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par Bertrand Duhaime

Dans tout ce qui se produit, comme dans tout ce dont un être fait l’expérience, il y a l’Amour, même s’il est bien voilé.  Car tout concourt à se découvrir et à mieux faire comprendre le sens de la vie, qui amène à agir de manière responsable et à devenir plus lumineux.

Il ne doit pas étonner que, à travers leurs messages successifs, les Maîtres subtils n’aient pas encore réussi à enflammer le monde d’Amour, puisque ce mot n’a pas la même connotation dans leur énergie que dans la pensée et le vie journalière de l’être incarné.  En public, dès que quelqu’un parle d’amour, on penser à l’expression si dégradante «faire l’amour», ce qui est une référence à la sexualité plus qu’à l’amamour-loveour, parce qu’un être peut avoir une relation sexuelle, sans aimer son ou ses partenaires.

Plus largement, dans le langage courant, l’amour peut désigner une relation fraternelle fondée sur les échanges gracieux, nobles et harmonieux;  l’affection tendre qui unit un couple;  ou la communication intense avec autrui pour découvrir dans les autres l’Étincelle divine.  Malgré ses différentes acceptions, en spiritualité, on ne lui reconnaît que le sens d’Énergie cosmique de cohésion universelle et de transformation qui donne la Vie et qui permet d’établir les divers degrés d’affinité entre les êtres et le degré de compatibilité et de complémentarité des multiples expériences de manière à maintenir partout l’ordre, l’équilibre et l’harmonie et à assurer l’Évolution de tous les êtres.

On gagne à se garder de confondre l’amour vrai, qui est une énergie pure, légère, libre et gratuite, l’énergie même de la Vie, avec l’affection.  L’attraction envers un objet ou l’attirance envers une personne, car il n’est pas un sentiment ni une émotion, il est un facteur de cohésion, d’unification et de fusion.  L’affection implique une fluctuation des sentiments exacerbés au gré des satisfactions et des mouvements intimes des expériences qui résultent de l’intérêt de l’attachement.  Quant à l’Amour, impersonnel, il n’est pas lié ni ne se lie à une personne en particulier, il n’écarte et n’exclut personne de son rayonnement, il n’entraîne jamais de favoritisme, il n’impose jamais de conditions, il ne porte aucun jugement.  L’amour ne dévêt jamais l’un pour mieux habiller l’autre, n’établissant jamais de privilège ni de préférence, ni d’acception ni d’exception.

L’Amour ne définit pas l’affect intime, l’émotion sensible, la réaction affective, l’intérêt pour un objet ou l’attirance pour quelqu’un d’autre, c’est plutôt la Force de Vie ou le Champ d’énergie omniprésent, d’Essence divine, en provenance directe de l’Absolu, qui est la Source éternelle dans laquelle tout ce qui existe prend son être et émerge éternellement à chaque instant.  C’est un état perpétuel d’émergence, de croissance et d’expansion dans l’extase que suscite la Présence divine, une réalité qui ne peut échapper même à celui qui le nie, qui tente de s’en couper et de s’en écarter, car, comme la lumière du Soleil, il atteint tous les êtres, sauf ceux qui se soustraient à son rayonnement en se cachant ou en se terrant derrière le Voile d’Illusion, source de la densité et de la dualité.

En fait, tout être a acquiescé au Plan divin et il s’est incarné pour rayonner ce Pur Amour divin dans toute expérience, sur toute situation, sur toute forme de vie.  Évidemment, pour l’intellect, qui a engendré l’ego, le petit moi ou la personnalité, l’amour en est venu à signifier la nécessité de servir Dieu en appréciant les autres, en échangeant et en partageant avec eux, en collaborant à leurs projets.  Mais l’Amour vrai reste aux antipodes de attendes et de ces vœux, car il n’est en rien conditionné, comme l’affection, de sentiments de vide, de manque, de carence, de besoin, d’impuissance, il est la Réalité de tout être qui s’exprime sans autre raison et but que d’être cela qu’il est, le substrat du Cosmos et de le porter au terme de sa Perfection.

