Décrit dans de nombreuses traditions anciennes, le pouvoir de la sagesse, de la beauté et de la prière a été redécouvert par des expériences modernes. Comme nous l’avons vu dans l’introduction, par exemple, le thème sous-jacent du savoir des Navajos est basé sur la reconnaissance de la relation entre la douleur, dans leur monde extérieur, et la sagesse et l’amour dans leur cœur. Bien qu’il s’agisse d’expériences indiscutablement différentes, la souffrance, la sagesse, et l’amour semblent être intimement liés dans une relation surprenante et sans doute inattendue.
Par notre souffrance, nous reconnaissons notre capacité de ressentir – plus la souffrance est grande, plus les sentiments sont puissants. Dans nos plus profonds sentiments de douleur, nous découvrons l’intensité de notre capacité d’aimer. Le pardon semble aussi être directement lié à notre souffrance. Plus la souffrance est grande, explique Tim Laurence, plus il est avantageux de pardonner. De ce point de vue, on peut considérer que notre douleur est un baromètre de notre habileté à aimer, plutôt qu’une punition pour les choix que nous effectuons. C’est cette subtile relation qui démontre la force que de nombreuses traditions décrivent comme la « colle » qui tient notre monde ensemble – le pouvoir de notre amour. Nous trouvons notre plus grande guérison dans notre pouvoir d’aimer.
On dirait presque que nous venons dans ce monde et que nous sommes mis à l’épreuve, de façons impensables pour des gens rationnels et aimants. Par nos relations, nos emplois, nos pertes, et nos échecs, nous poussons nos habiletés jusqu’au bout. Tout ce temps, nous nous posons la même question: « Pouvons-nous aimer à travers ces expériences? » Pouvons-nous aimer en présence des inimaginables atrocités justifiées par la couleur de notre peau ou par notre façon de comprendre Dieu? Sommes-nous capables d’aimer dans un monde où d’autres ont essayé de tuer ce qu’ils ne comprenaient pas, et d’effacer des peuples entiers de la surface de la terre?
Chacun de nous a personnellement souffert les pertes d’êtres aimés, qui étaient là un jour et qui sont soudainement disparus de notre vie. Nous en avons vu d’autres qui ont souffert de maladie, comme aucun être humain ne devrait jamais avoir à souffrir. Quand ils sont partis pour toujours, nous nous demandons: « Pouvons-nous aimer quand nous souffrons de leur absence? » Notre amour est souvent mis à l’épreuve d’une manière que nous ne choisirions jamais consciemment, ou que nous n’aurions jamais pu imaginer. Chaque fois que la vie demande si nous pouvons encore aimer, la réponse est la même. C’est un très grand « Oui! » résonnant – puisque que nous sommes toujours ici.
Que nous l’appelions de ce nom, ou que nous visions simplement ce qu’il signifie dans notre vie, cela ne fait pas de différence – notre amour est ce qui nous soutient. Il nous porte à travers les moments difficiles, tout comme à travers les moments extraordinaires, et nous promet que nous guérirons toujours des douleurs les plus atroces que la vie peut nous offrir. La clef fournie par les temps anciens pour permettre à notre amour de nous guérir, c’est de le laisser entrer dans notre vie. Pour y arriver, nous devons trouver un moyen de transformer nos plus grandes douleurs en notre plus profonde sagesse.
Transformer la souffrance en sagesse
Faisant partie d’un cycle naturel, les expériences de « douleur » et de « sagesse » semblent être intimement liées. Alors que la souffrance provient de notre interprétation d’une expérience, si nous modifions notre perception de l’événement, nous déplacerons notre centre d’intérêt dans le cycle. Quand une expérience est si douloureuse qu’il nous est plus facile de la nier, de nous distraire d’elle, ou, d’une certaine façon, d’éviter de nous en occuper, plutôt que de l’aborder de front, nous pouvons facilement nous retrouver coincés dans nos sentiments. Mais en chacun de nous existe le pouvoir de transmuer notre souffrance, en sa forme guérie, qui est la sagesse, peu importe d’où elle provient. Alors que l’expérience qui a originellement causé la blessure demeure inchangée, notre façon de nous sentir à propos de notre souffrance constitue le lieu même où nous trouvons notre pouvoir.
À première vue, cette compréhension semble nous demander de simplement laisser la souffrance faire son temps, falsifiant un nouveau sentiment au sujet des événements de nos vies. Mais un examen plus approfondi révèle que les Anciens comprenaient et appliquaient un principe subtil séculaire, que la science occidentale n’a reconnu que tout récemment. Ce principe suggère que le monde qui nous entoure est un miroir vivant – le tissu quantique qui reflète les émotions qui vivent en nous. Plus spécifiquement, les modèles de santé dans notre corps, le soutien de nos familles, des communautés, et la paix de notre monde, tendent à refléter nos plus profondes croyances. Cette relation entre la croyance et l’expérience est maintenant fermement soutenue dans les théories les plus nouvelles de la physique du 21e siècle.
Il semble que ce principe est véridique autant pour les croyances que nous considérons « négatives », que pour les « positives ». Des émotions positives comme la gratitude, la compassion et l’amour sont maintenant considérées comme étant des déclencheurs de conditions qui favorisent la vie – comme une tension artérielle plus basse, la libération de « bonnes » hormones, et une réaction immunitaire améliorée. De la même façon, des émotions qui rejettent la vie, comme la colère, la haine, la jalousie et la rage sont susceptibles d’encourager des conditions qui menacent la vie, comme un rythme cardiaque irrégulier, une réaction immunitaire affaiblie, et une augmentation des niveaux d’hormones du stress.
Il n’est peut-être pas surprenant, alors, de découvrir que, dans la subtilité de ce principe, nous trouvons aussi la clef de ce que plusieurs croient être la force la plus puissante de la création! Dans l’histoire de sa quête de la vérité de la vie, Gurdjieff s’est retrouvé dans un monastère éloigné et caché dans un pays anonyme, où il a été invité à demeurer jusqu’à ce qu’il ait éveillé un grand pouvoir en lui-même. « Demeurez ici », lui a dit le maître, « jusqu’à ce que vous acquériez une force intérieure que rien ne peut détruire ». Je crois que cette force était l’amour, la sagesse et la compassion qui proviennent de la guérison de la souffrance. La clef qui attribue une nouvelle signification aux choses qui nous blessent est la même clef qui nous permet de dépasser nos jugements sur la vie. C’est le pouvoir ancien de la bénédiction…
Gregg Braden sur le blog de Francesca http://channelconscience.unblog.fr/
– Extraits de son livre Secrets de l’art perdu de la prière, Éditions AdA, 2007 – p. 52 à 85