par Bertrand Duhaime
Nul ne peut parvenir à vraiment s’aimer, ce qui représente le fondement de l’amour d’autrui, sans développer l’estime personnel et la confiance en lui-même. La confiance en soi, c’est une assurance tranquille et une certitude absolue en ses aptitudes et en ses moyens qui naissent d’une grande sérénité d’esprit. Elle résulte de nombre de facteurs indispensables, notamment: la connaissance véritable de ses capacités et de ses limites, l’acceptation personnelle, l’estime de soi, le respect de soi, la foi dans ses talents et ses aptitudes, une image valorisante de soi-même, la considération inconditionnelle de ses possibilités.
La confiance en soi est le fondement d’une personnalité forte, épanouie, créatrice. On l’acquiert par la connaissance de soi et l’acceptation de ses origines divines. Son vrai maître, on ne le reconnaît nulle part ailleurs que dans son esprit. Dès lors, on cesse de comparer et de se mesurer aux autres. La confiance en soi mène à adopter une attitude assurée, mais simple et humble. Elle repose sur la reconnaissance lucide de sa nature spirituelle et sur la contemplation de ses potentiels latents, qu’elle stimule à activer. Elle ne s’obtient pas par le développement de la personnalité, mais par une fusion dans l’Unité cosmique. Elle s’obtient par l’ouverture à l’esprit qui parvient, peu à peu, à se manifester à l’état pur, à travers soi, parce qu’on apprend à fusionner avec lui.
On devrait se garder de confondre la confiance en soi avec l’orgueil, la prétention, l’arrogance ou la volonté subtile de tout dominer. À l’inverse, on devrait s’abstenir de concevoir comme insupportable l’idée de notre grandeur divine. On ne devrait pas davantage s’en servir pour devenir méfiant, pour se mettre à relever les défis, pour commencer à se mesurer à l’impossible du moment. L’orgueil spirituel, imbu de perfection, pousse à la limite portant simultanément à craindre d’atteindre ses objectifs. Par lui, on peut tenter d’imposer sa domination ou son emprise sur son univers ne parvenant qu’à le bouleverser.
Même si on en venait à croire sa supériorité spirituelle bien établie et bien opérante, on finirait forcément par rencontrer notre vrai maître: l’Esprit. On ne peut éprouver la confiance en soi que dans la détente absolue, le seul moyen d’accéder à son cœur, où on rencontrer la cause de son être, l’Intelligence divine. En proclamant avec foi sa nature divine, on y arrive le plus simplement du monde. La peur, l’isolement et la division se dissolvent, ne restant que la certitude sereine de l’Unité cosmique. Par l’éducation et l’instruction, on a été habitué à suivre les mots d’ordre des autres plutôt que les inspirations qui émanaient de son intuition. On doit désormais emprunter la méthode inverse: rejeter les connaissances complexes qu’on a accumulées au cours de sa vie et se fier à son savoir intérieur. Emerson a dit : «Avoir foi en votre pensée et croire que ce qui est vrai en votre for intérieur l’est aussi pour tous les hommes, voilà le génie.»
La confiance en soi suppose l’affirmation de la vérité et la transparence plutôt que la présomption et les apparences. Ainsi, on gagnerait beaucoup à désencombrer sa conscience des fausses croyances au lieu de continuer à en accumuler. En agissant autrement, on risque de mettre la vérité en veilleuse et d’être obligé, à sa grande confusion, de devoir en admettre la validité, dans notre conscience, quand d’autres la formuleront en sa présence et que la majorité l’adopteront. Personne d’autre que soi ne peut affermir sa confiance en soi. Mais on peut se convaincre de toute vérité dans une démarche personnelle, intérieure. On doit assimiler les actions et les déclarations des autres, quand elles paraissent valables, par ses propres efforts et par son propre raisonnement.
Des auteurs célèbres peuvent éclairer la lanterne de cerains à ce propos. Par exemple, Mark Twain assurait: «Le manque de confiance en nous-mêmes est responsable de tous les maux qui nous arrivent.» Chose certaine, il prouve qu’on se ressent moins que les autres et que, par ricochet, on cherche encore plus à recevoir qu’à donner. Mais attention, comme disait Kant: «Celui qui se fait ver de terre peut-il se plaindre d’être écrasé?» Rotrou abondait dans le même sens en disant: «On étouffe aisément qui se laisse presser.» Un proverbe slave dit que celui qui se prend pour un tapis ne doit pas se surprendre qu’on se nettoie les pieds sur lui. C’est la loi de la Nature: le loup finit par trouver celui qui se prend pour un mouton.
Mais la confiance en soi ne doit pas amener à écraser les autres, à devenir prétentieux, arrogant ou condescendant, mais à les supporter et à collaborer avec eux. Par la Causalité, qui écrase sera écrasé; qui s’élève sera abaissé; qui cherchera la première place se verra assigner la dernière. À l’inverse, on garde le droit d’être fier de soi et de s’exprimer dans la dignité, ce qui est du reste un signe de respect de soi.
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