par Bertrand Duhaime
LA LUCIDITÉ
La lucidité, c’est la qualité de celui qui témoigne d’un esprit clair, d’une rectitude de jugement, d’un discernement lumineux, d’acuité des sens, de finesse des sentiments, parce qu’il allie les qualités de la tête et du cœur. Elle s’exprime par l’observation silencieuse et sereine dépourvue de jugement, donc de condamnation et d’identification, car nul ne peut comprendre ce qu’il réprouve et qui suggère un parti pris ou une résolution prise d’avance. Logique, cohérent, ouvert à l’intuition, proche de ses ressentis, donc en pleine possession de ses instruments de compréhension, l’être lucide se montre pénétrant et perspicace pour ce qui concerne ses attitudes, ses comportements et ses choix de vie. Il exerce sa faculté dans l’instant, selon le degré de son intérêt, car il n’y a pas de lucidité dans l’habitude, la routine, l’accoutumance. Clairvoyant, il parvient à saisir ce qui est caché au commun des mortels qui ne vivent pas assez d’attention et de vigilance. Surtout, il comprend parfaitement la différence entre la fin et les moyens et la hiérarchie de ses priorités. Comme on dit, il a toute sa tête, il est conscient de ses idées, il a le cœur ouvert, de sorte qu’en réaliste, en attendant de réaliser les impossibles, il accepte les choses comme elles sont pour le moment, sachant où il vaut la peine de s’investir pour rester vivant et efficace par rapport à son accomplissement.
DU BON GOÛT
Le mot «goût» vient indéniablement du latin «gustus» qui, par le grec, dérive probablement du sanscrit «gush» qui signifie «aimer» au sens de «trouver bon» ou de «capter la saveur». Au sens figuré, il a été élevé au sens de faculté de percevoir, dans les domaines esthétique et intellectuel, le degré de conformité aux critères de la beauté ou de l’ordonnance logique, ce qui peut former des critiques, malgré que tous les goûts soient dans la nature, comme on dit. Mais l’appréciation à laquelle il mène désormais peut se justifier dans la mesure où il exprime une perception qui se fonde sur la contemplation de l’excellence ou de la perfection et l’espérance de l’atteindre, au sens d’une réalité qui comporte plus de lumière que d’ombre, dans la mesure que ces critères ne limitent pas à l’appréciation du bien et du mal ou du bien et du mauvais, ce qui perd dans la dualité, alors que, en lui-même, il ne vise pas à porter à la condamnation des étapes nécessaires de l’Échelle évolutive, mais à susciter un dépassement de soi. Il doit alors s’agir d’un simple constat par rapport à l’Idéal absolu. Dès lors, il sert à inciter à l’expression personnelle dans le rejet d la répétition et de l’imitation, qui, en plus de limiter, comportent un renoncement au progrès ou à l’expression de l’unicité et de l’originalité personnelles. Il porte vers l’excellence qui suggère de dépasser le mieux, ce qui commence par le dépassement du passable, après avoir exploré le pire, soit par l’écartement de ce qui restreint ou contraint. Il aboutit à une expression dans la simplicité d’un juste milieu, source d’équilibre et d’harmonie, puisqu’il ne supporte pas les excès en trop ou en trop peu.
Je serais curieux de savoir qui a compris le sens de cette digression pourtant lumineuse!
DE LA CHARITÉ
Les êtres religieux et les chercheurs spirituels ont souvent plus de difficultés à exprimer la charité que les gens du peuple en raison de leur rigorisme moral ou de leur orgueil spirituel. Bien sûr, celui qui cherche encore ne peut pas prétendre avoir trouvé. Cela provient souvent du fait qu’ils croient comprendre trop bien le sens de cette vertu pour ce qu’ils le comprennent réellement, du fait qu’ils n’ont pas pensé à s’appliquer à le découvrir ou à réviser leurs notions en la matière.
Fondamentalement, le mot «charité» provient du latin «caritas» qui signifie «ce qui est cher à…» De là, au premier sens, il exprime l’amour surnaturel envers Dieu, le Tout, qui impose d’inclure d’abord en lui le prochain, une créature humaine, et même toutes les créatures dont ils sont une émanation. Cette obligation s’imposer à partir de la profonde correspondance qui existe entre les âmes qui amène à reconnaître autrui, même tout ce qui relève apparemment de l’altérité, comme un autre soi-même. Dès lors, un être ne peut traiter autrui que comme il aimerait être traité.
