par Elodie Bonnet
Nos pensées conditionnent en grande partie notre état de santé mentale. La pratique de certaines habitudes de pensée et la résistance au changement créent notre réalité. Il existe une réalité hors de notre être et, en vérité, nous n’interagissons pas avec elle. La seule réalité avec laquelle nous cohabitons réellement est une simulation créée par notre cerveau à travers nos pensées et qui peut se rapprocher, dans une certaine mesure, de la réalité extérieure.
En théorie, moins nos pensées sont biaisées et plus nous nous rapprochons de la vérité. Le problème vient du fait que nous avons été éduqué-e-s à coups de généralisations, de préjugés et de dichotomies qui nous font nous éloigner du monde réel. Penser, c’est comme respirer : nous le faisons sans nous en rendre compte mais nous ne pouvons pas croire tout ce que nous pensons. On estime approximativement que seulement 20% de nos pensées se concrétisent.
Les êtres humains ont des pensées qui ne correspondent pas à la réalité du moment ou de la situation ; ces pensées s’appellent les pensées déformées ou irrationnelles. Ce sont des idées qui nous viennent à la tête et qui nous empêchent de voir la réalité ultime des choses ; elles nous induisent souvent en erreur et cela influe directement et en grande partie sur notre état émotionnel.
Les interprétations de la réalité sont celles qui nous poussent à être des personnes stables ou instables au niveau émotionnel, plus que la réalité elle-même. Ce que nous pensons de nous-mêmes et de notre expérience est ce qui nous crée réellement des problèmes d’anxiété et/ou de dépression, si présents dans nos sociétés : la réalité elle-même ne constitue pas la source de ces troubles. Deux personnes qui font face à une certaine situation peuvent la vivre et la comprendre d’une manière différente, découvrant ainsi que les pensées sont celles qui, finalement, créent la réalité.
La réalité est, quand on cesse d’y croire, ce qui ne disparaît pas.
Si vous voulez changer, changez vos pensées
La psychologie base une partie de ses thérapies sur la substitution de pensées irrationnelles par d’autres qui s’ajustent mieux aux faits réels. Apprendre comment transformer les pensées irrationnelles en pensées rationnelles est l’axe principal de la pensée ajustée à la réalité. Les personnes qui sont capables de modifier ces pensées peuvent avoir un grand contrôle sur leurs émotions et sont aptes à prendre des décisions plus justes.
L’une des techniques les plus utilisées en clinique pour changer les pensées désajustées est celle du débat, au cours duquel on apprend au/à la patient-e à modifier ses croyances à travers des questions formulées par des paramètres rationnels, jusqu’à ce qu’il soit capable de créer des pensées alternatives beaucoup plus adaptatives. L’objectif est, au final, que le patient soit capable de substituer ou de polir ses pensées de façon autonome.
Même si les circonstances sont complexes, comme celles qui peuvent se dérouler lors d’une séparation ou d’une rupture de couple, ces situations ne vont pas s’améliorer grâce à nos pensées. Lors de situations difficiles, notre marge d’action consiste davantage à intervenir dans nos pensées que dans la propre réalité.
« N’importe qui peut avoir des connaissances, mais l’art de penser est le don le plus rare de la nature. »
Comment penser de manière saine et rationnelle ?
Les événements ne causent pas les problèmes émotionnels et comportementaux : ceux-ci sont causés par les croyances qui sont sous-jacentes aux interprétations de ces problèmes. L’un des aspects basiques à souligner est la distinction entre croyances rationnelles et croyances irrationnelles.
Penser de façon rationnelle signifie penser en relativisant, en s’exprimant en termes de souhaits et de goûts (j’aimerais, je préférerais, je souhaiterais…). Quand les personnes pensent de façon saine, même quand elles n’obtiennent pas ce qu’elles veulent, les sentiments négatifs que ces situations génèrent ne leur empêchent pas d’atteindre de nouveaux objectifs ou buts.
Et, au contraire, penser de façon dogmatique et absolutiste nous fait nous exprimer en termes d’obligation, de besoin ou d’exigence (je dois, je suis obligé-e, etc). L’impossibilité de les satisfaire provoque des émotions négatives inappropriées (dépression, culpabilité, colère, anxiété, peur) qui interfèrent dans la consécution des objectifs et causent des altérations de comportement comme l’isolement, l’évitement ou la fuite et l’abus de substances toxiques.
Tout dépend de la façon dont nous voyons les choses et non de comment elles sont en réalité.
Source: https://nospensees.fr