par Bertrand Duhaime
Reliée à la Vérité, l’authenticité représente l’une des qualités indispensables des temps présents. Il s’agit de l’état de ce qui est vrai ou exact ou dont l’origine ou la valeur est incontestable. C’est encore ce qui est dressé dans les formes légales. Ainsi, dans un sens, l’authenticité exprime qu’une chose est elle-même et non une autre ou qu’une réalité est telle qu’elle se présente ou se manifeste et non autrement. Dans un autre sens, elle exprime la coïncidence ou la conformité entre la pensée, le ressenti et la parole. En cela, c’est l’enfant qui, dans sa candeur, illustre le mieux l’authenticité, cette qualité que chacun devrait conserver, car s’il ne dit pas toujours la vérité, il reste à l’écoute de lui-même, il dit toujours ce qu’il pense et il fait ce qu’il a envie de faire, sans s’en imposer davantage. Ainsi, s’il peut déplaire aux autres, il reste satisfait de lui-même.
Pour l’individu, elle devient l’identification entre son être et son paraître : la réalité et l’image se confondent. Elle souligne qu’un être est transparent et qu’il ne cache rien. Autrement dit, il est fidèle à sa réalité, à ses principes et il y ajuste ses comportements de sorte que sa vie y trouve son orientation et son unité. Dans ce cas, l’authenticité surgit d‘un approfondissement de soi-même. En spiritualité, il s’agit de la faculté de s’accepter de façon inconditionnelle et de s’exprimer de façon parfaite. On pourrait dire qu’elle consiste à rejeter ce que les autres peuvent dire qu’on devrait être si cela diffère de ce que le Créateur a choisi pour soi. En cela, il n’y a rien de plus authentique, ici-bas, qu’un enfant.
L’être authentique ne porte pas de masque : il est comme il se présente. «What you see is what you get», voilà sa maxime. Il est intègre, honnête, loyal et sincère. Il accepte ses différences, il assume sa rareté et son unicité et il agit en fonction de ses valeurs et de ses croyances, non du regard d’autrui. Il parle comme il pense et il fait comme il dit, il vit dans la cohérence entre la parole et l’acte. Autrement dit, il est fidèle à lui-même de sorte que ce qu’il dit reflète ses sentiments profonds. Il se respecte et il respecte les autres. Il vit sa vérité, celle qui se cache au centre de lui-même, se fichant des apparences. Il vit sa vie et il laisse vivre, ne tentant jamais d’imposer ses vues ou sa perception des choses et de la réalité. Il s’évalue à partir des critères de sa propre conscience en oubliant le regard d’autrui parce que leur appréciation tient pour lui peu d’importance.
Ainsi, l’être authentique écarte la peur du jugement, les jeux de pouvoir, la mentalité de victime et le sabotage du perdant. Il sait qu’il est préférable, et plus rentable à long terme, d’être lui-même que d’être bien vu et de devenir populaire. Il évite que l’acte faux prenne forme au sens qu’il écarte ce qui s’oppose à ses inclinations et à ses intuitions. En fait, il vit d’une façon détachée parce qu’il a éliminé le besoin de bien paraître aux yeux des autres du fait qu’il s’évalue à partir de ses propres critères et de ses valeurs personnelles.
Chez un être, il y a une marge entre l’authenticité et ce qu’il veut faire passer pour de l’authenticité parce que, dans nombre de cas, la duplicité peut utilement servir de stratégie de survie. N’est authentique que ce qui peut se démontrer par son degré de transparence, de vérité profonde, de consonance intérieure, car l’authenticité implique la capacité de se mettre à nu devant ceux qui le méritent et peuvent en faire bon usage. Ainsi, il lui faut sortir du domaine du paraître et du vouloir plaire parce qu’être lui-même et se sentir bien dans ce qu’il fait reste la seule manière de vivre pleinement satisfait. Il s’accepte comme il est au point de supprimer au mieux l’écart entre l’image qu’il a de lui-même et celle qu’il transmet aux autres. Il est lui-même : il s’accepte comme il est, avec ses qualités et ses défauts, ses grandeurs et ses faiblesses, ses limites et ses espoirs, ses certitudes et ses doutes, sa confiance et ses peurs, ses aspirations et ses angoisses, bref, avec sa vulnérabilité et sa peccabilité ou, mieux dit, avec une humanité susceptible d’améliorations. Dan son quotidien, il se montre comme il est fait et il se fait prendre comme il est.
