par Alyna Rouelle
Cet article naît d’un paradoxe si profondément gigantesque que je ne puis résister à l’envie de vous le partager.
Vous savez que j’attends encore (mais plus pour très longtemps j’en suis sûre) une réponse positive pour mon manuscrit La nutrition de la liberté. J’ai envoyé, et continue d’envoyer le texte à différentes maisons d’édition que je connais ou dont je découvre l’existence au fil de regards jetés dans les librairies. Certaines de ces maisons d’édition sont plutôt « classiques », d’autres ont retenu mon attention de par leur engagement philosophique, d’autres encore sont plus particulièrement « spirituelles ».
Cette attente, au début, me plongeait dans un stress certain, et aujourd’hui je suis détendue par rapport à elle : le bon éditeur me répondra en temps et en heure et de manière parfaite. Il ne peut en être autrement. Et je profite de ce message pour vous remercier tous de votre soutien et de vos encouragements en attendant !
Il y a quelques temps, j’avais confié le texte du livre à un éditeur (dont évidemment je ne dévoilerai pas l’identité) qui ne publie que des ouvrages concernant la spiritualité, l’amour, les énergies, etc. Après avoir lu mon travail, il m’a écrit qu’il ne souhaitait pas le publier. Je n’ai eu aucun problème avec ça, ce n’était pas le bon, c’est tout, comme beaucoup d’autres, et j’allais simplement continuer à avancer. Mais ce qui m’a particulièrement interpellée, ce sont les raisons de son refus. Qu’un éditeur rejette une proposition de texte car le sujet ne lui parle pas, qu’il a déjà publié récemment plusieurs livres sur des thèmes similaires, ou que le style ne lui convient pas spécialement, d’accord, tout cela est logique et dans l’ordre des choses. Je m’étais même préparée à recevoir des refus motivés par des arguments du style : « Nous ne sommes ni vegan ni prâniques et ne sommes donc pas du tout d’accord avec vous. » Et je l’aurais parfaitement compris d’ailleurs, et respecté ! Mais non, je n’ai rien reçu de ce genre. Jusqu’à cette fameuse journée….. où cette maison d’édition « spirituelle » m’écrit donc un message de refus dans lequel elle m’explique que je ne suis pas du tout dans l’amour étant donné que j’ai consacré un chapitre de mon ouvrage à la question de la vie animale, et donc au fait de manger de la viande.
Oups ! Quelle gaffe en effet ! Zut alors… Ah la la la la, Alyna ça ne va pas du tout ça dis donc ! Il ne faut pas parler des choses qui fâchent ! Il faut juste dire que tout va bien dans le meilleur des mondes et que tout le monde est vraiment très gentil ! Parce que quand on est un vrai spirituel, c’est bien connu, on aime tout le monde et on ne juge rien.
J’aimerais attirer votre attention sur trois concepts extrêmement importants et que l’on oublie bien souvent de faire jouer de concert : l’amour, la conscience et la cohérence. Je pourrais ajouter la pratique.
Nous vivons dans un monde gorgé de paradoxes. La plupart des gens aiment les animaux, mais ils les mangent quand même. Beaucoup de gens ont conscience des atrocités que les animaux subissent, mais ils les mangent quand même. Il en résulte une incohérence profonde et… dommageable pour tous. Dans tout cela, la pratique de l’amour et la pratique de la conscience permettraient au contraire de retrouver cette cohérence.
Mon livre n’est pas un texte qui dénonce les atrocités. Loin de là. Je l’ai conçu, mot pour mot comme un texte qui ouvre le coeur, qui apaise, qui fait grandir le pouvoir intérieur, la liberté aussi (et surtout), la responsabilité, l’amour et la conscience de son corps, de soi, de l’autre et du monde. Mais en effet, j’ai consacré un chapitre à cette question si souvent abordée : la chair et tous les produits d’origine animale. Je n’y dévoile rien d’horrible, car de nombreux ouvrages tiennent ce rôle et sont d’ailleurs remarquables. J’y pose simplement cette question de la cohérence et de ce qui se produit dans un être humain, sur le plan physique mais aussi sur le plan psychique, lorsqu’il y a action de manger de la viande. À aucun moment, évidemment, je n’insulte les mangeurs de chair, ceux qui me connaissent peuvent s’en douter, c’est loin d’être mon style. En revanche, comme je l’explique d’ailleurs dans mon livre au sujet de la nutrition en général, dès lors que l’on parle d’un acte plutôt incohérent, engendrant de la violence, de l’injustice, des maladies, etc… on devient pour ainsi dire la bête à abattre aux yeux de tous ceux qui perpétuent encore cet acte. Déjà que j’ai sur le dos tous ceux qui en veulent à mort aux prâniques du simple fait de leur existence, ceux qui m’agressent et me menacent de toutes sortes de choses, ceux qui m’insultent, ceux qui m’explique que je mens, etc… mais maintenant j’ai affaire à des gens qui s’estiment plus spirituels que moi, et plus « dans l’amour » que moi parce qu’ils mangent de la viande et pas moi !
