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À quel point l’amour sous toutes ses formes nous met-il en état de connexion avec l’objet aimé ? Ce n’est pas un hasard si le chercheur en parapsychologie Dean Radin commença sa conférence à Google Technologies en 2008 par le récit d’une mère éveillée à quatre heures du matin, oppressée par une douleur à la tête, avec l’impression de mourir : « Il me semblait que du sang ou je ne sais quoi s’écoulait de ma tête, et j’essayais de reprendre mon souffle. J’étais de plus en plus faible, je pensais que j’étais vraiment en train de mourir. […] Puis j’ai eu l’impression que mon fils m’appelait. Il disait : « Oh ! maman, aide-moi » avec une grande angoisse. » Cela se passait un 10 février. Le 12, les parents reçurent un télégramme : leur fils s’était fait tuer le 10 à 1 heure du matin, d’une balle dans la tête. « Il y a neuf heures de décalage horaire entre nous et l’endroit où se trouvait mon fils, poursuivait la mère. Je sens qu’il m’a appelée quand c’est arrivé, que j’ai entendu son râle et senti son agonie. »

Dans une compilation de récits, Sally Rhine Feather du Rhine Center spécialisé dans la recherche en parapsychologie, rapporte que 40 % des 2 878 expériences collectées – télépathie, clairvoyance, précognition – ont eu lieu entre personnes proches. « Les gens émotionnellement proches, qu’ils aient ou non des liens biologiques, sont intéressés par la santé et le bonheur de l’autre. Ils s’en inquiètent. Ils veulent savoir si tout va bien, ou s’il y a un problème. Ce souci profond active un canal de communication spécifique qui n’est entravé ni par la distance ni par le temps », affirme Sally Rhine.

Le poète et essayiste Frederic Myers, un pionnier de la parapsychologie, avait déjà noté à quel point les liens émotionnels entre deux personnes favorisent l’apparition de ce qu’on appelle les perceptions extrasensorielles : des sensations précises – vision, sentiment d’angoisse, douleur physique, etc. – associées à ce que la personne aimée est en train de vivre dans un lieu éloigné, ou à des événements qu’elle vivra dans le futur. Pour Myers, l’amour était une sorte de « télépathie exaltée, – l’expression la plus simple et la plus universelle de l’affinité des esprits ». Nombre de gens disent avoir su ce qui arrivait à leur proche – enfant, parent, époux, compagne ou compagnon – au moment même où les événements se déroulaient. L’un de mes amis a été marqué par le souvenir de sa mère s’écriant soudain, sans raison apparente : « Il est arrivé quelque chose à ton père ! » Au même moment, loin de la maison, son père venait d’avoir un accident de voiture. L’histoire a été longtemps tue comme un secret de famille inquiétant. Car qu’est-ce qui pouvait bien expliquer cette clairvoyance, dont la mère était coutumière, sinon quelque accointance douteuse avec le monde subtil ?

Le coeur pourrait bien être la clé

Les récentes recherches menées par l’Institute of HeartMath aux États-Unis, fournissent un éclairage intéressant sur le lien entre amour et intuition. Selon son vice-président, Rollin McCraty, le coeur joue un rôle décisif dans la transmission des informations au reste du corps. Ce serait lui qui synchroniserait l’ensemble du système, plus que le cerveau, avec lequel il est en étroite relation. D’où l’importance des émotions positives telles que l’appréciation, l’attention, la compassion et l’amour, sources de cohérence cardiaque et donc d’harmonie de l’ensemble de notre physiologie. À l’inverse, la colère est un état psychophysiologique incohérent caractérisé entre autres par un rythme cardiaque désordonné. Dans son dernier livre, The Coherent Heart, paru en juin, il avance l’hypothèse que « le rôle du coeur est d’agir comme un conducteur dans la symphonie du corps, liant et synchronisant l’ensemble du système ». Selon lui, ses rythmes sont porteurs d’informations qui priment sur les autres. Le fait que le coeur, loin d’être un simple muscle, contienne 40 000 neurones, conforte cette hypothèse. Ce rôle serait d’autant plus important que le coeur est voyant. Dans une étude en deux parties intitulée Preuves électrophysiologiques de l’intuition, McCraty a enregistré les réactions cérébrales, cardiaques et épidermiques de 26 participants à la projection d’images, certaines au contenu neutre, d’autres au contenu émouvant : non seulement le coeur a réagi avant le cerveau, mais il a réagi par précognition 4,75 secondes en moyenne avant l’apparition sur l’écran de l’image bouleversante. De la précognition pure et simple.