Le point de départ de l’authenticité réside dans l’aptitude à se réconcilier avec soi-même, à se pardonner ses apparentes carences, ce qui n’est pas toujours facile, surtout pour un idéaliste, un perfectionniste, un être imbu d’amour-propre, pour un prétentieux ou un menteur. Comme l’authenticité implique le devoir de refléter la vérité, elle exclut le fait de porter un masque, de forcer sa nature, de faire des arrangements avec la vérité, de se faire le jouet de ses illusions, de faire des compromis avec sa conscience, de multiplier les omissions volontaires ou les mensonges pieux, de faire preuve de mauvaise foi, d’aller à l’encontre de son idéal. Elle se fonde sur une quête de vérité, donc sur du sincère, du véridique, du véritable, du candide, du naturel. Elle résulte d’une bonne relation avec soi-même fondée sur la connaissance de soi, l’acceptation de soi, l’estime de soi, le respect de soi et la confiance en soi. Elle implique le fait d’être sincère avec soi, de s’en tenir à ce qu’on croit et d’éviter de s’embarrasser de comportements qui viseraient à tenter de compenser pour ses manques.
Malgré les oppositions et les critiques, l’être authentique ose se lancer dans diverses expérimentations pour découvrir ce qui lui convient, ce qui est rentable et efficace pour lui, ce qui ouvre le mieux sa conscience. C’est ainsi qu’il parvient à se libérer de croyances décadentes ou désuètes et à discerner l’action juste selon le contexte ambiant. En effet, dans un pays libre, un être peut tout dire, mais, dans un pays totalitaire, se permettre la même liberté pourrait revenir à exposer sa vie. Encore, dans le succès, il reste simple et modeste. Il cherche constamment à extérioriser sa véritable nature, fuyant les simulacres et la superficialité. Il cherche à reconquérir les valeurs fondamentales de l’existence.
Dans le domaine spirituel, être authentique, c’est surtout être moins ce qu’on pense ou veut être dans sa personnalité pour être ce qu’on est dans sa Réalité originelle. Et pour cela, il faut écarter l’ego, faire le vide qui permet de faire le plein. Être authentique, c’est être moins de ses croyances, de ses jugements, de ses préjugés, de ses arrière-pensées, bref, de ses concepts illusoires, pour céder toujours davantage de place à Qui on est, un Être de Vérité, d’Amour et de Lumière. Car être vrai dans son individualité implique la dissolution de la personnalité. Ainsi, être authentique, c’est vivre moins dans les résistances, fomentées par la personnalité, pour être davantage dans son individualité. C’est accorder moins de temps à ses peurs, à ses doutes, à ses angoisses, à ses questionnements, pour en accorder plus à la confiance en ce qu’on est au plus profond de soi, un Être de puissance, de plénitude, d’éternité, d’infinité, de félicité. Encore, pour accorder plus de temps à la simplicité, à l’humilité, à la transparence, à l’esprit d’enfance. C’est surtout être moins dans la tête pour être plus dans le cœur qui accepte l’expérience du moment comme elle se présente, agréable ou désagréable, sachant la considérer comme la plus pertinente, du point de vue évolutif, conformément au choix de l’Intelligence cosmique. C’est aussi vivre dans le Présent éternel sans plus se projeter dans le passé, qui n’est plus, ou dans l’avenir, qui n’est pas encore, pour vibrer plus à l’unisson de ce qui est dans l’immédiateté.
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