par Carlotta Munier
Comment, dans un contexte fort de bouleversements et de paradoxes, les valeurs féminines et leur puissance, telles que l’amour, la douceur, la tendresse, la vulnérabilité… peuvent nous donner des clés pour améliorer nos relations et nous permettre d’évoluer en tant qu’êtres humains dignes, conscients et responsables.
Et si la féminité était la quête de notre époque ? La moitié de l’humanité est concernée par cette démarche. Et l’autre ? N’avons-nous pas tous les deux polarités – féminine et masculine – en chacun de nous ? Alors si chacun(e) pouvait se questionner sur ses valeurs profondes, ses ressentis, sur ce qui le/la meut de l’intérieur, du fond de ses tripes, dans son cœur, son corps et dans l’ombre de son esprit, ici et maintenant, nous pourrions nous ouvrir de plus en plus à cette part féminine que nous portons tous.
Et j’ose imaginer que les femmes et les hommes partant à la découverte de leur propre profondeur pourraient modifier la donne dans les relations hommes-femmes et par là même dans l’équilibre du monde…
Imaginons, cette joue, douce et veloutée d’un jeune enfant qui se tend pour accueillir un tendre bisou, enlace notre cou et nous serre fort de ses bras, et notre cœur s’emplit d’émoi et fond.
Imaginons cette main délicate et fine posée sur une épaule masculine tendue qui se relâche, et notre souffle s’apaise et se pose tranquillement au creux de notre plexus.
Imaginons ce ventre rond et plein d’une nouvelle joie à venir et cette main carrée, puissante qui apprivoise les mouvements internes, et nos yeux s’embuent un instant, dans la magie de la vie.
Imaginons cette voix qui fredonne au chevet du souffrant, la main fraîche sur son front, notre douleur se dissipe, et notre respiration s’allège.
Imaginons ces femmes qui se réunissent pour partager leurs secrets, leurs intuitions ou leurs peines dans la sororité et la simplicité, et notre tête se redresse, nos épaules se dégagent, et la joie monte en nous.
Imaginons ces danses de cérémonies, dans la joie et les rires et notre pas devient plus léger, notre hanche ondule.
Imaginons cette amie blessée qui ose dire à l’autre à quel point son cœur a été meurtri et qui dans sa sagesse et sa générosité, lui pardonne, notre cœur bouleversé fait couler nos larmes.
Imaginons ces hommes réunis, se tenant par les épaules qui s’entraident et se soutiennent dans leur puissance et leur vulnérabilité et notre ventre s’agite.
Imaginons cette main forte et douce qui nous relève le menton afin que cette bouche se pose délicatement sur nos lèvres et notre sexe palpite.
Imaginons, ces courbes et ces creux, cette forêt sombre et mystérieuse, cette peau soyeuse et des baisers la parcourir lentement et délicatement, et notre être entier se met à vibrer.
Imaginons, Imaginons, Imaginons. Et si tous ces gestes, ces attentions, cette présence, cette conscience, cette lenteur, cette sensibilité, cette ouverture, cette rondeur, cet amour étaient bien réels ? Oui, il nous appartient, chaque jour de cultiver ces dimensions, ces valeurs, ces forces, de les répandre et les partager.
Nous, femmes, percevons, ressentons, vivons, au cœur et au creux de notre être ces énergies. Chaque mois, notre corps et notre être se préparent au miracle de la création d’un nouvel être, de la vie et nous sommes ainsi faites que nous avons cette capacité à partager cela avec l’autre, homme, femme, enfant, animal, nature. Nous sommes dépositaires de la sagesse et responsables de sa transmission, par l’éducation, la communication et la relation.
Parce que nous, êtres humains, sommes des êtres de relation, de lien, d’attachement, de partage, d’échange. Nous avons besoin d’être aimés, regardés, touchés, accueillis, entendus, reconnus, nourris, câlinés, protégés, rassurés tout au long de notre vie et avons souvent été carencés dans ces besoins fondamentaux à tel point que ce qui semble si simple, l’est rarement. Nous devenons maladroits, inquiets, angoissés, impuissants, durs ou démunis par rapport à l’autre lorsque l’on se confronte à la différence, à l’inconnu, à l’incompréhension et à nos peurs.
Pouvons-nous apprendre ? Apprendre à être plus réceptif, plus doux, plus tendre, plus présent ?
Oui, nous femmes pouvons apprendre parce que nous le savons déjà et les hommes aussi, le savent également. Nous tous le savons car c’est inscrit dans notre cœur. Alors, osons une main posée, un regard tendre, un léger sourire, un mot doux. Ainsi notre cœur chavire, s’ouvre et renaît à la beauté et à la vie. La danse fluide et légère peut reprendre, comme une valse à trois temps, donner-recevoir-aimer, pour célébrer la vie.
À l’aube d’une nouvelle ère, d’une humanité plus consciente, parce que son avenir en dépend, nous avons à nous tourner vers l’autre, dans la confiance et l’amour. Les manifestations du 11 janvier en témoignent, c’est dans l’amour et le partage que nous nous retrouvons, que nous nous reconnaissons comme êtres humains dignes et vivants, debout et fiers, loin de la guerre, de la violence, de la barbarie. Le lien véritable d’être à être, de cœur à cœur, est nourri par des forces puissantes que sont l’amour, l’amitié, la tendresse, la douceur, la compassion, la chaleur, l’abandon de soi, la conscience et l’intimité.
Alors, traversons nos peurs, passons au-delà de nos blessures, de notre orgueil et nos différences, pardonnons et osons cette intimité qui nous rend plus authentiques et vulnérables. Nous pourrons ainsi nous dévoiler peu à peu, en confiance, et montrer à l’autre qui nous sommes vraiment, dans l’ouverture du cœur et la simplicité, si l’on reconnaît que l’autre fait de même du mieux qu’il peut. Ainsi, nous pourrons grandir ensemble, nous ajustant dans le respect mutuel et l’altérité et construire un monde meilleur.