En fait, la charité n’exprime rien d’autre que l’Amour pur ou spirituel qui amène à s’exprimer de manière impersonnelle et inconditionnelle envers tous les êtres, soit en évitant de faire autant des acceptions que des exceptions, à exprimer du favoritisme ou de la subjectivité. Elle porte à intervenir sans acception ni exception, sans favoritisme, dans la plus parfaite objectivité. Mais cette expression doit s’exprimer dans le silence, le respect et la discrétion en rejetant les préjugés, les attentes, les efforts, la contrainte, l’immixtion dans les affaires d’autrui, les conditions de temps et de lieu. Elle doit d’abord viser à répandre la Conscience divine à travers le monde, en commençant par aider les démunis, les faibles, les pauvres de son entourage, tous les êtres temporairement en état de carence ou d’ignorance. Nul ne peut atteindre certains états lumineux sans d’abord aider l’humanité à s’élever au plan le plus élevé qu’il est parvenu à s’élever. Mais cela ne doit pas s’exprimer au détriment de la Loi universelle ou de la Volonté divine par des interventions auprès d’un être qui n’accepte pas de s’aider, de se prendre en main, de se préparer à régir souverainement son univers, à titre de créateur de son propre destin, parce qu’il se complait dans ses malheurs ou s’apitoie sur son sort. Nul ne gagnerait de bénéfice spirituel à aider un être qui n’en est pas digne parce qu’il s’oppose au Plan divin ou lui résiste.
Visant à purifier le cœur et à rapprocher de l’Idéal, la charité revient à l’application de la Règle d’Or des anciens qui enseigne la reconnaissance de soi en l’autre et invite du coup à le traiter comme, en toute conscience, on aimerait être traité, plutôt que comme il aimerait être traité. Cela ne devient possible que chez un être qui a saisi sa propre Essence spirituelle au plus profond de lui-même et qui l’amène à reconnaître que tout est partie d’un même Tout unique. Il se reconnaît comme une Étincelle de l’Absolu ce qui le porte, par extension, à comprendre que ses semblables, comme tous les êtres, participent de ce Tout, et que, en les aimant, c’est Dieu qu’il aime. Aussi, dans son discernement, n’oserait-il jamais leur exprimer autre chose que l’amour le plus pur, certes jamais de la pitié, de la miséricorde, de l’indulgence, de la bienveillance ou tout autre sentiment trop purement humain, ce qui, reposant sur un jugement de valeur, serait indigne d’eux, surtout de Celui qui les habite comme il l’habite lui-même. C’est en ce sens qu’il est dit qu’elle doit naturellement s’exprimer dans le souhait du bien à tous, la collaboration au bien commun, sans effort ni sens d’obligation, donc dans le désintéressement complet.
Puisque la charité vise à rapprocher de la Perfection spirituelle et que, pour cette raison, toute charité bien ordonnée commence par soi-même, après avoir aidé à trouver son propre bien et à bien ordonner ses priorités en regard de son Idéal suprême ou de son But ultime, la charité peut disposer à des entreprises philanthropiques telles que le volontariat ou le bénévolat, l’expression de la bienfaisance et de la générosité, jusqu’à l’offrande d’oboles ou d’aumônes, mais sans désir de prendre en charge ou d’asservir, en retenant qu’il vaut mieux apprendre un être à pêcher qu’à pêcher pour lui toute sa vie. Mais surtout, et bien avant l’aide aux pauvres et aux faibles, pour permettre de semer en terre fertile, elle doit incliner à supporter les projets voués à l’expansion de la Lumière divine. Ainsi, pour aider à sortir de soi, elle doit d’abord porter à aider les chercheurs et les aidants spirituels qui consacrent leur vie à cette œuvre.
En cela, tout acte charitable posé avec effort ou par obligation relève davantage de la passion que de la sagesse. Encore, toute charité qui encourage le maintien de la priorité de la quête des plaisirs relève de l’ignorance, voire de la perversion. Enfin, toute charité accomplie pour faire de l’épate ou jeter de la poudre aux yeux ou pour mousser le prestige personnel relève de l’égotisme et amène à stagner avant de faire régresser rapidement. La charité bien ordonnée augmente la circulation de l’énergie spirituelle, dissout les blocages et les entraves évolutifs, rapproche de l’Illumination. L’énergie de la vie n’est nulle autre que celle de la charité, qui est l’expression dans la simplicité, l’humilité et l’esprit d’enfance de l’Amour pur émanant de l’Absolu et lui retournant toujours.
