par Marie-Hélène Dourte
Oscar est une « exception de la Nature » comme il le dit lui-même. Ce petit bonhomme en bois, modèle pour peintres, s’extrait un jour de son socle et s’en va visiter le monde. Il va rencontrer Basile, vieux cheval de trait destiné à l’abattoir. Une belle amitié va naître entre les deux compères qui vont ensemble parcourir le pays à la recherche de signatures d’animaux maltraités. La pétition dont ils sont porteurs est adressée à …. l’Homme qui comprend le langage des animaux… Vont-ils le trouver?
Ce conte de 84 pages est destinés aux enfants (8 – 10 ans) mais également aux grands enfants que nous sommes!
EN VOICI LE PREMIER CHAPITRE
Chapitre 1
Emilien entra dans le magasin et pointa son doigt en direction de la vitrine.
– Je voudrais un « Oscar ».
– Oui Monsieur… de quelle taille ? Comme vous voyez, nous avons plusieurs modèles… le « 30 cm »… le « 60 cm »…Il y a aussi le « grandeur nature » mais c’est plus cher !
– Le « 60 cm » me suffira… C’est combien ?
– 70 euros… rien d’autre pour votre service ?
– Il me faudrait encore du papier pour aquarelle, un crayon graphite et un assortiment de fusains…ce sera tout pour aujourd’hui.
– Voilà Monsieur, cela fait 82 euros tout rond !
Emilien, quatorze ans depuis le mois d’avril et tout étonné des « monsieur » qu’on lui lançait, prit son paquet sous son bras et s’en retourna vers sa maison, content de ses achats. Il allait pouvoir se mettre tout de suite à la tâche.
Le déballage fut rapide et l’Oscar trouva sa place sur le bureau en pin entre l’assortiment de fusains et une affreuse tête en métal doré. Il fut ensuite examiné sous toutes les coutures par l’étudiant en dessin qui lui faisait prendre les positions les plus extravagantes qui soient, toujours à la limite de la fracture. C’est ainsi que le bonhomme en bois acheva la soirée avec la tête complètement retournée, un bras rejeté en arrière et à cloche-pied qui plus est, bref, dans une position peu enviable !
Vous ne l’avez peut-être pas encore compris mais il se fait que, par le plus grand des hasards, par une de ces bizarreries dépassant les lois de la nature, le petit bonhomme en bois, l’Oscar… et bien…il était vivant ! (Vous savez comme moi que tout est possible dans les contes de fées, n’est-ce pas ?).
Vivant notre Oscar, oui, mais tout courbatu, vous l’imaginez bien , mis dans une telle position sur ce bureau en pin ! Et Oscar, et bien, il commençait à fatiguer, à en avoir assez de ce support métallique enfoncé dans son corps qui l’empêchait de se délivrer, assez aussi de ce piédestal sur lequel il était réduit à poser, et surtout de cette vie figée depuis deux mois déjà…
Une idée était en train de germer dans son esprit et subitement, s’aidant de sa jambe projetée vers l’arrière, il agrippa son pied à l’oreille de cette sotte tête de métal doré, se tira vers le haut, tant et tant et avec une telle énergie que la tige métallique finit par sortir de son corps. Libre ! Il était libre !
Sortir de la maison d’Emilien était un jeu d’enfant pour Oscar. Après s’être dérouillé un tantinet les membres, il se hissa sur l’appui de fenêtre et sortit sans faire de bruit.
Vers où se diriger dans ce quartier inconnu ? Et pour que faire ?
– Avançons toujours, nous verrons bien , se dit-il.
Arrivé au coin de la rue, notre héros devint perplexe. En effet, un carrefour se présentait à lui mais… fallait-il aller à gauche ? A droite ? Continuer devant soi ?
Le bruit était infernal à cet endroit de la ville. Les voitures, dans une sorte de ballet incessant, se croisaient, bifurquaient vers la gauche, empruntaient le rond-point et filaient ensuite à grand vitesse. Et cette lumière ! Aveuglante ! Les néons des enseignes de magasins clignotaient sans cesse puis c’était des phares qui semblaient scruter les façades et se détournaient aussi vite… un concert de klaxons acheva d’effrayer Oscar qui prit ses jambes à son cou et s’enfuit droit devant lui.
Il courait à présent, laissant derrière lui ce tohu-bohu et ces lumières choquantes…
Longtemps après, il atteignit enfin les faubourgs de la ville. Arrivé sur ce qui lui semblait être une petite place tranquille, il s’assit, essoufflé, au pied d’une fontaine et se plongea aussitôt dans une longue réflexion sur la liberté. Il était observé par un chat silencieux se tenant en haut d’un muret…
– N’aurait-il pas mieux valu que je reste sur le bureau d’Emilien ? pensait-il. O misère, O malheur, que vais-je faire à présent ?
