temoin

par Jenny

Existe-t-il de nos jours des lieux où se produit le paradoxe de la rencontre entre visible et invisible ? Une frontière, une zone blanche, une zone franche où la proximité des nombreuses réalités devient tangible à nos sens atrophiés ?

Oui bien sûr cette rencontre existe partout et à chaque instant. Mais je crois que cette rencontre est plus concrète et tangible dans un lieu comme l’hôpital. Pourquoi ? Parce que le monde où nous évoluons en a non seulement fait un endroit où y entrer (dans ce monde), se remettre de nos blessures et enfin où repartir vers La Source. On y prodigue les 1er et les derniers soins. Au début la priorité était donnée au physique mais aujourd’hui on accorde une attention particulière, et c’est heureux, à l’esprit. Les douleurs invisibles refont surfaces. Il y a un lâcher prise profond qui s’opère en silence. La conscience s’ouvre sous un angle beaucoup large et peut enfin laisser entrer l’autre réalité qui nous attend. La conscience ouvre le grand cadenas et laisse tomber les chaînes du Grand Portail. 1000 chemins s’offrent à nous mais bien souvent, étant donné qu’il n’est pas dans nos cultures de nous préparer au grand voyage, c’est plutôt l’inconnu, la confusion, la peur ou l’effroi qui s’offrent à nous ! Or, allongé sur nos lits de souffrance nous aurions plus besoin de réconfort, d’écoute et de paroles rassurantes. Les visiteurs se font rares ! La mort est un ennemi tabou. Heureusement un personnel dévoué apporte journellement la légèreté qu’il manque. Etrangement c’est le voyageur, lui-même, sur le départ qui sait (lorsqu’il peut encore parler) les mots pour rassurer ses proches. On dira de lui «il est parti en paix». «Il était apaisé.» Par pudeur il ne confiera pas ses angoisses qui l’étreignent chaque nuit. Il ne parlera pas des visions, étranges et surprenantes qui l’entourent par peur d’incompréhension. Il ne parlera pas non plus de ses regrets seulement de ses joies. Il ne confiera pas sa vérité, sa toute nouvelle vérité sur le monde.

 

Nous sommes de simples mortels en quête d’éternité et le voyage nous fait peur car nous n’avons pour la plupart pas pris le temps d’apprendre quelles sont les étapes du voyage. Durant notre séjour « à l’étranger » nous avons basculé dans l’oubli. Zut ! C’est tout ce que nous pouvons dire. Néanmoins notre séjour n’est jamais inutile : nous sommes en apprentissage et toute expérience est valable.

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