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Par Ulrich Freitag

Au cours de cette série d’articles, j’aimerais vous faire découvrir et des différentes compréhensions de la Thérapie psychocorporelle et énergétique (TPCE). Voici l’un des thèmes des plus près de mon coeur : celui de l’intelligence du coeur et du toucher.

Le coeur joue un rôle central dans notre vie et malgré tout, nos coeurs sont malades. Environ 41% de la population canadienne -tant hommes que femmes- meure des maladies du coeur. Toutes les 27 minutes au Québec, un décès est relié à une maladie du coeur.

Et pourquoi ? Parce que nous n’avons pas encore développé une conscience du coeur. Le problème individuel est au fond un problème de notre inconscience collective. Quarante pour cent de la population meure et combien d’heures d’enseignement autour du coeur avons-nous reçu à l’école, au collège ou à l’université ? Très peu, sinon aucune. Dans le monde médical et scientifique, on refuse encore de voir le lien entre le coeur physique et le coeur émotionnel. Et pourtant cela semble si évident! En 1997, dans « The National Library of Medicine » aux États-Unis, seulement deux articles sur plus de 9 millions d’articles et d’études, décrivent la relation entre l’amour et la maladie de coeur ! Trop souvent dans notre société rationnelle et scientifique ces qualités féminines, intuitives et innocentes du coeur, sont encore rejetées, jugées, négligées ou simplement ridiculisées.

Or, nous sommes en même temps à l’aube d’une conscience de non-dualité… où corps, coeur et conscience sont perçus comme un. Cette nouvelle conscience suppose l’aspect multidimensionnel de la vie selon laquelle tout est interdépendant; la paix intérieure et extérieure, la santé et la conscience sont ici dans une profonde relation mutuelle. Ceci nous permet de voir nos problèmes physiques et psychosomatiques comme étant nos cris du coeur… Le coeur devient en fait le moteur de toute guérison et transformation.

Par compte le coeur nous permet de prendre contact avec notre intelligence profonde, notre intuition et il est aussi la clé pour ouvrir la porte de la synchronicité avec l’autre. En donnant la place à un enseignement clair sur le sujet du coeur, on donne une chance à cette intelligence incroyablement profonde et étonnante d’émerger et de s’actualiser.

Le coeur et le toucher

Le coeur a différentes façons de s’exprimer et le toucher est l’une des plus importantes tant dans la vie de tous les jours que dans le contexte de la thérapie. Quand on dit : « je me sens touché » on souligne l’importance du toucher.

J’ai bien aimé une remarque que le psychanalyste Guy Corneau a faite sur ce sujet dans un de ses livres : « La sexualité a été libérée, mais nous devons encore libérer le toucher, se prendre, et toutes les autres formes d’affection physique entre femmes, entre hommes, entre femmes et hommes, et entre parents et enfants. Nous devons créer un monde qui est moins divisé sexuellement, un monde dans lequel la douceur, la sensualité, et le plaisir partagé du désir mutuel sont tous acceptés et bienvenus.  »(1) Voila comment Guy Corneau met au point plusieurs aspects reliés au toucher : le toucher est encore en prison, doit être libéré, libéré d`une lourde conscience collective qui relie le toucher à la sexualité ou à l’homosexualité. Mais si on y regarde de plus près, le toucher peut être une expression profonde de l’amour, cela signifie que le coeur est encore en prison!

Dans un groupe d’hommes, j’ai demandé : « Qui ne se sent pas suffisamment touché ? « Vingt-neuf hommes sur trente ont levé la main. Ces hommes ont dit qu’ils avaient peur d’être jugés et vus comme homosexuels s’ils touchent d’autres hommes. J’ai fait la même constatation partout où j’ai posé la question. Les tabous et les conditionnements autour du toucher sont énormes. En même temps, il y a une énorme soif d’affection, d’amour et de douceur dans notre société. En occident, cette partie du monde active et tournée vers l’extérieur, nous avons parfaitement appris à nous mettre en contact avec nos qualités Yang, et à utiliser nos mains pour prendre, donner, tenir, frapper, serrer.

Les mains et les bras sont des outils. C’est une énergie créative puissante. Cependant, nous sommes limités quand il s’agit de nous brancher avec nos qualités plus réceptives, de toucher, de caresser, de se sentir vulnérable, et de notre capacité à recevoir.

Il est probable que la plupart de nos intoxications proviennent du besoin non satisfait d’être aimé et d’être touché. Non seulement les drogues dites « dures », mais aussi l’alcool, la cigarette, le sucre, le café, la télévision, la consommation compulsive, ou n’importe lesquelles de nos accoutumances, ont un rapport avec ce sentiment de manque, de séparation et d’abandon. Pensez juste à des moments de détresse dans votre vie où une caresse, ou encore le support d’une main sur votre épaule fut absent, et vous avez bu ou recommencé à fumer. Il est essentiel pour nous de se rappeler et de développer les qualités Yin de réceptivité et d’intuition. Pratiquer le toucher est une façon de développer cette capacité d’ouverture vis à vis du corps et de l’esprit d’une autre personne et de soi-même.

