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Alyna Rouelle

Le domaine de la spiritualité est encore, je crois, une manière d’échapper aux réalités universelles, de se dérober à la Vérité, d’éluder la nature véritable du divin et du sacré. Ceci, bien entendu, malgré des apparences fort trompeuses. Au premier regard jeté sur tout ce qu’englobe le concept de spiritualité, il semble au contraire que le flot, l’océan d’informations, d’avis, de découvertes, de déclarations et de transmissions disponibles, soient entièrement tournés justement vers cette Vérité et que leurs projecteurs soient braqués sur elle dans l’unique but d’en révéler la véritable nature.

Mais cette surabondance, cette overdose pourrait-on même oser dire n’est en réalité que l’expression de peurs profondément ancrées, de répétitions de discours et de récits d’évènements voués à masquer encore et toujours le secret de leur propre essence.

De la même manière que les religions n’ont de cesse de détourner de leur sens premier les révélations faites par leur figure représentante, le courant que l’on nomme spiritualité « nouvel âge » perpétue lui aussi cette tradition de fuite, de soustraction, d’omission et… de mystification de faits tronqués.

Il apparaît que sous cette ostensible vénération du spirituel se cache la plus profonde des craintes. Tout semble organisé de telle manière que des barrages, limites, portes et seuils soient placés en amont de ce qui paraît trop incontrôlable, d’une richesse et d’une puissance difficilement maîtrisables et qu’il est nécessaire d’alléger pour en faciliter la compréhension et, paradoxalement, le refus, le déni, puis le rejet par le plus grand nombre. Tout prend place comme si l’on avait effacé jusqu’aux sources de son existence, jusqu’aux traces de sa présence dans la réalité universelle, dans la dynamique du monde, dans la vie de l’homme. Noyée sous des tonnes de discours contradictoires, des milliards de possibilités, une infinité de références, la même frayeur sourde, étouffée, le même réflexe d’exclusion. Derrière une apparente impatience de révélation, la visible attente et l’espoir exprimé du jaillissement de la vérité se tapissent l’angoisse du surgissement, la peur de l’apparition, l’effroi anticipé de la violence de l’explosion, la terreur de l’éruption, du bouillonnement transformateur, de la périlleuse métamorphose, de l’aveuglante et de l’irrévocable transfiguration.

Au delà de la timidité, du trac, un frisson de panique et d’affolement habite tout chercheur spirituel qui se respecte.

On ne peut effacer cette crainte, mais afin de l’analyser de manière objective et dans des conditions neutres, il convient de se résoudre à accepter trois étapes auxquelles notre  méthodologie de pensée actuelle se refuse quelque peu. Ces trois étapes ont pour fonction de délimiter des espaces de respiration nécessaire entre la volonté de savoir, découvrir, apprendre et connaître, la mystification des discours spirituels, et enfin l’enfouissement, la déformation puis la disparition des valeurs véritables au détriment de la Vérité.

Il s’agit dans un premier temps d’accepter l’ignorance : la soif de savoir et de découverte nous conduit bien souvent à laisser sur le bas côté l’obligatoire humilité et l’incontournable nécessité d’admettre avoir à « commencer quelque part » et par un cheminement plus ou moins long et difficile, à procéder étape par étape, à effectuer les choses dans le bon sens et dans un ordre correct.  La faculté d’analyse distante, l’approche raisonnée des discours et expériences sont, dans un second temps, tout à fait essentielles ; la prudence qu’il faut alors revêtir, le discernement dont il faut se parer sont et demeureront les outils les plus efficaces et utiles au chercheur de Vérité, au quêteur de Liberté, à l’investigateur du Sacré. Finalement, la capacité à maintenir dans son coeur et dans sa pensée la vision du but recherché, conserver l’idée de la souveraineté du résultat souhaité permettra non seulement de ne pas s’égarer, mais d’aller plus vite, plus facilement et plus directement au terme des recherches et pratiques entreprises. Trois fonctions donc, trois rôles, trois portes d’accès majeures, une trinité dans l’Unité : l’approche de la Vérité, la révélation de ses secrets, l’expérience concrète des principes qui la régissent.

Si ce terme d’Unité revêt encore pour beaucoup d’entre nous un vêtement de mystère et se distingue d’autres notions par le « flou artistique » complet dans lequel il ne manque pas de nous projeter, il n’en est pas moins un élément central, une notion clé sur la voie de tout chercheur de l’occulte.

Que ce soit sur le plan scientifique autant que dans le domaine spirituel, le concept d’Unité demeure l’un des plus délicats à expliquer et je ne consacrerai que plus tard un article approfondi sur ce sujet aussi riche que vaste et qu’il convient d’aborder avec le plus profond sérieux afin de ne pas s’écarter de sa signification essentielle.