DIGRESSION SUR L’AMOUR
Il n’y a pas d’amour dans la dépendance, l’idolâtrie, la sentimentalité, l’émotion, le plaisir, l’attirance, la passion ou toute autre disposition instable, puisque, par essence, il est impersonnel, inconditionnel et, surtout, gratuit, commençant par un état de conscience, témoin de l’ouverture du cœur. Les effets qui en découlent, comme la tendresse, l’estime, le respect, s’ils sont légitimes, ne participent pas de son essence, mais en deviennent des fruits naturels. Les effets contraires, comme l’angoisse, l’envie ou la jalousie, le caricaturent tout autant, s’inscrivant dans l’ordre des désordres psychiques. Lorsque le sentiment, l’émotion et la passion précèdent l’amour, il ne peut s’exprimer de manière authentique et loyale, puisqu’il devient une imitation ou une contrefaçon, celle d’un être qui cherche à remplir un vide ou s’attend à l’expression d’une image idéale. En pareil cas, l’autre devient une réalité dont il a besoin à titre de force, de sécurité, de stimulation, ce qui revient à confondre ses besoins personnels avec la réalité de l’autre, dans la mesure qu’il les comble. Il n’est plus une personne, mais un objet qui restera utile le temps qu’il comblera ces carences. Dans toute prétendue relation amoureuse où il y a une attente, il y a moins d’amour que de possessivité, le résultat de requêtes subtiles fondées sur l’envie, le néant personnel. Chacun aime un autre de la manière et dans la mesure qu’il s’aime et est plein de lui-même. Il n’y a qu’un être plein de lui-même, au sens de maître de ses moyens et de sa destinée, d’autonome et de libre, qui puisse vivre une relation dans l’égalité et le détachement, ce qui assure qu’il ne soit, sans s’en rendre compte, un prédateur, un exploiteur, un parasite, un dominateur ou un esclave.
LE VIEIL HOMME EST CORIACE
En chacun, le vieil homme a la vie dure. Ainsi, il est vain et d’un ridicule achevé de tenter de le changer ou de le réformer par l’effort, car il n’existe aucun moyen de l’améliorer de cette manière. C’est la faute commune et le grand piège que d’ignorer que cette entreprise reste stérile et que, dans des interventions répétées à son encontre, il risque même de le renforcer. Chacun gagne plutôt à travailler sur lui-même sur le plan des pensées et des ressentis pour s’ouvrir à de nouveaux états d’être, en veillant à faire toujours plus de place à son Centre divin. Pour le reste, dans son expérience courante, chacun gagne à partir d’où il en est, dans la juste reconnaissance de ses grandeurs et ses faiblesses apparentes, sans se prendre pour un autre, sans s’identifier jusqu’à se confondre aux images que sa propre négativité et le regard d’autrui peuvent lui projeter. Il n’y a que l’Esprit de Vie qui puisse parvenir à dissoudre le vieil homme, qui n’en est que la caricature, puisque, en réalité, il n’a aucune existence propre, à part celle des prétentions de son intellect, ne représentant jamais qu’une émanation arbitraire de ses pensées erratiques d’être qui vivre seul, séparé de l’Absolu, appelé à s’y prendre seul, alors que, s’il détient une volonté, il ne détient aucun pouvoir. C’est par ses pensées et ses ressentis intimes qu’un être lui donne une apparence de consistance, ce qu’il renforce par ses paroles. Ainsi, chacun gagne à éluder cet ego imaginaire qui prend toujours trop de place afin de vivre du Centre de son être, au lieu de se perdre dans les illusions et les apparences. Une excellente manière d’y arriver, c’est d’apprendre à méditer en écartant cette odieuse prétention de toujours avoir réponse à tout ou cette audace de vivre de croyances et de présomptions plutôt que de certitudes. Avant de recourir à l’imagination, pour créer, chacun gagne toujours de s’inspirer dans l’intuition, ce qui lui évite de constamment chercher des moyens quand il oublie presque toujours sa fin.
