Hinh-Nen-compressor

par Alyna Rouelle

« Au sujet des dieux, les uns prétendent que la Divinité n’existe même pas ; d’autres, qu’elle existe, mais qu’elle est inactive, ne s’occupe de rien et n’est en aucune façon Providence ; une troisième catégorie de gens soutiennent qu’elle existe et qu’elle est Providence, mais n’a cure que des choses importantes, celles qui concernent les phénomènes célestes, nullement des êtres qui vivent sur la terre ; une quatrième catégorie affirme qu’elle prend soin des réalités terrestres et des réalités humaines, mais seulement d’une façon générale, sans se soucier des détails ; une cinquième, dont Ulysse et Socrate, déclare : Rien ne t’échappe De mes mouvements. » – (Epictète, Entretiens, Livre I, chapitre XII) 

Epictète nous livre ici un beau panel de tout ce qu’il est possible d’entendre et de croire au sujet de ce que les uns appellent Dieu, d’autres Lumière, d’autres encore Source. Dans toutes les langues du monde de nombreux mots existent pour qualifier l’énergie supérieure que l’on a tant de difficulté à cerner, expliquer, circonvenir en une forme instituée de discours qui ferait autre chose que la corrompre, la limiter ou la détruire ; que nous peinons tant à intégrer au sein d’une pratique qui en serait la glorification juste, et qui permettrait sinon d’y accéder, au moins de s’en approcher.

Que ce soit par confort, pour combler un sentiment d’insécurité et d’insignifiance ou pour se sentir relié à une réalité supérieure qui donne sens à sa vie, l’homme a toujours eu besoin de nommer, de représenter et d’adorer cette figure céleste, cette puissance au delà des puissances, cet inatteignable, inaccessible sinon par la prière, l’espoir, l’humilité d’un coeur entièrement transparent. Ce Dieu, ces dieux, on les aime autant qu’on les craint, on les vénère autant qu’on les hait secrètement, on les idéalise autant qu’on sait les mépriser. La grandeur invisible est facile à écraser, à oublier, à renier ; la puissance insaisissable est facile à idolâtrer, à idéaliser, à aimer au delà des mots et des concepts. Depuis que le concept du divin a trouvé naissance dans les discours et les actions des hommes, il existe des pour et des contre, autant qu’il existe de croyants et de non-croyants. Guerres de croyances, conflits au sein même des formes discursives qui se réclament de représenter la parole divine, rivalités des cultes, affrontements idéologiques, contestations des pouvoirs institués ou auto-proclamés pour répandre la bonne parole et ce qu’il convient de faire et de penser… tout est bon pour faire de Dieu le meilleur ami de l’homme si celui-ci accepte de se plier aux différentes formes de pouvoir et de profit qui se sont emparés du domaine du sacré, comme son pire ennemi pour quiconque en refuse l’autorité et la suprématie. Au fil des siècles on a demandé aux gens de faire le choix trop simple, très réducteur aussi, avilissant surtout, de croire ou de ne pas croire. Affirmant que la croyance et la foi permettaient à l’individu de se faire aimer de Dieu, autant que l’incrédulité et l’incroyance le rendaient indigne des grâces divines, on a réussi ce tour de force incroyable, cette pirouette redoutable d’ingéniosité de faire assimiler à tous les esprits que Dieu est quelque chose (ou quelqu’un) en laquelle on doit croire mais dans laquelle on peut ne pas croire. Et il n’y a pas de troisième choix. C’est l’un ou l’autre. Basant ainsi tout rapport à Dieu sur une croyance qui mérite d’être récompensée ou une incroyance qui appelle le châtiment, on a instauré dans le discours puis dans les faits, une étroite collaboration des concepts de sacré et de divin avec tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la peur, la honte et le défi. Peur du châtiment, honte de l’incroyance ou de la foi bête et courbée, défi intérieur de transgression.

Plus l’on place loin au-dessus des nuages la beauté idéale vers laquelle on tend, le pouvoir que l’on espère acquérir, l’amour immense et éternel que l’on réclame, plus l’on finit par ne plus savoir identifier d’où viennent cette beauté, ce pouvoir, cet amour… L’éloignement, une fois de plus, et la séparation d’avec l’homme ont fait de Dieu un étranger, un intrus dans le monde des humains, un inconnu auquel croire est souvent considéré comme légitime, parfois compréhensible, mais aussi méprisable et ridicule. A force de trop éloigner et idéaliser, à force de mystifier aussi plutôt que de considérer la véritable grandeur sacrée, nous nous écartons de Dieu et le distancions jusqu’à ne plus connaître, comprendre ni accepter l’idée non seulement qu’ « Il » puisse exister, mais aussi celle que nous puissions nous en rapprocher.

