par Bertrand Duhaime – les Chroniques de la Presse Galactique
Dans la Tradition musulmane, un Hadith rappelle : «…Allah est doux et il aime la douceur en toute chose. Il rétribue pour la douceur ce qu’il ne rétribue pas pour la violence et ce qu’il ne rétribue pas pour quoi que ce soit». Il faudrait voir si cette douceur ne s’applique qu’aux coreligionnaires, ce qui ne semble pas le cas, puisqu’Allah se réclame le Dieu de tous les êtres. Quant au Tao Te King, il rappelle : «Garde la douceur, voilà la force d’âme.»
La douceur exprime le caractère de ce qui affecte un sens de façon délicate, ce qui procure une sensation de bien-être ou un plaisir délicat, ce qui exprime la bienveillance, ce qui exprime la délicatesse dans le comportement, ce qui est dépourvu de caractère extrême ou excessif, ce qui se présente sans heurts ni à-coups. Comme l’eau qui, avec le temps, érode le roc le plus dur, la douceur parvient à tout aplanir, à tout régler et à tout gagner.
Sans devenir débonnaire, la douceur, qui repose sur le choix de n’offrir que le meilleur à chacun, entretient une atmosphère de sécurité qui apaise les tensions, qui ouvre le cœur, qui rapproche et unit, qui désamorce les conflits, qui dissipe l’amertume, qui dissout la dureté, qui élargit la conscience. Dans un contexte pénible, elle incline vers l’expression de la bienveillance plutôt que d’agresser, de réagir, de passer à l’attaque, de battre en retraite, de prendre la fuite, ce qui évite de rebuter les gens. Elle vient à bout de tout parce qu’elle attire l’attention sur le bon aspect des réalités, finissant par produire des engrammes constructifs. Signe de compréhension et d’acceptation des différences, exerçant une influence lumineuse sur l’entourage, elle permet à un être de s’attirer ce qu’il ne peut d’obtenir par d’autres voies. Mais elle ne doit jamais masquer le désir de compenser pour sa tristesse de vivre.
Son contraire, la dureté, qui peut aller jusqu’à la violence, indique qu’un être n’est pas sûr de lui, se sent en danger, se croit menacé, se sait dépassé. Il ne lui reste qu’à jouer le tout pour le tout, quitte à gagner ou à perdre. La dureté envenime les situations, éloigne les gens, provoque la fermeture, l’isolement, le repliement sur soi, l’enfermement parce qu’elle attire l’attention sur le mauvais côté d’une réalité. Quant à la paix, elle maintient ou rétablit l’esprit de paix et de collaboration dans les relations. L’être de douceur n’a rien à gagner ni à perdre : se sentant complet et rempli, il n’entend qu’être et aider les autres à en faire autant. C’est la tête, par le mental, qui rend rigide, égoïste et dominateur.
La douceur n’est en rien la faiblesse de caractère caractérisée par le manque de force intérieure, ce qui est de la mièvrerie ou de l’esprit bonasse, mais une maîtrise de la force, une pondération des émotions et des passions. La rose, dont les pétales sont si doux, a besoin d’une tige solide pour prendre sa place dans le concert des fleurs. Sauf que celui qui se connaît et se maîtrise n’a rien à démontrer, à contrôler, à gagner au détriment d’autrui : plutôt détaché, il ne cherche pas à convaincre à tout prix par des arguments, à sortir victorieux de toutes les épreuves. Pour échapper à la mièvrerie, toute douceur doit s’accompagner d’une conviction ferme et profonde et de valeurs saines pour éviter les compromis indignes. C’est le signe de la maturité spirituelle de celui qui a dépassé la brutalité animale, la volonté de dominer par la force, parce qu’il sait tout harmoniser par l’amour sincère qui jaillit de lui, et de pure source, soit directement du cœur.
La douceur, c’est la qualité de l’être ni trop mou ni trop dur qui traduit le calme intérieur, la confiance en lui-même, l’absence de peur, d’où il peut naturellement se présenter dans un esprit paisible et communiquer dans la sérénité. C’est encore la qualité de celui qui détient suffisamment de discernement pour ne pas se sentir attaqué par le moindre propos dur ou la moindre attitude agressive qui peuvent ne provenir que de l’impatience d’un moment de fatigue ou de la frustration d’un petit revers. Ainsi, il sait maintenir ou ramener le calme et la paix en toute occurrence, notamment dans un contexte difficile, hostile ou survolté.