LA PURETÉ
Un être sait qu’il est pur dans la mesure de son authenticité, de sa simplicité et de sa transparence qui l’amènent à apprécier à sa juste valeur chaque expérience qu’il a vécue, sans avoir honte d’aucune d’entre elles, puisqu’elles représentaient un passage obligé dans son parcours évolutif. En effet, la pureté évoque la conscience claire et limpide, parce qu’elle ne comporte plus de mélange, d’élément étranger, de tache ou de souillure, d’altération, de corruption, de défaut. Elle résulte d’une conformité avec la part du Plan de Dieu qui lui revient lui parce qu’il reconnaît cet Absolu comme la Cause et la Puissance uniques de sa vie et qu’il aspire constamment à lui ressembler toujours davantage. Un tel être ne peut qu’avoir le cœur ouvert, ne porter que des intentions sincères autant à son endroit qu’à celui des autres et respecter toutes les créatures de l’Univers, incapables de les juger tellement il les comprend.
DE L’ABNÉGATION
Comme peut si bien l’enseigner la femme, l’abnégation consiste à cultiver le don de soi, à se détacher progressivement de ses motivations purement égoïstes et individualistes pour s’ouvrir à l’altruisme et devenir de plus en plus impersonnel, participer au bien commun, se mettre à l’écoute du besoin des autres, mais surtout pour se dégager des faux liens de la matérialité, afin de réintégrer la dynamique cosmique qui favorise l’expansion de la conscience. Elle implique le renoncement volontaire à son intérêt purement personnel, qui ne trouve aucun écho cosmique, dans la pensée que chacun est une part de la Conscience atmique et un membre de l’Humanité, partie prenante de l’expérience commune. Mais elle ne doit jamais impliquer l’abdication de sa liberté, de son autonomie, de son indépendance, de sa souveraineté, ni le sens de la dignité personnelle, de l’estime de soi, de la confiance en soi, du respect de soi, avec ce droit de s’accorder la première place. Car celui qui donne plus qu’il ne reçoit s’établit en déficit et s’expose à péricliter dans une mort lente. Chacun soit savoir se recharger afin d’avoir ce qu’il faut à partager et à échanger, à commencer par ce qui fait son unicité, sa différence dans l’expérience collective.
LA FÉLICITÉ OU LA BÉATITUDE
Tout être aspire à accéder à la Félicité, cet état extatique et béatifique dont ont parlé tant de saints et de Maîtres. En effet, il s’agit de l’état du nec ultra, du ravissement suprême de bonheur dans la Conscience cosmique, un état qui participe de l’atteinte de l’Absolu, de la nature de l’Esprit de Vie, et qui se fait ressentir quand l’âme se fond en lui, lorsque disparaît la personnalité. Elle exprime l’état de satisfaction complète de l’âme parvenue au terme de son périple évolutif, donc qui a accompli ses plans et ses objectifs jusqu’à son But ou à son Idéal suprême. Pourtant, ce n’est jamais pour elle qu’un rappel d’un état qu’elle avait connu antérieurement pare qu’il représente son essence première et originelle. Mais pourquoi aspirer à un tel état de perfection qui préexiste déjà, derrière le voile d’Illusion et qu’il suffit d’accueillir, sans réserve, dans son cœur? Dans la réalité de chacun, la Félicité ne peut-elle pas être pour maintenant? Mais bien sûr!
LAISSER RAYONNER SA LUMIÈRE
Il est vain et inutile, voire nuisible, de tenter de convertir les autres à ses idées, de leur imposer les convictions que l’on se forme, qui deviennent sa vérité, à travers ses expériences personnelles. Il s’agit d’une motivation égotique qui n’est que vanité subtile et dangereuse et amène à régresser. Il vaut mieux comprendre que sa manière de vivre devient, de lui-même, le meilleur témoignage de ses certitudes, car elle finit par magnétiser, impressionner, produire sa contagion. C’est ainsi que, attirées comme par un aimant, les consciences ouvertes en viennent à accourir vers soi afin de s’enquérir discrètement de ce qui se passe, avant de se permettre de demander à partager le trésor qu’elles soupçonnent qu’on possède. L’âme qui prend sereinement de l’expansion dans l’Amour, la Vérité et la Sagesse ne peut rester cachée bien longtemps, tellement elle devient transparente et émet une Lumière intense et bienfaisante. Même dans le silence, elle s’exprime spontanément, accomplissant son œuvre salutaire, parlant plus fort que les mots. D’une part, elle dérange, déstabilise, pouvant brûler les papillons de nuit, qu’elle éblouit, tandis qu’elle imprègne et nourrit les papillons de jour. L’unique devoir de chacun, c’est de se connaître lui-même à travers de lui-même, afin d’être davantage, en s’assumant lui-même dans l’indépendance et l’autonomie, détaché du regard et des attentes d’autrui. Comme cette quête le même à renouer avec l’Absolu, en trouvant plus de place à travers cet être, celui-ci commence à s’irradier sur les autres dans la mesure que son canal le permet.
