par Gabrielle Isis

 

Qu’est-ce que la présence ?

La présence pourrait être définie comme un état d’alignement total avec ce qui est. C’est un état de conscience pur où nous sommes à la fois l’observateur et l’expérimentateur, celui qui fait l’expérience de la vie et celui qui l’observe. Beaucoup de philosophies spirituelles à travers les âges, parlent de cet état de présence comme étant l’état d’éveil, où l’ego a été dompté et il ne reste plus que cette conscience-témoin, l’observateur neutre qui fait l’expérience de la vie. Plus récemment en Occident, c’est Eckhart Tolle qui a réintroduit la notion de présence comme une clé spirituelle pour vivre un mieux-être au quotidien. Mais entre la théorie de ce qu’est la présence et pratiquer la présence dans nos vies quotidiennes, vous l’avez deviné, il y a un monde ! Je vais tenter ici de donner quelques pistes pour pouvoir intégrer cette présence plus aisément dans notre vie quotidienne.

Le béaba de la présence : la méditation

Tout d’abord, il est plus facile de sentir ce qu’est réellement la présence si nous pratiquons de manière régulière la méditation. En effet, nous vivons dans un monde qui va à 100 à l’heure, où notre mental et notre attention sont constamment sollicités. Prendre un temps quotidien pour soi, loin des tumultes de la vie, et avoir une pratique méditative est un pas essentiel vers plus de présence dans sa vie. Quand nous sommes en méditation, nous tournons notre regard de l’extérieur vers l’intérieur. Il est donc plus facile de prendre conscience de nos pensées, de nos sensations et de nos émotions, et donc d’être plus présent en tant qu’observateur de ce qui se passe en nous.

Qu’est-ce qui nous empêche d’accéder à la présence ?

Très souvent, lorsque l’on a une pratique méditative régulière, on se rend compte que bien que l’on arrive à relaxer son corps et son esprit et à être dans un état d’observation pendant la méditation, dès que l’on sort de la méditation, on rebascule dans ce qu’on pourrait appeler un état d’inconscience. Le mental se remet en route, les pensées nous traversent, les peurs, les doutes, les obligations quotidiennes : « Et si j’avais fait ça hier? », « et si je faisais ça demain ? », etc. Bref, on s’identifie à nos pensées et on vit dans le passé à ressasser ce qu’on aurait dû faire ou ce qui est arrivé, ou bien dans le futur en angoissant de ce qu’il adviendra.

Même chose lorsque l’on est en interaction avec le monde extérieur et surtout d’autres êtres humains. Combien de fois n’a-t-on pas expérimenté un état de calme intérieur lors de notre méditation, et une fois la méditation finie on croise notre partenaire ou une autre personne qui va appuyer sur un de nos boutons et déclencher une réaction automatique négative de notre part ? Et ensuite on l’accuse de nous avoir fait sortir de notre être état de paix intérieur ! Tout cela sont des signes, des petites sonnettes d’alarme pour revenir à la présence.

Il y a aussi quelques malentendus concernant la présence. Souvent quand on dit présence, on pense paix intérieure, mais la présence n’est pas forcément un état de paix intérieure constant. Être présent veut dire être présent à TOUT ce qui se passe en nous et autour de nous. Dès lors que nous vivons une émotion difficile par exemple, on a tendance à tout faire pour la fuir et ne pas la sentir. Être présent à nos émotions veut dire être dans l’accueil de cette émotion qui nous traverse, observer qu’est-ce que cette émotion ou réaction initie en nous et ce qu’elle vient toucher.

Être présent n’est pas non plus quelque chose que nous pouvons faire que dans la solitude, nous sommes des êtres sociaux, alors pourquoi ne pas pratiquer la présence à l’autre ? La présence et non pas le jugement, c’est-à-dire peut importe ce que l’autre me renvoie, je me permet d’être dans la présence de ce que je ressens tout en étant présent à ce que cet autre ressent.

 Le sésame pour accéder à la présence : La respiration

Lorsque nous ne sommes pas présents, nous sommes dans un état d’alerte et de survie, un état où notre système nerveux est hyper-stimulé. Pour accéder à cet état de présence, nous devons nous relaxer et pour se relaxer nous devons prendre conscience de notre respiration, la ralentir et l’approfondir. Voilà l’une des clés de la présence. Peu importe la situation dans laquelle on se retrouve, revenir à la respiration va nous aider à relaxer notre système nerveux, notre esprit, et donc à revenir à la présence, qui est un état d’être aligné avec qui nous sommes véritablement, c’est à dire cette conscience-témoin du monde.

Un exemple de pratique quotidienne de la présence :

Et si nous décidions de vivre cette présence au quotidien ? Et si nous décidions de ne plus faire les choses machinalement ou de manière automatique ? Voici un exemple de pratique de la présence que l’on peut intégrer dans notre quotidien :

Prenez une activité quotidienne banale (par exemple : faire la vaisselle, la cuisine, le ménage, se laver, faire le jardin). Revenez d’abord à votre respiration en la ralentissant et en l’approfondissant, sentez vos pieds bien ancrés sur le sol, observez ce qui se passe en vous. Puis tout en vacant à vos occupations, ralentissez, prenez conscience de chaque geste que vous effectuez, de la sensation que vous avez dans votre corps, dans vos mains, de ce que vous voyez avec vos yeux. Prenez conscience des pensées qui vous traversent puis laissez-les partir et revenez à votre corps. Soyez pleinement présent dans ce que vous faites, remarquez le plaisir qu’il y a à être observateur de ses gestes, de ce corps et de vivre cette expérience avec toute la présence de votre être.

L’état de présence est tout simplement la capacité de savourer chaque moment de notre vie, aussi banal soit-il. Et quand on est simplement heureux de vivre cette expérience du moment présent, en le prenant comme un cadeau de la vie (d’ailleurs « présent » en anglais se dit « present » qui veut dire aussi « cadeau »), là on commence à faire émerger en soi ce qu’on appelle la félicité.

Sat Nam

Gabrielle Isis

Source: https://www.gabrielleisis.com/