À mon avis, l’être humain devrait prendre le temps d’apprendre la théorie des choses pour ensuite vérifier si les connaissances qui lui sont dispensées sont réalistes et applicables dans notre système. Par une telle application de la théorie, le système peut rester sain et équilibré. Pour cette raison, on n’y trouve pas de surcharge d’énergie inutilisée. Pour bien me faire comprendre, prenons l’exemple du chauffage domiciliaire. Si on chauffe une pièce et que, après avoir obtenu la température désirée, on continue à la chauffer, on gaspille des matériaux en plus de surchauffer la maison. C’est un peu ce que l’être humain fait régulièrement : il dissipe en vain les deux tiers de son potentiel énergétique.
Comment? D’abord par son émotivité. Par ses émotions incontrôlées, il accumule des énergies autour d’une idée, façonnée en pensée, dont l’esprit ne parvient plus à se libérer. Nombre de gens ont beaucoup d’idées merveilleuses, mais ils ne les utilisent pas. Pouvez-vous imaginer ce qui peut arriver aux cellules remplies de cette énergie inutilisée? Le corps travaille de plus en plus inutilement. D’où vient l’expression anglaise : «Bien que tu sois jeune, tu es déjà brûlé.» Pourquoi? Parce que l’individu en vient à arrêter la production des cellules par un mauvais fonctionnement.
Qui veut construire sa vie doit détenir le contrôle, plutôt la maîtrise de lui-même. Le Yoga est un cours qui donne la maîtrise sur tous les plans. Chaque être est responsable de tout ce qu’il lui arrive. Par exemple, il ne peut blâmer ses parents et ses éducateurs qui ont essayé de lui faire comprendre le sens de cette vie merveilleuse et de l’instrument qu’il utilise. Cela deviendrait irraisonnable. Vous avez du mal à saisir mon propos parce que vous n’êtes pas encore en mesure de constater que l’être humain peut se construire idée par idée, pensée par pensée, action par action.
Pourtant, l’être humain se construit continuellement. De ce fait, il devient irréaliste qu’il blâme les parents qui lui ont donné la vie pour les faiblesses qu’il porte. Celui qui rétorquera qu’il a hérité de tel ou tel trait de ses parents cherche encore une échappatoire. Car l’enfant n’hérite de ses parents que le lien du sang. Son caractère, il ne l’a pas reçu de ses parents. Il l’a forgé à partir du fonctionnement de son propre système, adéquat ou inadéquat, et par ses connaissances personnelles, complètes ou incomplètes. Nul n’a reçu l’intelligence nue, il l’a reçue avec la compréhension et la logique. Nul ne peut davantage se rabattre sur le fait qu’il vit au gré de ses instincts. Ses pulsions représentent des moyens d’arriver au but qu’il vise.
Certains disent avoir hérité du caractère de leur père, qui peut être un vieux grognon. En pareil cas, un être n’a été que conditionné par ses grognements, réalisant qu’il obtenait de bons résultats en recourant à ce stratagème parce qu’il réussissait à mobiliser les gens autour de lui. Alors, il a développé un sentiment de supériorité. Il n’a pas hérité de cette inclination, il s’y est conditionné. Parfois, on entend dire : «Ah, ce p’tit gars, rien qu’à sa façon de marcher, on croirait reconnaître son grand-père.» Mais ce propos comporte une part de fausseté. C’est l’enfant qui a copié sa démarche. Tout ce qu’un être étiquette prend une identité.
Janaka-anandâ
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