par Tristan

Parfois derrière les meilleures intentions, les pensées les plus vertueuses et les combats les plus honorables, se cache plus de peur que d’amour. L’enfer est pavé de bonnes intentions.

Quel en est l’effet ? Lorsque la peur est le sentiment qui domine, même cachée par tout un tas de comportements qui la voilent comme l’ironie, les fanfaronnades, le cynisme… la peur finira par engendrer son propre objet. La peur que l’on vive dans un monde pollué engendre plus de pollution, la peur que l’on soit manipulé par les autres, les riches, les puissants… engendre plus de manipulation de la part des autres. La peur d’être blessé engendre plus de blessures, de maladies… C’est comme cela. C’est une loi universelle du pouvoir de création de l’être humain. On produit ce que l’on ressent, individuellement et collectivement. Et il est très très subtil de le comprendre, de le ressentir, puis très courageux de ne plus alimenter cette peur.

La peur n’est pas la conscience. La conscience que notre monde est pollué, que la manipulation est répandue, que le monde comporte des tas d’occasions d’être blessé ou atteint par des maladies peut être là, sans qu’il y ait de peur par rapport à cela, est ce que l’on pourrait appeler la conscience. On peut exister avec la connaissance des problèmes de notre monde en acceptant cela, sans résignation pour autant, mais avec une vraie acceptation que c’est là pour le moment. L’énergie de la lutte pour détruire ce qui nous dérange, comme si nous avions un ennemi, ne fait que renforcer cette énergie. Alors comment faire ? C’est souvent la question qu’on se pose. Comment être ou comment faire pour créer un monde meilleur sans lutter contre toutes ces horreurs qui nous pourrissent la vie ?

J’ai découvert il y a quelques mois la chaîne YouTube ThinkerView qui est un ThinK Tank de hackers. Ils interviewent des personnes d’opinions, pensées, connaissances variées qui sortent des ornières médiatiques. J’apprécie beaucoup leurs interviews et j’ai bien aimé par exemple celles des réalisateurs des émissions DATAGUEULE ainsi que pas mal d’autres. Plus récemment, je trouvais que leurs interviews et interviewés tournaient en rond dans une énergie qui entretenait une forme de cynisme plus appuyée qu’avant. Comme si, à force de fouiner dans les poubelles de l’humanité, ils avaient fini par se retrouver plaqués au niveau d’une réalité nauséabonde dont ils n’arrivaient plus à s’échapper.

Ce matin, j’ai regardé leur dernière vidéo, une interview de Bruno Parmentier que je ne connaissais pas. Cet homme est passionnant, passionné, plein de sagesse et de bon sens.
Le thème de l’interview est celui de l’agriculture et de la nourriture dans le monde. Il est passionnant et essentiel. On y apprend plein de choses vues avec le spectre d’un homme âgé dont la vigueur et la force de l’optimisme pragmatique fait du bien. Il remet les choses en perspective selon l’histoire au lieu d’être accusateur et vindicatif. Il est réaliste et porteur d’espoir. Et de temps à autre il nous retourne bien le cerveau avec une vision plus large de nos comportements et de leurs impacts sur le monde, comme quand il dit : « Un végétarien qui roule en 4×4 pollue moins qu’un carnivore qui roule en vélo. » Intéressante perspective sur les conséquences de nos habitudes alimentaires.

Au-delà de l’intérêt du contenu de l’interview, je l’ai trouvée passionnante pour illustrer cette question : « Comment améliorer le monde sans nourrir la peur ? » Quand on observe l’interaction entre les deux personnes, on est comme au théâtre. Il y a deux mondes qui se parlent. Le monde du cynisme et de la peur du côté de l’intervieweur, et le monde de la création et de l’optimisme du côté de l’interviewé. L’un a dans le cœur un ressentiment négatif sur le monde, l’autre, tout en ayant connaissance des mêmes faits, ne les juge pas. Il reste sur sa ligne pour déployer l’énergie des solutions, des possibilités, des potentiels, et inviter chacun par petites touches à faire ses propres changements qui changeront le monde. Il n’est pas naïf et sait de quoi il retourne, il pourrait facilement donner le grain à moudre de son interlocuteur qui cherche de temps en temps à lui faire dire des choses sombres et effrayantes, et il s’y refuse,non pas parce qu’il cautionne des exactions, mais de toute évidence, parce ce que son propos n’est pas de nourrir la peur.
Il adopte clairement la position suivante : il refuse d’utiliser son énergie pour dénoncer, faire monter une énergie de colère, de haine et de victimisation, et concentre toute son énergie sur la prise de conscience individuelle qui peut faire changer le monde et qui a déjà fait changé le monde.

Si vous vous demandez « Comment améliorer le monde sans nourrir la peur ? » c’est à dire comment participer à la transformation du monde sans donner de la force aux énergies qui cherchent à le maintenir dans son état ou à amplifier ses travers, vous avez là un exemple magnifique. Cet homme est bien plus spirituel qu’il n’y parait, parce qu’il sait quelle énergie nourrir pour que le monde change pour le bien-être de tous. De temps à autres, il dérange, il choque, on n’est pas d’accord avec lui, on le trouve trop conciliant et pas assez radical pour être porteur d’une vrai changement. On se trompe. Si on écoute ce qu’il a dans le cœur, sa création est bien plus grande, puissante et rapide que les points de vue radicaux que l’on entretient parfois et qui voudraient balayer la planète de sa fange au karcher.

Observez ces personnes dans leurs énergies et observez vers quoi elles tendent l’une et l’autre. Tous les jours nous sommes confrontés à cela, à chaque instant de nos vies nous pouvons nourrir la lamentation, la haine, le dégoût, le rejet, le désespoir ou nourrir l’amour de la vie.
Quelle énergie choisissons-nous de nourrir ? C’est notre libre arbitre quotidien de choisir l’énergie de l’interviewer ou de l’interviewé. La peur ou l’amour.
Bonne vidéo !

Trouvé sur http://astrologie-autrement.com/