LA RÉALISATION TRANSCENDANTALE
L’expression fait rêver les fans spirituels de l’Hindouisme ou du Bouddhisme, imbus d’exotisme plus que de réalisme, qui oublient que Dieu, dans sa sagesse, a placé leur Maître en eux-mêmes et que, au besoin, il peut trouver un allié d’Éveil dans un mentor qui se cache dans leurs parages, mais qu’ils auront du mal à reconnaître tant qu’ils s’attendront à ce qu’il réponde à leurs stéréotypes, notamment à ce qu’il ressemble à l’idée qu’ils se font d’un Maître spirituel, qu’il leur dise de manière béate ou complaisante ce qu’ils veulent entendre de la manière qu’ils souhaitent l’entendre. Pourtant, il n’y a pas même l’épaisseur d’un cheveu entre le monde des apparences concrètes et le monde des réalités subtiles, que celle de l’épaisseur du voile d’Illusion. Ainsi, la réalisation transcendantale ou l’accès à la Maîtrise totale se produit par la dissolution du voile qui permet de redécouvrir ce qui s’y trouvait de toute éternité, qui n’avait été qu’oublié pour un temps, celui de passer de l’inconsciente de l’immersion complète dans l’Absolu à la conscience connaissante de l’individualisation, par une plongée dans la densité et la dualité. La réalisation transcendantale se produit d’autant plus rapidement et sûrement que, cessant de se disperser et de louvoyer, un être remet les choses en place et se resitue dans l’exacte perspective de la Réalité divine, mettant ses moyens au service de sa fin et faisant de l’essentiel sa priorité. Dans la sérénité joyeuse et le détachement parfait, c’est en avançant sur cette corde raide, située entre deux extrêmes, qui porte nom de Voie droite et directe du Juste Milieu, qu’un être réintègre le Centre de lui-même, la Porte d’accès à l’Absolu. Poser ainsi l’expérience de l’Évolution, c’est dire qu’un être gagne à abandonner toute quête de Dieu pour le trouver dans la conquête de lui-même, soit dans l’acceptation de vivre amoureusement l’expérience lourde de sens et d’enseignement, agréable ou désagréable, qui s’offre à lui dans le moment présent, la seule capable de l’aider à faire le point sur ce qu’il gagne à comprendre et transmuter dans l’immédiat et qui évite que les problèmes s’accumulent dans sa vie à son insu. Cette expérience fait le plus sûrement partie du plan de son âme émané du Plan divin lui-même qui, à son rythme, selon sa compréhension et ses moyens, le mène à la Réalisation transcendantale.
L’IMPORTANCE DE LA PONDÉRATION
Pondération : la clé de la maîtrise de soi et du bien-être personnel. Pondération : elle signifie étymologiquement l’équilibre des poids ou des tendances contraires qui résulte de l’examen approfondi ou du contrôle, un mot qui prend désormais généralement le sens d’équilibre et de mesure dans les manières, dans les prises de position, les appréciations et les constats. Elle se caractérise par le calme qui régularise et stabilise la dépense d’énergie et met à l’abri des sautes d’humeur et des mouvements émotionnels. Elle décrit un être qui reste lui-même, égal à lui-même, mais dans un sens plus dynamique que passif. C’est-à-dire qu’on a affaire à quelqu’un qui sait agir plutôt que réagir, ce qui lui permet d’affronter toutes les circonstances, même adverses, avec la même sérénité et la même assurance qui lui permet d’ultimement connaître le triomphe ou le succès. Elle provient d’un être qui, au lieu de s’évaluer à partir de l’appréciation des autres, se conçoit comme son propre centre, indépendant de tout le reste. Plein d’estime de lui-même, de respect personnel, de confiance en lui, d’assurance, il se possède parfaitement, évitant de donner prise à la négativité. En outre, il sait identifier ses besoins réels ce qui lui permet d’écarter les fausses attentes et les faux désirs. En toute connaissance de cause, il se fait cause au lieu de subir et céder, sinon, il s’adapte et s’abandonne. Il reste branché sur le courant de l’Évolution. Dès lors, il ne peut que régir la plus large part de son univers, en déterminer l’ambiance constructive et, du coup, avancer sans cesse, tout en produisant une influence bénéfique sur son milieu.
