Message de Dorian transmis par Aurélie Ledoux

 

Lorsqu’on se sent bien, vient l’amour. Ce n’est pas le fait de tomber amoureux, c’est un sentiment général, sincère, sans attente précise. Vous êtes en phase avec ce qui peut advenir, et vous vous sentez immensément apaisés, c’est cela.

 

Ce sentiment, cette émotion fort positive, vient le matin, ou après un intense instant d’euphorie.

 

D’une certaine manière, les êtres humains que vous êtes, peuvent rapidement passer d’une émotion à une autre. Vous réalisez maintenant que vous êtes devenus plus habiles à transcender la tristesse. Cela est essentiel, à notre niveau, et permet par exemple de pouvoir naviguer dans l’espace en toute sécurité.

 

Nos pilotes doivent avant tout ne faire qu’un avec leur vaisseau, c’est essentiel.

 

Dorian se tient devant moi, on voit le bleu miroitant de l’espace. A leur niveau, les étoiles sont autant de perles intenses, se déclinant sur un fond céruléen à couper le souffle. Dorian est là, drapé dans son grand manteau bleu décoré de motifs, avec Orel, à ses côtés, vêtu lui de jaune pâle. Il considère Orel comme son frère. Tous deux parcourent l’espace ensemble et échangent directement par l’esprit.

 

Près d’eux, se tient leur famille, des Terriens semblables à nous, mais aussi des aliens. Le mot famille n’est pas exact, car c’est au-delà, ce sont tous de joyeux compagnons.

 

Nous parcourons l’espace, en effet, depuis des éons, et présentement nous aidons votre belle bleue par tous les moyens possibles. Nous faisons en sorte qu’elle reverdisse, plus, car la vie végétale dépérit près des villes trop polluées. Nous veillons à épurer l’air. Nous sommes là depuis pas mal de temps maintenant. Lorsque ce sentiment d’amour vous aura envahi de la tête aux pieds, vous pourrez ressentir nos présences au travers de cette plénitude.

 

Dorian s’assied auprès de ses compagnons, ils échangent des nouvelles par l’esprit. C’est un échange métaphysique, imagé, plein de poésie, de richesse. Il y a plusieurs enfants très jeunes, et des êtres d’un âge vénérable.

 

Le grand vaisseau bondit dans l’espace et par la fenêtre, on voit la Terre s’éloigner en à peine quelques secondes, elle ne devient plus qu’un point, puis se fond dans la mer d’étoiles.

 

Le vaisseau franchit maintenant plusieurs paliers trans-gravitationnels. L’espace se nimbe d’un halo blanc intense et devient indistinct, les étoiles disparaissent, remplacées par le spectacle féérique des grandes arches stellaires, des filaments de matière d’une taille fantastique. Cela fait comme des bras de galaxie géants, qui bougent lentement. La vitesse du vaisseau ressemble à une rivière tranquille, régulière, il n’y a pas la moindre secousse. Les enfants regardent tout cela avec des yeux fascinés, certains dessinent ce qu’ils voient, ils savent qu’ils ont beaucoup de chance d’être ici.

 

Le vaisseau poursuit son immense voyage, il ne s’est écoulé, je dirai qu’à peine une petite demi-heure.

 

Notre temps est différent, reprend Dorian. Le temps que nous éprouvons en voyage est différent, très bref par rapport à ce qu’il devrait en être. Pour un observateur extérieur, notre vaisseau a simplement disparu, s’est dématérialisé, alors qu’il n’en est rien.

 

Nous voguons grâce à un exercice de pensée. Nous sommes tous baignés d’un immense sentiment de joie en permanence.

 

Ce lieu est un havre de paix. Plusieurs navigants ont détecté un appel dans cette mer d’opale et de brumes d’étoiles.

 

Un champ d’étoiles splendide apparaît par la baie vitrée, le vaisseau ralentit par paliers, il se stabilise peu à peu. Les étoiles sont bleues sur un fonds doré intense, mêlé de pourpre. Certaines de ces étoiles semblent clignoter.

 

Il y a beaucoup de gaz, reprend Dorian, voilà pourquoi il semble en être ainsi. Ce lieu très beau est cependant dangereux. Nos supérieurs ont pressenti un appel de détresse. Il semble appartenir à des reptiles en mauvaise posture, c’est donc à notre bâtiment d’aller les aider.

 

Chacun se lève et sort de la grande pièce.