La présence est nécessaire

Si l’on ramène cette connaissance dans le contexte de la thérapie psychocorporelle, on peut avancer ce qui suit. En thérapie psychocorporelle on travaille d’une part le relâchement des muscles d’une personne, et d’autre part, c’est la présence du thérapeute et la façon dont il touche, qui stimulent les pouvoirs auto guérisseurs du coeur du client.

Quand nous touchons l’autre personne d’une façon qui la rejoint, cela veut dire que nous sommes ouverts à la présence acceptante de nos coeurs. Et cette présence permet à l’autre d’accueillir et de regarder à travers ou de laisser aller des murs de méfiance et de peur. Au moment même où nous sentons l’espace intérieur de l’autre, nous nous mettons en contact avec notre propre amour, l’espace de Shen, notre esprit intérieur, notre passion amoureuse pour la vie.

Le toucher relève de la présence, et non pas de faire quelque chose à, ou sur quelqu’un. Cela peut être bénéfique de toucher de façon « instruite », mais ce qui est plus important est de toucher de façon compréhensive. Comme le dit Osho Rajneesh : « La compréhension est l’intelligence qui va en profondeur… Le savoir est l’intelligence qui va en s’élargissant; c’est quantitatif. » (2) Nous pouvons mesurer le savoir, mais pas la compréhension ou la profondeur du toucher et du coeur, parce que c’est une qualité. Le savoir vient du mental, la connaissance vient du coeur; et cette connaissance est souvent un espace absolu de non-connaissance de non savoir; une capacité d’être présent et de rester dans cette présence.

Ceci me rappelle une expérience personnelle lors d’une séance de thérapie au cours de laquelle je me mis à souffrir subitement à la tête du côté gauche. J’avais bien trois ou quatre fois par an une forte migraine, mais je n’avais jamais eu une telle douleur. C’était devenu insupportable. J’avais l’impression que ma tête allait exploser. Ni le thérapeute, ni moi ne savions quoi faire, mais nous sommes restés tous les deux dans cette expérience de présence et de « non-faire ». Je criais quelque chose comme : « Qu’est-ce que c’est  ? » Et c’est alors que j’ai senti ce que je n’avais jamais senti auparavant – la peur de la mort – et je me suis souvenu d’un accident d’auto survenu quand j’avais dix ans. J’étais resté inconscient pendant un certain temps et j’ai passé deux semaines à l’hôpital. À mesure que le souvenir de cette expérience remontait, mon corps tremblait et j’étais trempé de sueur. J’ai dépassé cette frayeur, et la douleur a subitement disparu. Depuis, je n’ai jamais eu ces maux de tête. C’est une expérience personnelle et frappante, de guérison mais je peux vous assurer que des choses semblables se sont souvent produites dans ma pratique.

Le toucher est guérissant

Presque tout le monde aime être touché, mais cela est plus qu’un plaisir ou qu’un luxe. Nous savons tous à quel point il est agréable et réconfortant d’être dans les bras d’un ami. Être touché est un besoin essentiel et existentiel pour le bien-être, la santé et la survie même.

Dans toutes les civilisations anciennes le toucher a joué un rôle important dans la guérison. On a commencé à utiliser des chiens dans les hôpitaux – la zoothérapie- auprès des patients et du personnel. Depuis le 13e siècle, suite aux expériences de l’empereur allemand Frédéric II, il est connu que les bébés peuvent mourir s’ils ne sont pas touchés. René Spitz a documenté le fait que durant la dernière guerre mondiale de jeunes enfants sont devenus autistes ou sont décédés suite à des carences affectives physiques.

Au Touch Institute de Miami des bébés prématurés ont reçu trois massages attentionnés chaque jour pendant dix jours. Ces bébés ont gagné du poids, 47% plus rapidement que les bébés n’ayant pas reçu de massage. Ainsi, ils ont quitté l’hôpital six jours plus tôt permettant des économies de $10,000 par enfant. Ce sont des chiffres étonnants. (3) Ce qui est possible pour des bébés l’est aussi pour des adultes. Des patients qui étaient sous surveillance continuelle à l’unité des soins intensifs d’un hôpital à cause de battements de coeur irréguliers ont connu une régulation significative du rythme cardiaque, simplement parce qu’ils avaient été touchés lorsqu’on prenait leur pouls. Chez certains patients ce simple toucher a réussi à supprimer complètement les battements irréguliers ! Dans son livre livre « Love and Survival » Dean Ornish constate que « des centaines d’études démontrent la valeur et le pouvoir guérissant du toucher. » (4) Il est temps de prendre très au sérieux les applications possibles du toucher, du massage, de la thérapie psychocorporelle dans les domaines de la santé et de l’éducation. Les professionnels de la santé, les fonctionnaires et les gouvernements dans leur effort désespéré pour réaliser des économies doivent jeter un coup d’oeil dans cette direction et agir pour mettre ces découvertes en application dans les hôpitaux et autres institutions de soins, ainsi que dans le système de l’éducation! Il faut prendre la zoothérapie au sérieux. Les patients quitteront l’hôpital plus tôt et en meilleure santé réduisant des coûts importants à long terme.