Aux côtés d’une mystification à outrance, se trouve une autre fâcheuse tendance qui consiste à éliminer toute trace de sacré et à dire : « Chacun croit ce qu’il veut ». Avec cette méthode, on en arrive vite au grand n’importe quoi. En matière de sacré, de divin, on bannit l’objectivité, on la diabolise en lui greffant des cornes, on l’arme jusques aux dents pour effrayer quiconque tenterait de trop s’en approcher. On la masque savamment pour que personne ne puisse, sous l’épais subterfuge, reconnaître la Vérité. Objective et Sacrée, la Vérité se dérobe toujours aux regards par son déguisement de subjectivité, camoufle son visage derrière des masques arborant des titres (slogans?) du genre « Je suis ce que vous décidez que je suis », « Je ne suis rien, je suis tout, je suis ce que vous voulez », «  Chacun fait de moi ce qu’il souhaite », disparaît derrière des pancartes où sont inscrits des mots tels que : « Malléable à loisir », « A compléter », et pour finir : « Oeuvre collective, allez-y avec détachement, la peinture au numéro, tout le monde peut y arriver! ».

A force de désacralisation, on finit par ne même plus pouvoir donner définition à ce qui porte l’humanité depuis la nuit des temps.

On a déclaré la guerre à Dieu dès lors qu’on l’a exclu de l’homme.

Nous vivons aujourd’hui dans une société où, non contents de s’être débarrassés de Dieu, nous nous délestons peu à peu de l’homme. Il ne s’agit pas pour moi ici de dire qu’il nous faut rétablir une croyance massive en une figure paternelle bienveillante, ni bien sûr d’exhorter à l’expression des individualités de désir, mais de définir dans quelle mesure Dieu et l’homme sont liés, et à quel point surtout la disparition de l’Un entraîne inéluctablement la chute de l’autre…

***

Depuis que la notion d’individualité existe, fait sens et donne à penser, le concept de l’autre n’a cessé d’évoluer. Etranger, inconnu, ennemi, extérieur, différent, agresseur, bienfaiteur, tueur, sauveur, guérisseur, parent, ami, amant, supérieur ou inférieur, dirigeant, servant, utile ou inutile, nécessaire, dépendant, admirable, méprisable, aimable, détestable… Tout et son contraire peut, dans nos propos autant que dans nos coeurs, qualifier l’autre. Dans les manuels d’art de vivre et de se comporter, dans les revues de conseil et les guides pour être soi, dans toutes les études de décryptage du rapport à l’autre, trône, maîtresse, la même erreur fondamentale : la séparation.

On a récemment vu apparaître, aux côtés des anciens qualificatifs, des termes nouveaux, des expressions révolutionnaires : l’autre serait un reflet, un miroir, une part de nous. D’un autre « séparé », à l’extérieur de soi, on est passés à un autre « miroir » de soi, reflétant notre intériorité et notre Soi profond, portant un message et nous permettant d’avancer dans notre compréhension (et appréhension) de nous-mêmes et du monde.

Mais depuis quelques temps, un concept plus bouleversant, plus renversant que les idées de reflet et de miroir, une notion plus catégorique encore que toute forme d’acceptation de l’autre comme étant une part de nous : l’Unité.

Dès lors, si l’autre n’est pas extérieur, il ne peut plus non plus se réduire à n’être qu’un morceau, un bout de miroir en face de nous, un vif ou pâle reflet selon les circonstances. L’autre est nous. Se forme alors la dérangeante réciproque : nous sommes l’autre. Nous sommes les autres. La séparation n’existe plus, il n’y a plus que l’Un.

