nat-haddapar Marie-Lore Staudt

Ces dernières années, je ne cesse de voir l’importance de poser des cadres dans notre quotidien pour nous sentir légitime dans ce que nous faisons et pour devenir maître de notre vie dans la plénitude.

Poser un cadre nous aide à définir notre espace vital et à nous faire respecter dans nos besoins. Sans cadre personnel, nous subissons inconsciemment celui des autres, jusqu’à nous sentir étouffés dans notre quotidien. Cela nous oblige à nous rendre compte par la force des choses et la rigidité des cadres extérieurs, qu’il est nécessaire pour nous sentir à l’aise dans notre vie de poser notre propre cadre au sein de la société.
Tant que nous n’en définissons pas, nous ne pouvons pas nous sentir légitimement à notre place. Nous sommes alors sous le contrôle de nos croyances ou de celles des autres.

Depuis tout petit, nous évoluons et grandissons au milieu de cadres, imposés par notre famille, la société, notre religion, notre école… Ces cadres ont fini par définir nos valeurs. Ils sont devenus nos références au fil des années. Spontanément, nous les proposons aux personnes de notre entourage, en ayant complètement oublié qu’on nous avait imposé enfant toutes ces règles bizarres sans que nous ayons eu notre mot à dire :

«Laisse passer les grands », « Ne fais pas trop de bruit », « Trouve toi une entreprise et travaille avec acharnement pour te payer ta maison », « Marie toi et construis ta famille»…
Quand adultes, nous continuons à évoluer dans ces cadres, des évènements désagréables nous tombent sur la tête, nous courbons l’échine, nous n’arrivons pas à nous épanouir pleinement en étant nous-mêmes. Nous sommes amenés à consulter un psy, un médecin, un coach, un accompagnant ou plus couramment à lire des livres de développement personnel pour trouver des solutions face à l’absence de maîtrise dans notre vie ou face au mal-être qui s’installe.

Toutes ces « méthodes », pratiques et accompagnements, nous aident à nous découvrir, à nous remettre en question, à nous ouvrir à nos vraies envies, à décider de ce que nous avons envie d’être ou de vivre. Nous commençons petit à petit sans nous en rendre compte à construire notre propre cadre avec nos valeurs fondamentales. Nous mettons en place les piliers importants qui soutiennent le socle de ce que nous sommes au fond de nous, de nos envies, de nos principes et de notre intégrité.

Et pourtant, un jour, on ne sait pas pourquoi, on étouffe encore plus. On ne supporte plus le quotidien. Nous avions pourtant l’impression de devenir créateur de nos vies. Nous étions en train de construire un cadre à notre mesure et nous lui donnions de plus en plus d’ampleur. Il ne cessait de s’élargir, nous donnant en même temps plus d’air. Et tout d’un coup tout semble nous échapper à nouveau.

Que se passe-t-il tout d’un coup ?

Il se passe que nous avons juste oublié de regarder au préalable dans quel cadre nous nous inscrivions déjà… Et si celui ci était suffisamment grand pour contenir le nôtre, avec nos envies, nos incertitudes et notre maturité galopante.
Les bordures de notre cadre sont simplement venus heurter les bords rigides du cadre familial, social, maternel, religieux ou professionnel dans lequel nous nous grandissions jusqu’alors. Nous avons bâti le nôtre au beau milieu d’un autre cadre qui existait depuis notre plus tendre enfance, depuis notre mariage, depuis la nuit des temps… Il était la depuis si longtemps que nous avions oublié ce petit détail en établissant le notre… Nous étions entrain de construire sur un terrain déjà conquis.

Notre évolution individuelle a élargi notre propre cadre mais se retrouve soudainement freinée ou stoppée dans son élan par les bords rigides d’un autre cadre où il n’y a ni élasticité, ni porte, ni fenêtre pour s’échapper…

Alors que faire ?
Casser cet autre cadre est un peu plus difficile à envisager. Les vieux cadres sont très solides et rigides. Ils sont soutenus par une multitude de gens qui s’accroche à ces vieux cadres en étant dépourvu des leurs. Soutenus par des dizaines, des centaines, des milliers voir des millions de personnes, ces cadres peuvent alors se transformer en murailles infranchissables et nous laisser frustrés un bon moment avant que nous ayons l’énergie de trouver comment en sortir.

On essaye d’abord de les faire bouger pour trouver notre place et se donner plus d’oxygène pour respirer. Cela ne fonctionne jamais. Ce n’est qu’une illusion qui persiste et nous fait croire que nous avons encore besoin d’être protégés par le cadre des autres. Nous croyons longtemps que nous ne pouvons pas nous extraire du cadre extérieur qui semblait nous protéger. Nous sommes devenus les pantins du système.
Puis quand nous nous décidons à écrire notre propre histoire, nous regardons ce cadre, ce système avec plus de recul et moins de peur. Nous constatons que nous pouvons en sortir, cela a un prix. S’en éloigner nous demande du courage, de croire en nous, d’avoir travaillé sur nos valeurs, d’être sortis de la peur du rejet. Nous pouvons alors commencer à bâtir le nôtre un peu plus loin, sans avoir à changer ou fracasser l’ancien.

Lorsque nous sommes maîtres de notre propre cadre, nous pouvons décider d’entrer ou non et à quelles conditions, dans le cadre d’un autre. Nous devenons conscients des règles, des croyances et acceptons alors les obligations des autres cadres en sachant que nous sommes libres d’en sortir quand nous le jugeons nécessaire. Nous devenons aussi responsables de ceux qui entrent dans le notre à notre insu sans en accepter les règles. Il nous reste à défendre notre propre territoire, à faire respecter notre cadre.

Dans un cadre amicale ou familiale, nous pouvons aussi choisir de proposer un autre cadre commun dans lequel nous allons être à l’aise à plusieurs comme dans le couple par exemple ou l’orque nous élargissons notre famille. Avec l’arrivée d’un nouveau né, le cadre du couple n’est plus valable. Bien souvent les adultes oublient de reposer un cadre plus adéquate pour chacun. Celui ci doit changer…. Il y a trois personnes de plus, le bébé, le papa et la maman. Forcément on n’y trouve plus sa place au bout d’un moment, on s’y sent restreint, il manque de la place pour soi si on a oublié ces autres rôles dans lesquels cette nouvelle étape de vie nous a plongés. Ce cadre était adapté pour deux et non pour trois ou quatre personnes… Le couple n’a pas pris le temps de redéfinir les règles de la famille qui s’élargit. Il en va de même entre amis ou associés. Cet adaptabilité du cadre nous fait entrer dans le mouvement de la vie et évite les conflits et les mal être. C’est du sport de revisiter son cadre en permanence…. Mais peut être le seul moyen de se sentir à sa place au milieu des autres.

C’est en étant clair et transparent avec notre cadre et en le faisant respecter par les autres, que nous pourrons nous sentir heureux et légitimes.
Nous constaterons aussi souvent alors à quel point les autres ne connaissent pas le leur. Ils ne le maîtrisent pas ou lui ont dessiné un contour très flou, parce qu’ils vivent certainement dans un cadre hérité inconsciemment. À nous de nous y positionner ou non, d’en accepter les règles ou de poser les nôtres clairement.
Après nous devenons le roi de notre monde et nous y invitons ceux que nous avons envie d’y faire entrer… Et c’est le plus beau royaume du monde…

À vos briques….

Source: http://voyance-autrement.com/