par Agnieszka Rouyer
L’école ne prépare pas les jeunes à la vie, mais à les mettre sur le marché du travail. L’éducation actuelle omet les compétences qui sont nécessaires pour vivre une vie épanouie et fructueuse. Quelles sont donc ces compétences omises par l’école et comment dans la vie d’adulte, nous pouvons les développer ?
L’un des articles les plus lus sur mon blog est celui qui décrit les failles de notre système d’éducation. Le dernier point de l’article décrit « L’omission des compétences clés. » Dans ce texte je vais explorer plus profondément ce point, je présenterai une liste de telles compétences, et t’invitai à pratiquer l’auto éducation de celles qui sont les plus importantes pour toi.
Qu’est-ce que l’école oublie ?
Je reçois des emails de lecteurs, je discute avec des gens lors des ateliers, séminaires et rencontres divers dans le domaine de la psychologie et du développement personnel. Mes interlocuteurs m’interrogent au sujet de la gestion de stress, de la projection vers l’avenir, comment faire pour retrouver l’état de sérénité intérieure, comment faire pour avoir des relations épanouies (que ce soit avec ses enfants ou s’entendre avec ses collègues).
La gamme thématique des questions est aussi vaste que l’univers… Je n’arrive toujours pas à me résoudre au fait que beaucoup d’entre nous n’ont pas développé des aptitudes de base nécessaires pour mener une vie consciente, épanouie et heureuse. Quelque chose qui devrait faire partie intégrante de notre enseignement scolaire, est dans le système actuel, totalement négligé.
Dans l’article sur les failles de notre système d’éducation j’ai cité un prof qui souligne que l’école actuelle ne prévoit pas l’acquisition des compétences pour faire face à la réalité d’aujourd’hui. La plupart d’entre nous le savent très bien et puis, ça s’arrête là. Qu’est-ce que cela change si le développement ou l’acquisition de ces aptitudes « manquantes » est considéré comme quelque chose de plus, quelque chose qui est réservé uniquement aux personnes s’intéressant au développement personnel ?
Pourquoi n’est-il pas évident pour tout le monde que si nous ne savons pas nous réaliser dans la vie, faire des projets, s’organiser dans notre travail, créer des relations harmonieuses avec soi et avec d’autres, il vaut peut-être la peine de les développer, plutôt que d’espérer qu’un beau jour tout s’arrangera tout seul ?
Sans ces aptitudes, nous menons juste une vie à l’ombre de la personne que nous pourrions être.
Chaque jour nous sommes confrontés à des problèmes, qui n’auraient tout simplement pas existé, si toutes ces attitudes, qualités ou compétences nous étaient révélées bien plus tôt. Si elles faisaient partie indissociable de notre vie, notre quotidien serait beaucoup plus facile, plus complet et plus abondant.
On m’a demandé comment les jeunes d’aujourd’hui doivent être préparés pour le marché du travail. La réponse est très simple : les jeunes d’aujourd’hui ne devraient pas être préparés pour le marché du travail, mais devraient être préparés à la vie. C’est l’objectif le plus important de l’éducation, qui, dans le système actuel, est presque complètement négligé.
Liste des compétences
De quelles compétences nous parlons donc ? Voici une liste des compétences et attitudes qui (selon moi) doivent être développées dans les quinze premières années de notre vie. Ce n’est certainement pas une liste exhaustive…
- Planifier l’avenir
- Se motiver à agir
- Organiser son travail
- Se détendre et se relaxer
- Gérer le stress
- Se libérer des émotions destructrices
- Apprendre à apprendre efficacement
- Développer sa créativité et la pensée créatrice
- La faculté de pensée critique
- Changement des habitudes, changement de croyances
- L’intelligence émotionnelle, l’empathie
- L’esprit d’entreprise
- L’assertivité
- Construire des relations saines
- Techniques de communication
- Travail en équipe
- Savoir vivre et savoir être
- Langage corporel (synergologie)
- Méditation
- Cultiver l’état de bien-être
- Prendre soin de son corps
Bien sûr, certains de ces points sont abordés dans les écoles. Cependant, il s’agit d’une très petite partie de la liste ci-dessus, et même si ces cours ont lieu, souvent, ils ont peu en commun avec l’enseignement réel de ces compétences. Il existe des exceptions où les écoles développent et mettent avec succès en valeur ces attitudes chez leurs élèves. Malheureusement, il s’agit d’une minorité…
Une école typique exige que l’étudiant ait la plupart de ces compétences à portée de main. Une telle école ne s’occupe pas à lui montrer comment il peut les découvrir en soi, ne s’occupe pas à les développer, ni comment les appliquer. Une telle école ne prépare pas les gens à la vie et se concentre uniquement sur l’endoctrinement et l’éducation des employés, qui seront les prochains maillons de la chaîne de notre énorme machine économique.
