mainclair

N’est-ce pas comme cela que l’on fait peur à quelqu’un, en faisant semblant de se jeter dessus ?

Aujourd’hui, je me suis demandée combien de fois la vie, les gens, les évènements, les circonstances, les craintes, les affrontements, les folies, les irresponsabilités, les jugements, les actes, avaient fait ce son détestable, me soulevant les épaules en arrière, pour mieux me dégager de cette frayeur subite. Je n’ai pu recenser le nombre de fois où j’ai eu peur, et si j’essayais de construire une liste, j’en ferais sans doute un livre.

Toute la journée, nous sommes soumis à des stimuli de toutes sortes, à des bruits incessants, à des paroles hurlées, à des appels de cette vie qui fourmille en tout sens. Mais ce serait oublier notre grand bonheur : la boîte à image, celle qui s’affiche sur des écrans de plus en plus géants, pour mieux happer notre attention.

Que nous raconte-t-il ce cinéma où s’affrontent nos pays en direct, où se jouent des drames fictifs, dans des feuilletons américains, à grands renforts d’armes sophistiquées ou de rebondissements d’enquêtes qui se terminent toujours par l’emprisonnement du méchant ? Mais, entre-temps, la publicité de ma lessive favorite va me rappeler que je n’ai pas étendu la mienne. Le nouveau cheeseburger va me donner envie de grignoter en suggérant des images appétissantes. Cependant, si je veux me détourner de cette publicité, qui fait tout ce qu’elle peut pour mettre tous mes sens en émoi, je me retrouve sur une autre version qui me « remonte le moral », en me faisait déguster des images atroces, d’hommes et de femmes mutilées, d’horreurs perpétrées sur mes semblables, histoire que la haine envahisse mon cœur sur le genre humain.

Peut-être aurais-je mieux fait d’écouter la radio et quelques chansonnettes de mon temps ou de belles musiques classiques qui enchantaient déjà mes oreilles d’enfant. Pourtant, ne voilà-t-il pas que la rengaine recommence et que les communiqués m’abreuvent des cruautés du monde ou me disent encore que ma lessive n’est pas la meilleure pour enlever les taches de cambouis… Cela tombe bien, je ne suis pas très bonne en bricolage … mais je suis fatiguée.

Je suis fatiguée de ne plus savoir où me tourner pour être en paix dans ma société. Je me demande quand est-ce que l’on va arrêter de nous mentir, de nous avilir, de nous rapetisser et de nous faire croire que nous manquerons de toutes ces babioles qui nous apporteraient pourtant la facilité, le bonheur, la santé, la paix … et j’en passe …

Fort heureusement, un jour, j’ai porté mon regard sur les « choses de l’esprit ». Quelle grâce, quelle volupté, quelle libération … quel enchantement ! Tout est enfin redevenu, calme, serein, jubilatoire oserais-je dire… Je me suis pâmée dans les bras de mes autres bouts de moi, ceux qui s’amusent dans leurs expériences feutrées, insaisissables à mon regard, pluridimensionnelles ou complètement fictives. Mais peu m’importe. Je me suis immergée dans un monde de douceur, de tendresse, d’amour simple, de non-attachement, de sérénité. J’ai rencontré des êtres vêtus de plumes, car j’en avais déjà vu dans des temples ou sur des images. Puis, j’en ai rencontré d’autres, habillés de transparence, qui me racontaient de bien belles histoires, pour m’ouvrir d’autres portes et m’aider à contempler cet Univers immense qui est nôtre. Je me suis laissée balader dans ce dédale de création, oui de création, jusqu’à m’apercevoir que tout était Tout et que rien n’était, en fait. Seulement la pensée que j’en avais, pour ne pas dire ma croyance qui matérialisait pour moi ces « quelques choses » si précieux à mon équilibre. Quelle joie ! Et quelle stupeur intrigante de m’apercevoir que j’étais loin de m’être vraiment retrouvée.

Depuis, j’ai décidé de continuer ma route, au-delà de toute apparence « humaine ». Car, au milieu de ces découvertes, j‘ai eu l’impression de retomber dans le cauchemar que je fuyais. J’ai vu que j’étais impure et qu’il fallait que je fasse des exercices pour que cela change. J’ai entendu qu’il fallait que j’enlève toutes les « entités qui s’accrochaient à moi, tel un véritable cauchemar. J’ai écouté ceux qui me disaient que je n’avais rien compris et que je devais soigner mon aura, éliminer des implants, me dégager d’énergies négatives, répéter des affirmations, et encore et encore …tout cela afin d’être quelqu’un de pur et de gagner ainsi le Royaume qui attendait les élus.

Je me suis effondrée dans mon fauteuil préféré et j’ai hésité entre pleurer un bon coup ou hurler très fort.

Qu’avons-nous fait ? Nous, qui sommes censées être libérés des carcans de notre société infernale. Nous, qui devrions aimer, aimer toute cette Création qui joue avec nous. Quelle différence entre prendre les pions noirs ou les blancs sur ce grand échiquier ? Ne sommes-nous pas tous en train de jouer à la perfection les rôles que nous avons soi-disant choisis, avant de venir nous immerger sur et dans ce bel astre tournoyant, aux côtés de nos semblables ?

Nous, les beaux artisans cette nouvelle ère, nous sommes en train de reproduire ce que nous voulons fuir. Nous avons inventé des thérapeutes, il a donc fallu qu’il y ait des malades. Nous avons mis en avant des « enseignants », et donc créé des élèves pour les écouter et suivre leur chemin. Nous avons déclaré des interdictions, imaginé des manières de se nourrir, de se vêtir, et surtout de penser. Contre toute attente, nous ne sommes pas plus libres maintenant que lorsque nous baignions dans notre belle société qui s’époumone encore.

Si je donne l’impression de « crier », en écrivant ces quelques lignes, il n’en est rien.

J’ai terminé de me battre, ce qui ne veut pas dire que j’ai fini de vivre. J’ai terminé de croire, ce qui ne veut pas dire que je suis devenue insensible. J’ai terminé de suivre, ce qui ne veut pas dire que je suis perdue. J’ai terminé de me poser des questions, mais cela ne veut pas dire que je n’apprends plus. Et même s’il me semble qu’apprendre n’est plus vital pour moi, je sais encore humer la Vie.

Etre n’a rien avoir avec suivre, aimer, comprendre, créer, apprendre, tous ces verbes qui semblent immobiles mais qui remettent en question ce que je suis vraiment, ce que vous n’avez jamais cessé d’être …

Vous êtes la perfection, vous êtes la Beauté de cette immensité qui vous entoure. Vous êtes au-delà de toutes les dissertations philosophiques ou faussement spiritualistes. Vous êtes la Splendeur. Mais ne l’appelez pas, ne la regardez pas non plus, ne l’imaginez pas car vous voudriez qu’elle ressemble à quelque chose que vous avez déjà identifié et ce sera faux. Vous Êtes !

N’est-ce pas déjà tout ?

Il m’est alors impossible de conclure ce monologue sans vous demander de désapprendre encore, de sortir de chez vous et de vous émerveiller, tel un enfant des étoiles qui découvre pour la première fois la Vie. Car, cet enfant est vierge de tout, et lui seul sait Qui il est vraiment. Non pas Dieu, non pas le Tout, mais la Conscience ….

Il nous reste de merveilleux moments à expérimenter, libres, totalement libres de tout… Quel bonheur ! Merci !