour devenir plus compétent ou  adroit ou pour mieux évoluer.  On choisira alors de se supporter et de se réconforter soi-même,  de sécuriser ceux qui gravitent autour de soi, en acceptant que le meilleur se produise de lui- même, dans cette période de ralentissement ou d’arrêt temporaires, même si on le conçoit, à  vrai dire, bien difficilement.

Quelle  que  soit  sa  fonction,  on  pourra  toujours  chercher  à  se  convaincre  que  les  stratégies de ce genre, nobles ou avilissantes, peuvent aider à continuer son chemin dans un  monde qui oscille du noir au blanc et du blanc au noir.  En effet, elles satisfont l’ego qui se  gonfle  de  prétention  et  encouragent  à  penser  qu’on  détient  le  contrôle  de  sa  vie  et  de  ses  problèmes,  alors  qu’en  fait  on  manque  de  maîtrise  spirituelle.    En  entrant  en  soi,  si  on  est  honnête, on découvrira qu’on redoute justement de ne pas avoir cet empire sur soi ou cette  domination sur les choses, qu’on n’est peut-être pas aussi compétent qu’on le croit dans l’art  de vivre, qu’on  essaie simplement de se  montrer tel  en  relevant  seul  des défis trop grands,  qu’on peut se tromper, qu’on peut être responsable d’échecs.    En telle situation, si on ne corrige pas la façon dont on se perçoit ou dont on voudrait  continuer à se percevoir, on s’empoisonne mentalement et psychiquement de façon insidieuse.

Il faut comprendre que le vrai problème réside dans le fait qu’on n’évolue pas au vrai sens du  terme,  qu’on  s’entretient  dans  la  dualité  et  la  séparativité  par  son  inconscience  et  son  ignorance parce qu’on a coupé son lien avec sa Source intime, se prenant pour un surhomme  ou pour Dieu lui-même, rempli de doute et de scepticisme en regard des aspects spirituels de  l’existence qui, seuls, peuvent combler l’âme de félicité.  Alors, on devra mourir à ses vieux  schèmes, pour renaître, ou en crever, si on porte le moindre en soi une mentalité suicidaire.   Car  il  y  en  aura  toujours  pour  préférer  l’anéantissement  à  la  soumission  à  leur  Principe  spirituel, qu’ils nient de toutes leurs forces, tentant de se faire croire que l’existence ne couvre  qu’une période d’activité consciente entre deux périodes de néant.    Qu’on soit un homme ordinaire ou un fervent spiritualiste, tout être avance sur la Voie de  l’Initiation, bon gré mal gré ou de gré ou de force, à son su ou à son insu.  Et pour l’un comme  pour  l’autre  qui  n’atteindra  pas  le  niveau  requis  de  détachement  et  de  renoncement  pour  avancer,  au  lieu  de  stagner  ou  de  reculer,  il  se  présentera  toujours  dans  leur  vie  un  point  tournant  où  ils  sombreront  dans  la  détresse  morale,  perdant  tout  contact  avec  leur  Réalité  intime et, du coup, avec les Maîtres de l’Évolution.  On pourra alors diversement se croire le  jouet du sort,  abandonné par la vie ou engagé sur une mauvaise voie, apparemment privé de  tout support visible ou invisible, se sentant perdu et au bout de ses ressources.

C’est ainsi que tout être apprend ses leçons par lui-même et à mesurer ses limites.  Car  devenir maître de soi passe par la connaissance de soi et l’actualisation de ses potentialités  dans l’autonomie, l’indépendance et la liberté.  En coulisse, les Guides tutélaires veillent sur soi, mais ils n’assument plus autant de responsabilité et de support dans sa vie, se contentant  de  surveiller  patiemment  ses  progrès  dans  ses  expériences.  Et,  à  la  dernière  heure,  ils  se  révèlent, lui démontrant sa méprise sur leurs bonnes intentions.  Aussi ne devrait-on jamais  désespérer, même dans les phases les plus sombres de son évolution ou devant les problèmes  les plus insolubles, car on n’est jamais seul pour leur faire face.  Mais les Guides en viennent à  agir de façon si discrète qu’on ne les perçoit plus ou ne constate plus leur influence.    Tout être peut, tôt ou tard, perdre complètement la foi sur ses possibilités et sur la validité de sa  quête infinie, pouvant pleurer amèrement sa défaite apparente et ressentent l’indicible angoisse de l’oubli  ou du rejet qui mène à la confusion la plus totale.  Voilà le Grand Enfer de l’initiable (tout être humain  appartenant, à son niveau, à cette catégorie) qui affecte l’âme en trois étapes sur le Sentier de la Vie.  La  première étape concerne la dimension physique de l’être, la deuxième, une catharsis mentale, la troisième  une fusion progressive dans l’Esprit.

