par Alyna Rouelle

 

Imposante, massive, lourde… tels sont les mots qui nous viennent à l’esprit lorsqu’on arrive sur la Place de l’Eglise de la Madeleine à Paris. Ridicule aussi, un peu, à cause de ses colonnes bombées, dont les français sont très fiers de dire qu’elles sont « comme en Grèce »… à la différence que les grecs, eux, avaient une excellente raison d’arrondir les colonnes de leurs temples : l’extrême chaleur qui avait pour effet, lorsque l’on regardait le temple de loin, d’amincir, d’amaigrir même les colonnes et de les faire disparaître à la vue.  Afin que les temples soient vus dans toute leur majesté et non avec des colonnes maigres et chétives voire inexistantes, et ce, même depuis la mer, les architectes eurent la brillante idée d’élargir les colonnes en leur centre, afin qu’une fois la déformation inévitable de la chaleur sur la vision effectuée, celles-ci apparaissent bien droites, parfaites.

Il fut bien sûr éminemment inapproprié de « reprendre » cette idée à Paris où il est difficile de pouvoir dire même au mois d’août, même en se reculant beaucoup beaucoup, même en parlant grec…que les colonnes disparaissent. Loin de là, elles sont au contraire toujours aussi lourdes, démesurément et absurdement bombées.

C’est une des raisons pour lesquelles je n’étais jamais entrée à l’intérieur de cette église.

Récemment, la curiosité l’emporta. Quelle ne fut pas ma surprise, évidemment, une fois passé le fronton sculpté qui donne la sensation que le Christ de pierre fond sur vous, de découvrir à l’intérieur une légèreté peu commune. Une légèreté irréelle. Il flotte dans l’air de cette église un parfum d’invisible, de transparence ; une ambiance flottante mais très concrète vous enveloppe et semble vous dissoudre. En réalité elle ne « semble » pas vous dissoudre, elle vous dissout littéralement !

A mesure que j’avançais le long des chapelles latérales, je sentais mon corps se fragmenter, se diviser en des milliers de petites parcelles, étincelles, micro-particules. Toutes flottaient, maintenant la forme de mon corps, certes, mais n’étant plus une matière à proprement parler.

Plus j’avançais, plus j’activais la puissance sourde, néanmoins, de ce lieu, plus cette profondeur, cette puissance sourde se faisait chantante et dissolvante… plus les particules qui me permettaient de conserver ma forme humaine diminuaient en taille pour augmenter en nombre, plus je sentais mon corps grandir, devenir gigantesque. Je me suis demandé si je n’étais pas en train de devenir invisible. La réponse à ma question n’a pas mis longtemps à retentir dans tout mon être lorsqu’un groupe de personne m’a littéralement traversée sans se rendre compte de quoi que ce soit. Après eux ce fut au tour d’une jeune femme avec sa poussette. J’ai pu voir dans les yeux du tout petit bébé lové dans ses couvertures un étonnement grand, certes, de l’amusement aussi, mais finalement une telle évidence… j’ai pu lire dans ce regard le fait que lui aussi se rendait bien compte de ce qui se passait et il s’en amusait.

La question suivante fut évidemment : dans quel état vais-je ressortir de là…  J’ai effectué plusieurs tours dans l’église, mon corps prenant de plus en plus de place, les particules se répandant dans tout l’espace disponible, libres, gorgées d’une lumière nouvelle, étincelantes davantage à chaque instant, lorsque s’est imposé à moi l’ampleur du pouvoir contenu au coeur de ce lieu : cette église transcende la matière.

Inutile de préciser je pense, que cette Eglise de la Madeleine est dédiée à Marie Madeleine, dont l’énergie sublime est omniprésente ; entourée d’anges et soutenue par eux, elle trône sur l’autel massif, dans une déconcertante légèreté.

Très rare dans des églises chrétiennes, des occulus parsèment en ligne droite le plafond du monument. Tels des puits de lumière offrant chacun un niveau de transcendance propre, unique, évolutif, ils font de la neff un véritable couloir de transformation.

Il me paraît fondamental, dans des temps comme ceux que nous traversons, de témoigner des expériences magiques que des lieux tels que cette église permettent et offrent à qui ouvre tout simplement son coeur et se laisse bercer, se laisse émerveiller. Car s’il est une vertu que l’on oublie souvent de travailler, de fortifier, de protéger aussi, c’est bien celle-ci : l’émerveillement.

Les très jeunes enfants et les animaux nous montrent chaque jour l’exemple ultime du pouvoir de l’accueil et de l’émerveillement ; un rayon de soleil les plonge en extase, un éclat de rire, une saveur, une sensation, un ressenti… et dans nos peurs de trop ressentir, — car pour survivre dans certaines circonstances on apprend à se protéger, à se couper de son ressenti — on se coupe aussi de tellement de lieux, de présences et d’outils pourtant à notre portée, disponibles, généreux et oeuvrant dans une simplicité divine !

Dans nos quêtes de sacré, de magie, de retrouvailles avec le divin, nous projetons aussi nos regards et nos attentes de l’autre côté de la terre en oubliant de prendre conscience que le sol que nous foulons est sacré, et que l’endroit où nous nous trouvons est divin. Nul besoin de parcourir le monde pour entrer dans un temple de pure lumière, pour peu que l’on accepte d’ouvrir sa conscience et d’élargir sa conception « raisonnable », sa « manière moderne et rationnelle » de voir et de vivre les choses ; pour peu, également, que l’on ne s’arrête pas aux apparences… qui savent être si trompeuses…

Je souhaite vivement qu’à la lumière de cet article, ceux qui ont la chance d’habiter Paris ou d’y aller régulièrement s’ouvrent à ce trésor… Il en existe des dizaines ; ils parsèment la capitale (et toutes les villes) de points d’énergie d’une puissance inouïe à côté desquels il est si dommage de passer le coeur et les yeux fermés…

Il est important d’activer régulièrement ces lieux sacrés… non seulement pour le bine de l’humanité, mais pour la Terre également. Les échanges d’énergie entre le Ciel et la Terre sont absolument primordiaux pour l’équilibre du monde et le bon fonctionnement vibratoire des choses et des systèmes. Plus de telles puissances sont activées, utilisées, remerciées, nourries… plus plus l’on facilite aussi l’évolution collective et générale.

Ces lieux qui dissolvent la matière sont des plus précieux et efficaces pour apaiser les âmes qui justement sont aux prises avec elle ; ils aident également à consoler les peines et les maux dont on ne comprend pas les causes, dont on ne trouve pas l’origine et dont le remède, en conséquence demeure inconnu, introuvable. Dès que la matière commence à nous poser problème nous sommes chanceux de pouvoir trouver sur notre route des lieux sacrés toujours actifs depuis des millénaires — car si c’est aujourd’hui une église chrétienne, ce fut bien avant cela de nombreux lieux dédiés au divin, au soin et à l’initiation —, rayonnant d’un pouvoir qui dépasse de très loin l’entendement et portant, toujours actives, les mémoires de toutes ces puissances…

Accepter de ressentir, parfois, demande du courage ; mais souvent, cela demande de l’humilité…

Alyna

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