Lorsque notre Mère Nature nous offre le don de vie, et qu’elle nous comble de ses bienfaits, nous lui montrons de la reconnaissance. Lors des rituels, elle est toujours remerciée, et chaque sabbat célèbre une facette de la déesse.
Plus que n’importe qui, nous, païens, avons conscience de la valeur de ce don, de son importance, et de ce que sa préservation ou non implique pour toute la chaîne du vivant. Lorsque nous nous connectons au monde du vivant en écoutant les arbres, le miaulement d’un chat, nous savons ce que cela signifie. Chacun à sa manière, certes, mais nous savons. Notre être intérieur interpelle notre conscience et la guide pour «voir» et «entendre» au-delà de ce que perçoivent les sens.
Ce qui est enfoui en nous, notre inconscient, fait surface et alors, un arbre devient un organisme vivant, à plusieurs bras, tous tendus vers le ciel, cherchant le soleil et sa lumière. Ses racines deviennent des doigts longs et forts cherchant dans la terre la nourriture qui lui convient. Et son intérieur, un réseau veiné où la sève monte et descend au fil des saisons.
Il nous semble alors beaucoup moins étranger. Se connecter au vivant nous rappelle d’où nous venons, et ce à quoi nous retournerons. Car la vie est cet extraordinaire mécanisme cyclique de naissances et de morts. La vie doit se perpétuer. Il est là son sens, dans l’absolu. En revanche, c’est au niveau individuel que le sens de la vie devient source de pathologies. C’est dans notre inconscient que se trouvent les questions et les réponses, les maladies et leurs remèdes, les émotions et leur mode d’emploi. Et cet inconscient est la face invisible de l’iceberg, qui nous maintient sur l’océan de la vie, qui nous stabilise, et empêche les trop grandes dérives. Il est la source dans laquelle nous pouvons puiser les outils qui nous connectent au vivant.
Il est à la fois facile et difficile de se connecter au vivant. Car cela suppose d’une part de se connaître soi-même et de connaître son inconscient, du moins, d’y avoir fait le ménage, et d’autre part de connaître la nature, dans ses manifestations du vivant et dans ses interactivités.
La première étape pour se connecter au vivant est de suivre une thérapie, pour dénouer tout ce qui dans notre vie nous empêche de nous réaliser. Et cela peut prendre du temps. C’est le premier pas nécessaire pour y arriver. La thérapie peut être faite à la guise de chacun, en lisant des livres, en allant voir un spécialiste, en discutant avec des amis, ou tout à la fois.
Parfois, cela nous amène à rompre avec nos éducations, et nos cultures. C’est quelque chose qu’il faut être prêt à accepter. Parallèlement, il est bon de suivre des méditations de pleine conscience. Les méditations permettent d’apprendre à respirer et à moduler la respiration en fonction de l’état recherché, sans pour autant être dépossédé de soi-même. Et dès qu’on le peut, s’isoler et faire des activités qui nous épanouissent. Et les faire si possible seul. Car cela permet d’apprendre qu’avec soi-même, il est possible d’exister et d’être en bonne compagnie.
Lorsque ces exercices sont faits régulièrement, se développent alors les sens de ce que les Anglo-Saxons appellent « l’Inner eye », ou le troisième oeil, ou le sixième sens. Quelque chose de difficilement définissable mais qui chuchote tout un tas de choses à nos oreilles cosmiques. Et cela peut se vérifier, quand auprès d’un cours d’eau, le son de l’eau qui s’écoule nous paraît légèrement différent. Au fur et à mesure que les sens se développent, les chants des oiseaux deviennent des conversations, et non plus un vacarme de « cui-cui ».
Les gens des villes qui aiment la pollution et les odeurs des égouts ont en fait des sens atrophiés. Ils ne peuvent plus « voir » et « écouter ».
La deuxième étape est de comprendre que nous sommes un maillon de la chaîne du vivant. Que nos actes ont une incidence. Parfois, c’est une incidence légère, comme lorsqu’on fait attention à ne pas gaspiller ; parfois, l’incidence est plus lourde. Les déchets jetés ici et là dans les forêts le montrent bien. Enfin, il faut travailler sa spiritualité. Penser à la Grande Mère, croire en son existence, la sentir au fond de nous, comme partie intégrante de nous et de tout ce qui est vivant. Et cela, chacun à sa manière.
En nous coupant du vivant, en gardant la porte de notre inconscient fermée, en pensant être « extérieurs », « supérieurs », «punis suite à une désobéissance », nous devenons des fantômes. Nous nous coupons de nos racines. Un grand vide nous envahit, un trou noir, un abîme sans fin. Nous cherchons alors la nourriture dans les paradis artificiels, qu’on fume, qu’on boit, qu’on mange, qu’on prie. Et c’est peut-être là l’intérêt de tout type d’idéologie.