Ainsi, par son aspect inconditionnel, l’Amour empêche de colorer une relation de ses sentiments ou de l’interpréter au gré de ses attentes, permettant de découvrir l’action juste qu’il faut poser à l’endroit de l’autre ou l’état juste dans lequel il faut se présenter à lui.  Puisque nul ne peut donner ce qu’il ne porte pas, l’Amour, essentiellement impersonnel et inconditionnel, commence par lui-même et il embrasse autant l’étranger le plus éloigné que le parent qui vit à son côté.  Il s’adresse à tous, qu’il perçoit comme des égaux, sans restriction ni attente, sans préférences, sans jamais accorde de passe-droits.  Il n’amène pas à aimer une personne en particulier,  mais à vivre dans un état d’accueil et d’ouverture par lequel chaque être vibre pour tous, au fur et à mesure qu’ils se présentent dans son champ de conscience, leur offrant le meilleur de lui-même.

En quelque sorte, son préféré, s’il lui en faut un, devient celui dont il est en présence, qu’il soit connu ou inconnu, à qui il accorde toute son attention, sans se laisser manipuler, parasiter ni accaparer.  Dès lors, de toute évidence, celui qui en vient à dire qu’il n’aime plus un être, ne l’a jamais aimé, il n’a qu’utilisé un objet animé, n’a que pressé son citron à son profit, le temps qu’il en avait besoin pour remplir son propre vide, ce que l’autre l’a naïvement laissé faire, car l’Amour vrai, omniprésent et irrépressible, grandit sans cesse.

Un être peut reconnaître la valeur de l’expérience amoureuse dans le fait qu’elle engendre la révélation de l’Essence naturelle de la Vie qui est une communion pour recomposer l’Unité primordiale et en révéler tous les attributs et facettes, en lui d’abord, dans son environnement ensuite, puis dans le monde et, ultimement, dans le Cosmos entier.  Dans cette perspective, l’objet, la situation, l’être humain ou l’entité subtile que l’être incarné rencontre ou croise doit devenir le premier support ou la première destination de son amour.  Il lui faut réapprendre à voir dans chaque créature une expression libre de l’Absolu lui-même.  Ainsi, celui à qui il adresse son Amour, c’est à Dieu à travers les êtres avec lesquels il vit et qu’il côtoie, ce qui peut lui permettre de se reconnaître progressivement unique et infini.  Cet Amour gagne à toujours provenir en ligne droite de la Source suprême et unique et lui retourner, en passant par le cœur.  Autrement, la vie devient un marais de sensualité, d’émotions et de futilité.

Dans l’immédiat, celui qui mérite le plus l’Amour d’un être humain, c’est l’être qui se trouve devant lui ou ceux qui gravitent autour de lui.  S’ils ne s’y trouvent pas, ceux qu’il appelle tendrement ses bien-aimés, ses chéris ou ses êtres chers auront bien l’occasion de recevoir le même rayonnement, chaque fois qu’il se retrouvera en leur présence.  Dès lors, pourquoi les amènerait-il partout avec lui en pensée et en sentiments, au risque d’amoindrir ses émanations au désavantage des gens en présence desquels il se trouve et qui ne s’y retrouvent sûrement pas par hasard?  Ne reçoivent-ils pas déjà leur pleine part quand il se trouve ne leur compagnie?  Si tel n’est pas le cas, c’est le problème auquel il doit trouver une solution.

Pour chacun, c’est un leurre bien séduisant, mais tellement faux, que de croire qu’il existe, quelque part à l’extérieur de lui, un Esprit-frère ou une Âme-soeur avec lesquels il serait appelé à fusionner pour retrouver la plénitude de son entité.  Chacun est entier, complet, total et parfait en lui-même, ce qu’il lui reste à redécouvrir consciemment pour être pleinement.  Nul n’est la demi-portion ou la douce moitié d’un autre.  C’est en son Centre divin intime, par son âme, qu’il lui faut se fondre pour arriver à trouver la plénitude qu’il cherche  à atteindre en fusionnant avec un autre être incarné, de polarité inverse, mais qui ne le conduira jamais à une aussi sublime réalisation.