En réalité, certaines de ces compétences et attitudes se développeraient chez les enfants de façon naturelle, si l’école ne les en empêchait pas. Par exemple, la capacité de construire des relations basées sur la confiance et la coévolution est freinée en promouvant la compétition (« rares sont ceux qui réussissent ») et l’atmosphère de comparaison (« ceux qui reçoivent de bonnes notes sont meilleurs que ceux qui en ont de mauvaises »).
Dès que l’école va produire les conditions adéquates aux étudiants, une grande partie des capacités citées se développeraient de manière entièrement naturelle, à travers l’interaction entre les enfants ou bien à la suite d’un réel besoin – comme une conséquence d’un challenge ou d’un objectif à réaliser et que les enfants sont censés atteindre.
Oui, je sais, cette liste des compétences est longue et on pourrait penser que les inclure à l’école n’est pas possible. Cependant, je pense qu’une grande partie du programme actuel est inutile. Remplacer au moins 50 % de la théorie (qui de toute façon s’évaporera de nos têtes plus tard) par la pratique et les expériences de ces facultés changerait considérablement notre éducation.
Le développement des aptitudes n’est pas un exercice dédié uniquement aux volontaires
Le but de cet article est de prendre conscience que le développement de ces aptitudes, attitudes, compétences et qualités ne doit pas être quelque chose en « supplément », résultant de l’intérêt au développement personnel ou d’ambitions personnelles. Leur réalisation devrait être l’une des tâches les plus importantes dans notre vie (ou celle de nos enfants). Si au moins la moitié de ces attitudes n’est pas pour nous quelque chose de complètement naturel, nous ne sommes alors pas capables de vivre une vie pleinement réalisée et épanouie.
Un enfant qui, dans sa jeunesse, développera toutes ces attitudes, n’aura pas dans sa vie autant de problèmes qu’en ont la majorité des gens dans le monde. Réaliser une vie heureuse, épanouie et riche émotionnellement sera pour lui une chose simple et naturelle. Le sens du mot réussite, qui, pour la plupart des gens se mène sur une route laborieuse et bosselée, sera pour lui l’état naturel des choses. Il sera en mesure de s’aligner pleinement à la vie, se concentrer sur les choses essentielles au lieu de mener une lutte avec le quotidien.
La même chose s’applique à nous tous, peu importe notre éducation. Je répète que nous ne sommes pas responsables de notre éducation, mais nous sommes responsables de ce que nous en faisons aujourd’hui.
Il nous a été inculqué dès notre plus jeune âge que nous devons acquérir certaines choses, acquérir des compétences, comme si nous étions constitués des manques. Oui, nous acquérons notre savoir, des connaissances et certaines aptitudes. Cependant, cette façon de nous présenter le monde qui nous entoure, renforce en nous les manques et pas nos qualités intérieures que nous possédons déjà en nous ! L’être humain, dans son état naturel, a déjà tout en lui pour interagir avec la nature, l’univers, la vie tout simplement.
Ce qui est intéressant que même parmi les personnes qui s’intéressent au développement personnel, la réalisation de ces compétences n’est pas aussi populaire que l’on peut le penser. Je dirais autrement : c’est peut-être commun, mais très superficiel. Nous n’apprenons pas à être assertifs en lisant au sujet de l’assertivité. Nous n’apprenons même pas à être assertifs quand nous allons participer à une journée de formation sur le sujet !
Dans ce cas-là, développer l’assertivité demandera de la pratique étalée dans le temps – comme apprendre à conduire, à cuisiner ou apprendre à parler une langue étrangère. Tous les jours un tout petit peu. Combien de temps ? Un certain temps….
Un jour ne suffit pas. La plupart des gens pensent que « quand je sais, je peux. » Rien n’est plus faux. La connaissance n’est pas égale à la compétence.
Comment donc, efficacement, développer de nouvelles compétences, alors que nous en sommes empêchés pendant nos années scolaires ? Cette question demande une réponse plus développée et fera le sujet d’un des prochains articles…
Retrouvez les chroniques de Agnieszka Rouyer sur la Presse Galactique
[widgets_on_pages id= »COPYRIGHT »]