par Bertrand Duhaime
La phase ascensionnelle présente est symbolisée par le papillon, cet insecte ailé qui résulte de la transformation de la chrysalide. En spiritualité, l’organe allégorique des ailes symbolise diversement, mais dans une gamme analogique, la domination sur l’air, la puissance du mental ou la faculté cognitive, la pensée ou l’imagination, la légèreté ou le principe d’ascension (soit l’aptitude à échapper à l’emprise de la matière, à la pesanteur ou à l’attraction terrestre), la spiritualité, la célérité d’intervention, le degré d’autonomie (indépendance et liberté) dans la direction de son destin, même la victoire. On le relie surtout à l’accélération d’un rythme et à l’élévation de la conscience.
Dans la paire d’ailes, le message rejoint l’état d’équilibre de la polarité, notamment le degré d’harmonie entre l’intuition et l’imagination, l’habilité psychique, l’état de conscience supérieur qui résulte de la vibration à l’unisson des facultés intimes ou de l’accord avec la Volonté divine et avec la Loi et les principes de l’Univers. Elles évoquent l’aspiration de l’âme à un état supérieur de plénitude, la volonté de transcender la condition humaine. Car si les ailes ne battent pas à l’unisson, conformément à l’inspir et expir du Créateur, tout devient problématique, pouvant mener à la chute ou à la descente. Il s’agit du moyen d’atteindre les hauteurs célestes d’un être désincarné. Occasionnellement, elle peut figurer la quête du Savoir (la Réalisation spirituelle, la Connaissance intérieure ou la Sagesse spirituelle) au-delà du monde des apparences, la légèreté spirituelle, l’affranchissement des contingences de lieu, de temps et d’espace. Pour un mortel, elle illustre la libération victorieuse du héros qui prend place parmi les entités de la Hiérarchie supérieure.
Dans la Tradition hindoue, les ailes symbolisent la libération de l’emprise de la matière, comme fruit de la méditation ou de la contemplation, permettant d’accéder au Paradis. Dans le Rig Veda, elles désignent l’intelligence sous les traits du plus rapide des oiseaux. On y dit que l’Architecte céleste crée le monde en agitant ses bras ornés de plumes.
Dans la Tradition égyptienne, les divinités ailées renvoient à des protecteurs. En les recouvrant de leurs ailes, ils offrent un asile sûr aux êtres, aux enceintes et, notamment, aux temples. En général, le dessus des portes était orné d’une représentation ailée d’Amon Râ. La réunion du serpent Butho et du vautour Nekhebet, les symboles respectifs de la Basse et de la Haute Égypte, a donné naissance à un serpent ailé qui représente l’union du Ciel et de la Terre. Ainsi, on ne s’étonne pas lorsqu’on voit le scarabée qui, après avoir rampé au sol, déploie ses ailes, au terme de sa vie, pour s’élever jusqu’au Soleil. Quant au colibri, il exprime l’astre du jour à son lever ou l’âme qui s’élève de la Terre.
Dans la Tradition des autochtones des Amériques, les gens associent les ailes au Soleil, sous la forme de l’aigle. Au Mexique, il prend la forme du condor et le nom de Quetzalcóatl, le serpent à plume bien connu des Aztèques. Dans l’un et l’autre cas, ces oiseaux solaires servent de représentation du ciel, jusqu’où ils peuvent s’élever à l’aide de leurs organes élévateurs puissants. Souvent l’oiseau représente la régénération, le travail de transformation physique réalisé sur Terre, qui permet de voler vers un monde supérieur.
Avec l’arrivée de la Tradition chrétienne, les ailes en viennent à représenter la Lumière du Soleil de Justice qui illumine sans cesse l’intelligence des Justes. Dans les Psaumes bibliques, appartenant à la Tradition juive, Dieu protégeait déjà grâce à l’ombre de ses ailes. Dans ces Traditions, les anges désignent la plus pure expression de l’esprit ailé. On y dit que l’être humain qui s’éloigne de Dieu perd ses ailes.
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Dans la double paire d’ailes ou les quatre ailes, la métaphore éclaire la vitesse absolue de la Conscience divine, omniprésente, omnisciente, omnipotente et omniagente. Dans l’Apocalypse, elle désigne le Vent ou le Souffle de l’Esprit qui provient des quatre points cardinaux et qui peut favoriser l’Illumination ou provoquer la chute dans les Abîmes.
Les ailes aux pieds renvoient à Hermès (Grèce) ou Mercure (Rome), le Messager rapide des Dieux, qui agit au-delà de l’Arc-en-ciel cosmique et qui assure une communication rapide. Ce Dieu portait des ailes aux talons pour rappeler la vélocité de ce messager, source des rêves, de l’impulsion et de la dynamisation. Il faut également savoir que les Grecs représentaient l’Amour et la Victoire avec des ailes. Un membre de cette civilisation, Platon, précise que les ailes réfèrent à l’intelligence. C’est probablement la raison pour laquelle ce peuple donne des ailes à certains de ses animaux mythiques, notamment à Pégase, pour exprimer la sublimation spécifique d’un tel être.
Ailleurs, pour leur part, les ailes de Dieu renvoient à la Puissance tutélaire de l’Être suprême, soulignant son aspect secourable et sécurisant, capable d’élever dans la Béatitude céleste. Elles traduisent également l’incorruptibilité de l’Esprit éternel.
Quant aux ailes de l’âme, pour les mystiques, elles soulignent la détermination spirituelle et l’adoration qui aident à se dégager des ténèbres du monde matériel.
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