Ainsi, dans l’expression commune de l’amour humain, on ne trouvera jamais rien d’autre qu’une affection qui, par les normes d’un contrat effectif ou tacite, l’écarte toujours de plus en plus de ses motivations, de ses aspirations, de son But ultime ou Idéal suprême et qui fausse les perceptions justes, par rapport à autrui, en leur donnant la couleur de ses attentes.  Car plus un être vit longtemps en couple, plus chacun des membres se croit des droits sur l’autre et accumule les attentes à son endroit.  Et on pense partout que c’est naturel et normal, que c’est la vie.  Pourtant, l’Amour vrai n’a besoin de rien pour s’exprimer, mais l’amour humain amène à réclamer, par ce qu’il s’en nourrit, des services, des mots doux et tendres, des câlins, un support financier, des baisers, du sexe, des caresses, surtout en présence d’un intrus, car ils sont autant de moyens de démontrer son appropriation, de délimiter le territoire autour de l’être aimé et de lui rappeler jusqu’où peut aller la corde à laquelle il l’a subtilement attaché.  Voilà la réalité de la personnalité ou petite personne en quête de se compléter par le biais de faux moyens et par interposition de personne.

La communion intime, telle qu’elle prévaut dans l’Amour, ne demande pas de contacts, même si elle ne les interdit pas.  Elle accueille plutôt celui qui passe dans son champ de vision ou de perception dans un moment particulier de sa vie, ce qu’elle reconnaît comme un privilège, y reconnaissant un écho de l’Unité, qui amène le cœur à s’ouvrir, à accueillir, à donner, à échanger, à partager, à collaborer, à se rejoindre dans l’Unité, mais sans attente.  À chaque rencontre, si éphémère qu’elle puisse être, oublieuse des habitudes et des routines, elle compte en faire une expérience nouvelle reliée au sentiment de la révélation, à travers les êtres qui entrent dans sa vie, de la Présence des présences.  Ainsi, dans chaque visage, elle veille à découvrir un aspect inusité de la Source unique, dans son apparente expression multiforme, pour en faire, intérieurement, une véritable célébration ponctuelle.

Puisqu’il subsiste déjà, depuis les origines, un lien éternel entre tous les êtres, du fait qu’ils ont tous émané de la même Source unique, la communion amoureuse ne cherche jamais d’intérêt personnel, pas plus qu’elle ne tente de donner un avenir à  une rencontre de passage.  Elle laisse les choses être comme elles sont sans essayer de changer autrui ou de le retenir.  Elle sait que la reconnaissance, au plan de l’âme, reste éternelle.  Ainsi, dès que la relation cesse, elle sait rester ouverte à la perception d’un autre objet ou d’une autre entité qui pourrait lui révéler un autre aspect de l’Absolu.  C’est ainsi que, d’expérience en expérience, menée de cœur à cœur et d’âme à âme, ce qui l’amène à s’investir totalement dans chaque moment qui passe, elle trouve une occasion de reconnaître la Nature essentielle de la Vie, qui est Énergie pure.  Et comme, par paradoxe, le joug de l’Amour pur libère, dégageant son flot, la communion se fait plus fluide, plus chaleureuse, plus spontanée, plus égalitaire, plus adéquate.

Dans cette explication, il n’est pas question d’appeler une personne à mettre un terme à une relation qui la satisfait encore, surtout pas à celle de son couple, pas plus qu’à celles qu’il a tissées avec les membres de sa famille, ses amis, ses partenaires et autres connaissances, à part les relations toxiques.  C’est une affaire d’éclairer sa quête d’Amour d’un autre regard pour s’assurer que ceux qui se disent aimer ne s’évertuent pas en vain à chercher l’amour, par peur ou par insécurité, là où il ne se trouve pas ou d’une manière qu’il ne s’exprime pas.  Nul n’accédera à la Vérité, au terme de son accomplissement, s’il charge ses expériences d’un épais mensonge.  Il fau que, sans le frein de l’ego, la Lumière fraie son chemin, de manière à mettre un terme à l’emprise, presque impénétrable, des délires à deux ou à plusieurs, de l’esprit de clocher, du chantage émotif et des jeux de pouvoir qui finissent par devenir la norme du quotidien, dans un monde primitif, des états de fait si insidieux et régressifs que presque personne n’en sort indemne, sans le remettre en question.

L’intensité d’une relation ne donne pas la preuve de la présence de l’Amour entre des êtres.  Comme nous le savons tous, une affection naissante peut emporter dans des expériences apparentées à l’euphorie, parfois même à l’extase.  Parce que la relation se démontre plus ouverte dans une nouvelle relation, du fait que les attentes sont encore limitées, qui n’est pas déjà tombé en pamoisons dans ses premières affections de jeunesse?  Mais, parfois, le héros ou l’héroïne de cette aventure n’ont-ils pas déchu aussi rapidement qu’ils avaient grandi dans son estime?  Dans toute relation intense, il faut veiller à ce que la pression des attentes n’altère pas le cours de l’Amour pur en le faisant dévier en possessivité ou esprit de possession.   L’infidélité cachée s’explique souvent précisément par le rejet inconscient, d’origine bien mentale, des obligations imposées par sa présente relation.