Pour ma part, c’est le fou rire qui a suivi la consternation.
Il y a, je le remarque, une déviance dans l’interprétation que l’on peut avoir de l’amour, et cette déviance grandit de plus en plus. Pour certaines personnes, être dans l’amour signifie tout accepter, tout laisser faire, ne quasiment plus réagir. Et d’une certaine manière c’est vrai. L’Unité est un état qui permet d’être dans un espace-temps si paisible et conscient que l’on accepte de se laisser flotter sur l’énergie de vie comme on le ferait sur l’eau d’une rivière ou sur l’océan. Cet état d’être a le pouvoir de désamorcer la violence, les injustices, les sentiments et émotions qui peuvent nous faire du mal, etc. Mais l’Unité ne stoppe pas la vie ! Elle ne met « à l’abri » de rien ! Elle nous fait au contraire plonger encore bien plus profondément dans l’existence, et la vivre de manière beaucoup plus intense qu’auparavant ! Et au-delà de ce point, vivre dans l’Unité ne signifie en rien « se laisser marcher sur les pieds », et encore moins bien sûr « continuer de cautionner toutes les atrocités du monde ».
L’amour de soi n’est pas un amour qui exclut l’autre, et l’amour de l’autre ne devrait jamais nous exclure nous-même non plus. Mais pour peu que l’on parvienne à cet amour de soi, à cet amour de l’autre, à cet amour du monde… il est un fait inéluctable, c’est que certains actes ne sont tout simplement plus possibles pour nous, car devenus incohérents. Cela ne veut pas dire, pour rester dans le cas du veganisme, qu’il faille devenir haineux vis-à-vis de ceux qui continuent de manger de la viande, évidemment pas, surtout pas même ! Cela veut simplement dire « montrer l’exemple », un autre exemple, une autre possibilité ; être, devenir quelqu’un qui donne un exemple radieux, qui donne à voir du beau, du sain, du simple aussi, du rayonnant, du cohérent justement dans l’amour, la conscience et la pratique. Cela veut aussi dire : offrir des informations permettant la liberté à tous ceux qui en ont soif et qui en ont besoin.
Je trouve assez exceptionnel un autre paradoxe, peut-être encore plus grand : c’est qu’une fois qu’un individu est « passé du côté des allumés de service », il n’est plus censé dire quoi que ce soit de « dérangeant », puisqu’il est sinon aussitôt taxé de « non amour », de « péché de jugement », etc. Il est vrai néanmoins que cette tendance au jugement existe chez toute personne qui prend conscience de diverses choses et souhaite tout à coup que le monde entier fasse comme elle (je suis passée par là moi aussi rassurez-vous), mais finalement, les informations qui peuvent être données par des individus ayant fait des expériences permettant un enseignement ou une réflexion « hors norme et hors propagande » sont stigmatisées « non valables », alors que des discours incohérents au possible (comme celui qui consiste à utiliser dans une même phrase les mots « amour » et « viande ») sont estimés plus « réalistes », plus acceptables.
Récemment, vous le savez, j’ai traversé une période difficile après avoir recommencé à manger un petit peu. Le stress de mon rythme de travail et la masse de choses à faire m’ont submergée. J’ai eu l’occasion de discuter avec un naturopathe qui habite dans mon village et lui expliquant que j’étais épuisée, il m’a tout de suite répondu que je manquais de fer et de protéines et qu’il fallait que je mange des oeufs, du poisson et de la viande.
Mais comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ?! Évidemment, suis-je bête ! Après deux années au prana absolument total, ce qui me manquait c’était de la chair animale ! Mais bien sûr ! Ce même médecin m’a alors expliqué qu’une femme vegan ne pouvait pas avoir d’enfants, et la maison d’édition dont je vous parle m’a aussi affirmé que les vegan étaient reconnaissables à leur teint triste et leur mauvaise mine et qu’il fallait « sauver » les gens du végétarisme !