Pour un esprit formé de manière « classique », pour un intellect aussi brillant soit-il, ceci est tout simplement incompréhensible et surtout inacceptable. Arrivent d’ailleurs très vite les premières questions, celles qui font mal :

« Mais ça vaut aussi pour les méchants ?!! Les violeurs, les tueurs, les cannibales, les monstres, les profiteurs, les escrocs et les empoisonneurs ?!!!! »

« N’importe quoi… moi je ne peux pas être tout ça, je n’ai jamais fait de mal à une mouche et je ne supporte pas la violence, tu le sais bien… »

«  Moi ?! Non mais tu t’entends ?! Moi je serais toutes ces horreurs dont le monde souffre tellement ? Tu te rends compte de ce que tu me dis ? Avoir conscience de tout ce qu’il se passe partout me rend malade et toi tu me dis ça ?!! »

Ensuite, bien sûr, le refus radical :

« Je ne m’abaisserai pas à avoir cette conversation. »

Puis le sarcasme :

«  Donc toi tu l’es aussi ? Toi, avec tes grands airs lumineux, tu es tout ça aussi alors ! Ha ha ha ! »

Enfin, la version pratico-pratique :

«  Bon, ok, admettons. Et ça nous avance à quoi de savoir ça ? On en fait quoi ? Si je suis tout et tout le monde, je peux donc tout changer, alors comment je fais ? Je prends des cours avec Dieu ? »

Rectifions justement une donnée élémentaire. Être tout, ne signifie justement pas être chaque chose de manière isolée, mais être Le Tout, au-dessus d’elles. Et c’est bien là que le sujet devient passionnant : il ne s’agit plus, dès lors, d’être les méchants et les gentils, l’ombre et la lumière, la cruauté du monde autant que toute la bonté qu’il recèle. Il n’est pas question non plus d’être la justice autant que l’injustice, le mal en même temps que le bien, ou, pour utiliser une image plus simple, de considérer que nous sommes le noir et le blanc, le vice et la vertu ; mais bien plutôt de prendre conscience qu’une « qualité » supérieure à toutes ces idées les enveloppe et les englobe sans exception. Et c’est cette qualité que l’Unité. Telle est notre Essence. C’est cela, et cela uniquement que nous sommes. C’est ce Tout qu’il nous faut accepter d’être.

Profitons de l’occasion pour confronter deux idées très largement répandues. L’une consiste (je schématise) à se représenter Dieu assit sur un nuage et observant sans sourciller toutes les souffrances des hommes. J’entends très souvent que s’Il le voulait, Il pourrait tout arrêter, sauver tout le monde, etc., mais que pour une raison obscure (et manifestement perverse) Il ne le fait pas. Nous avons donc ici l’image d’un Dieu tout puissant mais sans amour ni compassion qui se délecte du spectacle de l’auto-destruction perpétuelle de l’humanité. Certains savent mieux que personne expliquer comment, parce qu’Il a confié aux hommes le libre-arbitre, Dieu s’est délesté de toute responsabilité et que c’est ce qui fait Sa grandeur ; d’autres affirment que c’est précisément la raison pour laquelle ils ne peuvent croire en Lui. D’autres encore estiment que chacun de leurs mouvements et « prévu d’avance », organisé, planifié, inévitable car obéissant à un « plan d’action » régi par Dieu lui-même ou la Source de l’Univers ; la fonction de responsabilité est ici écartée de manière très subtile : je ne suis pas responsable de mes actes car une puissance supérieure l’est à ma place. On peut entendre de la part de ces personnes des choses du genre : « Dieu agit à travers moi, je ne suis qu’une marionnette indigne », et autres dévalorisations de l’individu en tant que tel…

Certains, au contraire, prennent un parti pour le moins radical : ne croire qu’en l’homme, puisque de manière tout à fait rationnelle, l’homme est concret, visible et palpable, alors que Dieu ne possède aucune de ces trois qualités « requises » pour toute acceptation scientifique. On peut souvent entendre dire ainsi qu’étant donné qu’on ne sait pas si Dieu existe ou non, autant arrêter de perdre du temps à essayer de le découvrir ou de le prouver, et penser à autre chose ; croire en l’homme est une technique qui a plus d’une fois fait ses preuves et mérite qu’on la retienne dans la catégorie des « types de croyances qui mènent quelque part ». Les plus matérialistes vous diront que toute autre « technique » est encore le moyen le plus simple de ne jamais rien faire ; les autres que de toute façon, si Dieu existe vraiment, et qu’Il a vraiment fait l’homme à Son image, alors quelque part croire en l’homme, c’est un peu croire en Dieu aussi.

Au sein de la séparation, tout le monde y va de son point de vue, chacun a son idée bien formée sur l’existence ou la non-existence de Dieu, sur le fait que croire ou ne pas croire, est vital et source d’inspiration, ou bien plutôt stupide et preuve sinon de troubles psychiatriques, et tout au moins de faiblesse mentale et psychologique. L’Unité, autant sur le plan du discours que dans le domaine de l’idéologie, dissipe toutes ces frénésies de point de vue avec un aplomb intéressant et superbe : Je suis, tu es, il / elle est, nous sommes, vous êtes, ils / elles sont… : Dieu.