La douceur exprime le tact qui sait s’exprimer avec délicatesse ou tendresse, qui sauvegarde l’amour-propre, qui préserve la dignité d’autrui. Elle garde abordable, accessible, suggérant aux gens qu’ils peuvent s’approcher sans crainte, qu’ils peuvent maintenir un lien de confiance. Elle amène à se taire, à prévenir les réactions puissantes, mais inutiles, écartant ce qui peut agresser ou jeter de l’huile sur le feu. Elle démontre qu’un être peu rester aimable, calme et pondéré, même dans une situation d’opposition apparente. En tout temps, elle ne peut qu’aplanir, améliorer et embellir.
En fait, la douceur est la qualité intime qui porte à éviter de heurter autrui, à se montrer calme, pondéré, affable, gentil, indulgent, ce qui rend l’abord facile, laisse une impression délicate et incline autrui à se faire aimable et conciliant. Elle amène à évaluer l’autre selon le critère de l’amour plutôt que ceux de la richesse, de la position, de la situation, de son état d’être, des critères ordinaires très illusoires et relatifs. Elle permet de choisir en toute sagesse de se tenir en retrait à l’occasion de charges ou de décharges agressives pour répondre plus tard par la compréhension. Ce n’est pas qu’un être ne sache pas se défendre quand cela s’impose, mais qu’il ne se sent pas attaqué pour rien, qu’il sait reconnaître le moment où il convient d’appeler au respect de l’autre où il convient de ne rien dire, d’éviter d’intervenir. Et s’il faut qu’il se défende, un être peut toujours le faire sans se sentir obligé d’accabler l’autre, d’y ajouter de la vengeance ou de la haine.
La douceur se fonde sur l’humanité qui, dégageant de l’ego et amenant à dépasser les pulsions, rend un être lent à se défendre, même quand il est attaqué violemment ou quand il se frôle à ce qui est apparemment intolérable. Elle prévient qu’il déballe trop crûment ce qu’il peut avoir sur le cœur. Elle découle du discernement qui sait quand il vaut mieux se taire. La douceur ne rend pas ainsi par faiblesse, mais par esprit de tolérance, par courtoisie, par cordialité, afin de transformer le négatif en positif, quand les autres recours risqueraient d’envenimer la situation. Elle repose sur la compréhension que l’attaque d’un agresseur témoigne d’un déséquilibre fondé sur le désarroi et le manque d’amour et qu’il exprime, maladroitement, un appel à l’aide. La douceur, qui constitue la vraie force, permet de transformer la haine en harmonie, l’impulsivité en créativité.
La douceur est la première qualité par laquelle l’âme s’exprime. Ainsi, même dans l’expérience personnelle, dissolvant l’aigreur, la résistance et l’esprit de révolte, elle peut susciter la réceptivité parfaite. Elle amène à s’incliner devant la Volonté de l’Absolu en disant simplement : «Cela est ainsi et je l’accepte.» Il ne lui reste qu’à comprendre la leçon qu’il vient de prendre. Toute directive de nature impérieuse ne provient pas de l’âme, mais du mental tyrannique. En ce moment, l’humanité est entrée dans une phase accélérée de transition où il convient de cesser de ses battre pour quelque raison que ce soit et pour quoi que ce soit, d’éviter de recourir aux moyens diviseurs de l’ancien monde, pour ne plus rayonner que l’Amour, la Vérité, la Paix, la Lumière qui contribuent à recomposer l’Unité. Les jeux sont faits et il n’y a plus rien à démontrer, à faire ou à accomplir. Pour un être, il n’y a plus qu’à vibrer ce qu’il est dans le Moment d’éternité.
© 2012-14 Bertrand Duhaime (Douraganandâ). Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde. Publié sur le site www.lavoie-voixdessages.com. Merci de visiter également le réseau social : www.facebook.com/bertrand.duhaime.
Les Chroniques de Bertrand Duhaime sur la Presse Galactique