Loin de moi l’envie de vouloir simplifier les choses en imageant une définition trop difficile  à fixer ; il n’est pas non plus dans mon intention de me soustraire à l’exercice d’enseignement que requiert une telle notion et d’en laisser à d’autres la charge et la responsabilité ; j’avais plutôt dans l’idée de fournir comme un avant goût, un premier contact, une initiation au principe d’Unité.

 Je pense que ce principe, que j’aborde ici avec autant de délicatesse que de prudence, contient et formule à lui seul tous les problèmes fondamentaux de notre époque. Si les sagesses anciennes lui ont été et lui seront éternellement redevables et reconnaissantes, la mystique, la science et la spiritualité d’aujourd’hui et de demain en sont et en seront infiniment dépendantes.

C’est bien parce que j’ai conscience de sa signification véritable, de la portée de son pouvoir et des portes, chemins et voies qu’elle ouvre et permet que j’emprunte à la forme littéraire du conte la possibilité d’exprimer à la fois mon questionnement et les réponses qui m’ont été données, mes projets autant que mes réalisations, mon souhait le plus cher autant que ma réalité effective.

Si je n’ai pas encore les mots qui me permettraient d’en livrer toute la splendeur de manière plus directe aujourd’hui, je suis honorée par l’élan qu’Elle me fournit pour transmettre, par le biais de cet humble hommage, le sentiment de joie profonde que suscite en moi l’expérience que je fais d’Elle chaque jour.

 ***

Le vieux, le village et la pluie

 Un beau matin, dans un petit village perdu dans les montagnes d’Asie centrale il se mit à pleuvoir.

Le lendemain la pluie continua de tomber, le jour d’après aussi. Les semaines, les mois passaient, l’eau ne cessait plus de tomber.

Les villageois constatèrent, stupéfaits, qu’en dehors du village, le sol était sec et le ciel dégagé.

Il ne pleuvait que sur le village.

On crut à un mauvais sort, à une malédiction ; on envoya chercher le chaman. Aucun résultat. Les sages, guérisseurs et chamans des villages alentours tentèrent, chacun avec ses plus puissants objets, incantations et rituels sacrés, de déjouer le sortilège. Rien n’y faisait ; la pluie continuait de tomber.

On se souvint alors qu’un vieil ermite vivait là haut, dans la montagne. Mais le mépris pour ce vieux que beaucoup considéraient fou prit le pas sur l’espoir qu’apportait une nouvelle possibilité, une autre chance à tenter. Qu’est ce qu’un vieillard solitaire connaît aux puissances de la nature… Ce qu’il fallait au village, c’était un mage, un sorcier très puissant !

Mais tous les mages et sorciers puissants échouèrent. La pluie tombait inlassablement. Les mois passaient et bientôt, toutes les réserves de nourriture seraient épuisées et les habitations détruites et avalées par le sol détrempé.

On accepta de donner sa chance au vieil ermite ; on l’envoya chercher.

Lorsque celui-ci arriva, il regarda chaque habitant du village droit dans les yeux, longuement, puis s’assit sur le sol et contempla la boue liquide qui menaçait de tout noyer. Il resta ainsi, calme, souriant, impassible, plusieurs heures. Les habitants du village commençaient à s’impatienter et trouvaient le trempé et dégoulinant personnage ridicule et inutile.

Le vieux demanda qu’on lui construise une petite cabane en dehors du village ; il habiterait là le temps qu’il lui faudrait pour rétablir la situation.

Non sans protestations, on lui construisit ce qu’il avait demandé. Le vieillard s’y enferma et y demeura plusieurs jours. Il n’en sortit jamais, pas même pour prendre la nourriture qui était chaque jour déposée devant sa porte.

Un matin, la pluie cessa et la foule se massa autour de la cabane silencieuse. Le vieux en sortit, s’inclina, et remercia les villageois avant de retourner dans la montagne sans dire un mot de plus.

Au village on célébra le victoire durant des semaines, on festoya, on veilla, on fit des offrandes au soleil de nouveau resplendissant et à la terre redevenue ferme et fertile. La vie reprit son cours.

Parfois on se demandait comment ce vieux bougre avait réussi à faire ce que les plus grands magiciens avaient été incapables d’accomplir. Puis on cessait d’y penser et on festoyait de plus belle.

Le jeune garçon qu’on avait envoyé chercher l’ermite avait, lui, besoin d’une réponse à cette question et il partit à sa recherche.