Je suis Dieu. En observant les réactions à un tel énoncé, on se rend compte que curieusement, ce point fait encore plus mal :

« Tu es Dieu, ha ! Non mais quel égo ! Et donc moi je suis Dieu aussi ??!!! Euh… l’hôpital psychiatrique ‘est par là! »

«  Oui oui c’est ça, nous sommes Dieu, tu as raison, allez, changeons de sujet va, ça vaut mieux… »

L’Unité nous fait peur des deux côtés. Nous rejetons catégoriquement la possibilité d’être ce que nous abhorrons, mais nous refusons parfois plus violemment encore l’éventualité d’être ce que nous admirons le plus, ce que nous considérons comme étant le plus beau, le plus haut, le plus merveilleux, supérieur et puissant. Au lieu de soulagements, de « ouf », en lieu et place de Joie et de gratitude, des réactions qui peuvent être pires encore ! A la source de tout cela, un seul et même obstacle : la fuite paniquée devant notre Responsabilité.

L’Unité pose trois problèmes fondamentaux à nos entendements. D’une part elle provoque la disparition soudaine et totale de toute victimisation possible ; elle marque ensuite le commencement d’une existence de Toute Puissance Responsable, et ça, on a beaucoup de mal à l’entendre ; pour finir, elle implique tout simplement la condamnation à mort de nos vies construites sur des désirs d’égo. En effet, et très paradoxalement, avoir la force de dire « Je suis Dieu », requiert d’être dans un état absolument exempt d’égo. Il ne s’agit en aucun cas bien sûr de se prendre pour Dieu, de se dire et de se présenter comme étant Dieu, encore moins de faire croire que l’on est Dieu ; hors de question aussi de demander aux gens qui nous entourent de nous traiter comme ils traiteraient Dieu, ou d’utiliser le principe d’Unité pour faire naître une toute nouvelle forme de pouvoir. Il s’agit d’ÊTRE Dieu ; tout autre verbe est hors-sujet.

Je ne puis m’empêcher de faire un parallèle avec la formule si connue de William Shakespeare : « Être ou ne pas être, telle est la question. »

Au coeur d’une époque où le « Faire » est supérieur à tout, et où le « Croire » est encore un outil de domination privilégié, cette formule littéraire semble détenir une clé des plus précieuses ; elle définit avec une simplicité folle le challenge de toute vie : être ou ne pas être Dieu.

Voici ce que l’on peut entendre alors :

« Oui bon ben je n’ai plus qu’à me suicider… »

« Donc on n’a plus le droit de se plaindre quoi… Si quelqu’un m’agresse dans la rue c’est de ma faute et c’est bien fait pour moi c’est ça ? »

« Ce n’est quand même pas donné à tout le monde de vivre ainsi… tu en as de bonnes toi ! »

« Tu te rends compte que si on est tout et tout le monde, et que tout le monde est Dieu, on n’est plus personne…? »

Justement non. Attention aux compréhensions erronées. Unité ne veut en aucun cas dire uniformisation. Ce sont même deux principes radicalement opposés, contraires, ennemis.

La diversité est l’une des plus belles et grandes richesses de l’Unité.

Accepter d’être tout, même ce que l’on ne peut comprendre, tolérer, apprécier, n’est pas devenir ce que l’on méprise, ni se fondre ou se confondre dans ce que l’on juge mauvais ou destructeur. Ca ne veut pas dire se laisser marcher sur les pieds, ni agresser, encore moins engloutir ; on ne marche pas sur les pieds de Dieu, personne ne L’engloutit, Il est « inagressable »… Il nous faut bien sûr prendre garde à ne pas confondre « accepter tout ce qui est comme étant Dieu », et le fait de cesser tout combat juste, ou toute idée pour la guérison et l’élévation du Monde.

L’incompréhension, le découragement et la détresse sont légitimes lors de nos premiers pas dans la conscience de l’Unité. Le sentiment d’être abandonné aussi… Car si l’on est Dieu, si l’on est Tout, alors toutes les solutions se trouvent à l’intérieur de nous, et tous les soutiens possibles également. Les bras réconfortants sont les nôtres et, paradoxalement, plus l’on se sent tout, plus l’on se sent seul. mais l’extrême richesse, la joie intense, profonde, permanente ne tardent pas à se manifester. Car enfin être tout, être tout le monde, être cette vibration supérieure qui régit chaque cellule d’existence, c’est non seulement disposer de tous les outils, possibilités et pouvoirs, mais aussi tomber en amour pour tout !

