Par Frank HATEM DSD
C’est ainsi que réagissait un moine tibétain devant les massacres perpétrés dans son monastère par les soldats chinois. « j’ai eu peur, oui, mais peur d’avoir de la haine pour les soldats chinois ».
C’est notre défi à tous, et la France y est confrontée actuellement, et le seul moyen de vaincre et la peur et la haine, c’est la Connaissance.
Nous savons que notre nature profonde est paix et union. On a tous en nous ce Principe créateur qui est la poursuite de l’Absolu inaccessible, tel qu’on le décrit dans nos livres. C’est le But qui engendre l’énergie, mais comme le but n’est jamais achevé, la conscience naît de cette non-infinité, et cette limitation du But est vécue sous forme d’inertie matérielle à laquelle, évidemment, cette conscience s’identifie. Autrement dit, l’ego, le moi, n’est pas conscient de sa source (son but) mais n’a conscience que de lui-même, la limitation. Et pour cette raison, il lui faut beaucoup, beaucoup d’expérience, beaucoup de méditation, beaucoup de découvertes de ce que c’est que soi, souvent beaucoup de souffrance, pour finir par s’apercevoir que « ce que je suis, ce n’est pas cet ego, c’est l’énergie éternelle de la Nécessité du But infini, dont l’impossibilité me donne l’impression d’être quelque chose à la place de rien ».
C’est ce qui différencie le Soi et le Moi. Soi, c’est ce que je devrais être, moi (l’ego) c’est ce que je crois être. L’ego, grosso modo, c’est ma personnalité. Soi, c’est tout. Avec tout le reste. Avec les autres, avec l’univers. Car tout mon univers est indissociable de ma conscience de moi-même et fait partie de ce que je suis en fait. Et lorsque je suis SOI, je me sens en unité, en communion, en solidarité avec tout ce qui vit et tout ce qui est. Je suis écolo, je suis universaliste, je suis spiritualiste, je suis amour inconditionnel. Mais tant que je me crois moi, les autres sont une menace, les autres sont les ennemis car ils remettent en cause la seule chose importante pour moi. Dans mon ignorance de moi-même, je tue, je détruis et je m’autodétruis. La planète finit par y passer. Car au fond de moi la Nécessité de l’unité continue à pousser, à m’emmener dans le désir que l’autre soit moi, ce qui est ma vocation, mais comme je ne crois qu’à moi, comme pour moi ce qui a raison et ce qui est seul vrai c’est moi, alors il faut que l’autre change pour que je puisse l’aimer et m’unir à lui, ou simplement communiquer avec lui, échanger, et pour qu’il change je suis parfois prêt à tout, à le manipuler s’il le faut, à l’acheter, à le menacer, à le séduire, ou même à le tuer si je n’y arrive pas.
A l’inverse, ceux qui son déjà dans la tolérance, dans la compréhension du fait qu’on a tous besoin les uns des autres pour être le Tout, dans la compassion ou dans le sentiment qu’il n’y a qu’un seul Etre, un seul esprit sous la forme d’une infinité potentielle de corps et d’egos, ceux-là souvent ne comprennent pas comment on peut en arriver à tirer sur ceux qui dessinent leur vision de l’amour sous une autre forme que celle qu’on sait reconnaître. Car tout est là. Tant que je me crois moi, tant que je n’ai pas conscience qu’en fait, moi, c’est l’univers, et plus encore, je m’accroche à la seule réalité que je possède et tout ce qui la remet en cause est danger. Mais lorsque la vie, toutes mes vies, toutes mes rencontres m’ont permis de comprendre qu’il y a autre chose et que cela n’est pas danger mais est au contraire ce dont j’ai le plus besoin pour devenir l’infini que j’ai vocation à être, alors je n’ai plus cette peur. Et pour passer ainsi du moi au soi, il n’y a guère que l’expérimentation que l’autre souffre de la même façon que moi et qui fait que dans les tranchées de Verdun Français et Allemands fraternisent à Noël. Ou si je veux gagner du temps : comprendre. Etudier les sages qui ont tracé le chemin. Méditer. Simplement pour se familiariser avec l’eau de l’infini, car c’est en plongeant dans l’eau inconnue qu’on finit par ne plus en avoir peur. Quand je me crois matière, l’esprit fait peur. C’est tout le drame de la Science physique. Quand je personnalise « Dieu », je veux que l’autre le reconnaisse.
C’est aussi notre drame à chacun, car chacun n’a qu’un but, l’amour, chacun n’est que bonnes intentions en fait, mais chacun le vit à son niveau, comme il peut, et c’est cela qu’il faut voir pour, comme le moine tibétain, lutter contre l’ignorance mais lutter sans haine même quand des têtes sont coupées.
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