Enfer-compressor(1)

 

par Bertrand Duhaime

Même si parfois on souhaiterait qu’il existe, pour ramener les assassins de ce monde à la raison, l’enfer n’existe pas.  Il s’agit simplement d’un état d’être que chacun se crée pour lui-même, allez savoir pourquoi!  Pour nombre de religions, ce mot désigne le séjour et le lieu de supplice des damnés après le jugement particulier qui suit la mort.  Il s’agirait d’un lieu de l’Univers, une région ténébreuse de l’Abysse, auquel Dieu condamnerait ceux qui n’ont pas obéi à sa Loi.  En spiritualité, il désigne un état de conscience, plutôt qu’un lieu, soit le tourment du mental, le cri de la conscience, la toENFERrture du psychisme dans sa conviction d’avoir commis des mauvaises actions ou d’avoir exprimé de mauvaises pensées et de devoir payer le prix de ses fautes présumées.

Quelques religions menacent le dissi dent ou le pécheur des feux de l’enfer.  Mais, si on savait de quoi il retourne, personne ne s’inquiéterait outre mesure de cette menace arbitraire.  Eneffet, pour les Chrétiens, ce feu subtil révèle le supplice éternel d’un damné après le jugement particulier.  En revanche, pour les Mystiques et les Initiés, il évoque le choc en retour de la Causalité (Justice immanente) qui engendre la révolte, des pleurs et des grincements de dents chez les inconscients ou les ignorants, ces irresponsables qui mésusent de l’énergie vitale ou qui contreviennent à la Loi cosmique.  Ces Sages l’associent aux tourments de la conscience dévoyée qui ne visent pas à punir, mais à faire comprendre, pour ramener sur la Voie droite de l’Évolution.  Car, pour eux, si Dieu est la Source de l’Amour pur, il ne peut avoir créé d’Enfer éternel.

Pour nombre de religions, l’enfer renvoie au séjour et au lieu de supplice des damnés après le jugement particulier qui suit la mort.  Il s’agirait d’un lieu de l’Univers, une région ténébreuse de l’Abysse, auquel Dieu condamnerait ceux qui n’ont pas obéi à sa Loi.  En spiritualité, il désigne un état de conscience, plutôt qu’un lieu, soit le tourment du mental, le cri de la conscience, la torture du psychisme dans sa conviction d’avoir commis des mauvaises actions ou d’avoir exprimé de mauvaises pensées et de devoir payer le prix de ses fautes présumées.  En ce sens, celui qui se crée un état peut le dissoudre dès qu’il devient conscient de sa méprise.

En fait, les notions judéo-chrétienne et musulmane de l’enfer proviennent d’une erreur culturelle qui remonte à la notion antique de cette réalité qui, à l’époque, ne désignait rien d’autre que les régions inférieures du monde matériel auquel l’être humain a difficilement accès

Pour sa part, Sri Aurobindo Ghose a parlé ainsi de ce lieu: «S’il y avait un enfer sans fin, ce ne pourrait être qu’un lieu d’extase sans fin, car. Dieu est joie, est Ânanda; il n’est pas d’autre éternité que l’éternité de béatitude.»  Oswald Wirth, un mystique, partageait cet avis en disant: «Si le feu de l’enfer ne réchauffait la terre, l’eau du ciel resterait inféconde. Sans les forces d’en bas, celles d’en haut resteraient improductives. Le Diable qui est en toi n’est un ennemi que tant que tu n’as pas su le réduire en servitude. Ton animalité n’est pas maudite; elle te vaut des pouvoirs illimités, pourvu que tu saches les surmonter.» 

L’enfer, comme le purgatoire, réfère au feu du remords personnel, la rétribution de la Justice immanente pour des actes répréhensibles.  Le tourment du mental, le cri de la conscience, la torture de l’âme, la condamnation personnelle se rapportant à de mauvaises actions, voilà, dans sa conviction, le seul feu de l’enfer ou du purgatoire.  C’est en cela la voix de la Conscience universelle, en qui réprimande et châtie quand on a mal agi.  Ce sont Dieu, le feu du Ciel, qui consument l’erreur, purifient et épurent le mental, affinent la nature grossière.  Le feu de l’enfer et les flammes du purgatoire sont éprouvés ici-bas, nulle part ailleurs.