On peut lire quelque part, dans une source oubliée: «Là où est l’ego, il ne peut y avoir d’amour.  Là où il y a «quelqu’un», il y a une «autre», et là où il y a «un autres«, il y a une attente à combler, et, s’il y a une attente à combler, il y a un ennemi potentiel qui menace l’Amour vrai.»  Il n’est pas facile de saisir toutes les subtilités de ce judicieux message délivré de l’Au-delà à l’humanité.  Bien sûr, l’Amour ne représente pas une relation, mais un état d’être plein de vie dans l’Unité indissoluble, ce qui revient à tout dire, sans rien dire.  Alors, pourquoi ne pas cultiver la rose bleue, qui symbolise l’amour impossible qui devient possible, et s’ouvrir à une expérience «de colores», soit de toutes les couleurs, plutôt qu’à la vie en rose, une si grande illusion.

En somme l’Amour représente la Pure Émanation du Très-Haut ou la Source de Pouvoir qui porte l’Essence divine de la Création.   D’où on a dit à juste tire qu’il est la Clef de Tout, la Raison de l’Univers, le Substrat du Cosmos, l’Essence du Graal, soit l’explication même de l’Expérience cosmique, ce Grand Jeu joyeux de Création universelle.  Cette Essence divine jaillit en permanence de la Perfection de la Source suprême, jaillissant conséquemment continuellement d’elle-même, mettant en œuvre le Plan de Perfection ou la Volonté de Dieu tels qu’ils ont été tracés pour toutes les créatures.  Cette énergie intelligente, rayonnante et inépuisable, facteur de croissance et d’expansion, qui s’écoule à travers tout ce qui est, donne la vitalité, la jeunesse, la beauté, l’abondance, le succès, bref, la plénitude, la félicité et la perfection, permettant d’embrasser l’infinité de la Grande Lumière originelle.

Pur don de lui-même et source de libération totale, l’Amour incline toujours vers le choix spontané d’accorder la liberté, de donner la joie, d’accroître la paix et l’harmonie de façon sage, gratuite (ne demande rien en retour), modeste, inconditionnelle, impersonnelle, désintéressée (sans attente et sans calcul) et sans jugement, afin de s’investir dans l’innocuité.  Par la perfection du moment, il confère l’aspiration d’expérimenter jusqu’à la réalisation de l’Idéal suprême de la Perfection des Perfections.  Il pourrait se définir comme le ciment ou le liant de toutes choses qui transforme de lui-même la structure de la Réalité des plans inférieurs.  Indispensable, mais illimité, il revient au centuple à celui qui le répand, élevant sans cesse son taux vibratoire, d’où nul ne peut en prévoir la fin.  À titre de lien subtil qui retient ensemble toutes les parties des univers et du Cosmos infini, il représente le secret de la théorie unifiée.

Sri Yukteswar Giri a dit : «L’amour ordinaire est égoïste, sombrement enraciné dans les désirs et les satisfactions.  L’amour divin est sans condition, sans borne, sans changement.  La fluctuation quitte à jamais le cœur humain sans le toucher transperçant du pur amour.»

En spiritualité, le problème qui se pose, quand quelqu’un parle d’Amour, c’est qu’il n’a pas le même sens dans sa vibration que dans sa définition.  Pour un être réalisé, le noble mot «Amour» n’a jamais le même sens que dans la dimension terrestre.  Au plan de la dualité, selon les individus, comme tous les mots, le mot «Amour» prend des sens différents qui peuvent aller jusqu’à s’opposer.  La plupart du temps, les expériences vécues de celui qui l’emploie le colorent et en restreignent ou en dénature le sens.  Ainsi, il réfère à ses attachements, à ses jeux de dualité, notamment à ses jeux de pouvoir, au sein d’une relation, par exemple, au sein d’un couple, qui n’a strictement rien à voir avec ce qu’il est dans les plans multidimensionnels.  Et pourtant, il s’agit toujours du même mot.

