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par Stéphanie Bérubé

Après un sommet en 2013, les cultures OGM sont en déclin depuis deux ans au Québec. Le soya transgénique est passé de 69 % de tout le soya planté au Québec en 2013 à 57 % l’année dernière.

Le même phénomène est observé au Canada. Il est d’autant plus remarquable qu’il se produit après une croissance constante des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les champs du pays, et de la province, depuis l’apparition du génie génétique en agriculture pratique à la fin des années 90. Le recul est aussi observé dans la culture du maïs OGM : la proportion est passée d’environ 87 % à 84 % en deux ans.

« Dans le soya, nous allons revenir à un équilibre plus proche du 50-50 », estime Alain Létourneau, président de Prograin, une entreprise québécoise qui vend des semences de soya. Au Québec, la grande majorité du soya traditionnel (non OGM) part en exportation, surtout en Asie et un peu en Europe, où il est transformé en boissons, en tofu et en d’autres aliments, explique M. Létourneau.

« Il y a un immense marché pour ça », précise Gale Ellen West, professeure au département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval. « Le soya est très utilisé dans l’alimentation végétarienne et végétalienne, précise Gale Ellen West. Et les fabricants veulent affirmer sur leurs étiquettes que leurs produits ne contiennent pas d’OGM. Ils peuvent se tourner vers le soya biologique, mais c’est beaucoup plus cher. »

C’est ici qu’apparaît le soya IP qui est certifié non OGM, sans être bio. Les agriculteurs québécois qui cultivent du soya pour l’exportation l’aiment, car il vient avec une prime à la production. « Ça répond aux attentes du marché, dit Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec. Tout le monde est gagnant : le consommateur reçoit ce qu’il veut et le producteur adapte ses pratiques culturales pour répondre aux besoins de sa clientèle. »

Quant au soya génétiquement modifié, son huile est utilisée en transformation alimentaire et le tourteau, qui contient les protéines, devient de la nourriture pour animaux.

UN PHÉNOMÈNE MONDIAL

C’est un drôle d’anniversaire pour les OGM : 20 ans après la commercialisation des premières plantes transgéniques, et après une croissance continue, leur culture recule sur la planète. La semaine dernière, l’International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA) a annoncé un repli de 1 % des superficies de cultures génétiquement modifiées, surtout porté par la diminution des cultures de coton et de maïs OGM.

LE BIO EN HAUSSE

Si la culture OGM diminue, la production biologique des grains est en croissance au Québec : en 2005, 232 producteurs pratiquaient l’agriculture bio, alors qu’en 2015, 315 entreprises productrices de grains s’étaient tournées vers le biologique. Cela représente un peu plus de 3 % des producteurs de grains du Québec.

LA LUZERNE GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉE

Des regroupements d’agriculteurs du Canada ont demandé cette semaine à Ottawa de stopper la vente de luzerne génétiquement modifiée. Cette luzerne est approuvée et peut donc être cultivée dans les champs canadiens. Un fabricant de semences vient d’annoncer une première vente dans l’est du Canada. Les producteurs craignent des contaminations qui pourraient leur fermer de précieux marchés d’exportation, ainsi que des marchés internes, dans la viande et le lait bio, notamment. Ils demandent un meilleur encadrement de son utilisation. Cette luzerne est destinée à l’alimentation animale.

Source: http://www.lapresse.ca/