Propos recueillis par Margaux Rambert
Si nous sommes souvent à l’aise pour parler avec les autres, peu d’entre nous savent réellement les écouter. Qu’est-ce qu’écouter vraiment ? C’est avant tout se taire, explique la psychothérapeute Christel Petitcollin. Et laisser la place à l’autre, selon Maxime Bonin, ancien écoutant de SOS Amitié. A la fin de cet article, retrouvez le récit de son apprentissage, à l’occasion de la 2ème Journée Nationale de l’Ecoute, lancée par l’association.
Pourquoi savons-nous si peu écouter ?
Christel Petitcollin : Ecouter, c’est avant tout savoir se taire. Mais dans nos conversations courantes, il est très rare que nous restions silencieux lorsque quelqu’un d’autre parle. Nous nous coupons sans cesse la parole, nous nous bombardons de questions, souvent, sans même nous en rendre compte. Résultat : chacun coupe l’autre dans sa réflexion. Le décentre. D’ailleurs, nous sommes souvent parfois contents de dire « celui-là, je lui ai cloué le bec ! ». Nous avons également toujours envie de tout ramener à nous, ce qui est inhérent à la nature humaine : nous sommes les êtres les plus importants pour nous. Beaucoup pensent qu’écouter est quelque chose de simple, de naturel, alors qu’au contraire, cela s’apprend.
Pourquoi est-ce difficile d’écouter l’autre ?
CP : Beaucoup de personnes ne savent pas comment réagir face au mal-être d’autrui. Elles ne savent pas quoi dire, pas quoi faire. Elles ne veulent pas se laisser toucher par cette souffrance alors elles paniquent, se dépêchent, bombardent l’autre de conseils ou de reproches. Il est malheureusement très rare que les gens qui ne vont pas bien bénéficient de la qualité d’écoute qui leur est nécessaire. Pourtant, ils ont besoin que l’on écoute leur mal-être : quand on peut confier à quelqu’un à quel point on est fatigué, triste, écoeuré, on se sent apaisé.
Souvent, celui qui écoute a peur de ne pas trouver les mots…
CP : Mais c’est souvent parce qu’il n’y a pas de mots à trouver. Quand quelqu’un vit quelque chose d’horrible, cela ne sert à rien de lui dire des choses du type « il n’y a pas mort d’homme ». La seule chose que l’on puisse lui dire, c’est « je suis là ». C’est ça, écouter : c’est donner à l’autre un espace pour se raconter sans lui prodiguer de conseils, le juger, ou encore lui faire la morale. C’est accepter les silences qui permettent à l’autre de réfléchir, d’ajuster sa pensée. Ca peut être tout simplement se contenter d’être silencieux et de hocher la tête. Ou reformuler ce qu’il nous dit, ce qui lui montre que l’on essaye de le comprendre, et lui permet d’approfondir. Ce faisant, on ne fait pas l’éponge, mais le miroir. Et plus quelqu’un est écouté, mieux il réfléchit. On peut aussi demander à l’autre de développer : « est-ce que tu peux m’en dire un plus ? »… Quel bonheur pour votre interlocuteur de sentir ainsi que quelqu’un s’intéresse sincèrement à ce qu’il est en train de dire !
Quels sont les bienfaits de l’écoute ?
CP : Ca fait du bien à tout le monde d’être écouté. D’autant que lorsque l’on s’écoute, on se comprend, ce qui évite beaucoup d’intolérance et permet de sortir de nos a priori. Le problème, c’est que notre société souffre d’un grand manque d’écoute, et que par conséquent, les gens se sentent maladivement seuls. Car il n’y a pas que lorsque l’on a mal que l’on a besoin de parler.
Combien sont-ils, regorgeant d’enthousiasme face à un nouveau projet, à ne pas trouver l’écoute bienveillante dont ils ont besoin ? Combien de rêves détruits par des « tu n’y arriveras jamais » ou « tu ne te rends pas compte » ?… Souvent les gens qui vont trop bien n’arrivent pas à parler non plus. Cherchez l’erreur.
Source: http://www.psychologies.com/
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