amourdesoi

par Bertrand Duhaime –  les Chroniques de la Presse Galactique

L’amour de soi représente le fondement de l’Amour universel et de l’altruisme puisque nul ne peut donner ni partager ce qu’il ne possède pas, rayonner ou vibrer ce qu’il ne porte pas, attirer ce qu’il ne connaît pas.  Il n’invite pas à s’accorder toutes les fantaisies et à succomber à toutes ses chimères, mais à célébrer pleinement en soi la Divinité.  Il appelle à se reconnaître en tant que Lumière spirituelle ou comme âme dont la luminosité s’intensifie continuellement, au gré de son évolution.  Pour y parvenir, il faut coopérer avec son Instructeur intérieur qui connaît tous ses besoins, chercher à découvrir son sentier unique et apprendre les leçons particulières qu’on doit maîtriser.  Avant d’essayer d’aimer les autres, on gagne à se guérir du doute par rapport à ce qu’on est, un être créé par une Puissance qui échappe à la compréhension de la personnalité et qui dirige vers un amour et une joie sans bornes, comme on gagne à se délivrer des restrictions qu’on s’impose.  Car chacun est né pour vivre au niveau de la compréhension de son âme, non de sa personnalité.

En cette phase de changement d’octave vibratoire, rien ne compte plus que de vibrer à plein cintre et de s’aimer à plein temps, parce que l’amour pur est l’énergie même qui, détachant de l’illusion et affranchissant de la densité, permet l’ascension de la conscience.   De la manière qu’un bon nombre a été éduqué, la notion de l’amour de soi garde un relent d’égoïsme qui, secrètement, indispose, culpabilise et retient.   On craint de s’aimer pleinement parce qu’on a appris que l’amour d’autrui doit passer avant l’amour de soi du fait qu’il n’y aurait pas de plus grand amour que de se dévouer pour les autres ou de mourir pour ceux qu’on s’aime et qu’il faut personnellement souffrir  pour gagner son ciel.   Pourtant, quelle ineptie représente une telle perception de la dynamique de la vie.

Si on souffre de ce syndrome éthico-religieux, on gagnerait à s’en délivrer prestement.  Car, si on part du principe que, à l’origine, chacun a reçu autant que tous les autres, tous ayant été créés à l’image et à la ressemblance de leur Créateur, il faudrait se demander ce qu’on doit aux autres plus qu’à soi-même.  Tous sont identiques en essence et dans leur nature, mais ils diffèrent dans leur rôle fonctionnel et dans leur rythme personnel.  Il faut sérieusement se poser cette question à savoir ce qu’on peut bien devoir à un autre qui a reçu les mêmes facultés, les mêmes ressources, les mêmes moyens, les mêmes privilèges, avec, au besoin, le même recours à la grâce ou à la providence divine.

Même que l’amour bien compris, au sens de vibration spirituelle, source de cohésion et de réalisation, requiert qu’on apprenne à toujours se choisir en premier et à s’accorder en tout la première place, apprenant à donner autant qu’on reçoit et à recevoir autant qu’on donne, pour éviter tout déséquilibre.

Alors, qu’est-ce que s’aimer dans l’immédiateté?  S’aimer dans l’immédiateté, c’est se reconnaître dans sa réalité globale, dans son destin, dans ses droits, dans ses devoirs, dans ses engagements et ses responsabilités, dans ses aspirations réelles, comme dans ses désirs et ses besoins du moment, en assumant sa liberté et exerçant sa souveraineté sans s’extraire de l’Unité indissoluble.

C’est un fait qu’il existe un principe de partage et d’échange, mais ce principe vise d’abord à maintenir les énergies en circulation pour éviter qu’elles en viennent à stagner ou à s’épuiser, menaçant de faire exploser ou de faire imploser, selon la motivation consciente ou inconsciente qui retient de l’appliquer.  Mais ce principe n’appelle jamais qu’à partager une part de ses surplus, même pas l’entièreté de ses surplus.  Symboliquement, la loi de Moïse, qui rappelait cette nécessité que l’humanité avait oubliée, jusqu’à son rappel, a fixé la norme à environ dix pour cent de ce qu’un être s’approprie, obtient ou récolte.  Pour le reste, dans la perspective évolutive, l’être de chacun, avec ce qu’il s’attire, n’appartient qu’à lui, même si tout ce qu’il s’approprie ne représente jamais qu’un emprunt à l’Essence divine ou à la Substance subtile.

