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par Bertrand Duhaime

Partout, dans la rue, à la télé et à la radio, même dans les conversations intimes, ces expressions reviennent sans cesse : «Je vais lutter pour ceci»; «Je vais combattre», «Je vais me battre pour cela», «Je vais attaquer» ou «me défendre». C’est oublier que, par la causalité et l’attraction, celui qui cherche sans cesse à se battre, à lutter et à combattre, vivant dans l’effort et la tension, s’attire de la résistance et de l’opposition dans la mesure de son intervention, entrant dans le cercle vicieux d’un combat perpétuel. Et, ainsi, il arrive souvent que celui qui cherchait à exercer toute sa force contre une situation finisse par s’épuiser et se retrouve terrassé par elle.

Il n’en reste pas moins que, dans les textes spirituels, on invite «livrer le bon combat», une expression créée par Paul de Tarse pour rappeler l’œuvre de la conquête intérieure, c’est-à-dire la nécessité de nourrir en soi la Flamme de la sagesse, de l’amour et de la vérité. Alors que dans la Tradition chrétienne, on parle de «soldat du Christ», dans la Tradition ésotérique, on parle plutôt de «chevalier de Dieu» d’«armée de Dieu» ou de «guerrier spirituel». Cependant, il faut bien comprendre ces images, qu’il faut, du reste, ramener à une autre époque où la densité terrestre appelait à déployer une force surhumaine pour vaincre «les Ténèbres» ou dissoudre «les illusions». Ainsi, cette recommandation invitait à mettre tout son cœur à évoluer, à renforcer sa volonté, à accroître sa confiance en soi, à agir en héros, en cultivant une vigilance constante et persévérante pour ramener dans l’ordre et l’harmonie tout ce qui inclinait vers le désordre et la séparativité.

En fait, cette expression identifie cette part de soi qui, sollicitée par la sensibilité, source d’une quête insatiable de jouissance, mène à l’erreur ou ramène dans les fautes du passé. Au sens évolutif, cette expression évoque qu’aucune position, sur le Sentier, n’est définitivement acquise, car il se présente toujours, autour du Soi, des forces de dissociation et de division. Alors, celui qui veut progresser dans la Lumière divine doit rester ferme dans ses efforts, discipliné dans son maintien et assuré quant à sa position. Ainsi, il ne connaît plus de repos tant qu’il n’a pas obtenu la victoire finale, ce qui désigne, selon les Tradition, la libération transcendantale, la maîtrise totale ou le retour au Paradis perdu.

En outre, cette expression appelle encore à ne pas s’adonner à ces délicieuses méditations sur soi-même qui induisent dans des expériences mystiques dans des mondes remplis de fausse lumière, ce qui identifie souvent l’astral inférieur, le monde de l’illusion et de la rêverie éveillée. Mais, le plus important à retenir, pour éviter les inepties des guerres religieuses et des querelles de doctrines, c’est que toutes les Traditions spirituelles authentiques n’invitent pas à livrer un combat contre des ennemis extérieurs, mais à le mener contre ses propres ennemis, tapis au plus profond de soi. En spiritualité, l’ennemi désigne toujours ses mauvaises tendances personnelles qui induisent dans l’involution. Aujourd’hui, pour obtenir le même résultat, il suffit de s’abandonner inconditionnellement à la Lumière divine.

À proprement parler, dans le domaine évolutif, il n’a jamais été nécessaire de lutter pour se délivrer de ses illusions. Il suffit d’accepter de se relier à son Centre intime (Soi supérieur) et de s’offrir à lui pour que l’évolution s’enclenche à son rythme, selon sa compréhension et ses moyens. On se délivre de ses illusions dans la mesure qu’on accepte l’influence de cet Être intime. L’évolution résulte d‘une révélation, d’une révolution dans la sérénité et la joie.

Dans ce contexte, seuls ceux qui veulent résister, combattre, s’opposer à l’établissement de la Vérité dans l’Unité, peuvent être affectés négativement, d’une manière ou d’une autre, par leur propre résistance, car, alors, ils engendrent la Loi inexorable de la dualité qui est souffrance. Mais il faut comprendre que, en cela, la Source, qui est Lumière, n’y est absolument pour rien et que nul n’y peut quoi que ce soit. Pour évoluer dans la paix et le bonheur, la seule chose qu’un être incarné puisse faire, c’est de développer toujours davantage sa conscience du Soi, sa conscience de l’Amour, de la Vérité, de l’Honneur aussi, et de manifester, au sein de ce monde d’Illusion qu’il parcourt, ce qu’est la Vérité et la Joie. Il n’y a rien d’autre à entreprendre, mais cela peut prendre toute votre vie.

Dans la vie, le besoin de lutter démontre qu’on va à l‘encontre de son destin. Elle résulte d’un manque de connaissance ou de conscience qui est proportionnel à son degré d’union avec Dieu. Nul n’est né pour lutter, mais pour mettre de la lumière dans ses propres ténèbres. Car la lutte donne de la force à ce à quoi on s’oppose. Mais ce n’est qu’après avoir longtemps lutté qu’on comprend que la lutte n’est pas nécessaire, puisque la vie suit son cours sans jamais être en lutte avec quoi que ce soit. La victoire ne peut venir que dans le renoncement ou le lâcher prise. Car il n’y a jamais à lutter, simplement à favoriser le processus évolutif, sachant que la victoire finale est assurée en raison du pouvoir intérieur que chacun détient.