Lorsqu’il pénétra dans la grotte du vieil homme, celui-ci l’attendait. Il allait lui donner la réponse qu’il était venu chercher, et il lui révèlerait en même temps le plus grand secret de l’univers. Le jeune homme, stupéfait et bouleversé s’assit en silence et écouta. De sa voix douce le vieil homme lui raconta la naissance du monde. Comment au tout début, au tout premier instant, il y avait l’Un, il y avait le Tout. Tout ne faisait qu’un, chaque chose était l’autre, tout s’interpénétrait, tout respirait d’un même souffle. Les hommes qui peuplaient la terre en ce temps là étaient heureux et vivaient en paix. Ils étaient tout et tout était eux. Une nuit, la séparation fit son entrée dans la vie de l’Un. Ce jour là apparurent à l’homme une multitude de choses extérieures à lui : le soleil, la lune, la terre, l’eau, les plantes, les animaux, les autres… tout s’était séparé. L’homme n’était plus tout, et plus rien n’était lui. Cette nuit là est celle de l’apparition des maux car on ne peut comprendre ce qui n’est pas en soi, on ne peut guérir ce qui n’est pas en soi, on ne peut accéder à ce qui nous est extérieur, étranger. Ce fut le début des souffrances et des faiblesses, des maladies et des guerres. Mais tout cela était faux. Tout cela était illusion.

Le vieil homme s’arrêta ; il fixait le garçon d’un regard qui semblait vouloir dire : vois-tu où je veux en venir…? Comprends tu ce que je t’enseigne ?

Non, il ne comprenait pas.

Le vieux reprit :

– C’était un rêve !! Un mauvais rêve ! Ah ! Rien qu’un rêve !!!

Le vieux avait crié si fort que la grotte avait tremblé. Le garçon était apeuré. Dans son corps des choses retentissaient, frémissaient. Ce cri, ces mots criés avaient déclenché au coeur de chacune de ses cellules comme une révolution, un retournement ; il comprit qu’il avait en face de lui un être dont il ne soupçonnait ni ne pouvait concevoir la puissance et le pouvoir.

Il voulut s’enfuir, se sentant submergé, mais se retint ; il ne partirait pas avant d’avoir obtenu réponse à sa question.

– Tu as fait cesser la pluie … dit-il tout bas.

– Oui.

– Comment … ? Comment as-tu fait cesser la pluie ? Personne n’y est parvenu avant toi.

– C’est parce que je suis sorti du rêve.

– … Tu prétends que les plus grands chamans du pays sont endormis ?

– Je ne prétends pas, j’affirme. C’était un rêve ! Un mauvais rêve !! Je n’ai rien de plus que les mages dont tu parles. Excepté que lorsqu’ils sont venus sauver ton village, ils sont venus séparés de tout. Il y avait eux, vous, le village, la pluie, les gri-gri, la terre, l’eau, leurs pouvoirs, leurs rituels, votre désespoir… Ils sont venus, séparés d’eux, guérir le village et faire cesser la pluie.

– Oui, et alors ? Toi aussi !

– Non… Moi, je suis l’Un. Je suis le village et je suis la pluie. C’est moi que j’ai guéri, c’est à l’intérieur de moi que j’ai sauvé le village ; c’est en moi que j’ai fait cesser la pluie. Tel est le pouvoir de l’Unité, tel est le plus grand secret de l’Univers. Pour qu’il y ait dérèglement dans ton village, il y avait disharmonie en chacun de vous. Et pour qu’il existe en chacun d’entre vous, ce dérèglement était quelque part en moi et c’est en moi et en moi seul que se trouvait la solution, que pouvaient et devaient s’instaurer de nouveau l’équilibre et l’harmonie. On ne peut rien sauver ni guérir à l’extérieur de soi ;  si je n’avais pas accepté d’être vous tous, chacun de vous, de devenir le village, si je n’avais pas été la pluie, si je n’avais pas embrassé toutes ces existences au sein de ma propre vie et de mon propre corps, aucun changement ne se serait produit.

– Pourquoi ne viens-tu pas célébrer au village avec nous ? Pourquoi restes-tu dans cette grotte ?

– Je ne suis ni dans cette grotte, ni à l’écart de la fête, ni loin de vous. Je suis la grotte, je suis la fête et je suis vous. Tout se déroule en moi.

18 Octobre 2015

 10 h 00 – Rencontre, échange et partages – Jardins du Luxembourg (Paris)

 Je serai ravie de vous retrouver dimanche pour un moment joyeux et convivial autour d’un brunch de lumière !

***

–  13 Février 2016

Journée conférence – stage à St Julien de Cassagnas (Nîmes)

 Je serai présente plusieurs jours sur place pour effectuer des soins ; pour toute demande de renseignements, inscription ou détail d’organisation, merci de contacter Rachel :      

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 Dans la Joie de vous y retrouver et/ou de vous y rencontrer !

 Alyna

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