À mesure que le corps reçoit l’Énergie cosmique (ou la Lumière spirituelle), il se purifie, s’épure, se  nettoie  de  ses  scories,  devenant  ainsi  plus  souple à  l’Esprit  (plus  utilisable  par  l’Esprit).    Mais  chaque  cellule de son être, constituant un univers complet en lui-même, possède une vie et un droit propres,  même quand on remet la direction de son corps à son Esprit.  La cellule particulière peut pour ainsi dire  s’accrocher  à  ses  vieilles  nourritures  psychiques  ou  aux  désirs  de  conserver  les  désirs  qui  lui  sont  familiers, producteurs de scories.  Vient alors un moment où la conscience de la cellule se met en lutte  ouverte contre l’Esprit du système corporel pour défendre ce qu’elle croit lui donner, le meilleur de la vie,  comme un individu peut s’opposer, par ses choix personnels, au Plan cosmique de la Volonté divine.  Si la  cellule particulière gagne, le candidat à l’Initiation est perdu dans la même mesure, ne pouvant recevoir la  collaboration de cet être révolté.

Tout  aspirant  à  la  Lumière,  qu’il  soit  un  aspirant  conscient  ou  inconscient  de  sa  réalité,  passe  nécessairement  à  travers  ces  expériences  angoissantes,  infernales,  destructives,  avant  de  pouvoir  recommencer à construire.  Certaines sont intenses et de courte durée, d’autres longues et mortelles.  Les  périodes  courtes  produisent  une  intense  souffrance,  mais  motivent  à  en  sortir.    Les  plus  longues  produisent des années d’angoisse, de dégoût ou de mépris de soi, accompagné d’indolence personnelle,  amenant généralement l’individu à délaisser la Voie spirituelle pour se jeter dans la débauche ou s’écarter  à jamais de la Voie.

La deuxième phase de la Nuit obscure de l’âme se déguise en désespoir intellectuel ou mental qui  amène à se sentir futile dans son être et dans ses créations.  Le candidat a l’impression de n’avoir aucun  contrôle sur ses émotions, pouvant pleurer pour rien ou entrer dans des colères subites.  Il ressent ses  pensées  comme  stupides  ou  il  n’arrive  plus  à  penser.    Il  a l’impression  que  tout  ce  qu’il  a  fait  ou  dit  auparavant atteignait le comble de la banalité et de l’insignifiance, constituait probablement une erreur.  Il  ne comprend pas qu’il exprime justement adroitement l’expansion qu’il a prise qui lui font reconnaître la  vérité d’hier comme l’hérésie d’aujourd’hui.

Alors,  il  analyse  ses  attitudes  et  ses  comportements,  s’accuse  d’avoir  erré  ou  d’avoir  manqué  d’ordre et de discipline, d’avoir mal compris les leçons de ses expériences ou de ses études, en venant à  se  déprécier,  à  se  dénier  des  droits,  à  se  mépriser  lui-même.    Mais,  comme  son  devoir  d’évoluer  le  poursuit subtilement, il se rabaisse encore davantage, se concevant comme une nullité.  Il se méprise  même de se mépriser.

