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Plusieurs chercheurs qui avaient critiqué les projets de l’Europe concernant les perturbateurs endocriniens seraient proches des industries incriminées.

Le site d’informations Environmental Health News a enquêté sur les 18 scientifiques qui ont signé un point de vue publié dans 14 revues scientifiques entre juillet et septembre. Dix-sept d’entre eux ont collaboré avec l’industrie des produits chimiques ou pharmaceutiques, des cosmétiques, du tabac, des pesticides ou la biotechnologie.

Les auteurs critiquaient une proposition de la Commission. L’exécutif européen recommande en effet l’utilisation du principe de précaution en matière de perturbateurs endocriniens, et pourrait interdire des produits chimiques communément utilisés.

Les scientifiques ont écrit que le projet de la Commission était « scientifiquement infondé » et contraire au bon sens, à la science établie et aux principes d’évaluation des risques. Les conséquences pour la science, l’économie et le bien-être de l’homme seraient également inquiétantes, selon eux.

L’UE est précurseure dans ses efforts de réglementation des perturbateurs endocriniens. Les nouvelles règles auraient des conséquences importantes sur la scène mondiale, car les entreprises qui commercialisent des produits en Europe devraient les respecter.

Daniel Dietrich, principal auteur du point de vue, était autrefois conseiller d’une organisation industrielle. Il explique à Environmental Health News que le débat sur les relations entre les scientifiques et l’industrie n’est pas pertinent.

« Nous ne pensons pas que la discussion sur les conflits d’intérêts servira à quiconque, car elle éloigne l’attention du vrai problème », précise-t-il.

Relation fondée sur la confiance

Le professeur Åke Bergman basé à Stockholm avait publié un rapport en février 2013 sur les perturbateurs endocriniens. Il établit un lien entre ces produits chimiques et la hausse des taux de cancers ainsi que des problèmes de reproduction, des problèmes cérébraux et thyroïdiens.

Selon M. Bergman, la publication de ce point de vue représente une « initiative inhabituelle » pour des journalistes scientifiques. Il estime que les relations entre les journalistes et l’industrie sont « inquiétantes ».

« Ce point de vue m’a beaucoup surpris. J’ai pensé qu’il était empreint d’émotions et imprécis, un mélange entre science et politique avec de nombreuses erreurs », ajoute M. Bergman.

Joseph Hennon, porte-parole de la Commission pour l’environnement, a expliqué à Environmental Health News que la Commission s’appuierait sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles pour définir des lignes d’orientation dans ses réglementations sur les perturbateurs endocriniens.

« Nous voulons tous que nos décisions s’appuient sur la science. Et nous comptons sur la communauté scientifique pour jouer ce rôle et informer les décideurs politiques des faits et des données », a ajouté M. Hennon

« La relation entre la science et la politique devrait se fonder sur la confiance », a-t-il poursuivi. « Et nous faisons confiance aux scientifiques pour qu’ils agissent de manière indépendante dans l’intérêt de tous. »

 

Source: http://www.euractiv.fr/ – Article traduit de l’anglais