Par Nicolas Revoy
Des ondes cérébrales inconnues jusqu’à aujourd’hui ont été détectées dans le cerveau d’un patient plongé dans un coma très profond. Une découverte qui montre que, même en coma très profond, une activité cérébrale minimale peut subsister dans le cerveau.
Même en état de coma très profond, le cerveau continue néanmoins d’être actif. Telle est l’étonnante découverte qui a été effectuée par des neurologues canadiens, en étudiant le cas d’un patient roumain plongé dans un coma médicamenteux très profond.
En effet, alors que ce patient présentait un tracé d’électroencéphalogramme parfaitement plat (l’électroencéphalogramme est un dispositif qui mesure l’activité électrique du cerveau, via la pose d’électrodes sur le cuir chevelu), soit le signe d’un coma très profond pour lequel les médecins concluent habituellement à l’absence totale d’activité cérébrale, Florin Amzica et ses collègues de L’Université de Médecine de l’Université Laval (Québec, Canada) ont découvert contre toute attente l’existence d’étranges ondes cérébrales…
Ces ondes, qui n’avaient jamais été découvertes jusqu’ici ont été baptisées « complexes Nu » par les neurologues canadiens. Leur détection montre ni plus ni moins que, malgré un tracé d’électroencéphalogramme plat, le cerveau peut néanmoins continuer d’être le siège d’une forme d’activité.
Mais cette découverte, effectuée sur un cas unique, peut-elle être vraiment généralisée ? En d’autres termes, l’aptitude à produire des ondes « complexes Nu » est-elle véritablement une caractéristique générale du cerveau, ou ne s’agit-il pas plutôt d’un phénomène spécifique, propre à ce patient en particulier ? En fait, il semble bien qu’il s’agisse là d’une caractéristique propre au cerveau en général, et non d’un phénomène spécifique. En effet, après avoir découvert la présence de ces ondes chez ce patient roumain, les scientifiques canadiens ont décidé de recréer chez des chats un état de coma artificiel (et réversible), aussi profond que celui dans lequel était plongé le patient, afin d’observer la présence éventuelle ondes cérébrales.
Résultat ? En mesurant l’activité cérébrale de ces chats en coma profond, Florin Amzica et ses collègues ont détecté l’existence d’ondes cérébrales émises par l’hippocampe, cette zone du cerveau qui joue un rôle central dans la mémoire et l’apprentissage. Des ondes qui, selon les chercheurs, se répercutaient jusque dans le cortex (pour rappel, le cortex est cette couche superficielle de neurones très fine, qui enveloppe le cerveau).
Si cette découverte pourrait à terme et à redéfinir le concept de mort cérébrale, Florin Amzica et ses collègues soulignent que la découverte de ces ondes pourrait aussi avoir une répercussion médicale très concrète. En effet, il arrive régulièrement que des malades soient plongés dans un coma artificiel, et ce afin de protéger leur cerveau pendant le travail des médecins. Or, ce coma artificiel est légèrement plus profond que celui dans lequel les chats ont été plongés par les neurologues canadiens, et se caractérise par une absence totale d’activité cérébrale. Selon Florin Amzica, ce procédé pourrait ne pas être sans risque, l’absence totale et prolongée d’activité cérébrale pouvant en effet nuire au bon fonctionnement du cerveau. D’après ce neurologue, il pourrait être préférable de plonger les patients dans un état de coma un peu moins profond, analogue à celui dans lequel les chats ont été placés, afin de permettre au cerveau de produire des ondes « complexes Nu », et donc d’être le siège d’une activité minimale lui permettant de réduire le risque d’être altéré.
Cette découverte a été publiée le 18 septembre 2013 dans la revue PLOS One, sous le titre « Human Brain Activity Patterns beyond the Isoelectric Line of Extreme Deep Coma ».
Source: http://www.journaldelascience.fr/