Chacun gagne à se montrer imperturbable dans les expériences de la vie. Bien sûr, tout être porte en lui des aspects sombres qui appellent à être illuminés, informés, tirés de l’ignorance. L’expérience de l’incarnation vise à transmuter le plomb en or. Mais engager un combat entre la Lumière et les Ténèbres, entre le bien et le mal, n’est pas d’une grande utilité, même que, au contraire, cela peut desservir, maintenant dans l’observation des extrêmes, ce qui empêche de trouver le juste milieu. Ce réflexe fait partie de l’illusion de la séparation qui maintient dans la confusion par rapport à la Réalité.

En effet, comme rien n’est bien ou mal en soi, mais dans l’usage qu’on fait des choses, par exemple l’abus, ces notions ne révèlent jamais que des facettes de son être, camouflées sous diverses apparentes, qui sont en conflit entre elles-mêmes. Même l’abus apprend le goût de maintenir trouver l’équilibre. Ainsi,
du point de vue évolutif, se lancer dans un combat, c’est commencer à lutter contre soi-même. Or, on se bat pare qu’on a peur, peur surtout de la limite, de la douleur, de la mort ou de l’échec.
En tant que forme apparemment séparée de conscience prenant part au jeu du Créateur originel, chaque être est au cœur d’un univers composé d’aspects opposés qui relèvent de la dualité des plans inférieurs de la Conscience cosmique. En raison du libre arbitre, tout est permis, d’où des oppositions présumées surviennent nécessairement. Mais, dans l’apparente confrontation du bien et du mal, il suffit de réaliser qu’on est en relation avec un autre aspect de soi-même pour cesser de le craindre. Cet autre aspect cherche à faire connaître son point de vue sur les choses de la Création.

Pour évoluer, il n’est pas nécessaire de lutter, de souffrir, de se battre. Mais celui qui croit que le monde extérieur est plus puissant que l’Esprit devra se battre et en payer le prix, en douleurs et en souffrances. C’est la même chose pour celui qui vit dans la pensée du manque, pensant qu’il n’y a jamais assez pour tous, qu’il faut prendre sa part dans les jeux de pouvoir, la rivalité, la concurrence. Encore pour qui croit détenir un pouvoir limité, être né valet, être né pour un petit pain, devoir se sacrifier pour les autres, n’être que bien peu de chose. Même chose pour qui pense manquer de liberté, devoir obéir aux autres, être soumis à la fatalité. Et il en est sûrement ainsi pour celui qui pense que l’Univers est naturellement oppressant, porteur de mauvaises intentions à son endroit, se disant mal luné ou né sous une mauvaise étoile.

La Vie est un Grand Jeu amoureux dont il faut éviter de faire une comédie, un drame ou une tragi-comédie! Un être parvient plus sûrement à son but en cheminant dans la joie sereine, sans effort. Ceux qui choisissent la voie difficile, parce qu’ils entretiennent des conceptions erronées, aiment raconter leur drame comme s’il était un accomplissement. Il serait bien plus rassurant de propager l’idée qu’un être peut évoluer dans la joie et la facilité.

On gagnerait à croire que, pour parvenir à un but valable et atteindre l’éveil, nul n’a besoin de travailler dur, jour et nuit, de s’épuiser en surmontant des défis incroyables, en se lançant dans de pénibles aventures, en surmontant nombre d’obstacles. Mais certains croient que les choses facilement réalisées ou acquises n’ont pas de valeur, se troublant même lorsqu’elles leur viennent aisément.

Pourtant, pour évoluer, vivre pleinement, il suffit d’élever ses vibrations. Et chacun peut élever ses vibrations en exprimant l’Amour pur et en se liant à la Lumière divine. Ce faisant, les circonstances et les états ne peuvent que devenir plus faciles et plus heureuses. Le défi, s’il en faut un, ne consiste pas à se rendre les choses difficiles, mais à ouvrir sans cesse sa vision et son cœur, en se donnant la permission de vivre sans cesse le meilleur.

Dans les textes mystiques ou mythologiques, la bataille, ce combat important entre deux groupes armés, éclaire l’oubli de Dieu qui amène à se dispenser dans des efforts illusoires et stériles. Il est dommage que les tenants de certaines religions ne comprennent pas que toute bataille réfère à une lutte entre les aspects de la polarité qui cherchent à s’équilibrer ou à un combat qu’il faut livrer contre ses mauvais penchants. Ainsi, l’ennemi à abattre n’est jamais l’autre, dût-il agir mal ou témoigner d’hostilité, mais soi-même, dans ses dimensions sombres et ombragées.
Dans la spiritualité contemporaine, la Bataille terrestre évoque le combat mené en astral dans le cours des années 1984 et 1985. On dit qu’alors la Terre connut une longue scène d’horreur, ponctuée par des hurlements semblables à ceux des chacals, reflétée par les miroirs des guerres et des charniers, alors que des champs de bataille se recouvraient de cadavres. Pendant ce temps certains dieux, restant au-dessus de la mêlée, réglaient leurs comptes entre eux, par peuples interposés qui s’entretuaient pour défendre telle ou telle croyance. Suite à cette épreuve subtile, la Terre reçut une Colonne de Lumière, ce qui a permis qu’elle accueille par la suite une nouvelle grille éthérique d’Énergie christique.

En spiritualité, l’enjeu de la bataille désigne tout ce que l’on croit perdre en mourant ou tout ce que l’on gagne en vainquant (en se conquérant soi-même). Dans la Tradition hindoue, «Kurukshetra» identifie le lieu de la Grande Bataille. Curieusement, la Bible et la Cabale retiennent cette même notion d’une bataille finale qui devrait se livrer dans la plaine d’Harmaguédon. Cette allégorie réfère premièrement au champ d’expérience de celui qui aspire à maîtriser ses émotions, ses sens et son mental pour faire taire son ego et faire plus de place à son Centre divin.
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