par Daniel Meurois
Qui, aujourd’hui n’a jamais entendu parler de la maladie d’Alzheimer ?
Nous avons tous ou presque, parmi nos proches, quelqu’un qui en est atteint ou qui connaît une personne qui en souffre. Nous n’ignorons pas à quel point c’est douloureux et tragique, non seulement pour celui qui est directement touché mais aussi pour sa famille et ses amis.
Poser un regard différent
C’est en réfléchissant, l’autre soir, à cette tragédie individuelle et sociale que je me suis soudain pris à changer d’altitude… Je veux dire à poser un regard différent sur certains des symptômes lourds que manifeste actuellement notre espèce. Oui, l’espace de quelques secondes, c’est comme si je m’étais senti invité à regarder par les yeux de l’un de ces grands Êtres qui, depuis leur naissance au véritable état d’Humain, nous observent et tentent patiemment de nous aider. Une expansion de conscience brève, certes, mais qui a aussitôt poussé une sorte de voile à se déchirer d’un coup en moi. Je nous ai alors tous vus, réellement vus, nous les apprentis humains de la Terre, atteints d’une forme insoupçonnée de la maladie d’Alzheimer.
Je nous ai observés, partiellement ou complètement amnésiques, en perte d’identité et de repères, errant ici et là, interrogatifs quant à notre origine et rarement aptes à nous centrer avec cohérence sur le moindre objectif digne de ce nom. Oh, cette perception n’a duré que quelques instants ! Elle a toutefois été si puissante et si éclairante que je n’ai pu m’empêcher de me dire : « Oui, c’est exactement cela… c’est le fond de notre âme qui est touché par sa propre maladie de l’Oubli… Nous tournons très majoritairement en rond, souvent atteints d’une kyrielle de troubles obsessionnels compulsifs, ayant rarement un but, généralement dénués d’intérêt et de souvenir quant à notre Source et enfin ignorants quant à notre âme et à sa vraie famille. »
En résumé, je nous ai vus avec notre passé qui ressemble à une énigme, avec notre futur qui n’est pas envisagé et avec notre présent étriqué dont nous sommes incapables de jouir, ne serait-ce qu’en y plantant un peu de joie.
Une maladie a sa vertu enseignante…
Dramatique ? D’une certaine façon, oui, bien sûr… si ce n’est qu’une maladie, quelle qu’elle soit, a sa vertu enseignante, même si on refuse celle-ci, même si on dit s’en moquer, même si on se rebelle. Tôt ou tard, elle nous renvoie à nous, devant nos failles et nos gouffres d’inconscience. L’image est évidemment classique mais, pour usée qu’elle soit, on n’en comprend pas nécessairement tous les développements.
Et les Guides de notre Humanité, dans tout cela, me direz-vous ? Nos Grands Frères ? Nos Médecins de l’âme, sans nul doute… Ce sont des Médecins qui n’ont pas encore tout trouvé ni tout compris et dont nous n’avons donc pas tout à attendre mais qui s’appliquent, avec compassion, à nous restituer à nous-même, à stimuler inlassablement notre cœur profond, là où notre nom est inscrit. Eux aussi, ils avancent et continuent d’apprendre…
Avec la mise en place des religions au fil des Temps, ces Médecins d’âme nous ont évidemment proposé quelques remèdes – des sortes de pilules plus ou moins bien absorbées et assimilées par nous – histoire, faute d’une possibilité de restitution de mémoire, de renforcer notre colonne vertébrale et de nous fixer un objectif.
La Cellule première
Mais une pilule, aussi utile et respectable soit-elle, quel que soit aussi son concepteur, n’est jamais que quelque chose d’extérieur à nous. On l’ingurgite selon une posologie, elle calme les angoisses, les maux et apaise les symptômes. Les soigne-t-elle en profondeur ? Pas souvent ! Réveille-t-elle l’Originel, l’Intact, la Cellule-souche impolluable qui se souvient de tout ? Pas souvent non plus.
Celle-là, cette Cellule première qui se dissimule derrière le voile de notre Alzheimer de l’âme, c’est à nous qu’il appartient d’aller la déterrer. La faire émerger de la matrice qu’est notre Terre est de notre seule responsabilité. C’est quand on s’aperçoit de cela, et pas avant, qu’on commence à guérir. Étrange d’ailleurs… car dans ce mot, guérir, il y a comme un accent de gaîté et de rire. Rire du faux sérieux de nos maux en regard de ce qui nous appelle…
« Comme avant »…
Au fait, ce fameux 21 décembre 2012 qui a tant fait parler de lui… Il semble qu’on l’ait déjà oublié. Préfère-t-on le taire parce que, contrairement à certaines attentes, il ne s’y est rien passé de visible qui puisse nous prendre en charge et nous soulager de notre fardeau ? Ou l’a-t-on déjà expédié aux oubliettes parce que cela nous donne l’impression de pouvoir continuer « comme avant » ?
Et, « comme avant », pour nous les Occidentaux, cela signifie hélas trop souvent une guerre de plus ici et là, à des milliers de kilomètres de notre téléviseur, et une famine ou un tremblement de terre à l’autre bout du monde. L’ordinaire, finalement ! L’ordinaire… comme si cet ordinaire reflétait l’ordre normal de notre planète.
En ce qui me concerne, j’ai plutôt la conviction que nous, les Occidentaux dont la civilisation a tant fait pour l’amnésie de l’âme, nous sommes un peu dans l’Œil du cyclone, nous oublions que, chaque jour, des millions de personnes vivent dans leur chair et leur cœur un vrai 21 décembre 2012.
L’œil d’un tel cyclone se rétrécira-t-il un jour ? On peut le penser sans risquer de se tromper. L’Intelligence qui anime la Vie et qui a tout son temps a souvent opté pour les surprises. C’est plus efficace!
Alors, ne serait-ce que pour cela, vous qui me lisez et qui – pardonnez-moi –connaissez le luxe de pouvoir « s’occuper de spiritualité », soyez de celles et de ceux qui font tout pour retrouver la Mémoire.
Comment ? Pas par des théories. En étant vrais, aimants, en sachant vous impliquer et affirmer, face aux maîtres hypnotiseurs et aux semeurs de graines d’amnésie, ce dont vous ne voulez vraiment pas. Sans relâche. Quant à Ce à quoi vous aspirez… Ne le déléguez surtout plus. Construisez-le, là où vous êtes !
Daniel Meurois
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