Se substituer à notre propre savoir inné pour dispenser un savoir superficiel, afin de contrôler les masses. Quel pouvoir peut avoir une idéologie politique, religieuse, sociale sur des individus « libres » ? Des individus qui « savent », chacun à leur manière, mais ils « savent ». Leur instinct leur parle et les guide, comme la poupée de Vassilissa, dans le conte Russe « Baba Yaga ». Et parce qu’elle écoute sa poupée, son instinct, elle s’en sort et triomphe de la vieille sorcière malfaisante. N’importe quoi peut être symbolisé par cette sorcière : un état, une secte, une famille, des amis toxiques, etc. Ce que les idéologies disent par « je sais mieux que toi » traduit un « j’ai peur qu’on découvre mon imposture ».
C’est pour cela que l’humanité est tombée petit à petit malade et que la violence a gagné du terrain et que ça recommence de nouveau. Jamais aucune idéologie n’a encore compris que la seule façon de rendre les gens heureux est de leur permettre de s’écouter, se comprendre et s’aimer. Et jamais aucune idéologie n’a intérêt à le faire, car alors, elle n’aurait aucune raison d’exister. Les révolutions, les conquêtes de territoires, les porteurs de la vérité vraie, ont tous, et de toute époque du sang sur les mains. Et l’histoire ne retient que les héros qu’elle a bien voulu fabriquer pour servir les idéologies triomphantes.
En nous enlevant notre savoir inné, les cultures, les sociétés, les idéologies nous dépossèdent de nos richesses intérieures, et ne nous permettent pas d’avoir confiance en nous et en nos capacités d’êtres vivants intégrés à leurs environnements. Alors qu’il est primordial de retrouver la confiance en soi, en tant qu’être vivant intégré à son environnement. En se reconnectant au vivant, en comprenant simplement que le « tout » est « un » et que le « un » est « tout », nous reprenons racine dans la vie. Nous retrouvons la nourriture qui nous convient. Et nous nous sentons complets, riches, nourris et apaisés, au moins en grande partie. Nous retrouvons alors notre liberté. Celle qui nous garantit une vie sereine et indépendante.
Se connecter au vivant nous apprend à le respecter, à le traiter comme son égal. C’est la première notion. Nous savons que nous sommes une partie de la chaîne, et que chaque élément de la chaîne a son importance.
La connexion au vivant du païen se fait avec une charge spirituelle intentionnelle. Les émotions utilisées pour faire passer cette charge sont choisies en fonction de la connexion souhaitée. Il est possible d’utiliser des émotions de joie et de contentement pour remercier les dieux ou Mère Nature d’un bienfait. Il est possible d’utiliser des émotions de tristesse et de colère pour se connecter au côté sombre et y laisser ce qui nous nuit. C’est comme mettre des piles chargées dans un appareil pour le faire fonctionner. Nous savons que c’est ce qu’il faut pour que ça marche.
Nous savons que lorsque des éléments, des maillons de cette chaîne tombent malades, c’est toute la chaîne qui est affectée. Nous sommes interdépendants. C’est la deuxième notion importante : l’interdépendance. Il est alors très important d’apprendre à mettre les bonnes charges au bon moment, car l’équilibre de notre monde en dépend. Gandhi disait « une grande civilisation se voit à la manière avec laquelle elle traite ses animaux », il serait sage de rajouter que la grandeur d’une civilisation se voit à la manière avec laquelle elle comprend et traite son environnement. L’image qui vient en tête est celle du battement d’ailes d’un papillon qui provoque un ouragan à l’autre bout de la Terre.
La troisième notion étant celle de la préservation, préservons ce qui doit être préservé. Puisque nous sommes l’espèce animale qui a pu atteindre la lune et se rendre compte de la force et de la fragilité de la vie, alors il est de notre devoir de la préserver. C’est peut-être pour cela que la Grande Mère nous a fait l’honneur de notre existence. Peut-être sommes nous les gardiens de la chaîne ?
Mais comment honorer cette fonction si nous considérons la nature comme un ensemble d’éléments à notre service et que nous pouvons modifier à notre guise ?
Comment penser sa liberté individuelle et collective lorsque nous n’arrivons pas à faire face à nos responsabilités ?
Et méritons-nous encore d’être les gardiens de la vie sacrée ? A maltraiter nos corps, nos coeurs, nos semblables à 2 et à 4 pattes, méritons-nous encore d’être les gardiens de cette chaîne ?
Il est difficile de répondre à ces questions. Pas impossible, mais difficile. Peut-être qu’en continuant à se connecter au vivant, comme nous, païens, le faisons, à chaque sabbat, à chaque promenade dans les bois, à chaque méditation, simplement en apportant sa part, comme le colibri, peut être que nous pourrons « sauver ce monde ».
par Lilith du magazine Lune Bleue sur le blog de Francesca http://channelconscience.unblog.fr/
***
S’abonner à la PG ! Le quotidien qui réunit… C’est ici…
Yvan Poirier répond chaque jour à vos questions sur le BLOG DE PARTAGES
Tous ceux qui souscrivent mensuellement en tant que ABONNÉS à la PG ont accès à une section qui leur est réservée et profitent GRATUITEMENT d’une multitude de produits, de services et de réductions. VOIR UN APERÇU DES AVANTAGES ICI…