Rollin McCraty émet l’idée que « le coeur agit comme une antenne tournée vers un champ d’informations hors de l’espace et du temps entourant le corps, qui informe directement le coeur et module ses schémas rythmiques ». Cela expliquerait en partie le lien entre la pratique des exercices de cohérence cardiaque et le développement de certaines intuitions télépathiques ou prémonitoires. L’amour fait partie des états qui peuvent générer cette cohérence cardiaque et partant, les perceptions intuitives. « Si considérée sous un certain angle, la découverte que le coeur est impliqué dans la perception intuitive peut paraître surprenante, il faut rappeler que dans virtuellement toutes les cultures du monde, anciennes et modernes, le coeur a été considéré comme un canal privilégié d’information et de sagesse », conclut McCraty.

Conscience et amour

Si l’amour appelle ce type de perceptions, cela marche aussi en sens inverse. Le physicien américain Russell Targ, spécialiste des lasers, a passé une bonne partie de sa vie à mettre au point les techniques de vision à distance, ou remote viewing. Elles permettent d’obtenir des informations dites extrasensorielles – éloignées dans le temps ou dans l’espace – à partir de ressentis physiques et émotionnels. Ces programmes ont été développés entre autres aux États-Unis et en Russie, parfois à des fins d’espionnage. Mais pour Russell Targ, la pratique du remote viewing fut surtout un chemin spirituel qui transforma « un scientifique de pointe en être humain ». Car cette pratique consistait en l’expérience répétée d’un champ de conscience « serein et océanique », où tout est interconnecté.

téléchargement (1)Selon Alexis Champion, fondateur en France d’IRIS Intuition Consulting qui enseigne les techniques du remote viewing et les applique à la recherche d’informations, « plus on va pratiquer, plus l’ouverture sur les autres va croître ; plus on élargit sa conscience, plus on tend à l’unification avec les autres ». Plus il y a d’empathie entre ceux qui pratiquent le remote viewing ensemble, et plus les résultats sont bons. « L’interconnexion optimise le système. » D’un point de vue théorique, la pratique amène à développer une vision de la conscience hors de l’espace et hors du temps. « Au bout d’un moment, on arrive à cette conclusion : je me connecte à tous et tout au-delà de l’espace et du temps, et la moindre de mes pensées est une interaction avec l’autre. »

Que cette conscience universelle soit l’amour même, et que nous soyons dépositaires chacun d’une étincelle, c’est ce qu’affirment de nombreuses traditions spirituelles. « Quand nous parlons ici d’amour, nous ne parlons pas d’un type d’amour en particulier, mais de la relation au sens global, non d’une relation intéressant une ou deux personnes. Ne savez-vous pas ce que cela veut dire que d’être relié au monde entier, ce que cela signifie lorsqu’on a le sentiment d’être soi-même le monde ? » interroge le philosophe Krishnamurti dans De l’amour et de la solitude. Selon lui, c’est lorsque nous sommes libérés de nos peurs et de nos attachements que l’amour se lève alors en nous.

Certes, nous ne sommes pas tous appelés à être des sages ou des mystiques. Mais n’y a-t-il pas une continuité, un jeu de miroirs, une résonance, entre ces multiples liens d’amour que nous cultivons dans nos existences, et une dimension plus vaste de la réalité ? Tout en écartant toute idée de religion, Fabrice Midal adhère à l’amour selon Dante, « qui meut le ciel et les étoiles », présent dans toute relation fructueuse, de professeur à élève, de médecin à patient… « C’est juste le droit d’être. On ne fabrique pas l’amour, ajoute-t-il, mais ne pas le recouvrir est un exercice. » Un exercice pour chacun.

Car tous, nous posséderions cette graine mystique. Dans son journal Une vie bouleversée, Etty Hillesum, juive néerlandaise d’une trentaine d’années déportée durant la Seconde guerre mondiale, relate sa relation passionnée, spirituelle et sexuelle, avec son thérapeute, Julius Spear. Alors que Julius est mort, et qu’elle-même est enfermée dans un camp de travail, elle s’interroge : « Cet amour qu’on ne peut plus déverser sur une personne unique, sur l’autre sexe, ne pourrait-on pas le convertir en une force bénéfique à la communauté humaine, et qui mériterait aussi le nom d’amour ? Et lorsqu’on s’y efforce, ne se trouve-t-on pas précisément en pleine réalité ? » Nos amours multiples seraient le ferment d’un amour plus vaste, autant de chemins menant au meilleur de nous-mêmes, et à l’humanité tout entière.

source : http://www.inrees.com

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