Aucune Tradition ésotérique ne croit à un «enfer éternel» puisque Dieu, impassible et fort patient, constitue la Source de l’Amour et que, par sa Loi de compensation (la Justice immanente), il finit toujours par tout rééquilibrer et ramener dans l’Ordre cosmique.  Pour elles, l’enfer désigne une expérience fictive, celle qui résulte de l’incarnation l’entrée dans la tombe de chair ou l’enfermement dans un corps.  Elle marque l’éloignement ou la séparation de Dieu, l’oubli de son Identité spirituelle, l’impression d’être séparé de son Être essentiel, sans espoir de réunion.  Dans ce contexte, l’enfer réfère toujours à un haut degré d’ignorance, au fait de ne plus connaître ou de méconnaître la Réalité divine et d’avoir oublié les moyens de se sauver, soit de se tirer de cet état de noirceur et de souffrance.

L’enfer résulte des mauvais choix d’un être doté du libre arbitre qui en paie la rétribution.  Il exprime le tourment plus ou moins profond et prolongé du mental obnubilé qui se sent coupable d’erreurs, appelés péchés.  Il désigne l’état psychique de celui qui, dans son parcours évolutif,  a succombé à ses désirs présumément pervers, qui a refoulés ceux-ci dans son inconscient ou qui s’est identifié à eux dans une perversion consciente.  Il a entrepris une marche qui mène à l’envers de la Lumière et qui désigne le mouvement vital régressif.  Il aboutit ultimement au lieu privé de Soleil ou de Lumière, ce qui signifie qu’il est privé de Dieu et de la vie.

En fait, l’enfer désigne le pire résultat pour sanctionner des choix, des décisions et des créations, ce qui est la conséquence naturelle de toute pensée qui nie Dieu ou la relation entre Dieu et l’être humain.  Il évoque la douleur qu’un sujet éprouve à cause d’une mauvaise façon de penser, ce qui exprime le contraire de la pensée créatrice.  Il implique qu’on se croit moins que ce qu’on est ou qu’on sait être.  De ce fait, croire à un lieu où une âme se consumerait dans un tourment perpétuel n’est que le fantasme négatif d’un esprit borné.  D’abord, l’âme est pure et incorruptible par essence.  Ensuite, il faudrait se demander pourquoi Dieu aurait prévu un tel lieu.  Plutôt que d’inventer l’enfer, ne pouvait-il pas faire disparaître une âme rebelle ou dissidente?  Un tel lieu de punition ne correspondrait-il pas à un désir de revanche de la part de Dieu?  Chose certaine, il ne servirait e rien même un besoin de justice.  Cette notion ne peut que découler d’une théologie fondée sur la peur.

Pourtant, il existe une expérience du psychisme qui est si malheureuse, si incomplète, si inférieure à tout, qu’on peut l’appeler l’enfer.  Mais Dieu n’oblige pas de faire cette ENFER1expérience, pas plus qu’il ne la crée.  C’est l’individu qui sépare son Soi divin de l’idée la plus élevée qu’il se fait de lui-même.  Mais cette expérience ne peut devenir éternelle puisque Dieu ne peut connaître d’échec dans son Plan de la Création.  Pour connaître l’enfer éternel, il faudrait qu’un être se nie complètement et que Dieu, réprimant sa miséricorde pour n’appliquer que sa rigueur, le nie aussi, ce qu’il ne fera jamais, même si un être individuel le faisait.

Dans les Traditions anciennes, les enfers désignent les régions inférieures.  En Grèce ancienne, dans la Tradition orphique, on dit que deux fontaines encadrent les portes de ces régions souterraines : la fontaine de l’oubli et celle de la mémoire.  Mais il faut appartenir à la Race du Ciel pour s’abreuver à la fontaine de la mémoire, car elle donne la Vie éternelle.  Elle permet de vivre éternellement parmi les héros.  Dans un contexte initiatique, la descente aux enfers exprime le préambule à une nouvelle naissance.  Ce lieu désigne l’inconscient archaïque qui relève de la Mère terrible, du père tyrannique, de la mémoire étroite ou culpabilisante.  Un candidat y vide son esprit de ses cadavres inconscients les plus encombrants.  Dans nombre de religions, le feu de l’enfer réfère au supplice des damnés et à l’intensité du remords ou de la culpabilité.  Dans certains cas, il évoque simplement les reflets rougeoyants du Soleil couchant, l’Ouest désignant la direction des êtres paresseux, léthargiques et involutifs.  Dans la Tradition grecque, les fleuves des enfers portent les noms d’«Achérosn» (qui signifie «douleurs»), «Phlégéton» («brûlures»), «Cocyte» («lamentations»), «Styx» («horreurs») et «Léthé» («oubli»).  Souvent, dans les mythologies, la Porte des enfers identifie le solstice d’été.  Ces notions historiques aident à dégager une autre notion de ce lieu rébarbatif, la présumée résidence de Satan, de sa Hiérarchie diabolique et des damnés.

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