par Bertrand Duhaime
Tout aspirant peut traverser une crise évolutive, même qu’il est rare qu’un être incarné puisse lui échapper… Car dans la densité et la dualité, les expériences agréables et désagréables ne se présentent pas forcément en alternance, sans compter que ce qui n’est pas réglé ou résolu s’accumule et finit par devenir un fardeau qui pèse ou, peut-être, qui écrase… Alors, l’être peut diversement sombrer dans le brouillard, le cafard, la démotivation, la détresse, la dépression, le dégoût de vivre… jusqu’à éprouver la nuit de l’âme. Il ne voit pas de lumière au bout du tunnel.
Par crise, il faut évidemment entendre une période décisive ou périlleuse de l’existence qui résulte généralement de la part d’inconnu, comprise dans une phase de croissance ou d’expansion, qui sape les repaires habituels et réduit le degré de maîtrise de la situation, par manque de vision spirituelle. Il s’agit d’une période difficile de la vie qui provoque un état temporaire de déséquilibre ou de désarroi. C’est la traversée du désert ou de la forêt touffue. Chaque crise comporte un grand potentiel pour l’amélioration dans la mesure où elle est bien comprise et bien gérée. Elle témoigne d’une avancée sur la Voie de la conscience ou de l’évolution.
L’être humain ne peut évoluer sans crise formant son expérience en oscillant entre les extrêmes pour découvrir le juste milieu. Même celui qui ne fait rien ou ne veut rien faire traverse tôt ou tard des crises successives, d’autant plus retentissantes qu’il ne fait rien. L’être qui expérimente peut traverser des crises du fait que, fonçant dans l’inconnu, il peut aboutir autant à la réussite qu’à la demi-réussite ou à l’échec complet. L’être rassasié et complaisant connaît aussi des crises parce que l’appel à la vie, à travers lui, est irrépressible, invitant toujours à progresser.
Quand survient une crise, il faut surtout éviter de s’affoler. Dieu ne punit pas, il veut ramener à l’Ordre. La crise surgit d’un obstacle difficile à éliminer ou d’une résistance tenace. Celui qui a compris et s’est amendé annule la rétribution. Mais il y a plus: toute crise engendre une réorientation évolutive de la personnalité, pouvant améliorer l’échelle des valeurs, si on sait en profiter au lieu de se laisser abattre et de s’apitoyer sur son sort. Celui qui fait les épreuves connaît aussi les épaules qui les supportent. Après la pluie vient le beau temps. Celui pour qui ça va trop bien peut s’attendre à bientôt passer par une crise, s’il reste ouvert à la vie, ne se complaît pas dans le ciel qu’il a atteint. Celui pour qui ça va très mal peut s’attendre à bientôt passer par une expansion, s’il sait employer correctement ses potentiels.
L’évolution se produit en spirale autour de la Montagne sacrée, qui présente un côté lumineux et un côté obscur. Il y a autant de vérité dans la lumière que dans l’ombre. Toute crise invite à l’incubation, à la gestation dans la sérénité et la confiance. Toute expansion invite à l’activité dans la sérénité et l’audace. Il faut savoir assister avec calme et loyauté à la mort de ses plus chères ambitions et à la destruction de ses espoirs les plus ardents, s’ils sont involutifs. On ne peut remplir une urne de vin neuf sans la vider complètement de son vin vieux. Les crises sont des périodes de rectification qui ruinent les semences temporelles, mais engraissent les semences spirituelles. Après, la Vie construit toujours des réalités plus nobles et plus durables, des valeurs imputrescibles. Toute crise est suivie d’une étape plus sublime d’accomplissement personnel, universel, cosmique.
Beaucoup d’êtres humains attendent de traverser une crise majeure pour entreprendre une quête évolutive active menant au changement. Bien que personne n’ait à traverser de crise pour commencer à évoluer, beaucoup n’acceptent de changer que lorsque les éléments de leur vie s’activent ou que lorsque leurs habitudes n’apportent plus les résultats transformateurs escomptés. Dans toute crise, un nouveau soi cherche à émerger. Tel un enfant gauche, malhabile, inexpérimenté, dépendant, ce soi grandit pourtant à chaque instant. On ne l’aide pas en revenant sur ses méfaits et en lui renvoyant les conséquences de sa faute.
À travers toutes les difficultés, chacun évolue toujours vers la Lumière. Alors, une nouvelle partie de soi-même est en train de naître, une partie plus forte, plus claire, plus adaptée à la vie, à sa vérité, à sa croissance globale. Lorsque survient une crise, ce n’est pas le moment de la faire perdurer, mais de comprendre la leçon qu’elle comporte. Peut-être qu’on ne se donne pas la permission d’évoluer sereinement dans la joie et la facilité. La crise permet d’atteindre une partie plus profonde de soi-même pour y puiser une fore et un courage nouveaux. On peut toujours apprendre cette leçon salutaire qu’on peut acquérir une plus grande qualité uniquement dans la joie. On peut toujours s’arrêter un instant et prendre la décision d’y parvenir. Même si sa situation pénible durait plus d’un jour, elle finira toujours par changer. Car, alors, un Grand Soi commencera à émerger et à créer des circonstances permettant d’expérimenter la même leçon évolutive, mais dans la joie.
Chacun engendre ses crises pour se rapprocher de son âme et pour s’ouvrir dans toutes les directions de sa conscience. Si chacun restait uni à son âme, il n’aurait jamais besoin d’en vivre. En revanche, si la vie était trop simple et trop facile, beaucoup s’ennuieraient.
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