Il fut tiré de ses profondes pensées par un énorme chien aux yeux flamboyants qui fonçait droit sur lui et il eut juste le temps de se réfugier au beau milieu de la fontaine qui constituait ma foi un excellent abri. Le gros chien, las sans doute d’aboyer, s’en fut au bout d’un moment. Oscar était trempé et il entreprit de se sécher tant bien que mal dans un parterre de mousse. Il décida de marcher pendant quelques heures encore avant le lever du jour. Il progressa tant et tant qu’il accomplit ainsi une dizaine de kilomètres avant de s’affaler, fourbu, dans un champ d’herbes hautes que le soleil naissant laissait entrevoir comme un endroit tranquille et sûr.
Il dormit ainsi d’un sommeil sans rêves jusqu’au moment où il sentit comme un souffle chaud et humide sur les fibres de son bois. Ouvrant les yeux, il vit devant lui deux gros trous noirs et frémissants, et, dans leur prolongement, deux grands yeux qui le fixaient intensément…
Appuyé sur ses coudes, Oscar se rendit compte que ces naseaux et ces yeux appartenaient à une tête allongée et couverte de poils. Un cheval !
– Qui es-tu toi ? lança-t-il
– Je m’appelle Basile… et toi, drôle de bonhomme ?
– Moi, je suis Oscar !
– Enchanté !
– Enchanté !
– Que faisais-tu ici, allongé dans cette prairie ? s’enquit Basile
– Je me reposais d’une longue marche… Je viens de la ville…
– Ah bon ? Tu cherches du travail ? Quel est ton métier ?
– Modèle pour peintres ! Oscar s’était redressé, fier comme un paon.
– Et bien, dit Basile tout pensif, je crois que tu t’es trompé en espérant venir gagner ta vie à la campagne !
– Mais… Je ne cherche pas de travail ! En vérité je n’ai aucun but précis… Je voulais seulement voir du pays. Et toi ? Quel est ton métier ?
– Oh moi, soupira Basile, j’étais cheval de débardage…Un bien beau métier … dur …mais bien payé !
– Pourquoi dis-tu « J’étais » ? Tu n’es plus cheval de débardage ?
– Non… atteint par la limité d’âge …et destiné à l’abattoir si je ne m’étais enfui à temps !
– Quoi ? (Oscar était scandalisé)
– Oui mon bonhomme, tu ne le sais peut-être pas mais nous, les chevaux, nous finissons souvent en viande de boucherie lorsque nous avons assez servi…
Oscar allait de surprise en surprise et la stupéfaction se lisait sur son visage.
– Et bien dis donc ! Tu m’en bouches un coin ! Je me demande de quel droit on décide de la vie ou de la mort d’un cheval ? Ben ça alors ! Ils ne sont pas un peu gonflés !
– Et toi Oscar, qu’es-tu ? Humain ou marionnette ?
– Comme tu vois, j’ai la silhouette approximative d’un humain mais mon corps est fait de bois. Je suis donc une espèce de marionnette humaine !
-Une marionnette en bois ? Mais alors… Tu ne devrais pas parler !
– D’accord avec toi mon coco ! Disons que je suis une exception de la Nature. Une exception de la Nature qui n’a pour le moment rien d’exceptionnel à faire… Et toi, quels sont tes projets ?
Basile prit un air sérieux avant de répondre.
– J’ai entrepris de faire signer une pétition à tous les animaux pour protester contre les mauvais traitements que nous font subir les hommes partout dans le monde…
– Mmh… Voilà une juste cause, mais… à qui remettras-tu cette pétition ?
– A l’Homme qui comprend le langage des animaux, pardi !
– Et où il crèche celui-là ?
– C’est là le problème. En fait, je le cherche…
– Et bien NOUS le cherchons, rétorqua Oscar car dorénavant je t’accompagnerai si toutefois tu veux bien de moi.
Oscar se faisait pressant.
– Dis… tu veux bien de moi ?
– Mouais ! cela peut cloper !
– D’accord. Allez, top là !
Et c’est ainsi qu’oscar et Basile étaient devenus amis, en cinq minutes. C’est fou n’est-ce pas les enfants comme parfois de simples rencontres par hasard débouchent sur de vraies amitiés… et nous allons voir que par la suite, Oscar et Basile devinrent inséparables.
Une petite présentation de l’auteur:
Marie-Hélène Dourte est belge. Elle est âgée de 56 ans. Infirmière psychiatrique de formation, elle est actuellement conseillère en fleurs de Bach et thérapeute énergéticienne. Avec son époux, Vincent Cheppe, médium et communicateur animalier, ils sont les auteurs de quatre ouvrages :
– Voyage dans l’Invisible, réédition prochaine en e-book Amazon
– Je parle aux arbres et ils me répondent, Editions Lanore (Paris), 2012
– Changer notre vie en 100 jours – cahier pratique, Editions Lanore, 2013
– Animal, mon ami, qui es-tu vraiment? ( à paraître aux Editions Lanore)
Ce livre est disponible EN CLIQUANT ICI
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