Une interview avec Frank Hatem DSD.
La Presse Galactique : Frank Hatem, on ne vous connaît pas trop, peu de gens ont entendu parler de vos travaux, et pourtant ceux qui les étudient estiment que c’est l’enseignement pour les Enfants du Verseau, et que c’est la première réponse rationnelle satisfaisante à la question de l’existence, dans toute l’histoire de l’humanité, sciences, théologies ou ésotérismes inclus. Ce n’est pas un peu dur de porter cette responsabilité ?
Frank Hatem : Il y a vraiment des gens bizarres. Moi, par exemple.
Figurez-vous que quand j’étais ado, je me disais : « pas question d’aimer si je ne comprends pas pourquoi. Qu’est-ce donc que ce désir, ce besoin, où est-ce que cela veut me mener et qu’est-ce qui agit en moi derrière tout ça ? A la limite, tant que je ne comprenais pas, je refusais de jouer ce jeu. Pareil pour la vie : je n’ai pas l’impression d’avoir décidé de vivre, donc stop. Faut d’abord que je comprenne de quoi il s’agit. »
LPG : Finalement, c’est pratique comme questionnement, car comme on ne comprend pas ça en cinq minutes, ça assure déjà une belle longévité. En fait, c’est ce questionnement qui est à l’origine de votre démarche métaphysique ?
F. H. : Je crois que oui. Je suis même sûr que oui. Beaucoup de gens dans l’histoire se sont suicidés, soit parce qu’ils ne comprenaient pas l’existence, soit parce qu’ils la comprenaient…
LPG : Pourquoi y avez-vous échappé ?
F. H. : Parce que j’avais depuis toujours la certitude d’avoir la réponse. Là où est la question, là est la réponse. La question n’est jamais qu’un refus de la réponse. C’est pour cela que bien souvent on tourne en rond et on n’avance pas. Si on se pose une question c’est parce qu’on sait quelque chose qu’on refuse. Inconsciemment. Si on ne la refusait pas, il n’y aurait pas de question.
LPG : C’est séduisant mais ce n’est qu’une hypothèse.
F. H. : Pas tant que cela. Il se peut que vous arriviez vite à la même conclusion. En tout cas au début c’était simplement une intuition. Qui d’autre que soi peut savoir, puisqu’il n’y a que soi ?
LPG : Ce n’est pas un peu prétentieux de croire qu’on a toutes les réponses ?
F. H. : Cela dépend. Je peux me prendre pour Frank et dans ce cas c’est prétentieux. Mais je peux aussi considérer que Frank n’est qu’un outil au service du Tout, et de fait la conscience est tout. Donc JE, la conscience, sais tout. Et cela n’est pas du tout prétentieux. C’est simplement refuser l’hypothèse qu’il y ait autre chose que conscience dans l’univers.
Car de toute évidence, ce n’est pas la conscience qui est dans l’univers, c’est l’univers qui est dans la conscience.
LPG : Comme toujours, la vérité métaphysique est à l’opposé des apparences physiques, comme vous aimez à le répéter.
F. H. : Bien sûr. Et cela s’explique très bien quand on a saisi le rôle du mental qui a pour but de défendre l’ego, l’ego étant la négation de l’unité. L’inconscient, lui, sait parfaitement que tout est dans l’esprit, que tout est un. Mais par définition, il n’est pas conscient. En général.
LPG : Et finalement ce questionnement sur le pourquoi de l’amour, ça vous a mené à quoi ?
F. H. : Je suis toujours vivant, semble-t-il. La réponse s’y trouvait donc bien : j’ai compris que ce qui « manipule » notre vocation à aimer, et qui par contrecoup manipule toutes nos vies (car tout tourne autour de cela : on ne vit, on n’agit que par amour, pour l’amour, et c’est par là que tout passe, y compris nos vies professionnelles etc.), est ce BUT dont la dualité intrinsèque est la manifestation inévitable.
LPG : Un but c’est une dualité ?
F. H. : Evidemment, puisque pour qu’il y ait but, il faut qu’il ne soit pas atteint. S’il est atteint c’est l’unité, et donc ce n’est plus un but. S’il n’y a pas dualité, rien ne s’oppose au but, donc il est réalisé, et donc il n’y a pas de but. Il y a donc nécessairement un état de non-réalisation, et l’ego, et la conscience qui l’anime, est cet état de non-réalisation. Qui dit but dit dualité.
LPG : Mais pourquoi voulez-vous qu’un but ne soit pas réalisé ?
F. H. : CE but ne peut être réalisé car ce but est le Tout, infini. Or l’infini est une tendance, une nécessité, mais en aucun cas il ne peut être réel, effectif. Il est et reste une nécessité, un but, et tout le reste, soi, les objets finis, toutes les limites, deviennent nécessaires au même titre car elles permettent de le constituer progressivement. C’est cela qui est à l’origine du TEMPS. Intrinsèque à l’Etre. Et synonyme d’AMOUR.