DU SENTIMENT DE LIMITE ET DE PÉNURIE
Chacun gagne à s’abstenir de chercher toute privation, qu’elle s’appelle manque, carence, pauvreté, pénurie, indigence, dans un court-circuit qui a fait dévier ou coupé le cours de la force vitale. L’être qui connaît ces états signale simplement que par fermeture du cœur, dans une confusion des moyens avec la fin, un refus d’échanger ou de partager de manière équitable, il s’est vu forcé de puiser à une source secondaire plutôt que directement dans l’Absolu, par la réponse de sa Providence ou se son Approvisionnement universel. La limite est le salaire de l’inconséquent qui s’entête à transgresser les lois de la Nature et les principes cosmiques.
À DÉFAUT D’INTUITION, DU DISCERNEMENT
À défaut d’être suffisamment intuitif, il faut faire preuve de discernement, puisque la sagesse peut encore faire défaut. Ainsi, lorsque vous vous apprêtez à faire un choix, si vous ne détenez aucune certitude par rapport à sa légitimité et à sa licéité, donc de sa conformité avec votre conscience, vous ne pouvez que gagner à comprendre les explications qui suivent. En général, l’envie d’agir, qui révèle un mouvement vers l’avant de l’âme, signale un bon choix, alors que la réticence appelle à une reconsidération de la situation. La prise du choix valable, parce que conforme à ses besoins évolutifs et au respect d’autrui, s’accompagne du maintien de la sérénité intérieure, d’une impression d’accord avec soi-même, du sentiment de la conscience bonne. Si, au contraire, il éveille la moindre culpabilité, de l’angoisse, des regrets ou des remords, de l’hostilité, il indique qu’il reste quelque chose à comprendre et à harmoniser avant de passer à l’acte, car le choix actuel ne semble pas servir utilement. Peut-être même qu’il vaudrait mieux le changer tout simplement dans la perspective du bien commun, d’un gain de la part de toutes les parties impliquées.
Toutefois, chez certains, il reste le problème de l’entêtement dans les mauvais choix ou l’endurcissement dans le mal, qui résulte de l’ignorance de ces signaux et qui, maintenu sur une longue période, peut avoir fini par éroder le discernement et voiler la conscience. Puisque, chez eux, les sentiments se sont atrophiés et que la bonne conscience, la complaisance dans les mauvais jugements de valeurs, ou la conscience élastique, le laxisme d’un choix arbitraire qui, par un manque de rigueur, porte à élargir à son avantage les sens des prescriptions de la charité ou des principes de la vie et dispose à des accommodements simplistes, la méchanceté, la mesquinerie ou la perfidie peuvent avoir obtenu la préséance ou la prépondérance dans leurs décisions.
Il n’empêche que, même chez l’être le plus endurci, sa nature première ne disparaît jamais complètement, ce qui peut par exemple l’amener à s’amender à l’occasion d’une grande épreuve ou à l’heure de l’échéance fatale, se signalant souvent par une angoisse sourde, un mal de vivre, des échecs répétés, des blocages ou des difficultés relationnelles récurrents qui l’isolent, qui maintiennent dans l’impatience, voire la colère. Longtemps, dans leur désir de se mesurer aux forces subtiles de la vie et de tout contrôler, ces signaux d’alerte peuvent contribuer à renforcer leurs fausses convictions de simplement incarner leur vérité individuelle, puisqu’ils sont devenus les esclaves de leurs impulsions négatives, souvent destructives. Mais, tôt ou tard une répercussion, que d’autres préféreront appeler une charge karmique, un coup de fouet psychique, un choc en retour ou un effet de boomerang, ne manquera pas de les ébranler dans leurs convictions, peu se tirant de l’existence complètement impénitents.