Mais  le  pire  reste  à  venir.    Car  chaque  Soi  cellulaire  doit  devenir  le  parfait  serviteur  docile  et  empressé de l’Esprit dans cette longue épreuve dans le Labyrinthe de sa vie.  Arrive une véritable période  infernale,  une  période  de  désert  spirituel,  fondée  sur  le  doute  presque  érigé  en  système,  le  doute  systématique sur ses aptitudes à évoluer et à atteindre le but, période qui permet la dissolution finale des  dernières scories du corps de chair, du corps éthérique, du corps astral et du corps mental pour rendre ces  dimensions pleinement réceptives aux directives de l’âme découlant des injonctions de l’Esprit.    Quand cette période d’intense souffrance se présente, il ne lui reste qu’une planche de salut, la  prière pour appeler son Moi spirituel à avoir pitié de son être torturé.  Car la souffrance de cette période  sera mille fois pire que celle de la première phase et cent fois pire que celle de la deuxième phase, à cause  des dernières séditions du corps et du mental qui ne veulent pas lâcher prise avant le dernier moment.   Alors, le candidat devient comme un légume, entrant dans une phase uniquement végétative, passant de  longues  heures  dans  l’angoisse,  l’inertie,  l’apathie,  la  léthargie  les  plus  complètes.    Il  s’observe  discrètement comme gâcher sa vie, tyrannisé par un désespoir auquel il ne peut échapper.  Il ne pense  plus qu’à s’anéantir, haïssant sa chair de convoitise dans une agressivité active.

Pendant tout ce temps, des Forces ténébreuses se sont regroupées autour de lui pour susciter les  obstacles  initiatiques  indispensables,  s’ingéniant  d’astuces  pour  l’éprouver,  le  rebuter,  l’amener  à  se  rapetisser.  Ils peuvent susciter des trahisons d’amis, des séries noires d’événements incompréhensibles  et douloureux, des phénomènes subtils épeurant et éprouvants.  Pendant ce temps, ses Guides invisibles  édifient peu à peu des puissants remparts de protection qui l’aident à s’isoler et à se prémunir contre ces  attaques sournoises, menées jusqu’au dernier instant, où le candidat fusionne avec la Lumière de son  Principe spirituel en pleine conscience.  Il a vaincu ses trois jours de Noirceur et a changé de dimension.    Voilà comment la Vie devient pour tous, tôt ou tard, une machine à broyer l’être qui vise le dessein  d’épuiser en lui ses réserves négatives ou régressives, tourmente plus ou moins prolongée au cœur de  laquelle il apprend à s’aimer, à aimer tout ce qui est, à renaître dans l’abandon et le lâcher prise.  Il en  récolte la confiance en lui, la foi en Dieu et l’amour de la vie.  Alors il peut s’investir auprès des autres  avec compréhension et compassion, mû par le désir de faire don de lui-même et de servir l’Humanité.  Il  comprend comment un autre peut chercher sa route à tâtons lorsqu’il ne sait plus qu’il il est, où il va et  quel but il sert.  Il sait que tout sert à quelque chose, mais qu’on ne sait pas toujours à quoi.  Car on  oublie trop souvent que l’itinéraire qui mène au but, c’est celui qui va de soi à soi.

Donner  sa  vie  ne  consiste  pas  à  mourir  pour  les  autres,  mais  à  partager  avec  eux  le  surplus  d’énergie qu’on a découvert en soi en ouvrant sa Source intime.  C’est à travers les épreuves de la vie,  nées de l’ignorance et de l’inconscience, qu’un être découvre la foi en Dieu et la confiance dans le Tout, la  confiance en Tout.  Pas forcément la confiance dans les hommes et dans ce qui émane de leur volonté,  mais la confiance dans l’Esprit qui les habite.  Le destin de  chacun, c’est de se connaître  lui-même à  travers  de  lui-même.    Inutile  de  chercher  ailleurs,  car  on  se  complique  l’existence.    Il  faut  savoir  se  dépouiller de bon gré de ce qui nuit, mais qu’on croit faire sa force.  Il faut cesser de dramatiser les  événements de la vie.  Il suffit d’accepter de faire ce qu’on croit juste, selon soi, et de ne pas rester pris  par ce qu’on croit juste.

