Equanimité
Il ne suffit pas de s’efforcer simplement d’obtenir sa libération personnelle. Nous sommes pareils à tous les autres êtres en ce que nous souhaitons tous être heureux et être affranchis même de la plus infime souffrance et il est égoïste et cruel de désirer une béatitude éternelle et une paix parfaite pour nous seuls et de faire notre possible pour obtenir uniquement notre propre bonheur.
Le plus intelligent comprendra que, jusqu’à ce que tous les êtres aient finalement trouvé le bonheur le plus élevé possible, nous ne nous serons pas acquittés de notre responsabilité envers les autres.
Pourquoi responsabilité ?
Parce que tous nos bonheurs passés, présents et à venir jusqu’à, et y compris, l’Eveil dépendent de tous les autres êtres, sans exception. Il est de notre devoir de payer de retour cette bonté.
Le premier obstacle que nous devons surmonter est notre habitude chronique de ressentir de l’attachement pour certains êtres, de l’aversion pour d’autres et de l’indifférence envers le reste.
Comme notre ego – la conception fausse de la manière dont nous existons – nous donne un sentiment très fort de « je », nous faisons notre possible pour obtenir notre bonheur égoïste et fuyons tout ce que nous estimons déplaisant. Nous associons les différents objets des sens à ces sentiments et quand il arrive que ces objets soient d’autres êtres, nous les nommons « ami », « ennemi » et « inconnu ».
Le résultat en est que nous devenons fortement attachés à nos amis et faisons tout ce que nous pouvons pour les aider ; alors que nous haïssons nos ennemis et essayons de leur nuire autant que nous le pouvons ; tout en évitant et ignorant la vaste majorité des êtres, les inconnus, que nous ressentons comme complètement sans relation avec soit notre bonheur soit nos problèmes. C’est pourquoi nous devons exercer notre esprit à ressentir de l’équanimité envers tous les êtres, à ressentir que tous méritent de manière égale nos efforts pour les aider à trouver le bonheur qu’ils recherchent.
Même dans cette vie, l’ami auquel nous sommes attachés et que nous essayons tellement d’aider n’a pas toujours été notre ami.
Auparavant nous ne savions même pas qu’il (ou elle) existait et comme il n’avait jamais ni favorisé ni entravé notre poursuite du bonheur, nous l’avions mis dans la catégorie « inconnu ». Quand plus tard, il a d’une façon ou d’une autre, satisfait notre ego, nous avons commencé à le considérer comme utile, comme « ami » et avons par conséquent encouragé son attention en étant aimable avec lui et en faisant notre possible pour paraître bien à ses yeux, tout en dissimulant nos défauts. Mais les relations amicales entre nous étant maintenues par beaucoup d’efforts et pas mal de tromperies des deux côtés, elles ne dureront pas. Tôt ou tard, l’un d’entre nous fera quelque chose qui dérangera l’autre ou en aura assez de cette relation. Alors l’autre personne, qui semblait si désirable, commencera à devenir déplaisante, on cherchera à l’éviter. Graduellement, ou même soudainement, la relation se détériorera et nous deviendrons « ennemis ». Bien sûr, cela n’arrive pas toujours, mais nous avons certainement tous fait une expérience similaire.
On voit donc que les dénominations d’ami, ennemi et inconnu que nous appliquons aux autres sont très temporaires et ne sont pas basées sur quelque aspect ultime de la réalité trouvable en eux. Selon le cas, s’ils sont utiles à notre bonheur, nous causent des problèmes ou ne semblent impliqués ni d’un côté ni de l’autre, sur ces bases, nous allons projeter ces dénominations.
De plus, aussi longtemps que nous resterons sur Terre, ces relations continueront de changer. Il n’y a donc aucune raison d’être attachés à nos amis, qui vont bientôt devenir des ennemis nous causant du tort, ou de haïr nos ennemis, dont il est certain qu’ils vont devenir des amis bien-aimés. En ouvrant complètement notre esprit et en considérant les choses dans la perspective la plus vaste possible, nous verrons tous les êtres comme ils sont réellement – égaux – et tous seront attirants et précieux.