Il y a plus de sagesse qu’on pense dans le dicton qui rappelle : «Charité bien ordonnée commence par soi-même», qui démontre que l’amour tout court commence par l’amour de soi et détient une complète préséance sur l’amour d’autrui.  Pour dire vrai, en se situant dans le principe de la simultanéité, il faudrait plutôt formuler l’adage de telle sorte qu’il puisse faire comprendre que, pour grandir en conscience, il importe autant de s’aimer que d’aimer autrui et d’aimer Dieu.  Ce que l’adage tente de faire comprendre, c’est que nul ne peut comprendre l’importance d’aimer tout ce qui est tant qu’il n’a pas pris conscience des justes retours qu’il s’attire par le fait de s’aimer soi-même.  Car c’est par l’amour qu’il découvre que tout se tient et contribue à un même But ultime.

Dans ce contexte, l’amour de soi commence par l’accueil de soi tel qu’on est, une acceptation complète de soi, avec ses grandeurs et ses faiblesses, un acte inconditionnel qui, dans la perspective évolutive, n’invite qu’à passer progressivement de l’oubli au Savoir, de l’inconscience à la Conscience totale, du sommeil à l’Éveil ou des ténèbres à la Lumière, à son rythme, qui permet de se connaître ou de se redécouvrir parfaitement soi-même.  Cet acte implique une grande compréhension du processus évolutif, empreinte de prudence et de sagesse ou de rigueur et de miséricorde de manière à le situer dans sa juste perspective à l’intérieur du Plan divin.

Un être ne peut s’accomplir à son rythme, au meilleur de sa compréhension et de ses moyens, que s’il applique son attention dans l’immédiateté, donc dans le moment présent, dans l’ici et le maintenant.  En effet, toute projection dans le passé, qui n’est plus, ou dans l’avenir, qui n’est pas encore, extrait du seul contexte qui soit réel et productif, l’Éternel présent, où un être peut intervenir de façon certaine, efficace, créative et constructive.  Car nul ne peut rien changer au passé ni au futur à moins d’intervenir, dans le plan de conscience adéquat, dans le présent.  C’est dans le présent que tout se passe.  C’est dans le présent qu’un être détient du pouvoir et atteint sa cible.

Encore, il ne peut s’accomplir que s’il sait établir ses choix et en assumer la pleine responsabilité.  En cela, la victimisation personnelle prive de tout pouvoir d’intervention, empêchant de prendre prise sur son destin et d’améliorer son état ou sa condition.  La mentalité de victime maintient dans l’immaturité, situe dans l’irresponsabilité et enfonce dans l’illusion, car elle se fonde sur la notion erronée que Dieu, le sort, les autres ou les circonstances sont responsables de ses problèmes, de ses difficultés, de ses problèmes, de ses échecs, de se douleurs ou de ses souffrances, de ses maladies, de ses carences, de sa pénurie, de sa faiblesse apparente ou qu’ils ont plus de poids que soi dans son destin.  Essentiellement, nul n’est faible puisqu’il est fort du fait de participer pleinement autant à l’Essence divine qu’à sa Substance subtile, ce que les être ne peuvent qu’ignorer à divers degrés, selon leurs acquits antérieurs de conscience.

Comme, dans le Plan divin, parfaitement ordonné, le hasard n’existe pas, tout ce qu’un être vit provient de lui et uniquement de lui, qu’il accepte cette vérité ou pas.  Il n’y a pas d’exception, mais que des acceptions, à la règle commune.  Chacun attire ses réalités, les gens, les créatures, les choses et les circonstances selon ce qu’il vibre, donc selon qu’il dit, pense, ressent et fait, consciemment et inconsciemment.  Dans ce contexte, tout ce qui atteint sa conscience, dans le visible ou l’invisible, représente un symbole qui ne constitue rien d’autre qu’une énigme à déchiffrer pour l’aider à se comprendre dans sa totalité.