Dans  la  vie,  tout  bouge,  tout  avance,  tout  évolue.    Alors,  il  faut  accepter  de  ne  pas  toujours  comprendre et de ne pas tout maîtriser, mettre un  terme au désir de contrôler et de dominer.  Il faut  comprendre que tout a sa raison d’être, sert son But ultime, aide à se transformer.  Il faut comprendre  que la vie (et la durée de la vie) de chaque être lui appartient et ne peut se calquer sur aucune autre.  Il  faut apprendre à s’aimer, à aimer l’autre comme il est, à aimer les circonstances, à aimer la vie.  Seule la  haine,  sous  le  couvert  des  résistances,  fait  faire  des  détours.    Il  faut  aimer  sans  compter,  de  façon  gratuite, libre, impersonnelle, inconditionnelle, sans savoir de quel retour immédiat on sera rétribué, car la  Vie redistribue tout en son temps et avec une infinie justesse.  Il faut cesser de craindre perdre du temps,  car le temps apparemment perdu, consacré à l’essentiel, est redonné de multiples façons.  Mais celui qui  veut  monter  très  haut  pour  s’embrancher,  doit  descendre  très  profondément  pour  s’enraciner.    Car  l’Initiation résulte de la Fusion du Ciel et de la Terre, non de la fuite dans la Matière ou de la fuite dans  l’Esprit.

Cette Nuit obscure de  l’âme, l’a-t-on bien comprise?  A-t-on bien perçu et compris ses subtiles  modalités d’expression?  Pour tous elle figure une période plus ou moins longue d’épreuves physiques et  psychiques,  dans  l’incompréhension.    Elle  atteint  tout  disciple  et  tout  homme  ordinaire,  s’il  est  un  chercheur sincère, au moment de son éveil à la Vie supérieure, ce qui peut se produire inopinément.  Et  elle dure tout le temps que la Lumière se fraie un chemin clair et ample dans sa conscience.

Qui cherche la Lumière est d’abord confronté aux Ténèbres, car c’est dans cette confrontation qu’il  affine ses moyens, actualise ses potentialités et assoit son empire  sur lui-même.  Plus on manque de  pureté et de détachement, plus on souffre dans cette expérience.  Qui cherche à s’abstraire de la Forme  se voit d’abord refoulé, au Portail initiatique, se retrouvant, déconcerté, dans l’inconnu, dans un calme  plat et silencieux qui lui paraît comme vide et sans signification, ce qui éveille ses vieilles peurs et son  angoisse.  Il croit d’emblée s’être trompé de porte, car il se retrouve dans l’Ombre la plus totale.    Cet état de confusion peut surgir à n’importe quel moment de sa vie, même en dehors d’une Voie  traditionnelle d’enseignement ésotérique.  Tous sont des Fils de Dieu, initiés à leur heure.  Mais cette  épreuve correspond à une initiation majeure sue la Voie de l’Accomplissement spirituel.  Tout candidat en  fait l’expérience au moment opportun de son cheminement sur le Sentier mystique, que tous les êtres  suivent à leur insu.  Et cette expérience dure aussi longtemps que le candidat n’a pas révisé sa façon de  vivre, de penser et de ressentir pour se conformer à son modèle propre de vie.  Pour certains, elle peut  durer très peu, pour d’autres, très longtemps.  Mais il n’existe pas de moyen  pour l’éviter.    Pour un candidat fort et résolu, la Nuit obscure ne représente souvent qu’une période de malaise  ou  d’inconfort  l’invitant  à  faire  des  réajustements  énergétiques  qui  ne  présentent  aucune  difficulté  particulière.    Celui  qui  s’y  prépare  consciemment  en  considérant  la  relativité  des  choses,  acceptant  le  changement comme inéluctable, provenant du Mouvement universel éternel, s’adapte assez rapidement  au nouvel afflux d’énergie ou de lumière, puisque c’est d’adaptation dont il a besoin pour équilibrer ses  polarités et se maintenir en accord avec la progression incessante des énergies subtiles.  Mais celui qui  tient  mordicus  à  ses  valeurs,  à  ses  théories,  à  ses  croyances,  à  ses  dogmes,  à  ses  systèmes,  pourra  sombrer dans un découragement prolongé, frôlant la démission et le désespoir.     La Nuit obscure, c’est la période de profonde obscurité qui annonce l’Aube spirituelle, marque le  passage du vieil homme à l’homme nouveau, décrit l’itinéraire de la soumission de l’ego à l’Individualité,  ce qui ne va pas sans résistances et protestations, voire une pointe de révolte.  Bien que sa durée varie,  ce qui est commun à tous, c’est l’intensité de la souffrance et l’opacité de la texture intérieure de cette  expérience, qui fait sembler l’attente de la délivrance comme une éternité.