LE VIOL PSYCHIQUE
Il a été dit que l’adultère dans le cœur se démontre aussi grave que l’adultère de fait. Bien sûr, en spiritualité, l’adultère désigne moins la transgression du devoir de fidélité entre des époux que les errances de l’intellect, dépourvu de discernement et d’aspiration, qui porte à des choix régressifs parce qu’ils favorisent davantage l’appel des sens que le renforcement du lien intime avec son Centre divin. Sauf que cette considération rappelle que l’intention mauvaise produit des effets aussi dévastateurs que les actes, surtout que l’intéressé ne la voit pas venir, n’en soupçonne que difficilement l’existence. Le viol psychique, parfaitement interdit et sévèrement réprimé par le choc en retour de la Loi divine, consiste à tourner son regard intérieur vers un être ou ses possessions, à son insu, animé du désir d’en jouir, sans son consentement, même si ce désir ne devait rester qu’un désir. Dans l’expression viol psychique, on peut autant inclure la pollution de son univers personnel par des pensées délétères que le parasitage d’autrui, retenant que le désir entretenu devient de plus en plus difficile à contrer, ce qui dispose peu à peu à passer de l’intention ou de la parole aux gestes.
QU’EST-CE QU’UN INITIÉ?
On dit, avec une certaine crainte sourde, qu’un Initié est une personne qui a été admise à la connaissance et à la participation de certains cultes ou rites secrets. En fait, il s’agit simplement d’un être qui a accédé à un savoir peu répandu parce qu’il a suivi l’enseignement d’un Maître spirituel et a développé des certitudes d’expérience en s’adonnant à certaines techniques, mais surtout en appliquant les lois naturelles et les principes cosmiques. Dans la vie, il y les êtres qui vivent au jour le jour, se laissant guider par leur Conscience intime ou leur Centre divin, ce qui leur permet d’approfondir par eux-mêmes la dynamique de la vie à travers l’expérience personnelle, ce qui peut représenter la voie laborieuse et longue de l’être qui avance à tâtons, mais qui finit par approfondir les choses. Puis il y a celui qui choisit de s’en remettre à un Instructeur spirituel, qui n’est rien d’autre qu’un être qui l’a précédé sur la Voie évolutive, qui peut faciliter et raccourcir sa recherche à travers la révélation de secrets spécifiques et la mise en garde contre des embûches communs selon son rythme d’apprentissage, donc sa vitesse d’intégration et d’assimilation. Dans ce contexte, l’Initiation ne représente essentiellement que l’accès au Savoir supérieur, plus généralement appelé Sagesse spirituelle, une réalisation menée par soi-même ou avec le concours d’un enseignant avéré. Mais, dans un cas comme dans l’autre, n’étant pas l’esclave des messages et des moyens qu’il reçoit, tout être est appelé à s’en remettre à lui-même pour établir ses choix et prendre les décisions ultimes. Car le premier rôle d’un maître, c’est d’aider son protégé à accéder à la liberté et à récupérer sa souveraineté dans le partage amoureux de la Vérité. Même guidé, l’être incarné ne doit jamais s’ouvrir complètement en conscience qu’à l’Absolu, obligé de s’en remettre d’abord à lui, autant pour son évolution globale, que pour les notions à adopter que pour les comptes à rendre. C’est la raison pour laquelle un Initié véritable se reconnaît surtout à sa simplicité, à son indépendance, à sa joie sereine, à son humilité, à son altruisme sans éclat ni étalage, à sa profonde bonté, à sa claire compréhension, bref à son degré d’Amour pur.
PRÉFÉRER LA VÉRITÉ AU MENSONGE
Puisqu’il vaut mieux être abasourdi par la vérité que torturé par le mensonge, rappelons que chacun crée aussi bien son ciel que son enfer. Aussi faut-il du courage pour choisir de s’accorder une vie meilleure, mais il faut trop d’énergie investie en vain, contre soi, pour se maintenir, par insécurité, indécision ou lâcheté, dans une vie déplaisante qui peut représenter un véritable enfer. Se libérer, cela ne passe-t-il pas par la nécessité de quitter ce qui ne sert plus, ne correspond plus à sa réalité, fait stagner ou régresser?