L’image de soi qu’un être forme et entretient établit les fondements de la structure de ses attitudes et de son comportement, assurant son degré de force personnelle et conditionnant ses rapports avec les autres et son mode d’intervention dans la vie.  Comme elle n’est qu’une construction de l’esprit, autant la rendre la plus séduisante et plaisante qu’on peut, sans sombrer dans le narcissisme ou la mégalomanie.  Un être peut parvenir à se former une vision relativement appréciable de lui-même sans nier ses travers, ses défauts, ses traits de caractère rebutants, ses failles intellectuelles, ses diverses faiblesses.  Comme il peut porter travers et des défauts sans s’imposer de nier ses dons, ses qualités, ses aptitudes, ses compétences.  La modestie ne consiste-t-elle pas à se reconnaître tel qu’on est, avec ses qualités et ses défauts apparents, sans en ajouter ni en soustraire?

Évidemment, il faut admettre que seul un être qui a été aimé sans condition, sans attentes, sans jugement peur facilement développer une forte estime de lui-même qui le porte à l’acceptation intégrale de ce qu’il est, tel qu’il est, le préservant de toute possibilité de se déprécier, de se comparer, d’imiter autrui, d’entrer en concurrence avec lui, de s’inventer une image marginale, de sombrer dans les jeux de pouvoir, de courir après la notoriété ou la célébrité, de recourir au marchandage subtil ou de chercher à acheter l’amour d’autrui.  Quand un être est plein de lui-même, il peut exercer sa pleine liberté, sans peur d’y perdre quoi que ce soit, tout ce qui s’ajoute représente un surplus.

Ici, l’expression «être plein de soi» n’évoque en rien l’arrogance ou la fausse supériorité de l’orgueilleux, du vaniteux, du prétentieux, par gonflement de l’ego, mais la sereine assurance de celui qui se sait évolutif, donc temporairement faillible et vulnérable, sans focaliser sur ces faits, et qui, plein de tendresse et de respect pour lui-même, poursuit de son mieux son expérience en incarnation, acceptant les hauts et les bas d’un quotidien qui le mène toujours vers de plus grandes découvertes.  Il comprend qu’avant de trouver le juste milieu, d’entrer dans l’Ordre parfait et de connaître l’harmonie absolue, il lui faut, le temps qu’il faut pour comprendre, osciller entre les extrêmes.  Et il s’en tire d’autant mieux que, au lieu de se centrer sur ces écarts et de se laisser influencer à gauche et à droite, ce qui maintient dans la dualité, il garde sa pensée rivée sur son but ultime, sur l’idéal suprême qu’il veut atteindre.

Il faut éviter de considérer le devoir de s’aimer de façon inconditionnelle, sans trop d’émotivité et de jugements, comme un leurre ou une perte de temps.  L’amour de soi n’a rien de vain, de futile, de stérile, voire de risible.   Nul ne peut accorder à autrui sa juste valeur sans se l’accorder à lui-même.  Sur les plans de la densité, qui impliquent la dualité, tout répond à la loi de causalité (action et réaction ou cause à effet).  Par ce jeu du miroir, qui ne se respecte pas n’est pas respecté;  qui se croit limité, vit dans la pénurie, multipliant les freins et les obstacles, ne s’attirant que la pitié de la part d’autrui;  qui n’a pas foi en lui, s’attire l’échec, les complications et les revers.  De la même manière, qui ne s’aime pas suscite la répulsion et il s’attire le rejet, la fuite, l’abandon, la dépréciation, la suspicion, l’humiliation, l’exploitation.

C’est par l’amour de lui-même qu’un être parvient à échapper aux vicissitudes de la vie et au mal de vivre.  C’est par l’amour de soi qu’il apprend à affirmer ses droits, à assumer ses devoirs, à assouvir ses besoins, à accroître sa joie de vivre, à s’accorder le droit au plaisir, à faire confiance à autrui, et qu’il persiste à aspirer au bonheur.  Peut-on imaginer un instant l’enfer que vivrait, au quotidien, un être qui se lèverait tous les matins en se croyant stupide, laid, détestable?  Peut-on comprendre les effets que son champ personnel, fort négatif, pourrait produire dans sa vie personnelle, affective, professionnelle, sociale et dans son parcours évolutif?

