Des bruits étranges sont entendus par une partie de la population mondiale. Certains d’entre eux sont toujours inexpliqués…

C’est un bruit bizarre entendu en différents endroits de la planète, de l’Ecosse au Canada en passant par le Maroc ou le Nouveau-Mexique. Un ronronnement entêtant, qui dérange, qui intrigue. Baptisé “the hum“ (le bourdonnement en anglais), ce phénomène sonore a été signalé pour la première fois dans les années 1970, dans la ville anglaise de Bristol.

Certains l’ont comparé à un moteur diesel tournant au ralenti dans le lointain, comme si un camion était dans la rue d’à côté. On parle de bourdonnement, de tintement, de ronronnement, mais il est difficile à définir. Le seul élément sur lequel s’accordent les témoins auditifs, c’est que ce bruit est sacrément ennuyeux.

“C’est comme un bruit de moteur”

La journaliste de la BBC Linda Geddes racontait l’an dernier sa première expérience du “hum” : “Il est 11 heures du matin et je suis soudain consciente de ce bruit bourdonnant et pulsant, un peu comme une perceuse ou une disqueuse lointaine. Mais ce n’est pas seulement un bruit. On dirait que mon oreille interne est en train de vibrer.”

Les centaines d’habitants de Bristol qui s’étaient plaints dans les années 1970 n’ont pas à l’époque reçu de réponse satisfaisante. Un temps disparu, le “hum” y a pourtant refait surface en 2016, amplifié cette fois par les réseaux sociaux. Et ça continue. Au mois d’octobre, une habitante se confiait au “Bristol Post” :

“Ça me rend dingue. Je ne le remarque que la nuit, quand tout est éteint et qu’il y a moins de circulation. Mais quand je m’allonge, ça devient encore plus fort. J’ai essayé de mettre des bouchons d’oreilles, mais je l’entends toujours, c’est comme un bruit de moteur, mais ça pulse.”

“Son venu du ciel”

Bristol n’est pas un cas isolé. La ville canadienne de Windsor est un autre exemple frappant. Le bruit est plutôt dans les basses, on évoque des grommellements façon Barry White. Des centaines d’habitants se plaignent d’incidences de ce fameux bruit sur leur santé. Sauf que dans ce cas-là, il y a un coupable possible : certains montrent du doigt une zone industrielle américaine située à Détroit, de l’autre côté de la frontière.

À Taos, au Nouveau-Mexique, bourgade connue notamment pour accueillir le ranch de Julia Roberts, c’est environ 2% de la population qui entend le bourdonnement local, dont les premières occurrences remonteraient aux années 1990. En 1995, des scientifiques de l’université de l’État ont effectué des recherches sur place, sans obtenir de résultats concluants malgré de nombreux tests et l’utilisation d’instruments destinés à capter le fameux son.

D’autres endroits du monde connaissent ou ont connu des phénomènes similaires : Bornéo, l’Indiana… Au Maroc, c’est un “son venu du ciel” qui était décrit l’an dernier après des témoignages venant de plusieurs grandes villes.

Mais d’où vient le “hum” ?

S’il a de quoi laisser perplexe, le bourdonnement semble avoir convaincu les scientifiques qu’il ne s’agit pas d’une hallucination collective. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils aient trouvé une origine certaine à ce bruit que la rumeur publique attribue aux causes les plus diverses, allant des bruits d’icebergs aux fermes éoliennes en passant par les sous-marins et les lignes à haute tension. On a même évoqué les acouphènes, ces sons que certaines personnes entendent sans qu’ils soient associés à des bruits dans leur environnement.

Peu d’études ont été consacrées au “hum”. La première d’importance date de 2004 et est due à David Deming, de l’université de l’Oklahoma. Il exclut les acouphènes, et signale qu’il “peut se manifester par des vibrations ressenties dans le corps et est souvent accompagné par une suite de symptômes physiques qui incluent maux de tête, nausée et douleur dans les oreilles”.

Il reconnaît cependant le peu de données disponibles, mais envisage une hypothèse : que certaines personnes aient la capacité d’interpréter certaines longueurs d’ondes radio (notamment les très basses fréquences) sous forme de son.

Parmi les causes envisagées par Glen McPherson, de l’université de Colombie-Britannique, qui s’est penché sur le sujet, le “hum” pourrait être “l’accumulation de sons à basses fréquences et d’infrasons générés par les humains”, ce qui inclurait ce qui va “des bruits d’autoroute à toutes sortes d’activités industrielles”. Mais il tend à privilégier l’hypothèse de David Deming.

Le tintement du fond de l’Arctique

Durant l’été 2016, dans le Grand Nord canadien, des chasseurs ont signalé un son mystérieux semblant provenir du fond de l’océan Arctique, dans un petit détroit situé à une centaine de kilomètres de la bourgade d’Igloolik. Un bruit inquiétant selon eux, car il fait fuir baleines et phoques qui passent habituellement par ce détroit.

Le gouvernement canadien les a pris au sérieux et a patrouillé dans le secteur, envoyant même un spécialiste sur place. Rien n’a pu être mesuré, et aucune explication officielle n’a pu être fournie. Aux dernières nouvelles, “le dossier est clos“.

Plus récemment, des chercheurs du CNRS ont mis en avant une autre cause possible : il s’agirait du “bourdonnement de la Terre”, créé par l’action de l’océan sur la terre ferme, les vagues faisant vibrer le fond de l’océan.

Ce ne sont probablement pas les seules explications, comme le démontrent des bruits particuliers enregistrés en d’autres endroits de la planète.

Le bruit métallique de la fosse des Mariannes

La fosse des Mariannes n’est pas seulement l’endroit le plus profond des océans, c’est aussi le siège d’un bruit qui a intrigué les scientifiques durant plusieurs années. En 2014 et 2015, des sondes sous-marines capables de plonger jusqu’à 1.000 mètres de profondeur y enregistraient des bruits complexes se terminant par un son métallique. Finalement, des chercheurs de l’université d’état de l’Oregon (États-Unis) identifiaient l’origine du bruit : il s’agirait d’un chant de baleine inconnu jusque-là.

La migration des animaux marins

Pour ceux qui sont proches de l’océan, une source de bruit serait… la migration des poissons, crevettes et autres méduses, selon une étude menée par des scientifiques de l’université de San Diego (Californie). Ces chercheurs ont enregistré un son à peine plus fort que le bruit de fond de l’océan et en ont déterminé la possible origine. Nombre de petits animaux marins remonteraient en masse au crépuscule pour aller se nourrir et redescendraient à l’aube vers la sécurité des profondeurs. Leurs migrations massives et régulières produiraient cette vibration significative, mais les scientifiques n’ont pas encore déterminé si elles sont dues à une espèce en particulier.

Trouvé sur  https://www.anguillesousroche.com/