Doté d’une seule cellule, le Physarum polycephalum serait toutefois doué d’une forme simple d’apprentissage, selon une étude de l’université de Toulouse.
A-t-on vraiment besoin de neurones pour apprendre ? D’étonnants résultats publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B. semblent indiquer le contraire. Une expérience menée par des chercheurs de l’université de Toulouse sur le Physarum polycephalum montre que cet organisme unicellulaire est capable d’habituation, une indéniable forme d’apprentissage.
« Le blob », comme le surnomment les scientifiques du fait de son apparence changeante, est un protiste : une forme de vie unicellulaire qui n’est ni un animal, ni un végétal ni même un champignon, mais un peu les trois à la fois. Physarum polycephalum, son nom scientifique, vit dans les sous-bois et peut prendre plusieurs formes et plusieurs couleurs. Composé d’une seule cellule avec des milliers des noyaux, il peut toutefois mesurer jusqu’à 10 m2. Par comparaison, l’humain est lui composé d’environ 100 milliards de cellules. Déjà connu pour être malin, le blob est notamment capable de résoudre un labyrinthe ou de construire un réseau très efficace pour optimiser son accès à la nourriture.
Serait-il alors capable d’apprendre ? En matière d’étude du comportement animal, le terme « habituation » désigne la capacité d’un organisme vivant à progressivement diminuer sa réponse à une stimulation particulière après y être confronté plusieurs fois. Pour tester cette aptitude chez le Physarum polycephalum, les chercheurs ont confronté plusieurs groupes à une sorte de parcours d’obstacles consistant à placer entre eux et la nourriture des milieux amers dissuasifs, mais inoffensifs. Un groupe a ainsi été confronté à de la caféine, un autre à de la quinine et un groupe témoin à un milieu neutre. Lors des premiers essais, les groupes confrontés aux milieux dissuasifs expriment quelques réticences, mais au fil du temps ils atteignent la nourriture de plus en plus rapidement. Au bout de six jours, ayant appris que la traversée ne présentait pas de danger, ils cheminent à la même vitesse que le groupe témoin. Cette habituation est toutefois temporaire puisque, quand les chercheurs retirent l’obstacle pendant un certain temps, les Physarum recommencent à montrer des signes de méfiance.
Ce phénomène d’accoutumance est à différencier de celui que peuvent exprimer les bactéries et les virus, capables de s’adapter au fil des générations du fait de l’évolution et non d’un processus d’apprentissage intelligent. Grâce au blob, les scientifiques espèrent mieux comprendre les mécanismes primitifs de l’apprentissage, et l’apparition de cette capacité au fil de l’évolution.
Source: http://www.cite-sciences.fr/