Tomber, enfin, en amour pour Soi…

C’est effrayant n’est ce pas ? Bien sûr que c’est effrayant, terrifiant même. Chaque processus de transformation fait très peur. Ca fait peur la vie ! Et le bonheur, la réussite, l’extase, ça fait très peur aussi… ! Est ce que cette peur disparaît, et quand disparaît-elle ? Comme dans toutes nos expériences de l’inconnu… une fois que c’est fait ! Toutes les premières fois font peur. On tombe, on se trompe, on s’égare, on peine un peu, on travaille beaucoup, on ré-essaie, on recommence, on tombe encore… et on y arrive. C’est exactement la même chose. Tout ce qu’il est possible de faire c’est sauter, se lancer, ou pas. On ne peut pas croire ou ne pas croire, comprendre ou ne pas comprendre, vouloir ou ne pas vouloir ; toutes ces anciennes manières d’aborder la vies sont « passées de date » en ce qui concerne l’état d’être suprême ; cela revient à se battre continuellement contre soi. Cesser le combat est la seule manière de mettre fin à toute souffrance.

Je suis. Telle est l’unique clé, telle est l’Unité.

Inutile et hors de question de s’annihiler, Être demande avant tout d’être soi à fond. Assumer qui l’on est, tout ce que l’on est, sans réserve afin de tout illuminer. J’entends souvent des gens désespérés me dire leur peur de ne jamais réussir à s’améliorer suffisamment pour pouvoir vivre une telle expérience… Mais il ne s’agit pas de s’améliorer ! On ne change pas Dieu ; on ne l’améliore pas non plus : on y accède.

Dieu Est Celui qui Est. On ne peut qu’Être Dieu.

C’est avant tout grandir, soi, pour faire jaillir ce que nous sommes dans tout ce qui est, tout pénétrer de soi, et se laisser remplir par tout. Laisser couler, ruisseler, circuler tout en nous et circuler soi-même en chaque chose et chacun. Rayonner partout, en tout et en chacun, et laisser tout, et chacun, rayonner en soi. C’est accéder à l’infini.

On me demande souvent si cela correspond à se sentir être une goutte dans l’océan. Si l’humanité et l’univers étaient l’océan, chacun de nous serait une goutte formant cette immensité. Bien que cette image soit très belle, elle est incomplète et réductrice.

Voici donc la réponse que je fais inlassablement, avec tellement d’Amour et de Joie de voir des milliards d’étoiles s’allumer dans vos yeux et vos coeurs, et de sentir ce délicieux frisson témoin de Vérité vous parcourir : vous êtes une goutte dans l’océan, vous êtes chaque goutte qui constitue l’océan, et vous êtes l’océan. Vous êtes la structure chimique de l’eau, vous êtes le sel qu’elle contient, vous êtes le mouvement des vagues, ainsi que vous êtes chaque vague, vous êtes toutes les formes, les couleurs et les sons que sait revêtir et emprunter l’océan. Vous êtes le sol sous lui et le ciel au dessus, vous êtes absolument tout ce qui permet à l’océan d’exister.

Prenez bien conscience que toute conception timide de vous-même ou du monde est un péché. Considérez-vous de la plus belle manière possible, imaginez-vous être ce que vous pouvez vous représenter de plus merveilleux, de plus parfait, de plus élevé. Une fois que vous parvenez à maintenir cette vision en vous, dites vous bien que cette vision, bien qu’elle vous semble absolument extraordinaire, ne représente en réalité que 0,0000000000000000000000000000000000000000000000000001 % de ce que vous êtes véritablement.

Vous êtes l’atome, la cellule, vous êtes les plantes, les animaux, les voisins et peuples, les pays, les planètes, vous êtes les galaxies, les systèmes, les mondes. Vous êtes tous les plans et toutes les dimensions. Vous êtes le passé, le présent, le futur ; vous êtes l’Eternité, la Perfection, l’Absolu. Vous êtes Dieu.

– Oui… donc ça veut dire qu’on est libres… Vraiment libres.

Non, vous n’êtes pas libres. Vous êtes la Liberté.

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