 

Ils se rendent dans un grand hall brillant, où l’on aperçoit ce qui se passe à l’extérieur sur un écran. Un très grand vaisseau sombre tente d’en remorquer un second beaucoup plus grand.

Un petit alien, dont le visage ressemble plus ou moins à celui d’un serpent, tente d’engager la conversation avec les occupants des deux navires. Il obtient un succès mitigé au départ.

 

Il s’agit de rescapés, nous allons pouvoir les rencontrer, mais ils ne veulent voir que deux d’entre nous, explique Dorian.

 

Deux aliens très petits sont choisis par les Êtres de Lumière les plus avisés, d’un commun accord. Le premier porte une combinaison spatiale mauve, et le second une tunique et une cape rose soyeuse. Malgré leur allure, ils excellent à diagnostiquer les pannes à bord d’un croiseur métallique.

 

Les frêles êtres montent à bord d’une petite plate forme flottante, entourée d’une bulle dorée. La plate forme s’engouffre dans le sas, et file vers l’espace avec aisance. Une trappe s’ouvre sur la coque grisâtre du vaisseau minier très endommagé. L’éclairage est orangé à l’intérieur.

 

La trappe se referme et on voit sur un écran tout ce que perçoivent les deux aliens.

 

Ils entrent dans ce qui pourrait ressembler à l’intérieur d’une aciérie, sauf que l’endroit comporte un couloir métallique brillant et des murs sombres très hauts. Autour d’eux, se trouvent des hautes machines, qui sont proches de fours, et de dispositifs d’élaboration de coulées de métal. La salle doit faire environ dix mètres de haut. Un lézard bipède élancé au teint vert s’avance et effectue un salut gauche. Il porte un plastron avec plusieurs outils, et une sorte de calepin, il semble assez nerveux. Il doit servir d’interprète.

 

Les deux petits aliens se présentent avec un sourire, leurs pensées légères sont emplies de fraicheur. Le lézard est assez abasourdi, mais leur fait signe de le suivre.

 

Une porte assez antique s’ouvre et révèle un lieu très endommagé par des tirs de barrage, réparé en toute hâte au niveau des blindages externes. Le lézard explique que le vaisseau abrite des familles de très nombreux peuples et qu’ils ont réussi à échapper à leurs tourmenteurs. Ces êtres ont fui leur planète juste à temps.

 

Une alien au teint mauve, vêtue avec goût se tient dans une autre pièce bien plus accueillante, elle fait signe aux deux visiteurs d’entrer. Sans plus de préambule, elle décrit la situation malgré l’allure enfantine des deux aliens.

 

  • Nous sommes aspirés par ce champ d’étoiles, nous avançons à peine, je vous en prie, aidez-nous à nous en tirer ! Notre vaisseau ne possède plus qu’un noyau en état de marche, plusieurs chaudières se sont éteintes. C’est une épave que nous avons réparée hâtivement.
  • Nous allons vous aider, répond le plus petit des aliens, vêtu de rose, il nous faut juste voir vos données réacteur.

 

Chacun est agréablement surpris et s’écarte des consoles.

 

Les deux aliens inspectent des diagrammes très complexes sur un écran et consultent des séries de chiffres, rédigés dans une écriture indéchiffrable, à priori pour eux. Leurs facultés psychiques leur permettent de les comprendre avec aisance. Pourtant ils n’ont jamais vu cette écriture.

 

  • Un réacteur en perte de puissance, énonce le petit alien vêtu de mauve. Il est souhaitable de transborder les passagers du vaisseau le plus petit dans le vaste navire endommagé. Nous allons remorquer celui-là. L’autre sera tracté par un autre vaisseau lumière plus radiant. Attention, la coque est très fragile, il pourrait y avoir une voie d’air, annonce le jeune alien du vaisseau lumière par l’esprit.

 

 

Aussitôt, des techniciens montés à bord d’une capsule et aidés d’androïdes, décident d’intervenir à l’extérieur du vaisseau. Ils viennent tout près du vaisseau minier, ils projettent une matière blanche très pâteuse sur les brèches à demi-colmatées de plaques de blindages hâtivement soudées entre elles.

