RelaxNews
14 avril 2011
Elles n’ont pas eu mal, ou si peu. Certaines étaient sceptiques mais si c’était à refaire, toutes le referaient: les femmes qui accouchent sous hypnose à l’hôpital Robert-Debré (Paris XIXe) disent que ça marche et qu’elles n’ont pas vu le temps passer.
Darina raconte que la sage-femme l’a fait partir sur quelque chose qu’elle aimait, en l’occurrence la plage, chez elle. Pendant les contractions, «ça a vraiment marché, j’étais heureuse», dit-elle. Ça a moins fonctionné pendant l’accouchement lui-même.
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Joannie, qui ne pouvait avoir de péridurale pour raisons médicales, dit qu’elle était «au-dessus des contractions». Karine était en confiance et «a bien senti la descente de l’enfant.»
Delphine assure que ça l’a aidée à ne pas avoir peur avant. Amandine parle de la sensation d’avoir oublié la douleur, tout en restant consciente. C’était beaucoup plus efficace que les médicaments anesthésiques, affirme-t-elle.
Présentée mercredi lors d’une conférence de presse, l’utilisation de l’hypnose en obstétrique au CHU Robert-Debré, spécialisé dans la mère et l’enfant, date de seulement deux ans. Trois sages-femmes ont été formées à cette technique avec l’aide de la fondation Apicil, qui veut agir contre la douleur.
«Peu de sages-femmes sont formées à l’hypnose en France, mais il y a une vraie demande», indique Nathalie Aulnette, directrice de la Fondation.
Chantal Wood, pédiatre et responsable de l’unité d’évaluation et de traitement de la douleur de l’hôpital, préfère parler d’hypnoanalgésie. Il s’agit, dit-elle, d’apprendre à modifier le vécu de la douleur.
C’est l’hypnose «ericksonienne», souple et non autoritaire, qui est utilisée. «Uniquement avec des stratégies de communication on arrive à modifier les choses», dit le Dr Wood. Par exemple ne pas dire ne t’inquiète pas, où c’est l’idée d’inquiétude qui reste. Elle parle aussi de techniques de distraction, pour détourner l’attention de la douleur elle-même.
Les sages-femmes expliquent qu’on peut ainsi mieux accompagner la patiente, l’emmener dans un monde imaginaire, plus confortable. Quand elles doivent s’occuper de quelqu’un d’autre, le conjoint peut prendre le relais. «C’est le meilleur hypnothérapeute», glisse Hélène Lecornu. Pour Florence Girault, l’hypnose est un phénomène naturel qui permet de prendre du recul.
La psychologue Isabelle Ignace, formatrice à l’Institut français d’hypnose, veut lutter contre les préjugés. Elle souligne que l’hypnose n’est pas une emprise qui donnerait toute-puissance sur le patient, mais bien l’inverse: il s’agit de l’aider à retrouver le contrôle de lui-même, l’autonomie, plutôt que de subir sa peur et sa douleur.
L’hypnose, dit-elle encore, muscle l’imagination et provoque une distorsion du temps, où la contraction semble durer moins longtemps qu’en réalité.
Elle remplace la péridurale pour les femmes qui ont une contre-indication, mais elle peut aussi venir en complément. Selon la psychologue, elle va plus loin, et plus vite, que les techniques d’accouchement sans douleur, à base de relaxation. En outre, selon les médecins, elle peut permettre d’éviter les dépressions post-partum, qui suivent souvent les accouchements très difficiles.
Les sages-femmes reconnaissent des résistances, des parturientes qui refusent l’hypnose parce qu’elles veulent être là et ont peur de s’abandonner. «Il faut bien leur dire, souligne Florence Girault, qu’elles vont garder le contrôle du début à la fin.»
Source: http://sante.canoe.ca/