La Nuit obscure peut prendre l’apparence d’un profond chagrin provoqué par le regret des jours  passés, la perte d’amis importants ou significatifs, la perte de grands biens, une rupture sentimentale ou  romanesque, un bris de contrat, la perte d’un emploi, la mort d’un proche, le départ à l’étranger d’un  membre de la famille.  Elle peut prendre la force de l’incertitude et de l’insécurité quand on cherche à  s’accrocher à une réalité à laquelle on tient très fort ou qu’on a le sentiment de perdre pied dans la vie.   Elle prend la forme de la solitude après le décès d’un être cher, de l’éloignement de ses précieux alliées ou  soutiens, du départ de son milieu habituel, de la désertion d’un ami, d’un retentissant échec professionnel  ou commercial.  Elle exprime surtout le vide existentiel quand on ne sait plus si on suit encore la bonne  route, du remords ou  de la culpabilité.  Mais ce vide profond  repose toujours, ce qu’on ignore, sur la  nostalgie du Paradis perdu.

La Nuit obscure définit une période difficile, voire troublante et périlleuse, pour tous, car on peut  être tenté de s’accrocher à ses anciennes sécurités, d’adopter des comportements rétrogrades, n’ayant  plus aucune certitude en regard des promesses de l’avenir.  Monte alors l’impression de naviguer dans  l’inconnu, sans repaires ni boussole, incompris de tous, comme abandonné par le Ciel.  Ceux qui souffrent  le  plus,  ce  sont  ceux  qui  s’immobilisent,  se  résignent  à  leur  sort,  cultivent  une  mentalité  de  victime  innocente,  qui  ne  reviennent  pas  en  arrière,  mais  qui  ne  foncent  pas  en  avant,  pris  dans  l’indécision,  l’irrésolution, l’hésitation, les tergiversations.  Eux, ils auront du mal à s’en sortir seuls.  Car ceux qui  reviennent  en  arrière  peuvent  saisir  l’incohérence  de  leur  décision  ou  l’invalidité  de  leurs  vérités  antérieures.  Ceux qui foncent en avant parviennent peu à peu à s’adapter à de nouvelles réalités.    Quoi  qu’il  en  soit,  pour  tous,  la  Nuit  obscure  reste  une  période  terrifiante  qui  fait  appel  à  la  détermination, à la persévérance et à la patience.  Il faut attiser sa motivation et son aspiration.  C’est le  moment de fouiller dans sa mémoire pour repasser les leçons apprises dans le passé pour distinguer les  leçons incomplètes.  C’est le temps de refaire ses devoirs, de remettre en question ses mobiles et son  idéal,  pour  relever  de  nouveaux  défis.    Il  faut,  plus  que  jamais,  appliquer  les  règles  de  l’évolution,  redoubler de zèle, se purifier davantage et prier.

À force de constance et de courage, on arrivera bien, avec l’aide de Dieu, à vaincre ses peurs et  ses velléités de révolte et on émergera dans la Lumière d’un nouveau jour ou d’une nouvelle dimension,  peut-être affaibli, mais rénové et enthousiasmé.  Alors, il faut maintenir fermement le cap sur son Idéal  pour  ne  pas  sombrer  dans  une  autre  période  de  nuit  encore  plus  sombre.    La  nuit  de  l’âme  prépare  toujours une nouvelle mission ou une nouvelle effusion.     Au cours de la Nuit de l’âme, c’est la foi en soi, le courage, la patience, la persévérance, l’abandon  à la vie et l’appel à la Lumière qui importent plus.  Il faut retrouver toutes ses raisons de croire à la vie et  de faire confiance à son Centre divin.  Car il ne s’agit que d’une expérience initiatique, donc probatoire,  qui  signale  un  prochain  renouveau  de  fond  en  comble,  si  l’expérience  est  bien  menée.    Et  c’est  probablement  à  cette  expérience  que  s’exposent  ceux  qui,  en  ce  moment,  ne  s’occupent  pas  de  leur  ascension dans la Lumière.  Ils entreront dans un tunnel de ténèbres qui aboutit, lui aussi, à la Lumière  suprême, mais les y menant par la Voie la plus pénible, la plus périlleuse et la plus longue.
bertrand duhaime
© 2010   Bertrand Duhaime (Douraganandâ)   

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