DU SENTIMENT DE LIMITE ET DE PÉNURIE
Chacun gagne à s’abstenir de chercher toute privation, qu’elle s’appelle manque, carence, pauvreté, pénurie, indigence, dans un court-circuit qui a fait dévier ou coupé le cours de la force vitale. L’être qui connaît ces états signale simplement que par fermeture du cœur, dans une confusion des moyens avec la fin, un refus d’échanger ou de partager de manière équitable, il s’est vu forcé de puiser à une source secondaire plutôt que directement dans l’Absolu, par la réponse de sa Providence ou se son Approvisionnement universel. La limite est le salaire de l’inconséquent qui s’entête à transgresser les lois de la Nature et les principes cosmiques.
LES PULSIONS HUMAINES, QUE TROP DE GENS APPELLENT LES INSTINCTS
En général, en psychologie, on réserve le mot «instinct» aux animaux pour désigner la partie héréditaire et innée des tendances comportementales des êtres vivants, soit des impulsions qu’ils doivent à leur nature et communs à leur espèce, parce qu’il s’agit d’inclinations réflexes irraisonnées. Mais, du fait que l’être humain peut corriger certains comportements innés, on parle plutôt, dans son cas, de «pulsions». Il s’agit donc des énergies physiques et mentales à l’état brut, difficiles à réprimer, qui forment la gangue du Diamant cosmique chez chacun.
DÉVELOPPER LA MAÎTRISE
On s’exclame trop souvent à tout propos, comme pour se sentir moins irresponsable : «C’est la vie, que voulez-vous!» Mais n’est-ce pas omettre la vérité que chaque être peut toujours déterminer, conformément au plan de son âme, les événements de son destin à son gré. Car s’il n’a pas toujours d’emprise sur la leçon de vie à apprendre, il lui reste toujours le choix des moyens de l’assimiler. Au lieu de se laisser envahir par des malaises, la nervosité, la tension, l’angoisse, un être ne gagnerait-il pas à se rappeler cette vérité fondamentale que, loin de lui arriver par hasard, ceux-ci lui signalent une quelconque transgression aux lois naturelles ou aux principes cosmiques, plutôt que de devenir une frauduleuse justification après coup? L’inquiétude et la peur, comme toutes les autres émotions, ne surgissent jamais que d‘une fausse notion relative à la réalité de son être. Tout être peut accéder à la maîtrise quand il cesse de projeter ses torts, d’ignorer ses lacunes, de s’excuser de ses carences, en être irresponsable et incohérent.
INTERPRÉTATION ET CONSTATATION
Beaucoup de gens ont de la difficulté à distinguer un jugement, qui relève d’une interprétation subjective et partiale des faits, et un constat, qui confirme leur réalité objective et impartiale. En effet, l’interprétation, qui surgit de la reconnaissance de soi dans le miroir d’un autre, consiste à donner aux choses et aux événements le sens que l’on veut, plutôt que le sens qu’il a. C’est de cette manière que chaque être incarné démontre la manière qu’il conçoit un événement et qui fait la multiplicité des points de vue, selon le degré de conscience auquel il a accédé. Pour chacun, les choses et les événements ne peuvent jamais paraître que ce qu’il croit qu’ils peuvent être tant qu’il ne parvient pas à co-naître, c’est-à-dire à fusionner avec une autre âme pour percevoir une réalité du même point de vue.
LA CLARTÉ MENTALE, DITE LUCIDITÉ
La clarté mentale désigne la vision adéquate ou éclairée, l’adéquation au réel, ce qui résulte d’un juste discernement entre ce qui convient et ne convient pas, fait évoluer plutôt que régresser. L’être lucide est clairvoyant, pénétrant, perspicace : en pleine possessions de ses moyens intellectuels, il parle ou écrit facilement, choisit bien ses mots, pondère ses affirmations et il s’exprime à travers des pensées claires, nettes, précises parce que, serein et objectif, il détient une juste vision des choses. C’est un être conscient, formé au discernement, amoureux de la vérité et de la sagesse.
© 2014 Bertrand Duhaime (Douraganandâ). Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde. Publié sur le site www.lavoie-voixdessags.com.