Par bonheur, dans le domaine initiatique, la manière qu’un aspirant le comprend n’a pas la même portée.  En effet, la vibration divine et fondamentale qu’un Maître appelle «Amour» n’a rien à voir avec la vibration que l’être humain appelle «amour», qui devient «affection», à savoir qu’un être ne ressent d’intérêt ou d’appel que dans la mesure qu’il est affecté, touché, stimulé par un plus qu’il peut s’ajouter bien égoïstement et sans trop de déboursé.   Pour la plupart, la signification en est même à l’opposé, incluant l’affection qui dégénère en accaparement.  Or l’Amour éternel n’est jamais affection et, sans jamais se laisser accaparer, il libère au lieu de tenter d’accaparer quoi que ce soit.

DES NOTIONS SPIRITUELLES TIRÉES DE L’ENSEIGNEMENT INITIATIQUE IMMÉMORIAL

D’après la «Cabale», l’amour est un fruit de «Chesed» (la sphère de Jupiter) en «Netzah», d’où l’«Amour» y désigne toujours la dynamique de cette planète.

L’«amour d’autrui» ou «du prochain» doit être vécu de manière impersonnelle, inconditionnelle, gratuite, sans attente ni jugement.  Bien qu’il puisse être exercé en tenant compte des affinités naturelles, des complicités personnelles, des connivences des rôles personnels et de l’incidence de la proximité, il ne doit jamais mener à établir des préférences et à accorder des privilèges.  Comme le Soleil, le véritable amoureux brille pour tous ceux qui entrent dans son sillage et il accorde aux gens en sa présence le meilleur de lui-même.  Qui essaie d’aimer quelqu’un à partir de sa personnalité, de sa nature égocentrique, ne cherche qu’à le posséder, à le contrôler ou à le faire servir à ses propres fins.  Nul ne peut aimer l’autre que par la voie de l’âme.

L’«Amour de  Dieu» ou «Amour pur» désigne l’Essence spirituelle qui émane de l’Esprit de Dieu et qui engendre chaque être particulier.  Aimer Dieu consiste à mettre sa foi dans une Force ou une Énergie infinie, au-delà de la compréhension de l’entendement.  Alors, en tant que créature, l’être humain doit lui offrir son entière contribution dans le choix des expériences de sa vie qui est établie selon un Plan divin difficile à  sonder et difficilement compréhensible.  Il doit accepter l’existence de ce Plan qui a été tracé, à l’intérieur duquel il détient un rôle fonctionnel, et qui peut lui indiquer les étapes de son retour au Foyer originel.  Forcément, il doit en suivre fidèlement les données en tout temps.

L’expression «amour impersonnel» réfère à un amour égal pour tout et pour tous, donc sans préférence ni favoritisme, sans discrimination. Autrement dit, il ne fait acception ni exclusion de qui que ce soit ni de quoi que ce soit, laissant chaque être, à son niveau de conscience, libre de l’accepter ou de le refuser, mais ne se refusant jamais à qui ni à quoi que ce soit pour sa part.  Il désigne l’amour quand il est conçu comme la raison d’être et de vivre d’un sujet qui ne désire que l’adresser à tout et à tous parce qu’il considère chaque être comme une cellule ou une parcelle du Grand Corps mystique ou de l’Âme universelle.  Il embrasse tous les êtres de la Nature et tous les êtres humains par un même degré d’intensité, sans prendre en considération ce qu’ils sont, ce qu’ils font, ce qu’ils deviennent.  De par sa nature, il englobe toute la Création.  On dit que, chez un individu en évolution, l’amour inconditionnel se maintient tant et aussi longtemps qu’il peut répondre par l’affirmative aux trois questions suivantes.  Est-ce que je me sens toujours bien dans cette relation?  Est-ce que je reçois autant que je donne?  Est-ce que le ressenti de bien-être s’y poursuit ou s’y maintient?