Pour conclure, il faut éviter de s’apprécier à partir de valeurs relatives et contingentes comme la réussite personnelle, ses attributs physiques, ses qualités ou ses aptitudes personnelles, son métier ou sa profession, son appartenance religieuse, son niveau de fortune ou son degré de prospérité, son degré de réussite, son type d’activité physique ou intellectuelle, ses possessions matérielles, son coefficient mental, le nombre de ses vertus, la qualité de son entourage, l’ampleur de sa réputation, sans les dédaigner, autant de critères aussi farfelus et illusoires qu’éphémères.  Il faut s’aimer pour ce qu’on est, qu’il faut apprendre à ressentir être plutôt que de simplement le mentaliser, une Étincelle divine incarnée, donc en expérience dans la matière, sur mandat divin, une mission pleinement choisie et acceptée avant sa descente ici-bas.

En vérité, chacun tire d’abord sa valeur, non de son rôle fonctionnel ou de la qualité de son service humanitaire, mais de ce qu’il est dans son essence et sa nature et, accessoirement, du degré de conscience qu’il a atteint et qui le rend relativement amoureux, vrai et sage par rapport aux endormis ou aux retardataires évolutifs.

On doit se souvenir que l’amour, ciment de la vie, commence par un don à soi-même.  C’est le sens de l’injonction divine : «Aimez-vous les uns les autres et aimez Dieu de tout votre être».  Autrement dit, chacun gagne à apprendre à s’aimer pour comprendre les bienfaits et la nécessité d’aimer autrui et pour finir par élargir son amour jusqu’à englober le Tout divin, l’Être-Un, avec toutes ses créatures.

À l’heure présente, l’amour de soi représente la seule clé qui puisse produire une évolution relativement sereine et assurer une ascension relativement facile, protégeant à tous égards contre les aléas d’une phase de vie accélérée.  C’est par l’amour de soi qu’on se redonne à soi-même, qu’on en vient à tout comprendre, qu’on se réconcilie avec tout et qu’on retrouve sa véritable raison de vivre, qui est d’apprendre à rayonner à l’infini l’amour, l’énergie unique, de façon impersonnelle et inconditionnelle, vers tout ce qui est.  L’Amour, qui ouvre à la connaissance d’âme à âme et porte à la fusion, révèle Dieu et rend comme Dieu, apprenant à voir Dieu en tout et partout.

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Trop de personnes pensent que, au nom de l’amour, il faut tout passer à tout le monde et répondre à toutes leurs attentes jusqu’à leur moindres caprices.  C’est ainsi par exemple que les parents des dernières générations ont fait de leurs enfants les rois de la famille, ne percevant aucunement le ridicule de la situation.  Car, si les enfants sont les rois de la famille, que sont les parents, leurs valets ?   Ne vaudrait-il pas mieux croire que les rois de la famille, ce sont les parents, et que les enfants sont des princes en instance de souveraineté ?  Mais, pour exercer la souveraineté, il faut faire preuve de sagesse, de maturité et de responsabilité, maîtriser son être, ses expériences et son univers.  Ainsi, pour le bien et la protection d’un être en gestation ou en formation, il faut savoir assigner fermement des limites temporaires, le temps qu’il développe son autonomie, sa dextérité, ses compétences, sa maîtrise.  Et ces limites devraient être aussi temporaires qu’il reste dépendant, inaccompli ou inachevé.

Chez nombre d’êtres humains, il est souvent difficile de faire preuve de discernement entre l’amour désintéressé pour autrui et l’amour intéressé pour soi-même.  Trop de gens exécutent rigoureusement leurs devoirs en négligeant leurs droits fondamentaux.  C’est alors qu’ils vont trop loin dans l’expression de leur amour.  L’amour doit être inconditionnel, impersonnel, dépourvu d’attentes de retour, mais il ne doit pas s’exprimer d’une façon qui brime autant la sagesse que le sens commun.  Trop de gens ont tendance à s’immiscer à l’extrême dans le destin d’un autre au point de le favoriser au détriment du leur.  Malgré les frustrations qu’ils accumulent à ce jeu, il ne vient jamais un moment où ils savent dire : «Ca suffit !  Assez, c’est assez !  Oui, c’est oui ;  non, c’est non ;  peut-être, c’est peut-être !  Un chat est un chat!»)

