Je suis peut-être un oiseau, je m’envole très haut, très haut, je plane, ça y est, je plane, je survole, je vois tout … Je m’extasie de cette immensité, de cette beauté sans nom, de cette vie qui fourmille sans moi mais pour moi. Je suis si haute que je peux tout voir, comme un spectateur qui ne prend pas part à la scène qui se déroule, tout doucement, devant ses yeux émerveillés… je vole, je vole, c’est fabuleux… Je comprends tout, ce qui m’arrive, ce que je me rappelle, la douce musique dans mes oreilles, le bourdonnement de la vie, l’éclat de rire de la création, l’enchantement qui s’en suit et tout d’un coup : le silence.
Un silence qui imprègne tout, enlace la Vie pour l’endormir, étreint les lueurs qui scintillent et soufflent dessus pour les éteindre, un silence qui se fait léger et si libérateur … je vole !
Mes ailes déployées, je m’essaie à quelques pirouettes, à des figures imaginaires, qui me trouvent la tête en bas, les pieds suspendus dans ce vide sidéral qui me soulève comme une plume insignifiante. Je vole, je suis libre, je suis libérée ….
Un soupir de joie s’extasie tout seul de sa propre sérénité… et la musique qui remplit mes oreilles s’intensifie au point de m’envelopper de notes de musique légères et joyeuses, mêlées de couleurs claires et scintillantes et d’autres plus pâles et rêveuses. Je vole dans mon infinitude, juste accrochée à mon rêve, juste assez consciente pour me regarder rire et rêver, rêver que tout cela ne s’arrêtera jamais, non jamais … Je vole !
Pendant quelques instants je ferme même les yeux, pour mieux goûter à l’enchantement voluptueux de cette scène qui met en branle des sensations inconnues, au point de submerger mon cœur qui perd son tempo habituel pour épouser un rythme effréné de croches et double croches, dessinées sur sa partition de musique. Il chante aussi, je l’entends si bien … Et je vole encore, haut, très haut, si haut que je ne « vois » plus rien, simplement un espace immense qui n’a pas de frontière, pas de limite, pas de substance, pas ….de vie ? Mais si, je la sens en moi, comme un battement sourd qui donne le tempo de sa danse effrénée. Une danse qui ressemble pourtant à une berceuse tranquille, qui me fait sourire, encore sourire, béatement, bêtement, mais tellement bien, tellement bien ! Je suis tellement bien, c’est si beau, si merveilleux, si sublime, si ? Quel mot vais-je trouver pour définir l’indéfinissable, l’incommensurable, l’immense, l’insondable réalité de cette scène qui s’étire assez « longtemps » pour que je puisse goûter à tous ses parfums, la ressentir vibrer en moi, pulser en moi, jouer sa mélodie en moi… sans que j’en sois perturbée, bien au contraire.
Je flotte, doucement, légèrement et me mets à contempler l’univers qui s’offre à moi, comme par magie. Il y a tout ce que je reconnais. Tout ce que j’ai appris. Ces planètes rondes, ces couleurs vives et transparentes, ce vide léger qui parcourt mon échine d’un frisson de fraîcheur obscure. Je suis. Je suis cette éternité qui peut se contempler à souhait dans les méandres de cette création qui s’ébat, telle une enfant qui vient juste de naître à elle-même. Je la reconnais, je l’écoute, je la sens vibrer et rire aussi, tant la Vie chatouille mes sens, tant je la trouve immensément belle. Comment ai-je pu la croire si minuscule, si noire, si restrictive, si âcre, si sauvage, si impersonnelle, oserais-je dire. Comment ai-je fait pour oublier ce que je suis, qui je suis ? Comment vais-je faire pour me rappeler de tout ceci ? Comment vais-je le raconter sans en perdre une once ? Comment dire ? Comme faire ? Alors que je virevolte en tous sens comme un ballon happé par les vents, comme une feuille d’automne qui n’a jamais connu le sol et qui découvre qu’il y a une vie « par terre » … ?
Suis-je née, suis-je réelle, ai-je un corps vraiment ? Ne suis-je pas une illusion ? Ce décor, ce nouvel environnement n’est pas le mien. Ce n’est pas ça que j’ai vu, « tout à l’heure », ce n’est pas ça que j’étais. Où suis-je ? Pourquoi fait-il froid, noir, et ce silence, je n’entends plus rien, ou comme si tout était feutré, malgré quelques chants joyeux de fées qui volettent autour de moi. Suis-je née ? Que m’est-il arrivé ? Racontez-moi, vous qui savez, vous qui êtes là depuis… depuis… mais qu’est-ce que ce temps, qui paraît pesant, palpable, comme un carcan qui enserre mon corps, comme un étau qui étouffe ma liberté, qui m’empêche de respirer, de parler, même. Je me sens lourde et froide, déboussolée et à la fois intriguée de ce que je vois. Tout brille, tout scintille, tout vibre mais j’ai l’impression que je suis la seule à voir ceci. Je croise d’autres êtres qui me ressemblent mais qui ne m’entendent pas, qui ne voient pas. Où suis-je ? Pourquoi j’ai perdu ma vie ?
Une douce musique réveille mes sens, je m’étire, je baille et mes ailes se déploient enfin. J’ai dû faire un rêve, mais quelles drôles d’idées suis-je allée chercher. Ouf, je suis rassurée, tout ceci n’était qu’un cauchemar, je suis bien dans mon berceau d’éternité, dans mon extase sereine, où la beauté de tout ce qui est, est ma maison. J’ai rêvé très fort et pourtant je ne m’en souviens guère. Même s’il me semble avoir ressenti des émotions bizarres et nouvelles… Mais j’ai rêvé c’est sur, j’ai rêvé….
Alors que je m’étire longuement, je respire la Vie, ouvre la fenêtre de ma conscience et regarde avec un cœur débordant d’Amour ma Création. Je suis, de toute éternité, je suis omniprésente, je suis ici, là, partout et respire ma Vie, la volupté de celle-ci, avant de m’endormir chaleureusement dans les bras de ma Mère Création. Je suis ….
L’expérience de l’Expansion/Ascension, n’est pas un but, ni une fin en soi, mais simplement la permission de se rappeler que nous ne sommes pas ce que nous sommes ….
A tous ceux qui croient avoir perdu un être cher… C’est nous qui l’avons laissé se souvenir de ce Qu’il Est …