Un tantinet désespérée (car toujours épuisée et chaque jour un peu plus submergée de travail…) par tous ces discours de jugement, d’intolérance, et de mépris, j’ai alors tout simplement demandé de l’aide à mon corps. Et c’est lui qui m’a montré le chemin. Il m’a indiqué une période de repos, de yoga, de temps passé dans la nature… À de rares moments tout de même, tout cela avait réussi à me faire flancher, et je finissais par me dire, dans des moments de faiblesse physique, qu’ils pouvaient avoir raison, que j’allais devoir m’y faire, etc. Mais non. Je sais au plus profond de moi que non.
Les « anti-prana » me disent que je méprise l’anatomie naturelle de l’être humain ainsi que ses fonctions digestives. Ils m’expliquent alors longuement et avec de riches arguments pourquoi nous avons un nez, des oreilles, des intestins, un sexe, etc. Le tout suivi d’ironie mordante. Mais désormais on me reproche, parce que je prône le veganisme et l’écoute de son corps physique (qui n’a besoin de rien d’autre), l’écoute du monde, l’amour du monde et la conscience de tout ce qui le constitue, de juger et de ne pas aimer les mangeurs de viande, les élevages, les abattoirs, etc.
Quand je ne mangeais rien de physique on me reprochait d’être « extrémiste » et dangereuse, et désormais que je mange un peu de nouveau on me dit que je méprise le prana… que je ne suis plus pranique, voire que je ne l’ai jamais été.
L’être humain sait être complexe, cela est certain dans ses réflexions. J’en suis parfois ébahie.
Quoi qu’il en soit, je souhaitais simplement attirer votre attention sur cette expérience intéressante et très parlante : les agressions les plus virulentes ne viennent pas forcément toujours d’individus qui pourraient ne pas être classés dans la catégorie « personnes spirituelles ». Les croyances, jugements, sectarisations, mépris et arrogances nous surprennent parfois de par leur provenance !
Nous oublions souvent un fait pourtant fondamental… c’est que dès lors qu’un organisme devient vegan, ou mange de manière frugale et tend vers le prânisme, sa sensibilité se voit grandir et accroître plutôt incroyablement. Et lorsqu’un changement énergétique pour bouleverse, ou que le corps exprime un besoin de repos pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’alimentation, une perte de densité peut se produire, une perte d’ancrage. Les produits animaux ancrent, on le sait. Il apportent cette densité, ou ce sentiment de densité. Mais ils sont loin d’être les seuls moyens… et surtout, loin d’être les mieux adaptés à des corps devenus aussi sensibles et porteurs d’énergies qui n’ont plus rien à voir avec la mort et les toxines, ainsi que les conséquences et répercutions dans tous les domaines, que ces aliments véhiculent et impliquent.
La véritable nutrition saine est celle qui n’engendre pas de souffrances et respecte le corps et l’esprit de l’individu. Il est des cas où manger un morceau de viande, un oeuf ou un peu de fromage peut sauver une vie ! Oui, c’est vrai. Mais c’est aussi extrêmement rare. Et cela ne remet pas en cause la nécessité aujourd’hui de promouvoir la transformation d’un système « alimentaire » qui dégrade autant la nature, les animaux et l’être humain, et de le promouvoir dans ses actes, autant qu’au plus profond de son coeur.
Il est temps de sortir de toutes les petites boîtes dans lesquelles nous nous enfermons et nous laissons enfermer pour toutes les bonnes et mauvaises raisons du monde. La liberté est un droit inaliénable, et cette question ne devrait même pas pouvoir être discutée ou argumentée. Mais liberté ne signifie pas immobilité, soumission, résignation. La liberté est un droit qui s’exerce, qui se pratique ! Et qui se pratique main dans la main avec sa plus grande amie : la cohérence. On ne peut dire qu’on aime en continuant de tuer, on ne peut dire qu’on a conscience en continuant de fermer les yeux. C’est la pratique de cet amour et de cette conscience qui permet la véritable liberté. Et tel est l’exemple que chacun de nous doit donner au monde, afin que tout simplement, il retrouve confiance en sa sagesse et sa paisibilité originelles.
Prenez divinement soin de vous et recevez tout mon amour,
Alyna
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