Il est vrai que le système religieux judéo-chrétien a toujours enseigné qu’il n’y avait pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime.  Et pour lui, le Christ, dans sa compassion aurait exprimé la quintessence de l’amour en mourant sur la croix pour le rachat de l’humanité.  Mais c’est mal comprendre la mission de Jésus et mal interpréter les textes que d’abdiquer son droit le plus sacré de s’accorder la première place dans sa vie.  La Loi demande de partager sa vie, pas sa mort.  La vie évoque les meilleures énergies disponibles de l’être qui ne doivent pas être siphonnées en vain.  Or lorsqu’on donne plus qu’on accepte de recevoir, on crée un déficit énergétique qui amène à s’étioler et à végéter, pour enfin régresser et mourir.  Trop d’aînés ont payé les frais de cette expérience de tout donner aux autres pour finir leurs jours dans l’oubli et l’indigence les plus complets.

Au niveau contingent, chaque être ne vit qu’une vie à la fois.  D’autre part, à l’origine, tous ont reçu les mêmes dons et les mêmes facultés.  Chacun est un être entier, complet, total et parfait en lui-même, ce qui laisse entendre que rien ne lui manque pour s’accomplir par lui-même.  Ainsi, que, pour une raison ou une autre, certaines n’aient pas exploré et développé leurs potentiels intimes ne le légitime pas à exprimer des revendications indues ou à vivre dans la dépendance.  Chacun est totalement responsable de son destin.  Nul ne doit quoi que ce soit à un autre, à part l’aider à atteindre sa maîtrise après l’avoir lui-même acquise, s’il se sent bien à le faire. Puisque l’essentiel et le nécessaire lui appartiennent, déterminant l’indice de survie dans le monde matériel et psychique, l’autre ne peut partager avec lui que ses surplus, dans la mesure où il respecte les normes de la loi de l’aide.

Se montrer aimable et secourable ne signifie en rien se renier dans ses droits et se sacrifier pour les autres.  Perdre son ego ou le remettre à sa place ne signifie pas nier tous ses désirs et ses besoins.  Dans de telles contraintes, on risquerait de passer à côté de sa mission unique qui est d’exprimer la plus grande merveille que l’on est.

Ainsi, au nom de l’Amour divin, chacun détient le droit de se choisir en priorité, de s’accorder la première place, de vouloir son plus grand bien et d’occuper toute la place qui lui revient.  Celui qui prend sa place n’enlève rien à autrui puisque cette place lui appartient.  Chacun doit évoluer à sa manière et à son rythme.  De ce fait, tout adulte a le droit de s’apprécier, de s’accepter tel qu’il est, de vivre à sa manière ou comme il l’entend, même s’il n’a pas atteint la perfection.  Il a le droit de refuser de rendre des comptes sur ses choix, de justifier ses attitudes, de répondre aux questions relatives à sa vie personnelle, de refuser les conseils, les avis et les opinions des autres.  Il a le droit de refuser d’agir s’il ne se sent pas la compétence pour ce qu’on lui demande ou s’il ne se sent pas en forme, en accord ou en harmonie avec ce qu’on lui demande.

De la même manière, un adulte a le droit de se reconnaître l’égal de tous les autres, d’exiger un traitement en conséquence et de se percevoir aussi aimable et estimable qu’eux, quoi qu’il ait vécu, car son expérience humaine, nécessaire telle qu’elle se passe, est aussi valable que celle d’autrui.  Il a le droit d’exprimer toute sa différence qui le rend unique, ce par quoi il devient original, rare et précieux pour l’ensemble.  Il a le droit de vivre dans la paix et de refuser toute autorité extérieure à part sa conscience intime.  Il a le droit d’assumer son bien-être, son autonomie et son indépendance et de refuser toute limite à sa liberté, comme les relations oppressantes, contraignantes, culpabilisantes, les manipulations, le chantage émotif ou subtil.  Il a le droit de refuser d’écouter les problèmes et les confidences négatives des autres sans être considéré comme inamical ou diviseur.  Comme il a le droit de ne pas investir d’énergie là où il est critiqué et où elle n’est pas appréciée à sa juste valeur ou de refuser de laisser empiéter sur son territoire ou son champ personnel d’expérience.