 

  • Que font-ils ? demande la dame alien vêtue de mauve
  • Ils renforcent la structure, cela est indispensable, dit le petit alien. Nous allons vous remorquer, il ne faut pas que cela fragilise votre vaisseau.
  • Ce n’est pas notre vaisseau, répond l’alien presque avec désespoir, c’est juste tout ce que nous avons trouvé pour fuir. Il y a des blessés à bord.
  • Il fallait le dire plus tôt ! Où se trouvent-ils donc ? Il vous faut accepter qu’ils soient transférés sans attendre. Nous pouvons les guérir, répond le petit alien d’un air très affirmatif.
  • Il y a, … ma fille… déclare l’alien avec une peine immense.

 

Elle consulte du regard deux autres aliens beaucoup plus grands et massifs, dont un être imposant qui ressemble à un mélange entre un lézard et un cochon. L’être semble effondré lui aussi. Le troisième capitaine possède le visage d’un chat au pelage brun doré avec des yeux extraordinaires, bleu pur, sans pupilles, il est très élancé, son corps est celui d’un humanoïde très mince. L’être est d’accord lui aussi pour que des soigneurs viennent à bord.

 

La scène change, on revient à bord du vaisseau lumière où règne un calme irréel. Pourtant tout le monde est en activité. Des Êtres de Lumière effectuent des projections pour savoir si le navire résistera lors des poussées initiales. Elles sont trop incertaines pour une accélération vive. Alors, le croiseur lumière émet un faisceau magnétique puissant mais relativement modéré, pour tirer à lui le navire endommagé. Il y a quelques secousses, sans plus. Durant la phase d’accélération des techniciens s’affairent autour de la coque et continuent de répandre du fluide de colmatage. Des ordinateurs du vaisseau lumière sondent la coque et enregistrent les contraintes à distance. On voit sur un écran, les zones du blindage où la poussée est critique se colorer de rouge. Des robots positionnent d’autres plaques, en les manipulant à distance, elles semblent d’or pur et viennent se positionner toutes seules sur les parties endommagées. En vérité il n’en est rien, ces plaques sont manœuvrées à distance. Le sombre navire métallique noir et oxydé, est à présent tout paré d’or par endroits. La poussée devient plus vive. Le deuxième vaisseau qui a été détaché est resté sur place. Un autre croiseur de lumière géant, étincelant, se charge de le remorquer avec aisance.

 

A bord du vaisseau lumière, un écran montre une vue impressionnante des salles abritant les passagers du vaisseau minier, on voit des aliens vêtus de toutes les couleurs au teint très varié, de toutes les formes. Certaines créatures ressemblent à des pieuvres, d’autres à des singes, d’autres enfin à des êtres humains avec des caractéristiques inattendues comme des mains palmées, ou des coiffures étonnantes formées de plumes. Chacun de ces êtres exprime un immense soulagement. Une scène montre le centre de guérison vétuste de l’antique navire. Des soigneurs aliens et des êtres de lumière évoluent entre des lits étroits, très serrés les uns près des autres. Il existe beaucoup de blessés qu’ils parviennent à stabiliser rapidement. Certains êtres présentent des plaies affreuses qui cicatrisent à vue d’œil, notamment des blessures graves sur les membres et le visage. Les Êtres de Lumière à demi vaporeux évoluent aisément dans ce lieu confiné.

Un adolescent alien au teint blanc a été touché par un impact au niveau du torse. Les soigneurs parviennent à retirer les projectiles de son corps. Toutes les échardes métalliques sortent d’elles-mêmes, sitôt qu’ils bougent leurs mains à distance. Les zones lésées se reconstituent aussitôt. Les blessés sont placés sous des lampes régénératrices diffusant un éclairage coloré.

 

Les blessés dans un état très grave sont transportés à bord du vaisseau-lumière par une technologie qui fait disparaître leur corps, pour le repositionner en un lieu incroyablement beau. Cette téléportation s’opère avec le consentement unanime des capitaines.

L’alien vêtue de mauve accepte de venir à bord à son tour. Elle se trouve dans une salle dorée superbe, dont les murs semblent faits de pierre.

 

Une jeune alien bleutée au visage délicat dort sous une lumière blanche presque aveuglante. Les Êtres de Lumière laissent la capitaine du vaisseau seule avec sa fille.

 

Ils sont discrets et effacés. D’autres blessés sont aussi installés sous des générateurs de lumière, ils font les rêves les plus agréables qui soient. Les soigneurs ressentent cela, ils sont satisfaits de leur évolution.