Le coeur est un guérisseur

Nous devons être conscients à chaque toucher aimant, que quelque chose d’essentiel est en train de se passer simplement grâce à ce geste. Quelque chose de très subtil, que souvent nous ne reconnaissons pas, mais qui est d’une extrême importance, soit la transmission de l’énergie du coeur. L’énergie de mon coeur vibre, résonne avec celle de l’autre personne, l’aidant à se réaligner elle-même.

C’est la merveilleuse capacité de notre coeur à guérir! Notre coeur n’a pas uniquement la capacité physique de pomper le sang, il est d’abord une présence énergétique magnifique d’où rayonne une énergie et une conscience capables de guérir les blessures émotionnelles, aussi bien que les maladies physiques, et de construire des ponts entre les êtres humains et les nations.

Et enfin, la science prouve de différentes façons que le coeur est le plus grand guérisseur!

C’est surtout grâce à Dean Ornish, médecin et scientifique connu mondialement et reconnu pour son programme visant à renverser les maladies cardiaques, que nous avons pour la première fois un livre (5) qui présente de multiples études scientifiques réunissant des centaines de milliers de personnes, et apportant des preuves d’une façon impressionnante, du pouvoir guérissant de l’amour et de l’intimité chez des femmes ayant un cancer du sein, des patients atteints de mélanomes, des patients ayant une maladie cardiaque, des bébés prématurés, etc..

Suite à toutes ses recherches, Dean Ornish affirme ce qui suit : « Si un nouveau médicament avait le même impact (que l’amour), tous les médecins au pays le recommanderaient. Ce serait une faute professionnelle de ne pas le prescrire . » Et il ajoute : « Et pourtant à quelques exceptions près, nous, médecins, n’apprenons pas grand chose en ce qui concerne le pouvoir guérissant de l’amour et de l’intimité. Au contraire ces idées sont souvent ignorées ou même discréditées ». (6)

Et pourtant ce qui semble si fragile et si peu reconnu, c’est-à-dire les énergies de notre coeur, constituent le plus grand pouvoir guérissant! Nous sommes allés sur la lune, nous faisons le tour du monde grâce à Internet, mais nous comprenons si peu de notre monde intérieur et des pouvoirs guérissant de notre coeur que nous en payons le prix.

Le coeur et la conscience

Nous avons besoin d’une toute nouvelle et profonde compréhension des pouvoirs guérissant de notre coeur et de son influence sur notre état de conscience. En étant en contact avec notre coeur nous passons d’un état psychologique de séparation et d’isolement, à un état d’amitié, de considération et de paix. C’est une question qui cible non seulement le plan personnel, mais aussi le plan collective. Du point de vue de la conscience du coeur, il n’existe pas de frontière…

Les limites de notre système d’éducation, un système de santé en mauvais état, les problèmes cardiaques, les guerres et crises présentes dont souffre la population, nous poussent aux limites de nos vieilles connaissances et de nos esprits parfois pétrifiés. Or, ceci nous ouvre les portes d’une réalité complètement différente; la réalité énergétique de la conscience du coeur, une conscience qui nous fait passer d’un état de séparation et de souffrance à un état de non-dualité, de compréhension et d’amitié. Ceci n’a rien à voir avec les croyances, la moralité ou l’esprit Nouvel Âge; c’est une réalité existentielle que nous avons en nous. Il y a plusieurs millénaires Bouddha disait déjà : ‘La loi ultime de la vie, est que c’est au moment où l’on disparaît que l’on trouve notre être profond.’

J’aimerais terminer par une note poétique sur l’intelligence du coeur, du grand mystique Osho : « L’ego devient ostentatoire avec un grand savoir, des écritures, des systèmes de pensée, mais cela ne vous rend pas innocent, cela ne vous donne pas cette qualité d’ouverture à la confiance, à l’amour, à la gaieté… On nous enseigne à être plein de savoir; on ne nous enseigne pas à être innocent, à sentir le merveilleux de l’existence. On nous apprend le nom des fleurs, mais pas comment danser autour d’elles…On ne nous apprend pas à communier avec les arbres, à être en accord avec l’existence. »(7) Certains disent que nous sommes seulement à l’orée de la naissance de la conscience humaine. Je suis d’accord. Il nous reste encore un long chemin à parcourir avant de reconnaître que nous ne sommes pas en train de chanter notre petite chanson tout seul, mais que nous sommes en harmonie avec la planète et toute l’existence.

(1) Guy Corneau, Absent Fathers, Lost Sons, Shambala, Boston et London, p.106
(2) Osho, Tao : The Three Treasures, Rajneesh Foundation, Poona, 411001, India, 1975, p.126
(3) Dean Ornish, Love and Survival, Harper and Collins, New-York, 1997, voir p.140
(4) Dean Ornish, 1997, p.140
(5) Dean Ornish, Love and Survival, Harper and Collins, New-York, 1997 (6) Dean Ornish, 1997, p.3
(7) Osho, The Book of the Books, Rajneesh Foundation, Poona, 411001, India, 1975, pp. 273-274

Source: http://bodymindintelligence.com/