Notre subconscient n’interprète pas toujours de la même façon que nous, les mots prononcés au quotidien. Il les traduit à sa façon et capte leur signification cachée. Ils ne sont pas tous profitables pour nous. Il y a bien des mots qui programment notre subconscient…
Que porte avec lui le mot « Il faut » ?
Il se trouve qu’en l’abstrayant de l’étymologie – depuis n’importe quels points linguistiques – on retrouve dans le mot la notion de faute. Si « il faut », alors je suis coupable, parce que je n’ai pas encore fait, peut-être m’attarde-je à faire une chose plus intéressante, et je néglige ce que je dois faire ? En allant plus loin : si « il faut » faire quelque chose et que je ne le fais pas, alors je dois, en quelque sorte, me punir au moins avec un sentiment de mal-être général ou de culpabilité.
Même si nous entendons nous dire : « ce n’est pas de ta faute », dans la signification, il y a cette conviction qu’il faut attribuer cette faute à quelqu’un, le punir.
Le mot « faute » est toujours conjugué par toutes les instances. Nous percevons le monde par les catégories de faute – il suffit qu’une chose insignifiante se passe de travers pour que nous cherchons un coupable.
Nous héritons cette croyance – en grande partie – des pratiques de l’église telle que la confession publique de la culpabilité, en se battant les mains dans le cœur, d’ailleurs. Dans la culture et croyance catholique, le blâme et la faute sont associés au lait maternel. Ils sont portés avec le péché originel. Nous sommes nés coupables. Puis, nous cultivons et soignons encore ce sentiment de culpabilité. Ce programme est très difficile à changer.
Et comment est le « je dois » ?
Si « tu dois », réfléchis à qui t’oblige, ou qui ou quoi provoque cette obligation. Le mot « je dois » nous diminue, minimise, il porte avec lui une énergie exceptionnellement lourde…
Cependant, nous fonctionnons dans une société qui provoque réellement, parfois, certaines obligations. Heureusement, nous pouvons, consciemment, le remplacer par « je veux » ou « je choisis » et l’on peut alors se débarrasser du fardeau de la contrainte. La tâche qui nous a été confiée, ou celle que nous nous sommes attribuée nous-même aura une qualité différente. Il ne s’agit point de censurer, de rayer des mots à part entière de la langue et de sa culture. Il s’agit, ici, d’avoir conscience, à peu près, de ce que nous disons, de comment nous le disons, et de la façon dont certains mots peuvent affecter notre énergie, notre moral, notre état d’esprit…
Parfois, je suis réellement obligée de faire des choses. Je le remplace donc mentalement par « je veux le faire ». Par conséquent, j’évite de me tracasser et, je vais réaliser la tâche plus vite, et même, plus facilement.
Cependant, remplacer « Je dois » par « Je veux » peut être trop radical pour certaines personnes, et peut provoquer une sorte de résistance. Que dirais-tu de « J’ai à faire » ?
« J’ai à faire » est plus neutre. Bien sûr, tout dépend de la situation que l’on vit. Il nous serait probablement plus facile de dire « Je veux acheter des fleurs » que «Je veux travailler pour mon patron».
Et il n’y a aucune raison de ne pas nous exprimer pleinement de la façon que nous voulons. Il s’agit ici de prendre conscience du poids des certains mots que nous prononçons au quotidien. Par exemple, « je souhaite » ou « je désire » sont des mots appelés mots forts et c’est important de s’y référer quand nous sommes en chemin de réalisation de nos objectifs.
Et le mot « essayer »…
Ici encore, tout dépend de la situation. Si quelqu’un n’a jamais fait de la pâtisserie et dit « Je vais essayer de faire un gâteau», cela signifie qu’il relève le défi et accepte que le résultat puisse être insatisfaisant – il va réussir son gâteau ou pas. Mais si quelqu’un vient en coaching et dit qu’il va essayer de changer des choses dans sa vie, il existe une très forte probabilité que cela ne se réalisera pas. « Je vais le réussir » dégage un certain pouvoir, « Je vais essayer » est très prudent. Il y manque de la détermination, il y a une nette absence de choses mises à l’avant. « Je vais essayer d’étudier », « Je vais essayer de me lever », « Je vais essayer d’être à l’heure » – en parlant de cette façon, nous nous donnons automatiquement la permission de ne pas réussir…
Souvent, nous parlons de cette façon afin de ne pas nous faire de fausses promesses, de ne pas décevoir les autres, de nous laisser une marge de sécurité.
C’est pire lorsque nous sommes contraints de faire ce genre de promesse à nous-mêmes. Car il y a toujours ce « mais » qui arrive après « j’essaie ». Donc « j’essaie, mais … ». Le « mais » signifie ordinairement un pas vers l’arrière, la création de freins, et nous nous concentrons sur les obstacles.
S’il y a un mot que nous adorons utiliser à toutes les sauces, c’est le mot « problème ». J’aime dire : le problème n’est pas notre problème. C’est la façon dont nous le traitons qui importe. Dans mon travail, je vois souvent les gens réagir différemment à la même situation. Ces situations et les événements sont là pour nous informer de quelque chose, attirer notre attention vers un point donné ou demandent une réaction particulière de notre part.
Ça ne signifie absolument pas, par exemple, que lorsque nous sommes en colère il nous faut nous énerver sur quelqu’un. Nous avons toujours le choix, toujours.
Lorsque nous faisons des choix importants dans la vie, nous disons souvent que nous avons sacrifié quelque chose. En pensant de cette façon nous nous attribuons automatiquement le titre de martyrs. On dirait que les gens aiment souffrir. Or, la vie est composée des multiples choix. Il suffit de choisir, tout simplement, ce qui est le mieux pour soi dans l’instant présent et de renoncer à ce qui est superflu.
C’est la même chose avec le mot « mériter » qui est, pour moi, le mot le plus sournois et frauduleux. En plus, il est très ancré dans notre culture. La croyance que tu dois «mériter» pour que l’on t’aime est très populaire. Nous devons mériter l’amour ! N’as-tu jamais dit à ton enfant : «sois sage, sinon, je ne vais pas te faire des bisous ». «Je vais me fâcher si tu salis ta robe », « je ne vais pas être gentil si tu ne ranges pas ta chambre… » ?
par Agnieszka Rouyer