 

A bord du vaisseau minier, des Êtres de Lumière s’occupent de distribuer des provisions en abondance aux rescapés. Le vaisseau n’est en effet pas pourvu de réserves alimentaires autonomes. Il existe des rescapés qui n’ont pas mangé suffisamment depuis plusieurs jours.

 

Le plus jeune des aliens trouve cela inacceptable.

 

  • Il va falloir remédier à cela, expose t’il. Les appartements de ces gens sont bien trop exigus et il n’y a même pas de mobilier suffisant. Ils se sont entassés dans un hangar. Que voilà de bien mauvaises conditions de vol !

 

Au bout de plusieurs heures, le navire est sorti de la zone dangereuse. Il est mis à l’arrêt et des légions de techniciens s’affairent pour lui redonner une apparence convenable. Une forme hésitante brille peu à peu près du vaisseau métallique à moitié rénové.

 

Les Êtres de Lumière agissent à distance et matérialisent peu à peu un second vaisseau, d’allure superbe. Irisé, celui-ci semble fait comme de lumière vivante. Il est pourvu de chambres en grand nombre, de lieux de détente et d’une très vaste serre, qui permettra aux aliens de poursuivre leur voyage paisiblement.

 

  • Ce vaisseau va protéger la partie métallique de votre astronef, et le module de remorquage que nos autres équipes ont récupéré. Vous serez à l’abri explique un Être de Lumière aux trois capitaines.

 

 

La capitaine du navire s’avance, sa fille est auprès d’elle, encore un peu sous le choc. Elle possède des yeux noirs intenses. Les rescapés sont émerveillés de la merveilleuse simplicité, de la rapidité incroyable avec laquelle ils ont été secourus.

 

  • Comment pourrions-nous vous remercier ? demande la radieuse alien au teint mauve
  • Simplement en continuant votre voyage dans l’allégresse, et en veillant les uns sur les autres. Vous êtes nos amis et il est normal que nous ayons agi ainsi.
  • Nous avons détecté un jeune astéroïde dans ce quadrant, où nos frères se trouvent déjà. Confirmez-vous sa position ? demande le capitaine à l’allure de chat
  • Il en est bien ainsi, répond le jeune alien vêtu de rose.
  • Nous sommes vos obligés, pour les réparations et tout le reste.
  • De rien, assure le petit alien, ces chaudières étaient très intéressantes, nous prenons plaisir à œuvrer de la sorte, tel est notre rôle. Nous avons juste amélioré leur puissance, soyez modéré avec les accélérations pour l’instant, elles risquent de vous surprendre quelque peu. Le module lumineux va éthériser la structure de vos appartements et des chaudières. Cela se fera peu à peu.

 

Les trois capitaines remercient leurs bienfaiteurs. La scène s’éloigne, et le grand vaisseau minier, son remorqueur poursuivent leur route. A l’avant, le splendide navire élaboré par les Êtres de Lumière a été harmonieusement intégré au reste de la structure. Il est gigantesque comparé au reste du bâtiment.

 

Pour l’instant, seuls quelques passagers peuvent s’y rendre, les autres sont trop incommodés par la haute radiance blanche, mais cela va s’améliorer peu à peu, ont expliqué les Êtres de Lumière.

 

Le grand croiseur lumineux s’éloigne en quelques secondes.

 

Dorian et ses compagnons retournent en en leurs appartement pour y deviser. Le vaisseau-lumière reprend sa route et sort de cette bulle spatiale. Il revient vers le quadrant galactique de la Voie lactée.

 

Cette scène a eu lieu voici quelques mois dans une autre portion de l’espace, oui, dans une autre galaxie éloignée. Il existe tant d’êtres que nous prenons plaisir à connaître et à secourir lorsque cela est possible. Nous repartons immensément heureux de leurs sourires. Nous ne demandons à chaque fois rien de plus, sauf s’ils veulent nous faire goûter quelques spécialités culinaires intéressantes, éventuellement, expose t’il en riant

 

Le vaisseau-lumière réintègre notre plan et revient se positionner à son point de départ. Il reprend sa position de gardien auprès de la Terre, non loin de très nombreux bâtiments du même type.

 

Il s’est écoulé environ cinq jours, voilà quelle est notre mission, assure gracieusement Dorian. Nous vous sommes reconnaissants d’avoir lu cette scène télépathique jusqu’au bout. Nous vous adressons nos plus grandes pensées d’amour. Recevez cet amour, maintenant.

 

Je suis votre ami, votre guide, Dorian

 

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