LPG : Pourquoi ? Obispo a beau dire « le temps c’est de l’amour », c’est un peu court comme démonstration.
F. H. : Et pourtant il a raison. La conscience c’est l’espace, c’est le fait de se placer au centre de l’infini. C’est une différenciation inévitable entre la nullité du néant et son infinité. On s’en expliquera une autre fois. Mais la raison d’être de cette différenciation c’est l’unité et l’unicité du néant. Nul et infini. Cette unité nulle est le but. Inaccessible. Et dès que l’espace est, c’est-à-dire à tout instant, la nécessité de cette unité vient à la charge pour annuler cette différenciation, cette conscience, et cela ne peut se faire instantanément puisque l’unité infinie n’est jamais possible. Il s’ensuit un sentiment d’évolution vers l’unité, un sentiment de temps, qui est à la source de notre évolution aussi bien physique et biologique que spirituelle.
LPG : Et sans fin ?
F. H. : Oui, sans fin. « Il n’y a pas de limite à l’évolution spirituelle de l’homme », comme disent les sages hindous.
LPG : Quel rapport avec l’amour que l’on vit au quotidien ?
F. H. : C’est exactement la même chose. L’amour que nous ressentons, dont chacun est la source, est cette recherche d’unité à l’infini, sans jamais pouvoir la finaliser. Donc un amour toujours partiel, passant d’une expérience d’amour à une autre, chaque fois en tentant de la rendre plus satisfaisante, plus totale, plus infinie, plus indifférenciée, plus inconditionnelle.
LPG : L’amour est donc indissociable du temps ?
F. H. : C’est une seule et même chose. Nous ne ressentons le temps que de par l’évolution de l’amour toujours grandissant, même si cette croissance est insensible dans les conditions habituelles. Nous cherchons à nous unir avec l’infini petit à petit, élément par élément, et ces éléments concentrent de plus en plus une grande part de l’univers (l’homme concentre plus d’univers que l’animal, et l’animal plus que le végétal etc. – voir la « Pyramide de l’Evolution » dans « le Livre de l’Infini » aux Editions Ganymède -. Et bien entendu nous n’aboutissons jamais, notre quête d’amour est insatiable.
LPG : Ce n’est pas triste de ne jamais aboutir ?
F. H. : Mais si nous aboutissions, ce serait le néant. Il n’y aurait plus de conscience puisque ce serait l’unité entre le zéro et l’infini. La conscience en est la distinction. Ce ne serait ni triste ni gai. Ce qui est gai, c’est de ne pas aboutir, comme cela, nous pouvons vivre un amour grandissant, être en manque, découvrir d’autres dimensions de l’amour etc. Le manque étant aussi un moyen d’évoluer vers plus d’amour.
En fait il n’y a pas qu’Obispo. Il y a aussi Edith Piaf : « sans amour, on n’est rien du tout ». Vous êtes d’accord avec ça ?
LPG : C’est à vous de répondre, pas à moi.
F. H. : Être, c’est chercher à aimer, à faire l’unité. C’est sa dimension consciente. Quand on n’a pas sous la main l’ « objet de son ressentiment », on est en panne. On a l’impression de ne servir à rien. Et c’est à peu près le cas, effectivement. On commence à manifester les qualités potentielles de l’Être principalement quand on a la possibilité d’aimer. Et c’est grâce au fait que le BUT est impossible qu’il en est ainsi. Du fait que le but est inaccessible puisque infini, alors il n’existe plus qu’une chose : la recherche de cette unité, synonyme d’amour, individu par individu. Car cela ne peut se faire à l’infini, cela se fait toujours partiellement. Aimer l’Absolu, c’est bien intéressant, mais ce n’est pas vraiment de l’amour. Le vrai amour c’est celui qui a des limites. C’est quelqu’un qui aime quelqu’un. C’est là que se situe le grand drame cosmique de l’évolution infinie, et nulle part ailleurs. Quand un canard veut séduire une cane, il joue le rôle cosmique le plus indispensable de l’univers. Quand une abeille féconde une fleur il en est de même. Quand une planète, faute de pouvoir s’unir à son soleil, lui tourne autour, comme nous nous tournons autour les uns les autres, elle joue le même jeu. Il n’y a que ça. Et il n’y aura toujours que cela.
Donc ne trouvez pas triste que le but soit inaccessible. Les galaxies pourraient disparaître, d’autres les remplaceraient pour que continue cette recherche éternelle de l’UN qui n’est pas. Et chacune des cellules de chacun des petits êtres qui constituent ces galaxies, comme vous et moi et comme chaque caillou et chaque brin d’herbe, et chacun des atomes qui constituent ces cellules n’est que le désir éternel de s’unir à ce à quoi on peut s’unir, pour progresser vers. Unis, vers.