L’expression «amour inconditionnel» traduit un amour qui garde le cœur largement ouvert à tout et à tous sans égard à leurs limites, par exemple à leur rythme évolutif, à leur degré d’accomplissement apparent, à leur manière d’assurer un juste retour.  Alors, un être aime sans la moindre condition, d’où il n’est plus jamais porté à dire : «je t’aime si tu agis» ou «te comportes de telle ou telle façon…», «je t’aime quand tu réponds à mes attentes…» ou «je t’aime quand tu m’aimes», «quand tu t’occupes de moi» ou «quand tu m’accordes un retour».  Une telle forme d’amour abandonne les intérêts et les désirs personnels, il se départit de toute intention de changer les autres et il évite de demander des comptes.  Il accepte les gens tels qu’ils sont, sans condition, sans jugement de valeur, sans exclusion.  Mais il écarte tout autant tout désir de retour, qu’il s’agisse de chaleur, de mérite, de récompense, de considération, de prestige, d’ascendant, d’attention, de valorisation.  Il n’escompte jamais que les autres vont agir ou réagir par un même degré d’amour qu’on a inclus dans son acte.  Il aime du mieux qu’il le peut, au meilleur de sa compréhension et de ses moyens, par ce qu’il sait que c’est se conformer à la Loi de la vie que d’agir ainsi.  Celui qui aime de manière inconditionnelle se permet de devenir une source d’énergie pour lui-même et pour les autres, plutôt qu’une citerne qui l’emmagasine, ne souhaitant que se remplir à la source des autres.  Il choisit de donner avant de recevoir et sans attente de recevoir.  De toute manière, il sait que mieux il est dépourvu d’attentes, mieux le retour au centuple peut lui répondre.  Ainsi, lorsqu’on ne peut complètement se dégager d’une attente au moment de poser un acte, il faut en informer le bénéficiaire, avant même de le poser, de manière que l’autre puisse prendre connaissance des conséquences de son investissement.  L’amour inconditionnel permet de s’exprimer dans le détachement affectif, dépourvu de tout esprit de possession.  Il permet de sortir de la servitude des attentes et de l’égoïsme des exigences.  À l’écoute de son ressenti, il ne reste plus qu’à se poser la question à savoir si on a le goût d’intervenir, si c’est s’aimer que de le faire, si on respecte ses priorités ou ses engagements personnels en le faisant.   On ne cherche plus à rien obtenir ni à retenir, se donnant également à tout et à tous.  Ainsi, on peut aider un être en difficulté dans l’acceptation totale, au-delà de la tolérance, adressant son amour au juste comme à l’injuste, au bon comme au mauvais, aux grands comme aux petits, aux êtres connus comme aux êtres inconnus.

En principe, l’expression «Amour pur» réfère à l’Essence divine du Créateur, à un degré vibratoire qui induit en extase, au premier degré de l’amour divin, la plus haute manifestation de la vie, ce degré vibratoire qui fusionne dans la Lumière suprême et induit en extase.  Chez l’être incarné, il renvoie plutôt à la pureté d’intention, au niveau de l’agir, qui suscite le service constant envers la Divinité, un service infiniment dévotieux et zélé.  Autrement dit, un sujet place l’accomplissement dans la Perfection divine au sommet de ses priorités et au-delà de tous ses intérêts personnels.  En réalité, chaque être constitue une parcelle de l’Essence divine, cet Amour pur.  C’est ce degré d’amour qui permet de concevoir la vérité et d’exprimer la sagesse (le savoir appliqué).  Dans cet état sublime, chaque pulsion de vie devient un atout pour tout ce qui est.

On le confond parfois avec l’«amour spirituel» qui éclaire l’état de conscience de l’être qui exprime une attitude d’accueil égal envers tout ce qui existe.  Elle réfère à une manière subtile de manifester la quintessence, l’aspect le plus pur de tous les êtres, en produisant une fusion exaltante entre le sujet qui aime et l’objet qui est aimé.  Il permet de s’identifier aux êtres les plus élevés, voire avec Dieu lui-même, produisant ce résultat de la fusion dans la Source d’amour.  Il fait participer au Monde divin, pénétrer dans la Réalité suprême, donnant la conscience de la félicité ou de la béatitude (extase).  Dans cet état d’union et d’unisson, un être se sent uni à toutes les créatures, découvrant qu’il les porte en lui, qu’il est inséparable d’elles, parce qu’il ne peut plus exprimer de séparation d’aucune sorte.  À ce niveau, un être reconnaît spontanément que tous les êtres sont des manifestations de l’Amour divin et il ressent qu’il leur transmet l’amour même qui vient de Dieu.  Dans cet état, disparaît la haine, la jalousie, l’incompréhension, tout ce qui peut engendrer des voiles illusoires ou des limites apparentes.

L’«amour total» désigne l’amour originel et éternel, inconditionnel et impersonnel, exprimé de tout l’être, l’Amour tel que l’Absolu l’est et l’exprime.

 

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