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Extrait de « La Peur un Allié Possible ! » – Michel Boileau

Il arrive que certaines personnes se laissent envahir par leur peur au point de perdre toutes leurs autres ressources. C’est le cas chez certaines personnes dont l’état de panique se traduit par l’incapacité de voir clair dans ce qui leur arrive, l’incapacité de perdre quelque décision que ce soit ou même de recourir à un quelconque moyen de protection.

Si par exemple, un étudiant a peur de parler en public et si son professeur de langue étrangère annonce que tous doivent faire un exposé oral devant la classe, il lui est toujours possible de se boucher les oreilles ou de rêver d’une exemption personnelle de cette consigne générale. Si un conducteur débutant a peur de mener son véhicule sur les routes glissantes, en hivers, il peut toujours fermer son téléviseur à la maison ou l’appareil radio de son automobile chaque fois qu’on y parle de météo…  Si, une mère craint que son enfant ne consomme de la drogue, elle peut fermer les yeux sur ses sorties, ses fréquentations, ses besoins d’argent nouveaux et fréquents… la personne qui a peur de devenir alcoolique, ou d’être jugée alcoolique, peut toujours interdire à sa conjointe et à ses amis de lui en parler… ; etc.

Sur le plan relationnel, une personne avisée protège son intimité en ne révélant pas les détails de sa vie privée à un voisin dont elle craint le manque de discrétion. Par contre la fuite et l’évitement dans le non-dit seront nuisibles à une personne qui se laisse dominer par la peur du conflit et qui, en conséquence, tait ses insatisfactions en attendant d’être devinée par son partenaire… Lorsqu’elle devient excédée d’un trop-plein de frustrations accumulée s, elle explose dans une colère irresponsable : elle concourt alors à la détérioration de sa relation… et à la validation rétrospective de sa peur des conflits.

La méfiance et le discrédit à l’égard de l’émotion de peur reposent, en partie, sur une observation juste de la réalité. En effet, la peur peut :

–          Entraîner, par la fuit et l’évitement, à se priver inutilement

–          Porter la personne à se juger, à se blâmer, à se déprécier, à diminuer son estime de soi

–          Porter à accuser, à juger, à blâmer, à tenir la situation ou l’autre personne est responsable de sa peur.

–          Nuit à la personne qui l’éprouve et nuire à ses relations affectives.

Ces inconvénients ne sont pas inévitables : ils sont plutôt les conséquences de la réaction négative à la peur.

Si l’on traire sa peur en ennemie et si on lui fait la guerre, la peur aura effectivement des effets destructeurs dans sa vie. Traiter sa peur en ennemie, c’est s’épuiser à entretenir un conflit à l’intérieur de soi-même entre son affectivité et sa rationalité, c’est s’épuiser à gaspiller de précieuses énergies qui pourraient être plus avantageusement utilisée à la satisfaction de ses besoins.

Traitez votre peur en alliée : vous bénéficierez de sa valeur inestimable. Il n’est pas nécessaire que la peur soit très grande pour avoir une importance vitale. J’ai appris par expérience qu’en osant dire avec honnêteté les peurs éprouvées dans une relation, en partageant sa vérité profonde, même désagréable ou souffrante, du moment, cela rapproche. L’expression courageuse de nos peur créé un climat de sécurité et de confiance qui a fait grandir l’amour.

Etre conscient de sa peur dans l’ici et maintenant demande un effort de conscience tune disponibilité intérieure qui ne sont pas spontanés ni habituels à la plupart des personnes. Mais au fil d’un apprentissage, qui passe par le travail sur soi, il devient possible d’y parvenir de mieux en mieux.

Une réflexion, alimentée de concepts théoriques et d’exemples concrets peut favoriser cet apprentissage et la transformation de vos peurs en alliées. C’est le type de réflexion que je vous propose…

La façon la plus sûre de réagir à la peur de façon satisfaisante commence par l’écoute de soi. Etre à l’écoute de son vécu émotif, voilà ce qui signifie, à mes yeux, être en relation avec soi-même.

Les individus qui valorisent l’insensibilité affichent souvent une attitude intolérante et dépréciatrice à l’égard de toute personne qui manifeste sa peur. Ils adopteraient la même attitude à l’égard ‘eux-mêmes s’ils prenaient conscience de ressentir cette « méprisable » émotion. Les personnes « insensibles » ne sont pas les seules à s’interdire de ressentir la peur.

Les personnes qui se donnent le droit d’éprouver leur peur sans se juger, s’évitent d’y ajouter la honte, la culpabilité, l’autodérision, la perte d’estime personnelle. Parce que ces personnes ne se jugent pas et ne se déprécient pas elles-mêmes, elles sont également moins vulnérables à la peur d’être ridicules, d’être jugées et humiliées sous le qualificatif de « peureuses » ; elles sont moins vulnérables à craindre d’être contrôlées, de perdre la face, de perdre l’autonomie ou la liberté parce qu’elles auraient manifesté ouvertement une autre peur. Bref, elles évitent de s’accabler davantage avec d’autres émotions souffrantes ou avec des peurs additionnelles en donnant du pouvoir à l’évaluation dépréciatrice d’individus insensibles.

Le refus de s’accorder le droit d’avoir peur risque également rendre plus vulnérable à la manipulation. Confronté une accusation manipulatrice l’individu qui juge cette émotion inadmissible serait d’autant plus susceptible d’agir à l’encontre du respect de lui-même, en dépassant ses limites en acceptant  des défis au-delà de ses capacités, en s’exposant inutilement au danger.

En nous donnant le droit d’éprouver la peur, nous demeurons ouverts à l’identifier de façon précise.

La première étape consiste à s’arrêter pour faire un effort conscient et volontaire d’écoute de Soi. S’arrêter, dans ce contexte, peut signifier arrêter de parler, mais surtout arrêter son propre discours rationnel intérieur. Il ne s’agit pas de réfléchir, il s’agit de se créer un silence intérieur qui favorise l’accueil du ressenti. Une fois intégrée, avec du temps, de la pratique, de la patience et de la persévérance, l’habitude de ressentir ses émotions demande de moins en moins d’efforts. La perception du vécu corporel et émotif, ou même la perception immédiate de l’émotion, peut arriver à se transformer en un quasi-réflexe.

L’identification de l’émotion devient effective à partir du nom qu’on lui attribue. Exprimer son vécu et le nom de son émotion à une personne de confiance, respectueuse de la subjectivité de chacun peut contribuer à valider sa propre perception ou inciter à poursuivre l’effort d’identification vers plus de précision.

Sur le blog de Francesca http://channelconscience.unblog.fr/