Alors voilà bien pourquoi, adolescent, j’avais envie d’aimer. Comme tout le monde. Tout le temps. Parce que la nullité du néant ne peut se confondre à son infinité, et se situe donc en son centre, partout, engendrant la conscience, partout. Et à chaque instant. Et de là où se situe la conscience jaillit ce désir d’aimer pour intégrer autant que faire ce peut cet infini inaccessible, cet « autrui », qui, lui, ne peut qu’être aimé et non pas aimer. Aimons-nous les uns les autres, il n’y a jamais rien eu d’autre à faire.
Souvent, dans les religions etc., on minimise le rôle ou le sens de l’amour humain, ou on le méprise au profit d’un amour divin illimité. Mais cet idéal illimité est et reste un idéal. La réalité, c’est le quotidien de l’amour. Partiel. Éternellement partiel. Même dans les autres dimensions, aussi loin qu’on puisse repousser les limites, ce sont toujours des limites. Et c’est de comprendre cela qui justifie d’aimer. Sinon on se compare à un absolu et on se méprise. L’Absolu n’est pas, c’est simplement un but. Il reste soi, avec son désir d’aimer comme on peut. Il n’y a rien d’autre.
Vous comprenez pourquoi il a fallu que je comprenne la cause première de l’existence à partir du néant pour m’autoriser enfin à aimer ?
LPG : C’est suite à cette découverte que vous avez été déclaré 10e Dan de philosophie extrême-orientale ?
F. H. : Oui. Je ne savais pas ce que c’était, mais lorsque mon premier livre est sorti, en 1985, expliquant pour la première fois dans l’histoire connue, la cause originelle de la conscience, de l’Être, de l’existence, un des premiers courriers que j’aie reçus était signé par des macrobiotiques taoïstes, qui me disaient : nous vous décernons le dixième Dan de philosophie d’Extrême Orient. Je leur ai demandé ce que cela voulait dire, ils m’ont répondu : « Lorsque Lao Tseu est mort, il a déclaré : un jour peut-être, vous rencontrerez quelqu’un qui pourra expliquer la bifurcation Yin Yang ». Ils m’ont dit : « la « bifurcation » Yin-Yang, c’est le fait que le Tao se divise en deux, le Yin et le Yang. Lao Tseu à sa mort avait dit : moi je ne sais pas. Je ne sais pas pourquoi le Tao est Yin et Yang, mais c’est ainsi. Moi je m’arrête au neuvième Dan. Mais un jour quelqu’un, peut-être, expliquera pourquoi le Tao est ainsi dualité. Et à celui-là vous décernerez le 10e Dan de notre Philosophie ».
La « bifurcation Yin Yang » du Tao, c’est le fait que le Néant est en fait nécessairement une dualité. Et de cette dualité découle tout l’univers.
LPG : Pourquoi donc le néant est-il une dualité ?
F. H. : Je vous ai donné quelques indications. J’y reviendrai plus en détails à l’occasion.
LPG : En tout cas par chance vous n’avez pas été jusqu’à vous demander « pourquoi je veux comprendre le pourquoi ? Qu’est-ce qui me pousse à ça ? Je refuse de chercher à comprendre tant que je n’ai pas compris pourquoi je cherche à comprendre ». Comme vous vous êtes interrogé au sujet de l’amour. Sinon vous n’auriez jamais cherché.
F. H. : Cela n’aurait pas été stupide. Ce questionnement serait un questionnement profondément initiatique. Car il suppose l’immédiateté de l’illumination, ou, ce qui revient au même, l’incarnation absolue sans aucun questionnement.
Et finalement, ces questions ne sont pas du tout vides de sens. En tout cas grâce à elles il m’a été donné d’aller au bout de la raison.
LPG : Et comment cela vous est-il venu ?
F. H. : Comme pour tout : le désir. Comprendre n’est pas une question d’intelligence. C’est une question de désir. C’est donc de l’amour. C’est le désir plus fort que la peur (la peur égotique de comprendre), sans quoi il ne se passerait rien d’important dans nos vies.
LPG : On a dit que c’est Melchisédech qui vous avait inspiré.
F. H. : On peut donner des noms aux Puissances qui constituent ce potentiel infini. Celui que je n’ai jamais cessé de canaliser m’est apparu une nuit quelques mois avant que j’écrive mon premier livre (cité ci-dessus) – j’habitais Nogent-sur-Marne à l’époque -, simplement pour me signifier que j’étais dans la bonne voie après une vingtaine d’années de méditation, et m’a laissé entendre son nom quelques mois après. Mais je n’en ai quasiment jamais parlé.
LPG : Et ça vous fait quoi d’être cet instrument ?
F. H. : Quelle idée de demander à un instrument s’il est content de servir sa musique !..
LPG : Merci Frank et à la joie de vous retrouver chaque semaine ici même sur la Presse Galactique !