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par Olivia Zeitline

À tout accepter pour ne pas se fâcher, à vouloir être doux, à vouloir éviter le conflit, en voulant être aimé, on en oublie de poser les limites de son propre territoire. Or, sans limites, notre territoire devient une vaste étendue vide et aride. Les frontières n’étant pas claires, le territoire semble infini mais en réalité il n’est pas défini.

Quand nous ignorons les limites de notre propre territoire, nous ne savons pas où poser le pied ailleurs puisque tout est flou et la masse d’énergie que nous dégageons pour nous réaliser se perd dans l’infini des possibles. Nous ne faisons pas la différence entre nous et les autres. Les gens qui s’y approchent ne savent pas où ils se trouvent, tous ceux qui y posent le pied sont déboussolés.

Actuellement, beaucoup d’entre nous ne savent pas vers où ils marchent et cherchent le sens de l’existence car ils n’ont pas osé poser les limites des frontières de leur être. C’est à l’école qu’on devrait nous apprendre à délimiter. C’est à l’école qu’on devrait nous apprendre à définir notre territoire.

Par peur de faire du mal ou parce qu’on mendie l’amour, on se cache qu’on s’empêche de dire non. Or, autant que l’affirmation positive, l’affirmation négative constitue notre territoire. Elle en est la protection, le fil de fer barbelé qui protège le trésor. Donc, pour permettre à nos pierres précieuses de briller, pour éviter l’envahissement qui nous assèche, nous devons bien souvent sortir nos mitraillettes, défendre notre territoire et apprendre à dire non en sautant dans la peur de tout perdre.

Poser les limites de notre territoire est un travail de chaque seconde, car en permanence des intrus veulent y entrer, nous dire comment nous devrions le modeler, nous expliquer quelle taille, quelle profondeur il devrait avoir. En permanence, nous sommes appelés à empêcher de laisser rentrer ce qui ne nous fera pas vraiment fleurir : les entre-deux et les compromis.

Dire non demande de dépasser la croyance qu’à ce moment-là nous sommes «  méchants ». L’amour, c’est aimer tout ce qui est mais dire non à tout ce qui ne nous va pas. On ne refuse pas par colère ou par haine mais par amour de soi. Dire non demande aussi de dépasser l’illusion que nous pouvons tout perdre. Or, la nature a horreur du vide. Plus nous aurons le courage de vider, plus notre territoire aura la forme que nous souhaitons.

Quand on a un territoire bien délimité, on ne se laisse plus envahir, nos frontières deviennent limpides. On ne se confond plus, on ne se fond plus dans les autres, on existe par soi-même. Quand on a son territoire, on est debout sur ses jambes, bien ancré dans le sol, on est fort et les tempêtes ne peuvent plus nous déstabiliser.

Plus notre territoire est précis et déterminé, plus nous envoyons des intentions claires dans l’univers et plus tout ce que nous y cultivons s’expanse à l’infini. L’énergie est dense, elle part dans la même direction et forme un concentré qui devient matière. Plus nous lui définissons des limites, plus tout ce qui s’y trouve va grandir car tout est centré. Délimiter son territoire, c’est s’affirmer, c’est passer du rêve d’un paradis perdu à notre territoire, les pieds dans la terre et à l’infinie réalisation de nous-mêmes dans la matière.

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