par Alain Coutu
Chacun d’entre nous remarque parfois des coïncidences, en général plutôt banales. Ainsi vous pensez à quelqu’un en particulier et il vous téléphone à ce moment-là. Cependant, il arrive que des coïncidences beaucoup plutôt frappantes, saisissantes même, nommées « synchronicités », nous laissent une profonde impression, comme une sorte de clin d’œil, de signe énigmatique. On dit alors qu’elles sont « significatives », c’est-à-dire chargées de sens pour l’observateur.
De pair avec le phénomène de la synchronicité, les recherches actuelles ont réussi à démontrer que nous sommes beaucoup plus que des êtres de matière, mais bien des êtres d’énergie dense interagissant les uns avec les autres au sein d’une conscience universelle, d’une sorte de toile d’énergie intelligente, de pâte à modeler universelle, qui peut être modifiée par notre propre conscience, influençant ainsi notre propre destinée et l’espèce dans son ensemble.
Ainsi, tout serait interconnecté par une union en dehors du temps et de l’espace où la manifestation de faits synchrones s’explique de plus en plus par les avancées de la physique quantique qui repose sur des principes naturels qui nous permettent de comprendre que c’est l’énergie continuellement disponible en nous et tout autour de nous qui est la cause de tous nos problèmes et à la fois la source de toutes nos solutions.
De fait, le principe quantique révèle que nous sommes bien au centre d’un monde de pouvoir et de potentiel illimités, tous interconnectés les uns les autres par un « champ énergétique intelligent » qui relie tout, c’est-à-dire une « force » qui interconnecte tout et qui nous donne le pouvoir d’influencer le comportement de la matière et de la réalité elle-même.
Pont entre la psychologie et la physique quantique
En Occident, ceux qui, plus que tout, étudièrent avec grande attention les phénomènes de la synchronicité associés à ces mystérieuses coïncidences qui jalonnent notre existence furent le psychologue analytique suisse allemand Carl Gustav Jung (1875-1961) et le physicien quantique autrichien et prix Nobel de physique Wolfgang Pauli (1900-1958). Ces deux experts, chacun dans leur domaine, unirent leur savoir et parvinrent à la conviction intime que la synchronicité est non seulement un phénomène qui unit le psychisme et la matière, mais qui révèle aussi que l’univers, dans sa dualité, n’est pas le fruit du hasard, mais qui est structuré pour la vie et la conscience.
Créneau de la philosophie et de la sagesse antique
Le concept plus général d’interconnexion n’échappa pas non plus à de grands philosophes comme Leibniz (1646-1716), avec sa théorie des monades, ou Schopenhauer (1788-1860), auteur et philosophe allemand s’inspirant des œuvres de Platon, d’Emmanuel Kant, et des textes sacrés indiens, dont le Vedanta, convaincu que le secret du monde et de la vie résidait dans la tendance à l’unité des choses, dans un contexte synchrone unissant les objets entre eux ainsi que le psychisme et la matière.
Du Vedanta, cette ancienne tradition de sagesse de l’Inde, que les spécialistes font remonter à 5000 ans avant notre ère, aux manuscrits de la Mer Morte, écrits il y a 2000 ans, ressort un thème général laissant entendre que le monde est en réalité le reflet de ce qui se passe dans une sphère supérieure ou une réalité vibratoire plus profonde. Les Véda (anciens textes sacrés) parlent d’un champ unifié de pure conscience dans lequel baigne toute la création.
Hippocrate (465-365 av. J.-C.) connu comme le père de la médecine, croyait aussi que le monde était régi par un principe de totalité, que l’univers était lié dans toutes ses parties et qu’il existait un flux commun, un souffle commun, toutes choses étant en sympathie, où la manifestation des faits synchrones était interprétée comme un signe divin.
La philosophie taoïste conçoit aussi la synchronicité comme l’un de ses fondements et a son origine dans le concept d’interconnexion qui imprégnerait tout l’univers. Par ailleurs, une conception identique traverse un peu toutes les religions orientales, comme le bouddhisme et l’hindouisme.
En conclusion
Que l’on le regarde sous l’angle de la science, de la philosophie, de la psychologie, ou de la sagesse antique, le phénomène de la synchronicité se manifeste depuis que l’homme existe et a toujours intrigué plusieurs érudits et chercheurs qui ont désiré percer le mystère pour en connaître le vrai sens. Le point commun entre toutes les disciplines du savoir précitées réside dans le fait que les synchronicités seraient la base et le produit d’un grand champ d’énergie universel (une appellation parmi d’autres) unissant l’esprit à la matière et assorti d’une certaine forme de dialogue universel qui semble vouloir nous rappeler que nous ne sommes pas les observateurs passifs d’un univers froid et mécanique, mais les acteurs de notre propre destinée où toutes les possibilités peuvent devenir réalité.
Alain Coutu
Conférencier sur le phénomène de la synchronicité
Source: www.lagrandeloi.com