S’aimer et servir Dieu ne signifie nullement nier le bon sens et tenter de sauver tout le monde.  Le salut du monde, c’est l’affaire de Dieu !  D’ailleurs, le prosélytisme est interdit, du fait que, fondé sur des croyances, la propagande et la manipulation, il représente une ingérence dans l’univers d’autrui.  La mission de chacun, c’est de se redécouvrir dans sa totalité en agissant de façon évolutive, jour après jour, en agissant au meilleur de ses connaissances, de ses capacités, de ses talents et de ses aptitudes, donc au meilleur de ses moyens.  En cette ère d’Ascension, il vaudrait mieux dire vivre amoureusement sa divinité dans l’instant présent.  Quant à son service, il consiste à afficher sa royauté en partageant, avec ceux qui le demandent, mais sans jamais les imposer, les connaissances et les compétences qu’il a véritablement acquises.

L’amour doit éliminer les préférences, s’exprimer sans exception et acception, mais, au niveau contingent, cela n’empêche pas un être d’avoir plus d’affinités pour certaines gens que pour d’autres et de les assumer.  Un être peut aimer et laisser partir, comme il peut aimer à distance, sans s’imposer de courir le monde pour pouvoir dire qu’il aime tous ses semblables et toutes les créatures.

C’est ainsi que l’on comprend que l’amour ne représente pas un don de soi sans ménagements ni questionnements.  Par exemple, un parent, un enseignant ou un patron peut intervenir auprès de ceux qui causent des difficultés au nom de leur bien-être, de leurs intérêts et du bien d’un ensemble.  Tout être peut aimer un être qui cause des difficultés sans tolérer toutes ses fantaisies et ses brimades.  Nul n’est astreint au devoir d’accepter ou de supporter tout ce qui vient à lui, ce qui témoignerait d’une attitude fataliste.  Nul n’est tenu de mettre des gants blancs pour dire son fait à un autre, il n’est tenu qu’à le faire sans porter de jugement de valeur, dans la compréhension et la compassion, quand il le peut.

Dans la même veine, nul n’est requis d’accorder à autrui toute l’attention qu’il demande ou de marcher sur la pointe des pieds pour éviter de le déranger.  Mais il n’est pas plus interdit d’accorder aux autres l’attention qu’ils méritent.  Cars le mot le dit, ils doivent le ((mériter)) en témoignant d’un progrès ou d’une évolution dans leur vie.  Nul ne doit veiller à éviter à autrui toute expérience désagréable, pas plus à ses enfants qu’aux autres, puisque c’est par l’expérience, même périlleuse, qu’un être apprend le mieux.  Celui qui vit dans un cocon de protection trop hermétique devient une loque humaine arrogante et méprisante parce que sans compréhension.

En vérité, celui qui s’aime évite toujours qu’on gâche ou gaspille son temps, qu’on souille son espace, qu’on abuse de lui, qu’on parasite son énergie à volonté.  Mais, dans le quotidien, il doit savoir assumer ses vraies responsabilités.  Surtout, il assume la paternité de ses expériences en évitant de poursuivre tout un chacun dans la projection de ses torts personnels.

En fait, au-delà des conceptions du bien et du mal et du vrai et du faux, l’amour ramène la réalité à un point où personne n’a raison ou tort.  Dans la présente ère d’évolution rapide, il importe plus que jamais de concevoir ce qui unit en soi comme ce qui unit autour de soi.  En cela, les maîtres doivent savoir aider les jeunes à accoucher d’eux-mêmes et  les gouvernants doivent savoir imaginer comment ils peuvent amener leur peuple à réaliser son potentiel particulier au lieu de le dominer.

Pour le reste, en tant qu’individus, tous les êtres doivent se traiter mutuellement avec le plus grand respect, veiller à prendre soin des autres, s’aider chaque fois qu’ils le peuvent et que cela est licite et bien jouer ensemble le Grand Jeu amoureux de la Vie.

© 2012 Bertrand Duhaime (Douraganandâ).  Tous droits réservés.

Source: les Chroniques de la Presse Galactique